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Critiques de Eduardo Sacheri (44)
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Petits papiers au gré du vent

« – Et tu veux me dire comment on va faire pour récupérer ces trois cent mille foutus dollars ? Tu as fais dépenser à mon frère trois cent mille balles dans un bourrin qui vaut pas deux pesos ! Et maintenant mon frangin est mort, le fric s'est envolé, et c'est toi qui l'as mis dans cette merde noire ! »

Nous sommes en Argentine, à Castelar , à 30 km à l'ouest de Buones Aires. Celui qui parle est Fernando , le frangin dont il est question c'est Alejandro dit le Singe qui vient de disparaître. Ce dernier a enterré ses derniers deniers reçus pour son licenciement dans l'achat d'un footballeur sans intérêt, et laisse sa mère et sa fille sans le sous . Voici le départ d'une magnifique histoire d'amitié où le frère et deux de ses amis le Russe et Mauricio, vont essayer de récupérer ces trois cent milles foutus dollars 😊! Mauricio dit Mauri est avocat, Daniel dit le Russe, « Une bonne pâte, avec la force de caractère d'un flan et l'autodiscipline d'un nourrisson » gère une station de lavage pour voiture 😊, et Fernando dit Fer enseigne dans un collège. le Singe inclus qu'on connaîtra rétrospectivement , le livre étant construit sur deux périodes qui s'intercalent, avant son décès et après, on découvre quatre mecs simples, bruts de décoffrage; des personnages qui se rapprochent le plus de la pureté à ma connaissance , émouvants et désopilants dans leurs relations d'amitié , bien même qu'ils se disputent comme des mômes capricieux ne s'épargnant aucune piques mortelles, 😁 , « – Des fois je me demande si tu es un génie avec de longues plages de bêtise ou un crétin avec de fugaces éclairs de génie ».

C'est Fernando qui commencera la sale besogne d'essayer de vendre un joueur en qui il ne croit pas, pour un prix qu'il ne vaut pas, à un quidam qui ne veut pas l'acheter, mais qui de toute façon ne saurait pas comment procéder dans le cas contraire…..les autres le suivront . Y arriveront-ils ?…..😁



Chez Sacheri tout est d'une tendresse infinie, une chaleur humaine émane de ses personnages quelque soit la complexité ou morosité de la situation. C'est profond, le

tout traité avec beaucoup de pudeur et agrémenté d'un humour subtile exquis. Un très beau roman, c'est son deuxième livre que je viens de lire, vous conseillant aussi vivement dans un tout autre registre son premier lu «  le Bonheur, c'était ça ».



Gros coup de coeur !

Et un clin d'oeil à ma copine Laurence ( @diablotin ) qui me l'a fait extraire des fonds de ma PAL, devenue une tour Babel calcifiée avec les années 😁!



« …. parfois aimer, c'est savoir se taire. »
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Le bonheur, c'était ça

Qui n'a pas vu "Dans ses yeux" , film policier argentin réalisé par Juan José Campanella, très beau film qui remporta l'Oscar du meilleur film en langue étrangère en 2010 ? Il s'agit de l'adaptation du roman du même nom d'Eduardo Sacheri , auteur argentin, également le coauteur avec le réalisateur, du scénario. C'est cette référence qui m'a poussée à lire son dernier livre qui vient d'être traduit, un auteur que je ne connaissais pas du tout. La référence s'est révélée excellente.



Sofia, quatorze ans vit seule avec sa mère à Villa Gesell , une ville balnéaire au sud de l'Argentine. Suite à son décès, elle se rend à Morin, une banlieue de Buones Aires, à une adresse laissée par sa mère. Elle cherche son père Lucas qu'elle n'a jamais vu, un père qui jusqu'alors ignore tout de son existence. L'homme est marié.

C'est le départ de l'histoire. Sacheri se mettant dans la tête de Sofia, une ado intelligente, futée et qui n'a pas la langue dans sa poche, va nous développer cette situation difficile et imprévue.

Le malaise du départ que provoque cette intrusion dans la vie des trois personnages Sofia,Lucas et sa femme Fabiana, va lentement se métamorphoser, grâce à la complicité et la tendresse qui vont peu à peu s'installer entre père et fille, en faites deux êtres solitaires qui vont se retrouver pour le meilleur et pour le pire.....



