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Critiques de Edmond Baudoin (307)
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Les Rêveurs lunaires : Quatre génies qui ont ch..

♫Monsieur Einstein loin des canons

Croyant travailler pour lui seul

A découvert des équations

Qui vont nous tomber sur la gueule♫

-Sic page 7 de la postface -

Y 'en a marre - Léo Ferré - 1961 -

----♪----♫----📞---💣---📞----♫----♪----

Sous un faux air de la Bombe humaine

Chargé d'excentricité, chassé des LREM

un électron libre bombardé de protons

Le rythme de Villani, avoir été où tous les potes iront...

Le don de compteur voire d'excellent narrateur

S'adjoint Baudoin sans particule, en guise de dessinateur

Hum.....faut p't' être pas naître sous-doués !

pour comprendre son vulgarisé, non !

Une réaction enchaîne ce que la Bombe Amen

A TOI de prendre en main

Quatre destins

Hors du commun

Rendre Hommages Post Mortem







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Travesti

Une adaptation certes libre, mais fidèle, belle et originale du roman Lulu de Mircea Cartarescu. La vulgarité est évitée habilement dans les planches de Baudoin qui s’introduit personnellement dans le récit pour parler lui aussi de son double et établir de bienheureuses parallèles avec le monde de l’écrivain roumain.
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Piero

Seulement un an et demi sépare Edmond de son petit frère, Piero. Aussi, sont-ils inséparables et passent -ils leur temps toujours ensemble. Loin des autres. Tout gosses, ils s'amusaient avec les feuilles mortes des platanes. Ils en faisaient un énorme tas, jusqu'à ce qu'ils ne puissent plus avancer. Ensuite, l'un à côté de l'autre, ils dessinaient la plus belle des feuilles et comparaient leurs croquis. C'est grâce à Piero qu'Edmond a appris à dessiner. Aucun ne se rendant compte qu'il était doué. D'autant que, Piero atteint de coqueluche, les deux frères n'étaient pas scolarisés et ne fréquentaient pas les autres enfants de leur âge. le dessin leur permettait de s'évader...



Un petit village près de Nice. Deux frères, Pierre dit Piero et Edmond dit Momon. Une enfance rythmée par les jeux, les balades dans la campagne, l'imagination fertile et le dessin. Il flotte dans cet album autobiographique un doux parfum de nostalgie et l'on ressent un amour profond et sincère qui unit Edmond et Piero. Peu à peu, l'on s'éloigne de l'enfance pour retrouver deux adolescents mais, là encore, le dessin, perçu différemment, est omniprésent. Un album qui met en parallèle deux destinées. Edmond Baudouin nous offre un album plein de sensibilité et décrit, avec finesse, le rapport ténu avec son frère et l'amour du dessin. le noir et blanc ainsi que le trait, parfois hachuré, siéent à cette ambiance d'un autre temps...
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Paroles de taulards

Les gardes à vue, la prison, les barreaux, les matons, le parloir... comment ces hommes en sont-ils arrivés là? Qu'ont-ils fait (ou refait pour certains) pour se retrouver derrière les barreaux? Quel regard la société porte-t-elle sur les taulards? Et, plus encore, sur ces ex-taulards? Et eux, quel regard portent-ils sur eux-mêmes?



L'association Bd Boum a poussé les portes de la Maison d'arrêt de Blois et deux de ses membres sont allés rencontrer les détenus. Après avoir discuté, échangé, donné et reçu pendant plusieurs semaines, elle a confié ses récits à Corbeyran qui, lui-même, a retravaillé avec eux. Une palette de dessinateurs, d'Etienne Davodeau à Edmond Baudouin en passant par Alfred ou Régis Lejonc, a illustré tous ces récits. Fruit d'un travail de 16 mois, ces Paroles de taulards nous livrent un certain regard sur la prison et sur ses conditions de vie. Non sans rappeler que la punition infligée à ces détenus doit les aider et non les anéantir ou les durcir. Le but est louable et nous incite ainsi à considérer ces personnes en tant que telles. Ces tranches de vie sont profondément humaines et empreintes d'une certaine justesse, le style de chaque dessinateur renforçant ces récits.



Juste quelques Paroles de taulards...
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Amatlán

Qu'est-ce qu'on dit comme conneries quand on aime ! Mais plus que tout qu'est-ce qu'on tait ! Toutes ces belles choses, ces beaux mots qu'on n'arrive pas à dire. Peur. Du ridicule, de la fuite de l'autre, du fossé qui pourrait se creuser un peu plus, de la chute dans le précipice ? Oui sans doute un peu de tout ça et plus encore. Aimer c'est se mettre nu. Tout le monde n'aime pas.



Est-ce qu'elle a aimé cette mise à nu ? Vous l'a-t-elle dit ? C'est un peu trahir, non ? « Je ne veux pas que tu parles de moi... » Mais comme tous les amoureux, crétins comme le sont les vrais, vous l'avez fait.



Des pauses en noir et blanc entre deux temps, deux espaces, une respiration entre deux corps qui demandent repos. Et se retrouvent des années plus tard.



Aux poses griffonnées de visages graves et inoubliables devant une porte de Nice ou celles beaucoup plus lascives d'un corps endormi dans un lit de l'autre côté de l'océan.



Vous avez tout dit d'elle. Un peu de vous mais vous étiez décentré. Alors Monsieur Baudoin, comment a-t-elle reçu ce cadeau souvenir ? Merveilleux hommage d'un homme aimant. Homme multiple comme tout être ayant atteint l'âge d'être le père de matthieu, connaisseur d'histoires et pourtant toujours émerveillé devant ce fauve des hautes montagnes qu'est Neige.



Pour tout vous dire, je me suis trouvée moche (un instant) pendant cette lecture. J'ai chiné des photos de vous, d'elle sur le net. Et je me suis dégoutée. J'avais été petite. Je le suis toujours. C'est le risque avec les autobiographies. Je deviens intrusive et je n'aime pas l'être. Je crois que c'est pour ça que je vous écris, pardonnez-moi. Mes questions aussi.



