LE SANG RIVÉ (1947-1954)/Saisons
MOURIR, NON MOURIR
à Jean Laude
Les parfums ont tari sur les plages de mes étoi-
les. L'écume des hauteurs n'éblouit pas, le livre est
là, et sa moisson.
Livres d'allées où l'eau est rare, livre des Morts et
des Léthés, en ce pays du nord occupé de vendan-
ges, souterraines ô souterraines.
Ouvre, les nuits sont splendides au Livre. (La
mort mesurait ses fruits et son sel. L'été de la nuit
allumait l'été.)
J'apprends, j'apprends qu'il y a eu bataille,
après quoi l'amour ne revient, elle est morte ; et le
champ est désert, il n'y eut pas de combattant, mais
une seule éternelle défaite.
Et vois l'eau de la toilette des morts; l'épouse l'a
nappée sous les pas du clergé.
La Mort et ses nochers sont abjurés
De laisser au cœur la mer immense qui com-
mence.
p.55-56