Le père a écrit deux livres dans la vie, dont un à succès et n'écrit plus depuis huit ans.

D'une question de Sofia à son père, l'auteur en profite pour nous faire une réflexion intéressante sur le métier d'écrivain, "Être écrivain… je ne sais pas si c'est un métier comme un autre. Imagine que tu sois, mettons, ingénieur : tu as fait tes études, tu as eu ton diplôme, tu es ingénieur. Moi, je n'ai pas étudié pour être écrivain. J'ai écrit deux livres. Bien. Quand je les ai écrits, j'étais écrivain. Mais j'ignore si je le suis encore".....Il a quarante ans, survit des revenus de son livre à succès et à la grande surprise de sa fille rêve d'un autre "métier ".



J'ai aimé tous les personnages, y compris l'emmerdeuse belle mère Fabiana, qui en fin de compte est bien dans son rôle, vu sa situation. La chaleur humaine qui émanent d'eux, malgré la morosité de la situation et du décor, la prose pleine d'humour de l'auteur qui nous met en direct avec le regard et les pensées de Sofia sur les adultes, qui malgré son jeune âge a drôlement la jugeote, nous donne une trés beau roman émouvant, qui se lit d'une traite.

Je sais que vos PAL sont pleines à craquer, mais c'est un trés beau livre que je conseille vivement.....



"Suncho part à fond de train derrière des mouettes en aboyant. L'eau leur lèche les pieds. Soudain, Sofía a compris : le bonheur, c'était ça."



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Le bonheur, c'était ça

Sofía, âgée de 14 ans, a toujours vécu avec sa mère, Laura, à Villa Gesell, une ville balnéaire au sud de l'Argentine. Malheureusement, à la mort de cette dernière, sans autre famille, elle n'a d'autre choix que de se rendre dans la banlieue de Buenos Aires, à Morón. Munie d'une adresse et de deux photos, elle monte dans un car et part à la rencontre de son père, un certain Lucas Marittano. Celui-ci est abasourdi et stupéfait lorsqu'elle se présente à la porte de son immeuble, n'ayant jamais été au courant de sa paternité. Ne sachant comment réagir, il lui propose d'aller boire un café, juste au coin de la rue. Une situation qui chagrine et, en même temps, met en colère Sofía, d'autant plus qu'au lieu de l'accueillir chez lui pour la nuit, il la conduit chez son ami, Claudio, suite à l'accueil pour le moins froid et peu cordial de sa compagne, Fabiana. Mais, dès le lendemain matin, il s'excuse auprès d'elle, conscient qu'il a mal agi et qu'il est de son devoir d'être un père...



C'est un véritable coup de massue que se prend sur la tête Lucas lorsqu'il se découvre père d'une adolescente de 14 ans. Mais qu'à cela ne tienne, il compte assumer son nouveau rôle, malgré le peu de soutien qu'il reçoit de sa compagne. Sofía, de son côté, ne peut compter que sur lui et place tous ses espoirs en lui. Si les débuts sont difficiles, chacun devant composer avec les autres, peu à peu, au fil des jours et des apprentissages, s'installe une véritable complicité entre le père et la fille. Eduardo Sacheri nous offre un roman émouvant et juste, peuplé de personnages très attachants. Sofía, que la vie n'a pas épargnée, une ado mature et déterminée, Lucas, un homme dont la vie va basculer et qui, au contact de sa fille, va reprendre confiance en lui, mais aussi ses amis qui le soutiennent. La relation entre le père et sa fille donnent lieu à des dialogues sincères, savoureux, percutants, parfois ponctués d'humour. Un roman, sur la famille assurément, mais aussi sur les décisions que l'on prend, sur le métier d'écrivain, sur la reconstruction et sur ce bonheur auquel l'on ne croyait plus...



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Dans ses yeux

Benjamin Chapparo vient tout juste de prendre sa retraite. Il était devenu chef administratif du secrétariat de la chambre d'instruction de Buenos Aires. Un repas est organisé pour l'occasion avec ses collègues mais finalement, il décide de ne pas s'y rendre. A la place, il va voir son ancienne collègue, Irène, dont il est secrètement amoureux depuis plusieurs années et lui demande de lui emprunter sa Remington. Car ce dernier a décidé d'écrire. Ecrire sur l'histoire de Ricardo Morales, un homme qui l'aura marqué des années...