J'ai tellement ressenti fort votre histoire. L'avantage du "votre" qui recouvre juste vous, ou vous et elle... allez savoir^^ En amour, le doute est toujours bon.



Ce roman, c'est un peu de vous, un peu d'elle. Je viens de terminer un roman de Saer dans lequel il écrit « du simple fait d'exister, tout récit est véridique. » Je trouve que cette phrase recouvre tout ce que vous avez dessiné. Même les mots cachés dans un feuillage touffu, tout est vrai parce que vous lui avez donné corps. Neige et vous dans le Grand Nord, c'était beau, hein ?



Un noir et blanc criant de lumière avec des yeux qui parlent passionnément des fabuleuses rencontres que la vie offre à qui sait ouvrir la porte, doucement pour ne pas effrayer la beauté de l'instant.



Merci Blackbooks pour ce cadeau, j'ai aussi adoré la plume du dessinateur tu sais. Une sacrée plongée dans cet univers pour moi !
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Humains, la Roya est un fleuve

N’ayant plus une féroce envie de faire un billet après mes lectures, la victoire récente (une de plus, que ce soit contre Estrosi, Ciotti ou le préfet des Alpes Maritimes) de Cédric Herrou au tribunal contre Ciotti m’a remis en tête « Humains, la Roya est un fleuve ». Une lecture que je dois à jamiK que je remercie encore pour son intelligence sous le billet d’un… bref, et qui après une première réaction épidermique a relu un de mes commentaire et a pris le temps de le comprendre.



Alors qu’aujourd’hui tout le monde est prêt à accueillir son Ukrainien et à envoyer un paquet de coquillettes et un bic quatre couleurs à Kiev, rien ne change pour le réfugié Africain qui lui aussi fuit la guerre, la famine et la peur depuis si longtemps. Quand je dis que rien ne change, j’exagère quand même beaucoup car depuis 2017, date des évènements relatés dans cette BD, nous avons été, par exemple, capables d’aller jusqu’à empêcher le secours en mer d’embarcations en perdition, juste pour que ces Hommes ne débarquent pas sur « notre terre » (parce que oui, nous sommes nés en France alors ce bout de planète est à nous, faut pas déconner non plus hein). Donc en fait, ça a évolué pour les Africains demandeurs d’asile politique, c’est encore plus compliqué aujourd’hui. Peut être qu’en passant par l’Ukraine…



Humains la Roya est un fleuve, c’est la rencontre de Baudoin et Troubs pour une BD reportage dans la vallée de la Roya, cette vallée dont certains habitants comme Cédric Herrou et tant d’autres tendent la main à leur prochain ce qui rend Ciotti Estrosi et autres adeptes lepenistes fous de rage.

Cette BD est autant un témoignage sur l’illégalité des méthodes pronées par les politiciens locaux et appliquées par des policiers peu scrupuleux pour renvoyer les Africains en Italie (parce qu’ils viennent d’Italie, cette Italie qu’on laisse seule accepter dans ses ports les bateaux humanitaires), qu’un hommage à tous ces gens qui tendent la main et aident ces migrants à retrouver un peu d’humanité, un peu de dignité.

C’est aussi une galerie de portraits noirs et blancs du plus bel effet.



Même si j’ai de plus en plus de mal avec mes congénères en général, voilà une BD qui rappelle qu’il y a encore de belles personnes qui écoutent leur cœur plus que la peur orchestrée par des mous du bulbe.

Un livre à mettre entre toutes les mains comme le sont « Change ton monde » de Cédric Herrou, « Grace à eux » de Mimmo Lucano ou encore « Journal de bord de l’Aquarius » d’Antoine Laurent.
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Les sentiers cimentés

Hommage médiocre et personnel à cette très belle BD noir et blanc et noire,

du sein de laquelle ne pointe que peu d’espoir



Quand on arpente la Ville,

On y croise Arthur Rimbaud :

C’est sombre, froid, difficile

Mais que ce langage est beau



Puis vient l’Education

Onirique passion

Celle d’une Rencontre

Aussi impossible qu’un conte



Une vie inutile ?

De celles que la Mort elle-même distille

en prenant La balle au bond,

se moquant de nos ambitions



Celle de Georges Pourcellier

pourtant bien né

ne pouvant hélas échapper

à Charon le Nocher



Et même l’Immigration

Étonnant vu la date de publication

est décrite comme La maladie

du beau, la peau . . . le gris.

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Les Rêveurs lunaires : Quatre génies qui ont ch..

Je vous parle aujourd’hui d’une BD ou plutôt d’un roman graphique que j’ai découvert via masse critique et Sequencity que je remercie vivement.



Et surtout je demande aux spécialistes de m’excuser si j’ai commis des erreurs dans mon texte car je ne connais pas grand-chose en physique…



C’est l’histoire de quatre chercheurs au moment de la deuxième guerre mondiale, qui nous font part de leurs découvertes et surtout de leurs réflexions personnelles sur le devenir de celles-ci.



« Werner Heisenberg, l'incertain. Alan Turing, l'affranchi, Leo Szilard, le prophète errant et Hugh Dowding, le chevalier du ciel, comme nous les présentent les éditions Gallimard.



"Physiciens, mathématicien et militaire, ils ont été les acteurs cruciaux autant que discrets d'une aventure qui les dépassait : la Seconde Guerre mondiale. Un jour, une nuit, en songeant dans la rue ou en rêvant au clair de lune, ils ont eu un éclair de lucidité qui a changé la face du monde.»



Ils ont travaillé à la confection d'une bombe, d'un code secret et d'une bataille aérienne décisifs pour mettre fin à la deuxième guerre mondiale mais quel est leur ressenti à chacun, leurs doutes, leurs interrogations, leurs réflexions sur la science, sur la vie en général?



