Edmond Werdet

Balzac, l'inimitable conteur que tout le monde connaît, ce psychologiste du coeur de la femme, ce savant interprète des sentiments les plus cachées des filles d'Ève; - de Balzac, à qui j,ai déjà consacré un volume; de Balzac, ce maréchal de la littérature, comme, dans sa puérile vanité, il osait se qualifier lui-même. - Balzac, que je regretterai toujours et qui fut longtemps mon ami; de sa part, malheureusement, cette amitié n'était basée que sur l'intérêt, et il la rompit machiavéliquement le jour où mon astre commercial commença à pâlir.

Il est indubitable que les premiers désirs, comme un des premiers besoins des hommes réunis en société, furent de rechercher les moyens de fixer matériellement l'expression de leur pensée, quand ils s'aperçurent que la tradition orale, transmise de père au fils, était un moyen peu certain pour en conserver la pureté.
De là l'intervention des caractères imités des sons de la voix elle-même, et dont la forme était aussi arbitraire que la matière sur laquelle elle était manuellement empreinte.

Puissamment encouragée dès son début, et plus tard,protégé par Louis XII, l'imprimerie fit de rapides progrès.
Dans les dernières années du XVe siècle, Paris avait vu déjà créer et s'éteindre, par suite du décès des titulaires, trente-huit imprimerie.
Il y en avait encore vingt-quatre, dont les presses infatigables ne suffisaient plus à répandre sur le monde les bienfaits de l'art civilisateur.

Les anciens mettaient en tête de leurs ouvrages, non seulement des épîtres dédicatoires, mais aussi des préfaces, courtes, il est vrai, mais d'une admirable simplicité, témoin celles des deux plus grands historiens de la Grèce, Hérodote et Thucydide.

Force leur fut bientôt, cependant, de recourir à la plume des littérateurs et des savants de profession, pour enrichir d'abord leurs éditions nouvelles de gloses et commentaires inédits, puis pour allécher peu à peu le public lettré, par l'appât de quelques productions originales ils durent donc traiter dès lors avec eux, soit pour acheteur leurs soins, soit pour leur commander telle ou telle oeuvre au goût du jour; et la Librairie moderne fut créée.
Désormais compagne fidèle de l'Imprimerie, elle se développe rapidement en France.

L'Italie leur restitua leur vieux nom de Bibliopoles: c'est le titre que porte l'imprimeur-libraire, ou éditeur, dans les livres imprimés à Fernare en 1474 et et dans ceux que Philippe Giunta fait paraître à Florence à la même époque, tandis que la dénomination de Librarius, figure uniquement sur le frontispice des impressions Bolonaises de 1477, et Trévisanes de 1480.
Dans la plupart des autres pays, l'imprimeur-libraire ne prend d'autre qualité que celle d'imprimeur, qui embrasse tout.

Force leur fut bientôt, cependant, de recourir à la plume des littérateurs et des savants de profession, pour enrichir d'abord leurs éditions nouvelles de gloses et commentaires inédits, puis pour allécher peu à peu le public lettré, par l'appât de quelques productions originales ils durent donc traiter dès lors avec eux, soit pour acheteur leurs soins, soit pour leur commander telle ou telle oeuvre au goût du jour; et la Librairie moderne fut créée.

Ce livre d'heures du maréchal de Montmorency se rattache à une histoire d'amour; il le destinait à mademoiselle Jeanne Halluin de Piennes; il le lui avait offert comme gage de son alliance : mais la dame, apprenant la résistance de la famille du maréchal à ce mariage, rendit le livre à son fiancé et prit le voile; ils sont tout semblables à des livres d'amour ces livres d'heures du XVIe siècle, ils en ont la grâce et le parfum.

Le développement de la pensée s'agrandit; le goût de l'instruction se généralisera; partout, dans toutes les classes de la société, le lumière se fit. Ce siècle compta en province quatre-vingt-dix villes de plus qui purent juger, par la productions de nombreuses imprimeries, que le temps de l'intolérance et du fanatisme religieux toucheraient bientôt à leur terme et qu'il serait désormais impossible de les faire revivre.

Par l'invention de l'Imprimerie la production des livres se trouva tout à coup facilitée outre mesure et simplifiée à l'infini.
Le prix de fabrication diminuant au delà de toute attente, le capital dont pouvait disposer chaque industriel en ce genre, devint suffisant pour couvrir amplement les frais d'un plus grande nombre d'entreprises de librairie.
Tous les premiers imprimeurs furent aussi libraires.