En 1968, la femme de Ricardo, Liliana, s'est fait violer et tuer sauvagement chez elle par un inconnu. Benjamin est appelé sur les lieux. Horrifié par cette mort qui le hantera longtemps, il sera finalement chargé de l'affaire, lui, un simple secrétaire au palais de justice. Face à lui, le mari, anéanti, foudroyé et n'envisageant nullement sa vie sans sa femme, voudra coûte que coûte retrouver son assassin, s'armant de patience. Benjamin remuera ciel et terre pour venir à bout de ce drame qui l'ébranlera plus que de raison. Mais, dans l'Argentine des années de plomb où trahisons et exils politiques sont de mises et où sa hiérarchie est finalement une bande d'incapables, la tâche va s'avérer bien plus compliquée qu'elle n'y paraît...



Deux hommes unis pour le même combat, deux hommes que tout oppose mais qui finalement vont se trouver un intérêt commun, deux hommes hantés par le meurtre de cette femme, deux hommes dans la tourmente dans ce pays martyrisé... Eduardo Sacheri nous offre ici un roman d'une grande finesse, où la question de la vengeance personnelle est posée. Alternant judicieusement passé et présent, on est happé et ému par le récit de Benjamin. Bien plus qu'une enquête policière passionnante, ce roman nous plonge dans cette Amérique des années 70 où tous les coups bas semblent permis. Avec ses personnages attachants, que ce soit le flic ou le collègue de Benjamin, ce roman à l'écriture subtile et touchante est à la fois dramatique et troublant.



Dans ses yeux... je m'y noie...
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La nuit de l'usine

Le Corralito, vous connaissez? En Argentine le 1er décembre 2001, le ministre de l'économie décide de mettre fin à la fuite des capitaux avec

le corralito, qui limite les retraits d'argent à 250 pesos par semaine et interdit l'envoi de fonds à l'extérieur du pays. Panique générale. Tout le monde veut retirer son argent. le gouvernement chute. La mesure perdure pendant une année.



Dans un village perdu de la province de Buenos Aires, huit voisins décident de retrouver leur dignité en rachetant une usine sous forme de coopérative. A la surprise générale, le corralito leur tombe dessus. C'est la ruine. Quelques mois plus tard, ils réalisent qu'ils ont été victime d'une gigantesque escroquerie menée par un banquier véreux de mèche avec un homme d'affaires.

Au lieu de se résigner, les voisins décident de mener l'offensive pour récupérer leurs avoirs.

Tremblez puissants! La bande hétéroclite de ruraux guidée par leur leader Perlassi va monter une incroyable opération pour assouvir leur vengeance.



Impossible d'être déçue avec un roman d'Eduardo Sacheri. La Nuit de l'usine est une lecture réjouissante qui atteint son acmé au cours d'une nuit mémorable. « Entre nos ennemis les plus à craindre sont souvent les plus petits. », c'est La Fontaine qui l'a dit, et Sacheri aussi! Si le roman diffère des autres oeuvres de l'Argentin par le grand nombre de personnages, on y retrouve ses intrigues taillées au cordeau, des protagonistes toujours aussi touchants qui oscillent entre désespoir et soif de justice dans un pays en pleine déliquescence , une langue savoureuse, de formidables trouvailles (Comment voler un million de dollars de Wyler avec Audrey Hepburn, comme source d'inspiration !) et beaucoup beaucoup d'humour.

L'adaptation cinématographique de la Nuit de l'usine , La odisea de los giles (Heroic losers) signée Sebastián Borensztein avec Ricardo Darín est formidable, comme l'est l'autre adaptation d'un roman de Sacheri, Dans ses yeux. ❤️❤️❤️
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Le bonheur, c'était ça

"Le bonheur c'était ça" n est pas le type de titre qui m'attire car il peut laisser penser à une foultitude de bons sentiments, et les romans feel good ou encore de developpement de soi ce n est pas ma tasse de thé. Mais comme l'auteur est Argentin, je n'ai pas eu trop de craintes et j'ai eu raison. Certes ce n'est pas un roman politique, comme souvent lorqu'il s'agit de littérature d'Amerique Latine, mais un roman dans lequel je me suis sentie bien. Tout tourne autour de la relation entre une jeune fille de 14 ans qui vient annoncer à un homme de preque 40 ans qu'il est son père et qu'elle n'a desormais plus que lui.