Ce que j’en pense :







J’ai beaucoup aimé ce roman graphique de 192 pages car il m’a permis de faire la connaissance de ces chercheurs que je connaissais un peu pour Werner Heisenberg, et Alan Turing mais pas du tout Szilard et Dowding.



L’idée des deux auteurs est très intéressante, et le livre très bien construit. Ils alternent l’histoire des héros et leurs réflexions personnelles ce qui donne un aspect aéré, vivant au texte.



La présentation de Werner Heisenberg (prix Nobel de physique à 31 ans !!) m’a beaucoup plu, avec les réflexions de ce génie allemand, mis sur la touche par les Nazis car il est juif, qui se demande avec le recul comment il n’a pas pensé à l’utilisation du principe de la réaction en chaîne dans la fabrication de la bombe atomique et pose aussi la question de l’incertitude dans la science. Il entre en scène de façon assez drôle : fait prisonnier en 1945 avec neuf de ses confrères, ils discutent de leur échec alors que la bombe est en train de tomber sur Hiroshima et leur conversation est enregistrée par la BBC (opération Epsilon)



Alan Turing est le père de l’informatique, il a réussi à décoder Enigma et les codes secrets les mieux gardés de l’armée allemande et a ouvert la voie au codage binaire… tout peut se mettre en code sur une machine et ceci permettra l’organisation du débarquement, (la première opération « informatique » en somme. Mais, lui non plus ne sera pas reconnu à sa juste valeur car mis sur la touche pour cause d’homosexualité… « Il est plus facile de casser un code qu’un préjugé »



L’image de Léo Szilard, atteint d’un cancer qui va recevoir sa dose de radioactivité pour le traitement de son cancer permet de parler de la fission de l’atome, la stabilisation de l’uranium et de développer le principe de la réaction en chaîne pour arriver à partir d’une petite source d’énergie à l’explosion de la bombe. On se souvient qu’alors la science misait sur l’eau lourde). Il ébauche ce qui va devenir, plus tard, le principe de précaution : peut-on tout faire au nom de la science ? Où doit-on mettre les limites et tout simplement faut-il en mettre. « Un scientifique, ça fonctionne un peu comme un artiste, ou un poète. L’imagination, c’est l’outil indispensable pour réaliser l’impossible. »



Le quatrième génie est un militaire, Hugh Dowding. Il prouve qu’il faut utiliser des chasseurs (on ne peut s’empêcher de penser aux drones utilisés en ce moment) au lieu de bombardiers et il va entraîner en un temps record des jeunes pilotes pour les rendre opérationnels le jour J, et surtout organiser le débarquement dans ses moindres détails, la logistique, la prise en compte de tous les paramètres sans sous estimer les forces ennemies, utilisant les radars. C’est le héros de la bataille d’Angleterre, controversé lui-aussi, car un esprit libre, spécialiste dans l’art de la guerre. « Faire la guerre, c’est prendre vite des décisions difficiles mettant en jeu des vies humaines » ou,plus loin « et faire la guerre, c’est aussi encaisser les coups durs et toujours garder la tête haute »



Personne n’est oublié dans ce roman, on croise Einstein, Oppenheimer, Joliot-Curie, Niels Bohr, Fermi… et tous en fait sont fascinants et nous font rêver au passage.



Même les comportements des Etats sont étudiés, les Nazis qui éliminent les chercheurs juifs, les Anglais et leur intolérance de l’homosexualité, le bien et le mal, empêcher l’ennemi de gagner même si on perd soi-même son âme (les bombes sur Hiroshima et Nagasaki ont fait des dégâts considérables pour obliger le Japon à céder.



Ce roman pose toutes les questions que tout un chacun se pose dans sa petite tête : jusqu’où peut-on aller ? Que devient une découverte quand elle est utilisée par des esprits malveillants, politiques religieux ou autres ? Science sans conscience n’est que ruine de l’âme disait autrefois Rabelais…



Les textes sont soignés, reposent sur une étude approfondie des travaux de ces chercheurs de génie, avec de temps en temps une note d’humour qui montre la fragilité de ces êtres aussi tels Porgy, l’ours mascotte de Turing, avec qui il dialogue.



Un seul bémol : j’ai lu ce roman graphique via mon ordinateur. C’était la première fois que je lisais une BD en numérique et cela m’a gênée, j’ai fait beaucoup d’allers et retours car les dessins sont beaux, tantôt légers, tantôt plus sombres selon le texte, et c’est moins agréable donc je me procurerai sûrement ce roman graphique en version papier pour le plaisir d’une relecture et éventuellement pour corriger les erreurs que j’ai pu commettre.



En tout cas, je vous recommande ce roman graphique qui donne envie d’aller voir plus loin dans le domaine de la physique pour la profane que je suis. et encore merci de me pardonner les maladresses et erreurs éventuelles car ce n'est pas mon domaine.



note: 9/10
Lien : http://eveyeshe.canalblog.co..
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Le marchand d'éponges

Encore des maths ! Non, non, je jette l’éponge…



♫ Il vendait des couteaux sans mal,

Puis maintenant des éponges,

Car sa destinée fatale,

C'était de vendre des éponges.

Il disait aux gens de la rue:

"Voulez-vous des éponges?",

Mais reconnaissant l’inconnu,

Ils disaient toujours « Non, jette l’éponge !».

C'est ça qu'est triste. ♪



Qu’il est triste le pauvre « Pi », orphelin laissé à l'abandon par sa mère durant la Toussaint dont le prénom rédigé sur un papier fut tâché en partie par du café, vendant désormais dans les rues de Paris des éponges en duo avec son seul compagnon Martin !



Un jour, remarquant une femme en manteau de fourrure descendant d’un taxi, Pi Toussaint, «Le marchand d’éponges», est témoin des trois coups de fusil tirés à bout portant sur la femme.



