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4.17/5 (sur 6 notes)

Nationalité : France
Né(e) : 1875
Mort(e) : 1939
Biographie :

Édouard Berth est un théoricien français du syndicalisme révolutionnaire.

À partir de 1899, il devint un collaborateur régulier du Mouvement socialiste avant de rompre avec cette revue en 1909.

Défenseur actif des expériences réformistes de Millerand jusqu'en 1902, il évolua ensuite progressivement vers le syndicalisme révolutionnaire, tout en manifestant un penchant mystique proche de celui de son maître Georges Sorel (1847-1922) ou de Charles Péguy.

Germanophone, il traduit de nombreux ouvrages de théoriciens du socialisme comme certains de Karl Kautsky ou de Karl Marx.

À partir de 1909, Berth, partant d'une commune aversion pour la démocratie parlementaire "bourgeoise", se rapproche du mouvement monarchiste et fonde avec Georges Valois les Cahiers du Cercle Proudhon en 1911. Il tente alors de proposer une synthèse du syndicalisme révolutionnaire et du corporatisme.

À partir de 1917, ce syndicaliste révolutionnaire s'enthousiasme pour la révolution bolchévique et y voit une nouvelle expression de la lutte des classes, avant de revenir de son engouement pour condamner dans l'URSS la "société des termites".