Les échanges entre ces deux ètres sont teintés de tendresse, d'amour, d'humour et sont tous deux attachants.

Merci Boocky il y a très lontemps, j'ai lu ta critique et j'ai écouté (comme souvent) tes conseils, et voilà, il a enfin eu le droit de sortir de cette liste pense bête qui ne cesse de grandir et qui menace certains livres de n'en jamais sortir.

Merci donc à toi, car j'ai vraiment aimé entrer pour quelques heures dans la vie de cettej famille d'Argentine. Je n'ai pas envie de les laisser mais je n'ai pas le choix. Je vais aller piocher d'autres idées dans ta bibliotheque Boocky
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La nuit de l'usine

Eduardo Sacheri n'est pas seulement un écrivain, c'est aussi un magicien !. Il arrive à nous passionner avec une bande de 8 voisins qui ne sont pas toujours très futes-futes, il faut bien le dire mais qui sont portés par une seule et même voix , se venger d'un homme d'affaires et de leur banquier tout deux verreux et sans scrupules.

Eduardo Sacheri à un style bien à lui, style que l'on reconnaît dès les premières pages. Il y a de l'humour, beaucoup, mais aussi de la tendresse qui émane des relations entre ces 8 amis et qui est très touchante.

Je me suis surprise à être accrochée à leur plan de vengeance qui est, il faut bien le dire, bien chaotique. Il faut vraiment la plume de Eduardo Sacheri, pour que ces pieds nickelés nous fassent oublier le reste du monde. Je ne me suis jamais ennuyée à surveiller des poteaux électriques, c'est pour dire !

Ces 8 argentins s'inspirent de " comment voler un million de dollars ?" de William Wyler avec la belle Audrey Hepburn pour réparer la justice dont ils ont été victimes dans cette Argentine qui subit une crise financière mémorable .

Si "Petits papiers au gré du vent" reste mon préféré "la nuit de l'usine" n'est pas très loin derrière, j'aime vraiment beaucoup le style de cet écrivain que j'aurais vraiment plaisir à rencontrer.!
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Petits papiers au gré du vent

Gros gros coup de coeur et pourtant ce roman a bien failli repartir à la médiatheque sans être lu. Le foot n'est pas ma passion et il est dit de ce roman que le thème central est justement le foot. Mais ne vous arrêtez surtout pas à ça, ce serait une grosse erreur.

Ce roman est un un condensé d'émotions, sourires, tendresses, blagues, canulars.

4 gamins inséparables vivant dans le même quartier à Buenos Aires continuent à se voir étant adultes . Alejandro dit le Singe, son frère Fernando, Daniel dit le Russe et Mauricio sont donc des amis très proches mais qui se voient endeuillés par la mort de leur ami Le Singe.

Il sera cependant toujours présent et sont liés par un accord. La 4e de couverture résume très bien sont trop en dire ce merveilleux roman. Je ne vais donc pas répéter ce qui est dit.

En revanche ce qui n'est pas dit c'est tout ce que l'on peut ressentir en lisant Eduardo Sacheri qui arrive à nous transmettre toute une palette de sentiments.

J'ai vraiment adoré l'atmosphère de ce roman et je regrette de ne savoir exprimer mon ressenti. Il faudrait sans doute un peu de recul mais je n'aime pas attendre et j'ai envie de partager tout de suite mon enthousiasme qui parait pourtant bien pauvre. C'est le coup de cœur de mes coups de cœur de cette année.
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Dans ses yeux

Avec Dans ces yeux, on plonge au cœur de l’Argentine des années 60-70. Benjamin, aujourd’hui, fraichement retraité, se souvient d’une affaire criminelle sur laquelle il a travaillé à l’époque. Alors secrétaire au palais de justice, il avait traité le cas de Liliana Emma Colotto, jeune femme très belle et enceinte, violée et assassinée. Benjamin va alors se donner à 200% dans cette affaire et aujourd’hui il souhaite nous la raconter.