Arrêté immédiatement par la police pour un interrogatoire, le commissaire Adamsberg tente de tirer les vers du nez de ce clochard bien étrange et peu bavard qui a assisté à la tentative de meurtre et qui ne voulait pas se séparer du fameux Martin, recouvert d’éponges.



Comment Adamsberg va-t-il dénouer cette affaire ? Pourra-t-il faire parler le misérable récalcitrant ? Suivra-t-il les instructions de son supérieur hiérarchique prêt à tout pour boucler au plus vite l’affaire ?



Sous les traits de crayon d’Edmond Baudoin en noir et blanc, « Le marchand d’éponge» se révèle une adaptation fort réussie d’une nouvelle « Cinq francs pièce » parue dans l’ouvrage « Coule la Seine » de Fred Vargas dont le prix a augmenté au passage à un euro par éponge avec la monnaie unique.



Dans un univers qui n’est pas sans rappeler l’explosif « Blast » et son SDF interrogé par la police, j’ai été plus qu’agréablement surpris par cette bande-dessinée (ou roman graphique qui porte mal son nom pour une nouvelle) en parfaite symbiose avec le texte de Vargas, légèrement remanié dans sa première partie pour mieux coller aux dessins.



Sans hésiter, « Le marchand d’éponge» est surement la meilleure adaptation de romans ou de nouvelles que j’ai lues, ce qui me conforte dans l’idée que le format de la nouvelle me semble le plus adapté pour une transformation en BD.



Très bonne découverte à tous… qui m’a incité à ouvrir le recueil de nouvelles «Coule la seine».





Ps : Au fait j’oubliai, Martin est… un caddie, en souvenir du nom d’un âne du village d’enfance de Pi.

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Humains, la Roya est un fleuve

Pour une version courte et pas politisée, commence à (1) et arrête-toi aux pointillés. Tu peux même découper ton écran bien droit, grâce à eux !

Pour un avis long et bourré d'extraits, de témoignages, va directement au (2), et si ça te parle, ne t'arrête surtout pas là. Lis cette BD dans la foulée. Parce que tu peux avoir l'impression que j'ai tout recopié comme une feignasse au lieu de faire un billet avec mes mots à moi, mais non, loin de là. Les auteurs et ceux qu'ils ont rencontrés ont plein de choses à nous dire, à nous apprendre.



(1)

Dans ce livre, il y a des gens noirs qui sont partis de chez eux, et des gens blancs qui les aident. Ça se passe à la frontière franco-italienne. Pourquoi tout ce bazar ? Soit ils ont le droit de venir et ils viennent, les étrangers ; soit ils n'ont pas le droit et ils ne viennent pas 'chez nous'.

Y a aussi des policiers (souvent contre les Noirs, mais pas forcément) et des Vikings (toujours gentils avec les Noirs).

Sinon, c'est bien dessiné, et Menton, ça a l'air joli. J'ai colorié avec du bleu, du jaune, du vert quand y avait la mer et le soleil et les montagnes, parce que du noir et blanc, c'est trop triste pour des beaux paysages comme ça.



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(2)

• « Menton : le bonheur, dessiner. Troubs est sur une barque au milieu d'une mer de solitude intérieure. Dans son dos, il y a une falaise, des fils de fer barbelés, des hommes qui se noient. »



• « Ils arrivent d'ici, et ce ne sont pas les premiers. Il y a eu nous, les Italiens, les Juifs, ceux de l'ex-Yougoslavie, les Tunisiens... »



• « Qui peut croire qu'on peut empêcher le déplacement des humains ? »



Oui, hein, qui peut croire ça !? Notamment parmi ceux qui s'indignent depuis plus de 70 ans contre la Shoah. Les autres, je les exclus d'emblée, leur cas est désespéré.



C'est ce qui se passe dans les Alpes, pourtant. Pensons aux petits activistes blondinets de Génération Identitaire qui surveillent et bloquent farouchement l'accès à notre douce France.*



Et ça se passe partout en France (Calais, Dunkerque, Nantes...), "grâce" au(x) gouvernement(s) :

• « La formule célèbre de M. Rocard, sur 'la France qui ne peut pas accueillir toute la misère du monde' - formule reprise récemment par M. Macron, pour justifier une politique de grande fermeté à l'égard des migrants économiques - est d'abord un total non-sens, si l'on pense à la proportion de réfugiés que comptent de petits pays comme le Liban ou la Jordanie. C'est surtout un déni d'humanité insupportable. »

(JMG Le Clézio, préface)

••• pour les propos de Michel Rocard, voir le commentaire de Bidule62 ci-dessous •••



Les auteurs, Baudoin & Troubs, sont allés en 2017 du côté de la vallée de la Roya, où habite Cédric Herrou, ce formidable monsieur qui s'est fait arrêter plusieurs fois pour avoir aidé des migrants à passer en France.

Il n'est pas tout seul, dans le coin, à être sympa, dévoué, généreux : on peut aussi voir Jacques (blog Jacques Perreux), un curé, un médecin, René Dahon, les 'Vikings' (qui « donnent et n'attendent rien en retour, ça réconcilie avec l'humanité »), Claudine et son ami agriculteur bio, Irène, Hubert Jourdan. Et tous ces bénévoles de 'Roya citoyenne' ou d'autres associations. Et ça réchauffe le coeur, cette solidarité.



Pourquoi font-ils ça, ces gens ? Est-ce si naturel d'aider son prochain, quand, dans les villes, tout est fait pour dissuader les SDF ('de souche' ou d'ailleurs) de s'installer dehors (mobilier urbain empêchant de s'allonger, espaces verts barricadés, camps fréquemment démantelés...), sans leur proposer de solution digne ?



* * * * * * * * beaucoup d'extraits * * * * * * * *

Les auteurs ont interrogé quelques personnes qui aident :

- Delia : C'est à cause de mes parents, ils m'ont élevée comme ça.

- Nazario : (...) pour aider, pour être avec ceux qui aident, avec l'humanité. Il faut revenir à l'homme et ses libertés primordiales.