Collaborateur de la revue Clarté, il adhère en 1920 au Parti communiste français et rejoindra de nouveau les rangs du syndicalisme révolutionnaire à partir de 1935.
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Source : Wikipédia
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Citations et extraits (33) Voir plus Ajouter une citation
Platon chassait les poètes de sa République, nous comprenons pourquoi. La liberté a toujours été odieuse à tous les dogmatistes sociaux, à tous les intellectualistes, à tous ceux qui rêvent d'enfermer la société dans des cadres figés et qui ne tolèrent d'autres liberté que celle du bien – le bien décrété par leur despotisme éclairé. Tous ces gens, fanatiques d'unité, supportent mal l'inévitable variété des êtres et des choses; ils voudraient tout résorber dans l'Un. Pourquoi, en effet, des patries ? Pourquoi des langues diverses ? Pourquoi des classes ? Pourquoi des sexes ? Pourquoi pas une seule humanité, une seule langue, un seul sexe, une association unique – sans guerre, sans antagonismes, sans luttes, dans la bienheureuse paix d'une idylle éternelle ? Tout devrait être interchangeable, les races, les patries, les classes, les sexes. Mais, voilà, il y a la liberté, c'est-à-dire la capacité d'inventer du nouveau, de frayer hors des chemins battus, d'ouvrir de nouveaux horizons, d'errer aussi, de tomber, de trébucher, comme de monter et de marcher droit. Si nous ne parlons pas tous encore l'espéranto, c'est que nous sommes, malheureusement, des êtres libres, et qu'étant libres, il nous faut ces langues diverses où s'exprime la diversité de nos âmes nationales. Si nous ne formons pas encore une seule humanité, c'est encore et toujours parce que nous sommes libres et que les patries, comme les a très bien définies Georges Valois, ce sont «les formes de l'expérience humaine». Si nous ne voulons pas nous laisse absorber tous par l'État, c'est encore et toujours parce que nous sommes libres, et qu'étant libres, nous formons des classes diverses invincibles à l'uniformité étatique. Si même il y a deux sexes, et si cette dualité est invincible à tous les féminismes du monde, c'est encore que nous sommes libres et que la diversité sexuelle était nécessaire la formation du couple conjugal, organe de la Justice. Donc, partout et toujours, la liberté, «ce grand Juge et ce souverain Arbitre des destinées humaines», comme l'appelle Proudhon.
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Mais l'aristocratie véritable, je l'ai déjà dit, n'est nullement constitué par des qualités purement intellectuelles; elle est guerrière et héroïque, elle est traditionnelle, elle est historique; elle s'appuie sur des réalités charnelles, le sang, l'hérédité physique, la race : rien de plus anti-intellectuel qu'une aristocratie digne de ce nom; et ce qui, historiquement, perd les aristocraties, c'est précisément lorsque le noble, quittant la Terre pour la Ville et la Cour, et passant du régime de la guerre à celui du spectacle, devient un intellectuel, un bel-esprit, comme au XVIIIe siècle; il se mue alors en un «démocrate» qui, perdant le sens de réalités traditionnelles, se trouve à la merci de toutes les billevesées et nués idéologiques des sociétés en décadence. Au surplus, l'aristocratie véritable n'éprouve nullement pour le peuple ce mépris transcendantal, que nous découvrons toujours chez l'Intellectuel : au contraire, entre le peuple et l'aristocratie, il y a une véritable confraternité et intelligence réciproques. C'est lorsque le noble devient un intellectuel et un parasite, que l'on voit se creuser entre lui et le peuple ce fossé de haine et de mésintelligence qui aboutit aux «aristocrates é la lanterne» de la Révolution. La démocratie est, au contraire, profondément intellectualiste : antitraditionnelle, antiphysique, comme dirait Rabelais, antiréaliste, idéaliste échevelée, elle ne veut connaître que des «esprits purs», détachés de tout lien historique et naturel, planant au-dessus du Temps et de l'Espace, perdus dans la contemplation des Idées claire et distinctes. Et faut-il s'étonner que cette démocratie n'ait rien de populaire ? Qu'y a-t-il, en effet, de moins accessible au peuple que cet idéalisme transcendantal ? Le peuple, comme l'aristocratie, est une réalité historique, une réalité charnelle; ce n'est pas l'Idée pure qui le constitue, mais le sang, mais des traditions, mais la race, toutes choses physiques et non intellectuelles. La démocratie intellectualiste moderne, telle que notre Sorbonne l'incarne avec son rationalisme cartésien et encyclopédiste, est, comme Proudhon l'avait bien vue, une «aristocratie déguisée», et, je le répète, la plus dure, la plus néfaste, la plus ruineuse des aristocraties; car elle est la Pédantocratie et le Mandarinat de gens inaptes à la Guerre comme au Travail et dont le règne ne peut aboutir qu'à la ruine de la Patrie comme de la Production.