C’est un récit qui se déguste par petite dose. L’écriture et le style sont parfois soutenu, le récit mélange passé et présent et l’enquête avec le quotidien de Benjamin. Ce n’est pas le genre de roman que l’on dévore mais que l’on savoure et qui demande du temps. C’est un roman noir de par l’assassinat de Lilana et j’aurais aimé avoir plus de contexte historique et politique de l’époque qui ne sont que rarement évoqué.



J’ai en tout cas passé un très bon moment en compagnie de Benjamin qui est on ne peut plus attachant et déterminé à aller au bout des choses (je parle bien sûr de l’enquête et non avec les femmes, mais ça c’est une autres histoire !)



Ce roman a été plusieurs fois adapté au cinéma, d’abord en Argentine puis un remake américain a ensuite vu le jour et je suis vraiment curieuse de voir ce que cette histoire peut donner sur grand écran. Je ne vous cache pas que la version argentine me tente plus mais par curiosité, je visionnerai sans doute les deux pour me faire une idée.
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Dans ses yeux

Dans ses yeux est le récit que fait un homme qui ne lâche pas le morceau, qui s'accroche a la seule chose qui compte quand il se retrouve face à des pourris, dans un pays corrompu par la dictature, et qu'il comprend peu à peu que son idéal de justice se casse la gueule.

Il ne prend pas la maquis, il ne flingue pas tous les affreux, il ne pose pas des bombes dans le tribunal, il ne se prend pas pour Superman.

Il choisit de lutter avec sa mémoire, sa ténacité, sa force de résistance pour ne pas être lui-même entrainé dans un bain de boue.

L'histoire court sur une longue période, des personnages se croisent et s'affrontent, mais lui qui a perdu nombre d'illusions, qui sait qu'il ne peut être un justicier, il n'oublie jamais qu'il a une sorte de devoir : celui de témoigner, et celui de rester vivant avec les yeux ouverts.

Dans ses yeux, c'est là que se trouve toute la vérité, ainsi que le savait Eluard : "Et comme le jour dépend de l'innocence, le monde entier dépend de tes yeux purs, et tout mon sang coule dans leur regard".

Si vous avez omis de voir l'excellente adaptation de ce livre au cinéma, qui donne une version légèrement différente, allez faire un tour en Argentine, ça change des bas-fonds de Los Angeles.

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Le bonheur, c'était ça

Il y a longtemps qu’un roman ne m’a pas autant touchée et émue. Le bonheur, c'était ça est juste un magnifique coup de cœur, qui n’est, sans doute, pas assez connu.



Je connaissais Eduardo Sacheri pour avoir lu Dans ses yeux, et je suis très contente d’avoir retrouvé sa plume ici. On fait la connaissance de Sofia, quatorze ans, qui débarque dans la banlieue de Buenos Aires, pour y rencontrer son père. Sa mère vient de mourir et Sofia se retrouve seule avec juste une adresse et deux photos de ce fameux père qu’elle ne connait pas. Lucas, quand à lui, se retrouve a endosser le rôle de père du jour au lendemain.



J’ai adoré Sofia et Lucas, il forme un splendide duo. Tous les deux, un peu paumés, ils vont se serrer les coudes et s’apporter du bonheur mutuellement. Sofia est un ado tellement attendrissante, tellement loin des clichés d’ado en pleine crise, elle est une jeune fille adorable. Lucas, lui, subit sa vie depuis trop longtemps. Il a des rêves qu’il n’arrive pas à réaliser, trop heureux de toujours chercher à satisfaire son épouse exigeante. Sofia, va l’aider à aller au bout de ses envies.



J’ai, enfin, beaucoup aimé le dépaysement qu’offre ce roman : un voyage en Argentine, dans la banlieue de Buenos Aires, mais aussi dans la petite station balnéaire où Sofia a grandi. J’ai aimé vivre au fil des saisons inversées de l’hémisphère sud ou découvrir le système scolaire argentin.


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Dans ses yeux

A 60 ans,Benjamin Chaparro,a pris sa retraite du secrétariat de justice de Bueno Aires où il a travaillé pendant plus de 30 ans.Cet homme seul,divorcé 2 fois et secrètement épris d'une juge de ses collègues, veut profiter de son temps libre pour coucher sur le papier l'histoire de Ricardo Morales, dont le meurtre et le viol de l'épouse en 1968 avait eu des répercussions dans sa propre vie.A l'époque, il avait réussi à retrouver le coupable mais sous la dictature des années de plomb, ce dernier avait bénéficié d'une injuste amnistie, contraignant Benjamin à l'exil.