- Jacques : Dans le village planétaire, chacun devrait être libre de s'installer où il veut.

- Andrée : J'ai deux raisons pour faire ce que je fais. Depuis toute petite j'ai eu le désir d'aider. Il n'a pas cessé de croître. Et puis j'ai eu une fille handicapée, alors ouvrir les bras est devenu ma vie.

- Claudine : Je me demande pourquoi les autres ne le font pas. Mais peut-être qu'on peut dire que je le fais parce que mon père était juif roumain, qu'il a été caché pendant la guerre, qu'il a perdu ses parents dans un camp. Il n'en parlait pas, je l'ai découvert à l'adolescence. On peut dire que c'est une raison.

- Pascal, photographe : Parce que quand ça a commencé, je vivais à Breil, ma fille avait deux ans. Je veux un monde bien pour elle, qu'elle soit fière de son père.

- François-Xavier, dit 'Tchoi', prêtre : Je suis vivant aujourd'hui. Je croise des vivants, alors je leur souris. Je suis l'aîné de 8 enfants, j'ai toujours l'instinct de protéger les autres. (...) J'estime qu'on a le droit de se révolter quand on pense qu'une loi n'est pas juste.



* * * * * * * * * * * * * * * *



Baudoin & Troubs ont également échangé avec des migrants, essentiellement des hommes jeunes originaires du Cameroun et du Soudan, après avoir instauré avec eux un rapport de confiance (je te dessine, et je t'écoute : donne-moi tes mots, je les partagerai ; c'est important de faire connaître des parcours individuels, ça ré-humanise le drame collectif et impersonnel de l'exil).



Ces hommes sont épuisés moralement et physiquement, le trajet a été long, ils ont subi là-bas ou en route viol, torture, esclavage. Ils ont besoin de répit, de repos, de manger, d'avoir un toit, d'être traités dignement et chaleureusement (on connaît la pyramide des besoins de Maslow), d'apprendre la langue, avant de pouvoir démarrer la nouvelle vie dont ils ont rêvé.



Si on se sent 'envahis' par ces personnes en exil, on peut regarder l'histoire coloniale de pays d'Afrique, d'Asie, d'Amérique ; le bordel que nous, les Européens, y avons mis... Arte diffuse d'ailleurs une série très intéressante en trois parties sur le sujet depuis hier 'Décolonisations' (7, 14 et 21 janvier, ou en replay).

Et on peut aussi penser à la façon dont l'Occident se sert encore, notamment pour SES matières premières...



Sur le sujet des migrations actuelles vers l'Europe, lire aussi lire 'Paris-Venise' (F. Oiseau), 'Douce France' (Karine Tuil), 'Village global' (Geffroy & Lessault), etc.

Je conseille également le film 'Les Invisibles', sur les laissés pour compte, même 'français', ces gens à la rue dont certains populistes prétendent se préoccuper pour légitimer le refus de l'immigration.



Je ne sais pas trop de quoi il parle, Cali(méro) dans cette chanson, mais ça me semble bien coller avec l'admirable esprit de 'nos Justes' du XXIe siècle.

♪♫ https://youtu.be/kkVPFVj-g9U

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* https://www.liberation.fr/france/2018/04/22/chasse-aux-migrants-dans-les-alpes-les-xenophobes-au-sommet_1645146
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Les Rêveurs lunaires : Quatre génies qui ont ch..

Premier coup de cœur de l'année 2016 !

J'avais repéré ce livre depuis des mois sur Babelio, puis en librairie ...

J'ai enfin pris le temps de le lire. Je l'ai vraiment apprécié. Personnellement, cela m'a fait connaître 3 des 4 "rêveurs lunaires". Avant cette lecture, je connaissais surtout Alan Turing, car les dernières années, plusieurs livres sont sortis sur Turing (ce dont se réjouit Villani dans la postface très intéressante).

Il faut dire aussi que je suis passionnée de sciences et d'informatique.



Ce livre peut, je pense, être aussi apprécié par des personnes moins passionnées de sciences. A condition d'être intéressé par l'Histoire, le 20e siècle, l'humanisme ... On peut trouver bien des thèmes intéressants dans ces 4 portraits. A lire peut-être moins vite si on n'est pas familier des concepts exposés (physique, mathématiques ...), mais à lire quand même ...



Moi qui lis peu de BD et romans graphiques, j'ai vraiment trouvé remarquable le travail difficile auquel le duo d'auteurs s'est attelé. Villani avec sa passion et son érudition, Baudoin avec son graphisme ambitieux, les 2 sont complémentaires et le résultat est superbe, fluide malgré des sujets difficiles.



A lire !
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Les fleurs de cimetière

Je resterai presque sans voix après la lecture de, (comment l’appelez ?), ces carnets de vie ? Edmond Baudoin, avec ses 80 printemps, on sent qu’il n’a plus rien à prouver. D’où ce ressenti de sincérité et de liberté. Il y parle de ses parents, de son frère, de ses amours, de ses enfants et petits-enfants, de son travail, des rencontres avec de beaux auteurs, de ses voyages, des arbres et autres. En tant que femme, je ne peux qu’être touchée par son côté féministe. Des passages qui resteront à jamais gravés dans ma mémoire. Des questionnements intelligents et intéressants de ce qu’est une vie. Je vous laisse découvrir ses dessins. Merci à jamik et Presence qui, par leurs critiques, m’ont donné envie d’y aller et ainsi de passer par des stades indescriptibles avec ce grand Monsieur.
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Le voyage

Simon fuit un quotidien qui l'étouffe et préfère prendre la route sans but plutôt que de se tuer. En chemin, il rencontre un nouvel amour et des amis.



Avec un sujet de " road trip" désespéré, l'auteur fait des kilomètres dans l'imaginaire sombre de ses personnages, pour nous parler " voyage" , non pas tant celui qu'on fait avec ses pieds, mais le chemin qu'on parcourt en ouvrant son esprit à la vie, aux autres et à l'aventure.