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Oui, oui, vous êtes démocrates, égalitaires; vous faites profession d'aimer la science et le peuple; mais vous pensez que chez vous «le savoir est tout entier retiré» et qu'il vous appartient, en conséquence, de conduire le peuple; la science démocratique, allons donc ! laissez-moi rire ! – la science alliée à la production, la science technique raisonnée, la science dépendance de l'atelier, la vraie science, en un mot, oui, à la bonne heure; le vrai savant, c'est, aujourd'hui, le producteur; et, comme dit Proudhon, l'industriel est devenu supérieur au savant classique; mais votre science à vous, vos théorie abstraites, cosmologiques, sociologiques , toutes ces choses qui n'ont rien à voir avec la production, qui prétendent planer au-dessus d'elle, nobles et immatérielles, et dont vous arrogez le monopole et la garde, ô possesseurs modernes de la Vérité laïque, ô dignes successeur des Encyclopédistes, mais c'est la quintessence de l'aristocratie ! Et de quelle aristocratie ! de la plus funeste des aristocraties, de l'aristocratie intellectuelle, c'est-à-dire la morgue, le pédantisme et la stérilité au pouvoir ! Et vous avez besoin, oui, d'une classe serve qui produise pour vous, qui vous entretienne, ô vous les éternels entretenus ! Vous avez besoin «des goujats de la création» pour vous dispenser du «servile» travail manuel, ô vous qui ne savez que penser, je veux dire assembler des fiches; vous êtes des mondains, vous aimez la science oisive, la physique, je veux dire la sociologie amusante (les temps ont changé depuis M. de Voltaire); vous êtes les éternels inutiles, les non-producteurs, l'État, le monde, le parasitisme incarné et le plus féroce des parasitisme, car vous exploitez sans vergogne, exploitant au nom de l'Esprit-Saint laïque moderne ! Et voilà pourquoi le syndicalisme vous épouvante, le syndicalisme, révolte de ces producteurs qu'une fois de plus vous espériez asservir, exploiter et dominer, car votre socialisme saint-simonien, soi-disant démocratique et égalitaire, serait l'exploitation portée au maximum, puisque ce serait l'État maître de tout, l'État, c'est-à-dire vous !
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«Le plan de l'instruction ouvrière, sans préjudice de l'enseignement littéraire qui se donne à part et en même temps, est donc tracé; il consiste, d'un côté, à faire parcourir à l'élève la série entière des exercices industriels allant des plus simples aux plus difficiles, sans distinction de spécialité; de l'autre, à dégager de ces exercices l'idée qui y est contenue, comme autrefois les éléments des sciences furent tirés des premiers engins de l'industrie, et à conduire l'homme, par la tête et pat la main, à la philosophie du travail, qui est le triomphe de la liberté. Par cette méthode, l'homme d'industrie, homme d'action et homme d'intelligence tout à la fois, peut se dire savant et philosophe jusqu'au bout des ongles, en quoi il surpasse, de la moitié de sa taille, le savant et le philosophe proprement dit […] L'enseignement industriel réformé, suivant les principes que nous venons d'établir, je dis que la condition du travailleur change du tout au tout; que la peine et la répugnance inhérentes au labeur dans l'état actuel s'effacent graduellement devant la délectation qui résulte pour l'esprit et le cœur du travail même, sans parler du bénéfice de la production, garanti d'autre part par la balance économique et sociale […] La science… est essentiellement spéculative et ne requiert l'exercice d'aucune autre faculté que de l'entêtement. L'industrie, au contraire, est à la fois spéculative et plastique; elle suppose dans la main une habileté d'exécution adéquate à l'idée conçue par le cerveau… Le savant, qui n'est que savant, est une intelligence isolée, ou, pour mieux dire, mutilée, faculté puissante de génération et de déduction, si l'on veut, mais sans valeur exécutive; tandis que l'ouvrier dûment instruit représente l'intelligence au complet… L'industriel, si longtemps dédaigné, devenu supérieur au savant classique, quel paradoxe !»

