AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de Edward Abbey (425)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées


En descendant la rivière

« Je m'étonne parfois que nous puissions être frivoles […]. Comme si l'on pouvait tuer le temps sans en aucune manière meurtrir l'éternité ».

Tel un mantra ces propos de Henry Thoreau semblent animer les pensées d'Edward Abbey qui nous livre un récit qui va bien au-delà de la simple jouissance d'une nature encore préservée, bien au-delà d'un simple texte de Nature Writing à la sauce américaine.

Un récit structuré en onze nouvelles, tournant autour de la rivière, écrites dans les années 1980 et éditées pour la première fois en français en 2021, par les formidables Editions Gallmeister, dans lequel la Nature se veut engagement.



La rivière est supérieure au lac, écrit Henry Thoreau dans son Journal, de par son influence libératrice. Libératrice elle l'est pour Edward Abbey dont la descente en canoë avec une poignée d'amis, en ce jour d'élection, sur la Green permet en effet de libérer pensées, songes, observations et méditations. Flot cristallin de réflexions personnelles, comme si Abbey nous parlait directement, tasse de café ou pagaie en main, réflexions sous le parrainage de Thoreau. Qu'aurait pensé ce maitre à penser, iconoclaste et indépendant, des problématiques d'aujourd'hui (c'est-à-dire celles du début des années 80) ? Industrialisation, immigration, capitalisme, Abbey nous livre ses réflexions à l'ombre de celles de son maitre qui viennent clapoter et éclabousser son raisonnement. L'imprégner.



Certes, « En descendant la rivière » est un éloge à la nature observée lors de descentes sylvestres, souvent calmes, parfois fougueuses (comme dans les 5ème et 7ème nouvelles) de rivières à l'eau glacée, au coeur de canyons sauvages, de bivouacs sur les rives duquel faune et flore nous sont détaillées. Beautés qui ne manquent pas de faire éclore des réflexions existentielles. La Nature est-elle le symbole d'une réalité spirituelle supérieure qui se trouve au-delà et en dedans, ou La Nature est, tout simplement. C'est tout. « Et c'est plus que nous ne pouvons en comprendre » ?



« Dans le courant de la nuit, un cerf passe près de notre bivouac d'un pas nerveux. J'entends le bruit puis, un peu avant l'aube, lorsque je me lève, je vois ses délicates empreintes en forme de coeur. J'attise le feu et confectionne notre première cafetière de café de cow-boy noir et riche, et dans la solitude j'en bois la première tasse, en me réchauffant les mains sur l'émail brûlant. Les dernières étoiles disparaissent lentement, le ciel s'éclaircit, perçant la lueur verte de l'aube pour éclater dans la splendeur ignée du lever de soleil ».



Ce témoignage, c'est la conscience des moments de partage dans toute leur simplicité et leur bonheur, les repas par exemple, très souvent décrits avec appétit, dans le menu. Sous des airs gênés qu'il tente de cacher sous un vernis humoristique ou sarcastique, c'est un partage sensible d'instants beaux et éphémères. D'instants gourmands.



« Nous buvons et, assis au soleil sur le grès clair, nous déjeunons – tranches de pain noir, assez authentique, acheté dans une boulangerie bohème de Moab ; beurre de cacahuètes hippie tendance hardcore, lourd comme du béton humide, acheté dans une coopérative alimentaire beatnik de Durango, dans le Colorado (où vivent Teale et Corson) ; confiture de framboise ; et miel sauvage, épais comme de la graisse d'essieu, pour la lubrification oesophagienne ».



Mais « En descendant la rivière » c'est aussi, et surtout, un brulot. Un cri écologique que lance Abbey en prédicateur exaspéré par tout ce qui creuse, fore, excave les montagnes, épand du bitume, construit des barrages, mine à ciel ouvert, changeant les montagnes en taupinières « pour cette course de rats qu'est notre vie moderne ». Un brulot contre le pouvoir, le capitalisme qui ne cesse d'exploiter les hommes et les ressources, ce capitalisme dont le rythme s'accélère précisément au début des années 80. Dont les conséquences, notamment en terme de suicides, l'interpellent et le navrent. Un brulot contre l'agrobusiness (très bien expliqué d'ailleurs dans la 6ème nouvelle).