L'argentin Eduardo Sacheri nous offre un bon moment de lecture, un agréable roman qui se lit d'une traite. L'auteur mêle amour, amitié, meurtre, vengeance et trahison avec une belle maîtrise, une écriture sobre, simple et prégnante, et des personnages sincères et attachants dans leur solitude, leur douleur ou leur volonté de vengeance à une époque où règne la plus intolérable iniquité. L'Argentine des années 1970 et sa dictature militaire, esquissées en filigrane, auraient mérité d'être soulignées davantage mais l'ensemble est honnête et se lit avec beaucoup d'intérêt.

A noter que l'adaptation cinématographique de ce roman a reçu l'oscar du meilleur film étranger 2010.
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Dans ses yeux

J'avais vu le film tiré de ce roman et sorti en 2010 et j'avais su apprécier déjà cette histoire , ce polar qui court sur une trentaine d'années .

J'ai de la même façon aimé beaucoup ce livre que j'ai donc lu bien après ; voilà un roman argentin qui nous parle de l'âme argentine , qui transpire le tango (sans en parler) , qui nous parle de la dictature qui a écrasé ce pays pendant des années sombres , beaucoup de charme dans ce polar .

On pourrait presque se servir de ce roman comme guide avant de visiter ce magnifique pays tellement il nous parle de ce peuple attachant .
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Dans ses yeux

Benjamin Chaparro a décidé, finalement, de ne pas se rendre à la petite fête organisée par ses amis et collègues du Tribunal de première instance de Buenos Aires pour son départ à la retraite. A la place, il rend visite à la juge d'instruction, Irène, dont il est secrètement amoureux depuis des années, depuis la première fois où il l'a vue, lorsqu'elle est entrée au tribunal en tant que stagiaire. Pour avoir encore l'occasion d'échanger avec elle pendant quelques temps, il lui emprunte une vieille machine à écrire qui traine en haut d'une étagère, et avec lequel il va écrire "un roman".

De retour chez lui, il s'attelle à raconter l'histoire qui a marqué sa vie. En ce temps-là, déjà secrétaire au Tribunal, il est appelé pour se rendre sur les lieux d'un crime. La victime s'appelait Liliana Morales, et bien que le tueur l'ait violée et étranglée, elle n'en reste pas moins d'une beauté à couper le souffle. Le veuf, Ricardo Morales, un petit homme effacé, est effondré, à la fois conscient de sa chance d'avoir eu Liliana pour épouse, et conscient également de sa perte éternelle. Chaparro se prend d'amitié et de pitié pour lui, et décide de découvrir qui a tué Liliana et pourquoi elle est morte. Mais dans l'Argentine des années 70, Chaparro va apprendre à ses dépens il n'est pas toujours de bon ton de rechercher la vérité.



J'ai beaucoup aimé cette histoire mélancolique, avec un brin de cynisme et une jolie écriture, très "humaine" vis-à-vis des personnages principaux.

Ce livre, qui est à ranger dans la catégorie "roman policier" et non thriller, a à mon sens plusieurs atouts, qui compense la faiblesse de l'intrigue et la lenteur du déroulement de l'histoire. Parmi ses points forts, j'ai beaucoup aimé l'écriture d'Eduardo Sacheri, sa façon de nous raconter l'enquête de Chaparro, la détresse de Morales, la corruption d'un système judiciaire, en faisant des détours par la vie sentimentale ratée de son héros. J'ai apprécié l'honnêteté du secrétaire du tribunal, sa ténacité pour résoudre une enquête dans laquelle il n'a aucun intérêt personnel, au contraire. Sacheri raconte son histoire avec beaucoup d'humour, souvent un brin cynique, beaucoup de franchise et de pudeur également. Son regard bienveillant nous amène à nous attacher à ses personnages (j'ai eu un petit faible pour Sandoval, l'adjoint de Chaparro…), qui sont très humains. Si je n'ai pas eu le sentiment d'être dépaysée malgré le cadre argentin dans lequel évolue ce livre, j'ai eu le plaisir de découvrir le fonctionnement, forcément perfectible (et pas qu'un peu !) du Tribunal de première instance de Buenos Aires.