[Proudhon, De la Justice dans la Révolution]
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"Victime de la mode, comme le bourgeois. Changeant, mobile, fantasque, romantique, comme le bourgeois. Avide de jouissances immédiates, de spectacles et de fêtes, comme le bourgeois. Véritable enfant, à bien des points de vue, de tête peu solide, aimant se nourrir des abstractions les plus abstruses, amoureux des métaphysiques les plus folles, de l'abracadabra démocratique comme de l'abracadabra de anarchiste, les deux faisant la paire, - comme le bourgeois. L'homme, en un mot, de la démocratie, le croyant de l’État, en qui il voit une Providence laïque chargée de réaliser le paradis terrestre; le dévot, enfin, de la Science, de la science abstraite et cosmologique, de la science qui, alliée au pouvoir, doit résoudre le problème du bonheur humain, faire disparaitre tout mystère et tout tragique de la vie, pour la couler dans la plate transparence et l'insipide limpidité d'un rationalisme primaire, antipoétique, anti-métaphysique et anti-vital."
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L'État a été jusqu'ici le support des concepts sociaux; au-dessus des volontés individuelles, isolées, dispersées et non organisées, il apparaissait comme le seul lien social, lien nécessaire, lien providentiel; et il semblait impossible qu'on puisse envisager un seul instant sa disparition : car, devant cet hypothèse, les hommes se reculaient, épouvantés, comme s'ils fussent soudain trouvés devant le vide. Eh quoi, être réduit à la chétive individualité, l'horizon individuel pour tout horizon ! L'individu lui-même sentait qu'une réduction équivalait pour lui à un vrai suicide. C'est pourquoi l'anarchisme ne fut et ne sera jamais populaire; quelques intellectuels, des esthètes, des littérateurs en mal de paradoxes, peuvent bien se dire anarchistes, rêver ce qu'ils appellent l'individu libre; leur vie réalise déjà cette sorte de vide social, cette réduction de la vie spirituelle à la seule fantaisie et au seul caprice individuels. Mais ce ne peut être là un rêve populaire. Le peuple se sent, s'éprouve un être collectif, un être social; et pour lui, comme pour Proudhon, l'être, c'est le groupe; le groupe, non la foule ou le troupeau, le tas grégaire : car il ne se rencontre peut-être nulle part ailleurs autant de types individuels originaux, de forte personnalités, aux traits accusés et vigoureux, que parmi le peuple. Voyez le peuple courir au passage d'un régiment, courir aux revues, aux parades militaires : des esprits forts déplorent cet engouement populaire pour l'armée, ils l'interprètent comme une manifestation de servilité, de fétichisme, de superstition : l'éternelle bêtise des foules ! Les esprits forts, les beaux-esprits, montrent par là qu'ils ne comprennent rien à l'âme populaire; ce sont des décadents, gens profondément désocialisés, qui ont perdu dans le culte de leur Moi et de leur profond génie tout sens social, et, par conséquent, toute entente de la vie vraiment spirituelle. La vérité, c'est que, dans l'armée, le peuple se reconnaît lui-même; l'armée est à ses yeux la manifestation glorieuse de son être collectif; l'armée, c'est l'État lui-même, c'est-à-dire le peuple s'hypostasiant, se divinisant lui-même, se voyant en beau, jeune, riche de vie, marchant à la victoire, ayant devant lui un infini de gloire et de conquête.
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C'est pourquoi, pour le dire tout de suite, le syndicalisme révolutionnaire se distingue si profondément et du socialisme politique et de l'anarchisme : le socialisme politique, manifestement, correspond au premier type; il envisage le prolétariat comme une masse qui doit agir sans penser, sous l'impulsion de chefs démagogues; et il a de la société une conception hiérarchiques, autoritaire, saint-simonienne; l'anarchisme, u contraire, correspond au second type : c'est, étendu à tous les hommes, le point de vue d'une oligarchie habituée à satisfaire tous ses caprices et pour qui la volonté, par conséquent, est douée d'une mobilité infinie; l'anarchisme conçoit l'ouvrier sur le modèle du bourgeois intellectuel, qui, n'étant engagé dans aucun lien historique et social et ne faisant partie d'aucun atelier – libre d'une liberté absolue et transcendantale – ne connaît d'autre règle que sa fantaisie et ne veut se plier à aucune discipline. Il faut ajouter, au surplus, que les deux types se complètent fort bien, car nos démagogues veulent bien de la discipline pour les masses qu'ils prétendent diriger, mais pas non pour eux : eux, ils planent au-dessus de ces masses mécanisées; et ils entendent bien échapper à toute règle, à toute loi, comme à tout contrôle. Tous deux – le socialisme politique et l'anarchisme – ne prennent-ils pas l'ouvrier en dehors de l'atelier, le premier comme citoyen, et le second comme homme ? La démocratie électorale, nous l'avons vu, n'est-elle pas comparable à un mécanisme aveugle, et si l'anarchisme se réalisait jamais, ne serait-ce pas une sorte d'abbaye de Thélème ? Et quand le socialisme politique pense à l'atelier, ne le transforme-t-il pas aussitôt en «réunion électorale», et l'anarchisme en «club d'esthètes» ?