Ce roman graphique d'Edmond Baudoin mêle habilement le fantastique au réel, à travers les projections oniriques des personnages qui se superposent à leur vécu, comme dans l'univers du manga dont il s'inspire, ou auquel il rend hommage. Le dessin à l'encre tend à se simplifier à l'extrême en traits et courbes . Il restitue alors la fugacité de la pensée et le mouvement comme celui de la danse des corps dans l'amour.



J'aime beaucoup cette histoire de quête initiatique. le sujet est simple et humain, le parti pris esthétique est audacieux et brillant. le résultat nous parle avec très peu de mots . Je crois que vous aimerez Simon, Olivier, Lea, Pierre et ....Pitou, l'homme qui avait plein d'étoiles dans les cheveux et du coup un peu de mal à trouver celle qu'il fallait suivre.

Bonne route avec Edmond Baudoin !



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La peau du lézard

Jeanne, la soixantaine alerte a l'habitude de défrayer la chronique de son village. Fille-mère puis mal mariée, devenue veuve et grand-mère, c'est avec son voisin François, le libraire en retraite qu'elle va tisser des liens chauds et doux d'un nouvel amour au soir de sa vie.



Edmond Baudoin raconte en bulles et cases une histoire toute simple d'amour et d'amitié autour de ce couple plein d'empathie. Hélas, le drame n'est jamais loin et prend sa source dans la bêtise humaine.



C'est une belle lecture, une histoire de vie comme il y en a tant, remarquablement écrite, avec un scénario précis, un très beau texte et un dessin parfois à la limite de l'abstraction, tant le trait se simplifie dans le mouvement.



Je remercie Endymion pour son conseil de lecture, que je vous invite à suivre également.



Edmond Baudoin, un auteur que j'ai connu avec"les rêveurs lunaires" , et dont il convient de visiter l'oeuvre
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Grenoble en portrait

La vie est faite de musique, et dans une bonne musique les notes s’accordent et se confrontent.

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Ce tome contient un récit complet, indépendant de toute autre. Sa première publication date de 2022. Il a été réalisé par Edmond Baudoin pour le scénario et les dessins, sans oublier l’expérience de vie. Il comprend soixante-treize pages de bandes dessinées en noir & blanc.



Grenoble : une ville. Avec son agglomération, 510.000 humains vivent ici. C’est la plus grande métropole des Alpes, devant Innsbruck et Bolzano. Deux mille ans d’histoire. Stendhal est né dans cette ville. Il disait d’elle : Au bout de chaque rue, une montagne. Grenoble est un radeau sur une mer démontée. Les vagues qui l’environnent ont des noms : le Vercors, la Chartreuse, Taillefer et Belledonne. Si l’on va sur la crête d’une des vagues, il y a certains jours où la ville est invisible. Sous la mer. Une mer de nuages. Grenoble se cache le visage, souvent. Edmond veut pourtant essayer de faire son portrait. Qu’elle fasse son autoportrait. Elles disent beaucoup les rues de Grenoble, souvent austères à ses yeux de niçois. Hors le centre, pas de cohérence. Grenoble, c’est Marseille en montagne. Son visage est celui d’une vieille dame qui rajeunit, non pas qui se maquille, non pas qui mute. C’est une sensation, il n’a pas connu Grenoble avant aujourd’hui. Et aujourd’hui, il veut faire son portrait. Celui d’un instant puisque, très vite, elle sera autre. La vie pulse à Grenoble. Et la vie c’est l’humanité. Alors, faire son portrait, c’est faire celui de ses habitants. De ceux qui sont nés ici, de ceux qui y vivent, de ceux qui y passent. Dessiner le visage des habitants de la ville, ceux qu’il va rencontrer. Échanger ce dessin contre une réponse à la question : Dis-moi toi et Grenoble ? En ce début de 2021, je rêve. En mars 2020, nous étions sept milliards huit cent millions sur la planète Terre. La plupart du temps, nous nous croisons sans nous arrêter. Et nous sommes aujourd’hui si nombreux à marcher sur les chemins qu’on ne se dit plus bonjour. Faire le portrait de quelqu’un, c’est s’arrêter avec ce quelqu’un un moment qui fait en sorte qu’un nom, un prénom se met à exister sur le visage.



Jean répond à la question de Baudoin en indiquant qu’il voudrait un monde plus apaisé et, pour la ville de Grenoble, une plus grande préoccupation dans son patrimoine. Mohamed répond à la question de Baudoin : Grenoble pour lui, c’est la sœur jumelle de la Kabylie. C’est pour cette raison qu’il l’a choisie il y a plus de quinze ans. Ici, il y a les Alpes ; là-bas la chaîne de Djurjura qui revêt son blanc manteau en hiver. Les montagnes et la nature le rassurent, l’émerveillent en permanence. Elles sont, à son sens, une porte directe qui donne sur la poésie qui permet de vivre dans la poésie véritable. Cette poésie qui permet de vivre dans la sérénité malgré la violence du monde. Grenoble, c’est aussi une terre vivante culturellement et maintenant des amitiés multiples.



C’est le quatrième album de l’artiste fonctionnant sur le principe de la question posée à des habitants, avec un portrait d’eux pour les remercier de leur réponse : Viva la vida (2011) avec Troubs, Le goût de la terre (2013) avec Troubs, Gens de Clamecy (2017), Humains : La Roya est un fleuve (2018) avec Troubs. À chaque fois, Edmond Baudoin s’éloigne encore plus de la bande dessinée. Il n’y a qu’à regarder la mise en page. La première est constituée d’une case de la largeur de la page, qui en occupe la moitié, un dessin à l’encre, une vue de Grenoble à moitié esquissée, avec de nombreux traits pour rendre compte d’une texture, et du texte en dessous évoquant la ville. La suivante est composée de deux cases de la largeur de la page, une vue des montagnes et des sapins et une sorte de carte avec des reliefs simplifiés, avec quatre phrases écrites entre les deux cases. Dans la suivante, le texte l’emporte avec deux illustrations, l’une d’une tête sculptée, l’autre de Baudoin en plan rapproché. Page dix, l’artiste a intégré deux portraits qu’il a réalisés, avec le texte de la réponse à la question : Dis-moi toi et Grenoble ? Ainsi qu’une frise de têtes indistinctes en haut de page, et une autre de têtes distinctes en bas de page. Dans la suivante, le lecteur découvre une autre réponse à la question, et puis dans la seconde moitié de la page, une vue de la place Saint André par temps de Covid.



