Edmond Marc

La ponctuation de la communication. [...] désigne également le regard (le point de vue) que chaque interactant porte sur son comportement et celui de son partenaire. Ainsi, pour donner un exemple humoristique, dans une expérience sur le conditionnement d'un rat dans un laboratoire, le rat pourrait ponctuer ainsi sa communication avec le chercheur : "j'ai bien dressé mon expérimentateur. Chaque fois que j'appuie sur le levier, il me donne à manger."

Quelle définition peut-on donner d'un être normal ? On appelle "normal" tout ce qui nous est familier, et "folie" tout ce qu'on ne comprend pas, tout ce qui est hors de notre expérience habituelle et qui nous fait peur; car seules la similarité et l'appartenance à une norme commune ont le pouvoir de nous rassurer. Ces concepts sont entièrement relatifs et "la mesure dans laquelle une personne donnée paraît folle dépend de notre propre cadre de référence ainsi que des limites de notre expérience."

Métacommuniquer, c'est pour deux (ou plusieurs) personnes en interaction, échanger sur leur communication. La métacommunication peut porter sur le contenu ou sur la relation. Si je dis par exemple : "je viens de parler d'interaction; pour moi interaction a la signification suivante ...", je propose un commentaire de mon message au niveau du sens que je donne au contenu; si je lance à mon interlocuteur : "je t'ai dit ces choses-là parce que j'étais en colère contre toi..." je commente mon message au niveau de la signification qu'il revêt quant à la relation que j'ai avec mon interlocuteur.
La métacommunication peut être explicite et verbale comme dans les exemples que l'ont vient de donner. Elle peut être implicite et s'exprimer de façon comportementale ou contextuelle : si, au cours d'un repas, un convive se met debout et lève son verre, il métacommunique que ce qu'il va dire est un "toast"; si un père convie son fils à venir s'entretenir avec lui dans son bureau, il lui métacommunique, en choisissant ce cadre, que ce qu'il a à lui dire est important.

... comme on n'apprend jamais rien au hasard, mais pour se conformer à son milieu ou s'en démarquer, l'analyse du système familiale est censée nous donner la clef de la "maladie" du schizophrène. C'est en ce sens que Bateson parle d'une "dynamique de groupe" de la schizophrénie. La preuve est que c'est seulement lorsqu'il est abstrait de son contexte familiale que le comportement du schizophrène apparaît comme insensé; replacées dans leur contexte interactionnel, ses actions ont un sens. C'est donc là qu'il faut partir pour les comprendre; c'est là aussi qu'il faut agir pour les changer.

L'univers de la communication n'est pas un monde d'objets, il n'a pas de réalité objective ; c'est un univers de perceptions et de significations (ce n'est pas telle chose qui compte pour moi, mais la perception que j'en ai et le sens que je lui donne) qui n'a de réalité que subjective. (p. 76)

En effet, que se passe-t-il concrètement en chacun de nous ? Nous ne percevons pas la réalité, mais nous sommes confrontés à deux réalités : celle qui existe objectivement en dehors de nous (la "réalité de premier ordre") et celle qui est en quelque sorte l'aboutissement de nos perceptions et de nos jugements (notre "image du monde"). (p. 109)