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[…] notre démocratie est un césarisme administratif. Entre la démocratie et le césarisme, il y a affinité de nature : il faut lire à ce propos les pages que Proudhon a écrites dans Notes et éclaircissements ajoutés à la Justice sur le Jacobinisme et l'Empire. L'Empire est toujours la dernière pensée et la suprême ressource de la bourgeoisie, celle à laquelle elle pense, dès qu'elle se sent menacée un peu sérieusement : les Journées de Juin ont abouti au Coup d'État du 2 décembre; et depuis le 1er mai 1906, où elle a eu si peur, la bourgeoisie ne rêve plus que de pouvoir fort pour écraser ces satanés syndicalistes : c'est ce qui explique la marche accélérée de notre démocratie vers l'arbitraire et l'autoritarisme. L'ordre Napoléonien est un ordre purement gouvernemental, purement mécanique, purement bureaucratique, cher à une bourgeoisie affamée de tranquillité extérieure, d'affaires fructueuses et vivant au jour le jour; et cet ordre brutal, sans âme, tout matérialiste, est manœuvrée par la bohème : bohème bonapartiste, bohème républicaine, bohème socialiste, gens d'affaires et de plaisirs, société d'entretenus, pour ne pas employer un mot plus énergique et plus populaire.
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L'opposition que M. Guy-Grand voulait établir entre les nationalistes et les syndicalistes, par rapport à l'État, est donc toute factice et artificielle : j'ajouterais enfin ceci, à savoir que l'État, dont la Monarchie de Maurras serait la restauration, présenterait ce caractère, corrélatif d'ailleurs de tous ceux que nous venons de lui reconnaître, d'être un État non-intellectuel, je veux dire un État qui, ramené à sa fonction essentielle et sa vraie nature, laquelle est d'être la Guerre faite Homme, ne serait plus la proie des Intellectuels et leur instrument de règne, comme l'est l'État démocratique moderne. Et, certes, je conçois la haine que nourrissent pour cet État guerrier nos clercs laïques, qui, du haut de leur Intelligence, font profession de mépriser profondément les militaires, considérés par eux comme des brutes, des soudards, des gens qui sont au dernier degré de l'échelle… animal : un État guerrier et royal, qui ramènerait Messieurs les professionnels de l'Intelligence au rang secondaire qu'ils doivent occuper dans une société bien organisée, pour hausser sur le pavois «Messieurs les galonnés» et leur accorder la place qu'ils méritent, c'est-à-dire la première, - certes, voilà un État parfaitement scandaleux aux yeux de nos Intellectuels, un État qu'ils regarderaient comme un affront particulier fait à leur grandeur, que dis-je, un attentat au règne de l'Esprit pur. Ces messieurs, en effet, ne pensent nullement, avec Proudhon, que le guerrier soit l'idéal de la dignité virile; tous ces «femmelins», en raison même de leur féminisme essentiel et de leur impuissance, détestent a priori ce qu'ils se sentent bien incapable d'avoir ou d'acquérir : la force, la loyauté, la droiture, le sentiment de l'honneur du soldat, eux les fourbes et les tortueux, qui préfèrent toujours les voies obliques et les moyens détournés d'arriver à la puissance, et qui , boursicotiers sur la foire aux Idées, sont comme leurs compères, les boursicotiers de la Bourse, complètement dénués du sentiment de l'Honneur et voués éternellement à la Ruse, cette arme des faibles. Cette lâcheté de nos Intellectuels, on n'a pas assez remarqué combien elle est essentielle à la nature même de l'Intelligence, cette courtisane née, qui, se sentant faible et démunie, a besoin, pour être forte, de s'appuyer, telle la femme au bras de l'homme, sur un pouvoir viril, pour tout dire, sur l'Épée. Homère chante les héros et se subordonne à Hercule; mais si Homère prétendait se passer d'Hercule, ou le régenter, nous n'aurions plus cette beauté impérissable de l'idéal grec; nous aurions Byzance ou un quelconque régime démocratique, avec une prétendue hégémonie de l'Esprit pur, avec, en réalité, le règne du matérialisme, de la ruse et de la stérilité.
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Victime de la mode, comme le bourgeois. Changeant, mobile, fantasque, romantique, comme le bourgeois. Avide de jouissances immédiates, de spectacles et de fêtes, comme le bourgeois. Véritable enfant, à bien des points de vue, de tête peu solide, aimant se nourrir des abstractions les plus abstruses, amoureux des métaphysiques les plus folles, de l'abracadabra démocratique comme de l'abracadabra des anarchistes, les deux faisant la paire, - comme le bourgeois. L'homme, en un mot, de la démocratie, le croyant de l’État, en qui il voit une Providence laïque chargée de réaliser le paradis terrestre ; le dévot, enfin, de la Science, de la science abstraite et cosmologique, de la science qui, alliée au pouvoir, doit résoudre le problème du bonheur humain, faire disparaître tout mystère et tout tragique de la vie, pour la couler dans la plate transparence et l'insipide limpidité d'un rationalisme primaire, antipoétique, anti-métaphysique et anti-vital.
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