Le lecteur peut ainsi prendre note des différentes structures de page qui font autant de surprises : la reproduction d’une affiche pour la saison 99/2000 du théâtre de Grenoble en page 14, neuf portraits en plan rapproché sagement disposés en bande avec des bordures de case en page 15, des dessins en double page de Grenoble, dépourvus de texte (pages 24 & 25, 34 & 35, 40 & 41, 60& 61, 70 & 71), une poignée de portraits réalisés par les interrogés eux-mêmes, quelques dessins à la plume, d’autres vues de Grenoble, un extrait de la bande dessinée Personne ici ne sait qui je suis (réalisée par Coline, dont le titre est une phrase extraite de Nous réfugiés, d’Hannah Arendt), une photographie en noir & blanc de Grenoble, un portrait de l’artiste assis sur une chaise, exécuté par lui-même, un texte de deux tiers de la page écrit par Delphine sur sa grand-mère Colette, l’idéogramme japonais qui signifie Le voyage, un dessin du matériel que Baudoin utilise pour dessiner (son pinceau en poil de martre et son encrier japonais en cuivre), et même deux pages de bandes dessinées traditionnelles avec des cases disposées en bande (pages 56 & 57). Il peut même se permettre de terminer en consacrant la dernière page à un texte que lui a remis Carole, une Grenobloise, évoquant et développant sa condition de planéterrienne, ne possédant rien, ne disposant que de peu de temps, portant son chez soi en elle-même, bousculant ses habitudes, accouchant de ses rêves, croyant en la vie, sachant lâcher prise, inventant, etc.



Est-ce encore de la bande dessinée ? Comme pour beaucoup d’ouvrages de cet auteur, cette question ne présente pas d’intérêt. Ce créateur effectue un séjour du 18 janvier au 5 mai 2021 dans cette cité. Il souhaite retranscrire son séjour et les rencontres qu’il y a faites. Il parvient à concilier une vision et une expérience qui lui sont propres, avec sa personnalité et la temporalité de son séjour, avec une approche holistique sophistiquée, en mettant bout à bout les réponses des habitants qu’il a croisés, en insérant de ci de là quelques pensées personnelles. Il brosse ainsi le portrait de Grenoble, non pas dans sa totalité, mais au travers des réponses des individus qu’il a rencontrés, c’est-à-dire de l’expérience personnelle qu’il a eu de cette ville, en mentionnant les rues désertes confinement oblige. Le lecteur éprouve la sensation de faire l’expérience de Grenoble comme Edmond Baudoin l’a faite, à travers ces rencontres, mais aussi avec sa sensibilité et ses centres d’intérêt développés tout au long de sa vie.



Cette lecture constitue une évocation à l’opposé d’un article encyclopédique. Le lecteur n’y trouvera pas un ensemble d’informations structurées de manière académique, mais des petites touches individuelles qui transcrivent chacune un échange entre l’auteur et un habitant. Mohamed qui est venu de Kabylie il y a quinze ans et qui s’est établi à Grenoble. Tess qui est née à Grenoble, qui est montée à Paris et qui est revenue pour retrouver l’odeur et les couleurs des saisons, s’apaiser au creux des montagnes. Magali qui a quitté la capitale pour venir y faire ses études et qui s’y est installée, qui y élève ses trois enfants. Mousskid et Ali arrivés de Guinée en 2016. Richard, directeur de Point d’eau, une boutique de solidarité de la Fondation Abbé Pierre dont les deux activités principales sont l'hygiène et la santé, et l'accompagnement social, et qui accueillent d’autres associations comme le Planning Familial, AIDES, EMLPP, Prométhée. Rachid qui enseigne bénévolement à Point d’eau. Baptiste en formation de guide, Damien accompagnateur en montagne, Benoît guide. Mohamed Boumeghra comédien, metteur en scène, calligraphe, directeur de la compagnie de théâtre Sud Est théâtre. Céline bibliothécaire aux Eaux-Claires qui s’exprime sur la politique culturelle de la ville. Bruno scientifique à l’institut Laue-Langevin, organisme de recherche spécialisé en sciences et technologies neutroniques exploite un réacteur à Haut Flux de neutrons pour la recherche. Patrick Souillot qui, avec la Fabrique Opéra, depuis quinze ans, a créé un projet d’opéra coopératif qui correspond à l’esprit d’innovation, de solidarité, de culture. Etc.



Le titre de cet ouvrage s’avère des plus explicites et des plus adéquats : Edmond Baudoin compose des pages sur la base du portrait en très gros plan qu’il a fait de plus de soixante-dix Grenoblois rencontrés durant son séjour dans la ville d’un peu plus de quatre mois. Comme il l’écrit lui-même : Faire le portrait de quelqu’un, c’est s’arrêter avec ce quelqu’un un moment qui fait en sorte qu’un nom, un prénom se met à exister sur le visage. Le lecteur croise ces êtres humains et s’arrête avec l’auteur pour les écouter parler de leur ville. Un portrait se constitue, une réponse après l’autre, de Grenoble, ou tout du moins de la vision et du vécu qu’en a chaque habitant rencontré. Une lecture peu commune, bénéficiant de la bienveillance inconditionnelle d’Edmond Baudoin, de curiosité insatiable, de son appétence pour les rencontres vraies.
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L'Arleri

Je continue à découvrir Edmond Baudoin et j'avoue qu'il me laisse sans voix. Ce qui est exceptionnel à mon encontre ! J'aime et partage sa façon de penser sur les femmes et les hommes. Et dans ce roman graphique ça va loin. Mais comment arrive-t-il, avec de simples mots, à retranscrire ce que nous femmes pensons ? J'ai relu certaines fois plusieurs passages. Ah il nous connait bien le bougre ! Et cette idée de trame, du génie ! Un vieux peintre a pour modèle une jeune femme. Elle est avide d'entendre l'artiste raconter sa vie. Des échanges et points de vu intéressants des deux cotés sur l'homme et la femme, la sexualité, la jalousie, etc. Et en plus le dessin est superbe ! Quelle chance nous avons d'avoir un tel homme qui nous offre généreusement ses pensées et ses talents !

