Edna Ferber

Quand on évoque Géant, on pense aussitôt au film de Georges Stevens avec Rock Hudson, Elizabeth Taylor et James Dean. Il s’agit pourtant de l’adaptation cinématographique d’un roman du même titre paru en 1952 que l’on doit à l’écrivaine états-unienne Edna Ferber (1887- 1968)

Les premiers chapitres illustrent bien le titre : Les événements se déroulent au Texas : le plus grand de tous les Etats-Unis au point que les habitants ont l’impression d’y vivre dans un pays indépendant. Il a d’abord été un lieu de culture du coton, d’élevages considérables capables de fournir en viande les deux Amériques et sources de fortunes colossales, dérisoires pourtant par rapport à celles des multimillionnaires qui se sont multipliées avec la découverte de gisements de pétrole dès 1901. L’éclosion de ces fortunes apparemment illimitées acquises à vive allure fait des heureux propriétaires des nouveaux riches superficiels et incultes, racistes et machistes. On y découvre, au milieu du vingtième siècle, tout ce que le Texas compte de gens très riches qui ne se déplacent presque plus qu’en avion se rendre à la fête organisée par l’un des plus riches d’entre eux Jett Rink pour l’inauguration de son aéroport…

La suite du roman nous ramène vingt-cinq ans en arrière quand après une rencontre improbable, Leslie Lyntonn élevée dans la bonne société de Virginie épouse Bick Benedict un éleveur de bétail richissime et part vivre avec lui au Texas. La jeune femme y a perdu tous ses repères et doit apprendre un autre mode de vie sans aucune aide. La situation est difficile mais elle l’aborde avec enthousiasme. Cependant sa générosité et son ouverture d’esprit heurtent le sens de la tradition et le racisme local (à l’égard des Mexicains en particulier) de son nouvel entourage à commencer par ceux de son mari. A force de finesse et de bonne volonté mais sans jamais renier ses valeurs elle parvient à constituer avec lui un couple solide : chacun aime l’autre d’un amour profond qui n’exclut pas les difficultés. Leurs deux enfants devenus adultes les rendent fiers et heureux même s’ils ne réalisent pas leurs rêves.

C’est un roman passionnant qui aborde de nombreux thèmes intéressants, dont le personnage principal est attachant et qui est une mine d’informations sur le Texas du début du vingtième siècle.

Coup de foudre pour ce roman, prix Pulitzer en 1925. Et je ne peux que remercier les maisons d’édition de rééditer ces Pulitzer oubliés, ce sera cette fois-ci aux @editions_cambourakis que s’adressent mes remerciements les plus chaleureux.

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À l’image de Précoce Automne, Pulitzer 1927, Mon Grand offre un très beau portrait de femme.

Ça commençait pourtant plutôt mal pour Sélina Peake, dont le père meurt alors qu’elle n’est pas encore établie, la conduisant à s’éloigner de Chicago pour aller gagner sa vie. L’avenir prend la forme pour elle d’un travail d’institutrice dans une communauté de fermiers d’origine hollandaise ; un mariage puis un enfant suivront.

Mais Sélina, qui garde le goût du beau, espère autre chose pour son fils qu’une vie de labeur dans les champs.

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J’ai dévoré ce roman en quelques jours, amputant mes nuits qui ne sont pourtant pas toujours bien longues. Sélina est un personnage inoubliable.

Aucune mièvrerie ou regret dégoulinant chez celle qui aurait pu vivre une toute autre vie. Elle s’adapte et cherche à tirer le meilleur de sa situation. Sa force de caractère et sa simplicité généreuse m’ont totalement conquise.

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Et je m’aperçois que j’ai une préférence marquée pour les premiers Pulitzer, je vais donc continuer mon exploration en essayant de privilégier les plus anciens.

On suit 3 femmes sur 3 générations sur un théâtre -palace flottant, un navire à mélo comme ils l’appellent, le long du Mississippi. Rempli de seconds rôles avec en arrière-plan la société de cette époque et son évolution. Les chapitres à Chicago sont passionnants. L’écriture est agréable et les 469 pages se lisent avec un plaisir de chaque instant. 3 générations donc et bien sûr le temps qui passe et comme on s’est attaché à tous ces personnages, refermer le livre nous laisse mélancolique et un peu triste.

"Quand vint le mois d'avril et que dans les bois le cornouiller brilla d'une blancheur spectrale, le navire à mélos se mit en route. Ce fut le plus nonchalant des voyages, un voyage qui ressembla à un songe."



C'est l'effet de ce livre, écrit d'une plume magnifique (merci également au traducteur), qui nous emmène dans l'un des premiers bateaux à vapeur proposant fanfares et spectacles aux villages reculés des rives du Mississippi.



Un livre riche de personnalités bien trempées, où l'on menace et se rebelle, où l'on entreprend, où l'on aime, où l'on trahit.



Un livre qui fait rêver de velours, d'ors, de cristaux et de feux de la rampe, mais qui aborde aussi une réalité bien plus sombre: la ségrégation, la pauvreté, la place des femmes à la fin du XIXème siècle.