Tropismes - 'Ballade d'un amour inachevé', le coup de coeur de Julien Delmaire .
Retrouvez Tropismes tous les dimanches à 11h00 sur France Ô. L'invité : le Prix Goncourt 2013, Pierre Lemaitre & Ea Sola. Suivez les chroniques littéraires de Julien Delmaire sur le blog 'Nous Laminaires' : http://bit.ly/16dDg5M.
Tant qu'il y aura un être pour mettre de la vie, même le temps d'un kiosque, ceci restera pour toujours dans la mémoire des uns et des autres. Partout où il y aura un crépuscule au quinzième jour du huitième mois, rien ne finira vraiment. Tant qu'il y aura le souffle du soir, autour d'une table, avec une nappe brodée du mot bonheur, avec quelques rires, avec quelques mots. Le bonheur se bâtit d'instants. D'un ciel dégagé ou rempli de nuages.
De sa chambre, elle entend frapper à sa porte. C'est Xa. Elle ne peut pas dormir.
-Qu'y a-t-il, Xa ?
-Maman, j'ai peur.
-Je t'ai déjà dit, compte les bombes, ça va t'endormir, allons, retourne au lit et ne t'inquiète plus.
Iris est accroupie. Elle a envie de mourir. Elle a envie de pleurer, de vivre une autre vie. A ce moment précis, on comprend qu'on a rénové une maison pour pleurer davantage. Parce qu'on se rend compte que tout a été un songe, que c'est quelque chose d'autre qu'il fallait rénover. Quelque chose qui n'est pas la maison, mais qui serait si proche d'une maison.
Dinh et Iris, sans le pays en guerre. Vont-ils se remettre à parler ? Et si, dans le pays en guerre, ils tentaient de se dire des mots ? Puisqu'il y a eu des mots. Il y a eu un maour. Sinon, comment auraient-ils pu affronter une telle forêt ? Comme ça, jusqu'au bout, affronter les parents ?