Dans ses yeux est un roman policier qui fait la part belle à l'humain, à ses beaux cotés comme aux plus laids, et qui a le mérite de poser une question plutôt délicate : quand le système judiciaire faillit, est-ce aux hommes de prendre la relève ?

Une lecture agréable, même si elle ne révolutionne pas le genre !

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Dans ses yeux

Je connais très peu, pour ne pas dire pas du tout, la littérature sud-américaine. Du coup, je ne savais pas trop à quoi m’attendre en ouvrant le roman d’Eduardo Sacheri mais j’ai été agréablement surprise.



L’intrigue est simple : arrivé à l’âge de la retraite, le secrétaire juridique Benjamin Chapparo décide de faire ce qu’il a toujours rêvé de faire : écrire. Sur sa vieille Remington, empruntée au tribunal de Buenos Aires avant son départ, il décide de raconter une affaire sur laquelle il a travaillé et qui a bouleversé sa vie : le meurtre de Liliana Emma Colotto.



La construction du roman est intéressante : l’auteur alterne les chapitres rédigés à la troisième personne, où l’on suit le Benjamin retraité penché sur son roman et en proie à toute une série de doutes, et les chapitres à la première personne, ceux que Benjamin écrit pour raconter son histoire étroitement liée à celle Liliana et de son mari Ricardo.



Le style est simple, sans fioriture. Ce n’est pas réellement un polar, plutôt un roman d’enquête judiciaire qui se lit d’une traite car le suspense est bien présent.



S’il n’avait pas fait partie du challenge « Du livre au fil », je serai plus que probablement passée à côté , ce qui aurait vraiment été dommage...
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Dans ses yeux

Benjamin Chaparro a 60 ans et l'heure de la retraite à sonné pour ce chef d'un secrétariat administratif du tribunal de Buenos Aires.

Il décide de relater dans un livre un épisode marquant de sa carrière : l'enquête sur le viol et le meurtre d'une jeune femme en 1968. Chargé de suivre l'enquête policière, Chaparro se lie avec Morales le veuf et décide de tout mettre en oeuvre pour trouver le coupable. C'est sans compter sur le contexte de l'époque (la dictature militaire) et les inimitiés professionnelles.

En alternant le présent et le passé, en mettant en lumière l'héroïsme et les bassesses de l'être humain, l'auteur captive le lecteur à travers un récit fluide et prenant.

Petit bémol, l'épilogue me paraît un peu succinct. J'aurais aimé plus de détails. Cela n'enlève en rien le plaisir que j'ai eu à lire ce roman.
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Dans ses yeux

Ce roman nous entraîne dans une histoire ayant pour cadre l'Argentine des années 60-70-80-90.

Le jour de sa pension, Chaparro, chef administratif du secrétariat de la 41é chambre criminelle d'instruction du tribunal de Buenos Aires décide d'écrire un roman qui reviendrait sur l'affaire qui a marqué sa vie : le meurtre de Liliana Emma Colotto.

Alternant les chapitres consacrés à l'enquête proprement dite et ses suites (sur plus de 30 ans) et ceux consacrés à la rédaction même du roman de Chaparro, ce roman plein de finesse va au-delà des carcans habituels des polars pour nous offrir une histoire mêlant les genres.

Les personnages sont très réussis et sont particulièrement touchants. Sandoval, l'adjoint de Chaparro, notamment, a vraiment réussi à m'émouvoir et sa relation avec son patron est subtilement narrée.

Le contexte est également judicieusement exploité, les interférences avec la gent militaire et dictatoriale étant placées par petites touches qui n'en sont pas moins glaçantes et ont énormément d'impact sur le lecteur : arrestations arbitraires, passages à tabac, tortures, exécutions sommaires...

J'avoue tout de même une petite déception pour la fin de l'histoire, fin que j'avais soupçonnée depuis une bonne moitié de roman...sans doute parce qu'elle est exploitée quasiment à l'identique dans une de mes BD culte.