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La traverse

Baudoin rencontre Mariette et sa fille en gare de Nice qui viennent de faire une traversée des Alpes. Le scénariste va entrecroiser les destins de ces trois êtres qui partagent le doute, les limites, le deuil, la montagne, le surpassement de soi. Pas toujours évident de savoir qui parle sans le verbe être. J'ai quand même été comblée par l'univers de Baudoin et ses dessins que j'aime tant.
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Inuit

Edmond Baudoin et Troub’s racontent leur voyage dans le nord-est du Canada, en pays Innus et Inuit. Il s’agit de témoignages, de portraits, racontés avec des dessins pris sur le vif, ils racontent le mode de vie actuel des peuples autochtones, le rapport avec leur héritage, l’évolution de leur. Inuit est un carnet de voyage à quatre mains.

Certaines pages sont entièrement remplies de texte écrit à la main, le trait agressif d’Edmond Baudoin apporte de la force aux récits, celui de Troub’s se met au diapason, tout aussi brut. Ils nous proposent une accumulation de témoignages, pessimistes pour certains, optimiste pour d’autre, divers angles de vues comme pour les illustrations,

À travers ces témoignages, beaucoup de thèmes sont évoqués, l’écologie, le réchauffement climatique, la perte des valeurs anciennes, la modernité qui dénature, la culture ancestrale. Beaucoup de simplicité, de sincérité dans ces échanges qui dévoilent beaucoup malgré l’apparente pudeur, on découvre alors une certaine sagesse malgré les bouleversements que leur peuple a dû subir au XXe siècle. Le froid, la dureté du climat les forment depuis toujours, mais le réchauffement climatique transforme aussi les hommes.

On voyage avec les auteurs, on fait des rencontres à travers eux, c’est juste, c’est vrai, c’est dépaysant et touchant.
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Quelques pas hors des cases

J'ai découvert Edmond Baudoin il n'y a pas si longtemps et j'aime beaucoup ses idées. Je suis donc heureuse de l'avoir eu avec Masse critique. Il est connu pour évoquer des thèmes qui l’inquiètent et qui le fascinent : la vie, le temps qui passe et la mort. Beaucoup de points communs avec notre regretté Christian Bobin. Au gré de ses marches, il nous conte la montagne, la nature, sa famille, ses enfants et ses femmes. La scène avec le cerf est juste magnifique. Quelle bonne idée d'être sorti des cases pour nous offrir cette prose pleine de tendresse et de beauté ! Quel bonheur de savoir qu'un tel homme existe !
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Les Rêveurs lunaires : Quatre génies qui ont ch..

Je suis assez nulle en maths et en physique et pourtant j'ai bien aimé ce roman graphique qui nous raconte la seconde guerre mondiale, sous un angle original, celui de la science, et surtout les raisons de la victoire des alliés comme la victoire d'un duel de savants. C'est le titre qui m'a plu, puis c'est l'idée qu'un lauréat d'une médaille Fields se mette à la BD. Le scénario met en scène le dessinateur Edmond Baudoin qui discute tranquillement dans l'arrière pays niçois avec Cédric Villani, mathématicien et co auteur de l'album. Au travers du destin de trois savants et d'un officier supérieur britannique, c'est toute une époque qui revit dominée par la mise au point de la bombe atomique . J'aime le principe d'incertitude énoncé par Werner Heisenberg, de quoi nous inciter à la modestie, et donner envie de se mettre à la physique quantique. Encore heureux qu'il se soit trompé dans ses calculs cet homme ! Le destin tragique d'Alan Turing, le maître des nombres et l'inventeur de l'informatique est émouvant de part l'injustice dont il a été victime dans une Angleterre puritaine qui emprisonnait les homosexuels. Léo Szilard nous interpelle sur le principe de précaution, et Hugh Dowding, sur la guerre à mener avec une rigueur toute scientifique pour survivre. C'est toute une génération de scientifiques qui est convoquée à travers eux: Einstein, Oppenheimer, Niels Bohr, Fermi, Schrödinger.....c'est l'atome qui est expliqué clairement, ce sont les doutes et la responsabilité des découvreurs qui sont mis en évidence. " on avait construit la bombe pour ne pas se faire atomiser par les Allemands, pas pour massacrer les Japonais", dit Leo Szilard avant d'abandonner la physique pour se mettre aux sciences du vivant, las de lutter contre les pouvoirs politiques et militaires. Un graphisme noir et blanc peut apparaître violent comme les enjeux de vie ou de mort de cette époque. L'album comporte des suppléments pour nous préciser les sources d'information des auteurs comme leur choix de faire dialoguer Turing avec son ours Porgy. Ces quatre hommes se ressemblent un peu par les tourments qu'ils ont éprouvés, de vraies tempêtes sous leur crâne aurait dit Victor Hugo. Modestement, nos deux auteurs les sortent de l'ombre et leur rendent un hommage sincère, d'après eux, sans leur génie, notre vie ne serait pas la même . Un bon bouquin et une façon originale de diffuser la culture scientifique , et pour cette cause, Villani mouille le maillot, un engagement remarquable à tous points de vue !
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