Une belle lecture, je me réjouis d'en voir l'adaptation, récompensée par un oscar.
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Dans ses yeux

"Je ne suis pas très sûr des raisons qui m poussent après tant d'années à écrire l'histoire de Ricardo Morales."



1968 à Buenos Aires. Benjamin Miguel Chaparro, greffier, est appelé, à la toute fin de sa permanence de nuit, pour une affaire de meurtre. On a retrouvé une jeune femme étrangement belle, Liliana, étranglée et violée chez elle. Chaparro, profondément ébranlé par ce cas, le prend très à coeur et fait de sa résolution une affaire personnelle. Cette implication s'accroît au fur et à mesure de l'étrange relation qui se tisse avec le policier chargé de l'enquête (Baez) et le mari éploré (Morales). Le jeune greffier s'avère prêt à tout ou presque pour relancer l'investigation et trouver un coupable pour payer.



"J'ai cru comprendre que ce qui nous émeut parfois dans la douleur d'autrui est la peur atavique qu'elle nous atteigne."



Des années plus tard, alors à la retraite, Chaparro fait le choix de se replonger dans cette affaire sordide. Il convoque alors sur le papier tous les protagonistes du cas Morales, des personnages touchants de doutes et d'incertitudes, dignes dans leur faiblesse. L'histoire personnelle de Chaparro s'entremêle avec les solitudes et les obsessions des autres, depuis la juge Irene à laquelle il voue un amour éperdu et secret, jusqu'à son collègue Sandoval qui traîne son malheur de vivre, en passant par l'intègre Baez et quelques odieux personnages des couloirs du Palais de justice et des bas-fonds glauques de la cité portègne. Ildéroule, sur fond de répression politique et d'agitations précédant la chute de la dictature argentine, le fil d'une histoire qui aura changé leur vie à tous.



"Comme souvent, je m'étonnais de la patience à toute épreuve qu'ont les objets à nous survivre."



Dévoré en une journée (il est vrai qu'une dizaine d'heures de train aide), empreint d'une grande mélancolie mais très prenant de par sa tension dramatique maîtrisée à la ligne près, mais pas dénué d'humour et de qualités d'écriture, Dans ses yeux est, comme Le confident lu il y a peu, mais dans un genre radicalement différent, un sacré bon roman qui ne tombe pas des mains (loin du compte).
Lien : http://le-mange-livres.blogs..
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Dans ses yeux

Deux livres en un.



Un juriste argentin à la retraite décide d'écrire une histoire vécue au cours de sa carrière. L'occasion pour lui de nous faire part de ses amours passées, ses déboires professionnels, ses doutes et tergiversations, l'inefficacité du système judiciaire, et son attirance inavouée pour sa superieure hiérarchique... Si le personnage parvient à être un brin attachant, la banalité de sa vie n'en reste pas moins ennuyeuse.



L'histoire vécue qu'il raconte se veut une intrigue policière : la vengeance d'un mari dont la jeune épouse a été assassinée. L'assassin est démasqué à la moitié du livre, et l'assassin de l'assassin est facilement identifiable au cours de la seconde moitié Par ailleurs, le dénouement n'en finit pas...



Les deux intrigues sont imbriquées inutilement, avec beaucoup trop de personnages inutiles, dans lesquels je me suis quelques fois perdu. La dictature de l'Argentine des années sombres fait quelques apparitions et aurait, à mon goût, mérité de plus amples développements.



Reste l'écriture qui est agréable à lire, et une belle traduction française, hormis quelques expressions vulgaires ("con" à répétition, "fait chier"... ) qui n'ont pas leur place dans le contexte.

Un film a été tiré de ce roman, que j'ai hâte de découvrir !



NB : 4 septembre 2023

Je viens de voir le film tiré du roman. Le film, apuré de toutes les descriptions, détails et personnages inutiles, est une très belle réussite ! Le dénouement est beaucoup plus crédibles, et les personnages principaux sont beaucoup plus attachants ! Par conséquent, je revalorise mon appréciation.
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La nuit de l'usine

C’est une histoire de vengeance, des gens s’organisent pour récupérer de l’argent. Livre écrit en espagnol d’Argentine et pour cela un peu difficile à comprendre. Une histoire originale ou plusieurs « boludos » et « hijos de puta » essaient de se faire justice eux-mêmes. Une plume amusante qui m’a donné des sourires.
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