« Nous sommes des esclaves en ce sens que nous dépendons, pour notre survie quotidienne, d'un empire agro-industriel condamné à croître perpétuellement s'il ne veut pas s'éteindre – une machine de cinglé – que les spécialistes sont incapables de comprendre dans son intégralité, et que les managers sont incapables de manager. Empire qui, par ailleurs, dévore les ressources mondiales à une vitesse exponentielle. Nous sommes, pour la plupart d'entre nous, des employés dépendants ».



Voilà pour la première nouvelle qui donne le la à ce recueil. Les autres nouvelles sont parfois davantage ancrées sur la terre ferme, dans la forêt, ou sont des réflexions approfondies, sauf la 5ème nouvelle, véritable expédition sur canoë en Alaska dont nous suivons jour après jour la progression, ou encore la 7ème nouvelle, descente rapide sur la San Juan.

Réflexions sur la beauté insoupçonnée et l'utilité écologique des vautours, les rencontres avec un ours, les visites de courtoisie des serpents à sonnette, les hurlements des coyotes, la quête craintive du grizzli. Il nous offre des descriptions sentimentales sur la nature, des développements érudits sur la biodiversité ; Il raconte Abbey, il raconte avec passion, sarcasme, engagement. Avec coeur toujours. Avec chauvinisme oh oui ! Et quelques relents de nationalisme aussi (ses réflexions sur les immigrés notamment m'ont quelque peu interpellée même s'il explique ce refus d'accueil du fait de la croissance démographique, sa façon de narrer est discutable), tout en se demandant chaque fois ce qu'en aurait pensé aujourd'hui ce bon vieux Thoreau, dans le contexte qui était le sien au milieu du 19ème Siècle ?



« Réunis sur leur arbre mort préféré, dodelinant de la tête à l'unisson, les vautours ressemblaient, depuis notre site d'observation, à un congrès de chauves et judicieux gérants de pompes funèbres discutant de leurs perspectives d'avenir – toujours bonnes. Fiables. Les individus adultes ont une tête rouge ridée et déplumée ; les juvéniles ont la tête bleuâtre, elle aussi déplumée. Ils ont le crâne chauve parce que c'est plus propre, plus sûr, plus hygiénique, étant donné leur domaine d'exercice. Si vous gagniez votre vie en plongeant votre bec, vos yeux, vos oreilles et votre cou au plus profond des entrailles en décomposition, disons, d'une vache morte, vous aussi, vous préféreriez être chauve comme un vautour. Avoir des plumes sur la tête nuirait à sa rétractation rapide, en cas d'urgence, et ces plumes offriraient une multitude de petits recoins aux asticots, aux scarabées, aux vers et bactéries. Pour ce boulot, mieux vaut être lisse et net ».



J'aime cette idée que la vie au grand air, vie libre et vigoureuse, soit bonne pour les humains. « Ça les emplit de joie et de bonne humeur, garantes de santé et de longévité » nous dit l'auteur. Nous savons de plus en plus que l'essentiel tient en une eau pure, une nourriture fraiche et de l'activité physique. J'aime lorsque Abbey se fait le chantre de ce style de vie. Une vie à observer, regarder, inlassablement. S'émerveiller. Tout simplement. Pour se sentir libre.



Le message d'Edward Abbey est contemporain, atemporel. Et quand il se fait poète mettant un peu de côté sa rhétorique tantôt boudeuse et source de longueurs, tantôt militante et engagée alors source d'une érudition passionnante, cela donne de magnifiques éclats lumineux, inoubliables.



« La nouvelle lune flotte comme une tranche de citron dans le ciel lie-de-vin. Les sombres frondaisons découpent des colonnes de lumière ».





Commenter  J’apprécie          9022
Le gang de la clef à molette (Ne meurs pas, ô mo..

Roadtrip désertique dans l'Ouest Américain en compagnie de 4 gentils fous furieux qui ne pensent qu'à une seule chose : le Sabotage! le moteur de cette épopée épique et déjantée est la lutte contre le développement du capitalisme qui se propage de manière frénétique dans toute l'Amérique, même en plein désert...



L'écriture est dense, voire très dense et pas forcément facile de premier abord. Il m'a fallu entre 50 et 80 pages pour réellement rentrer dans le roman. On ne peut ensuite plus reposer le livre tant le rythme entre course-poursuites et dynamitages est effréné.



Publié en 1975 et pourtant toujours autant d'actualité à propos du capitalisme et de son immense impact écologique, Edward ABBEY nous prouve ici qu'il est un visionnaire écologiste et aurait quelque part rêvé être l'un de ses propres personnages du roman.



Un grand merci à Flocava1 de m'avoir offert ce livre et donné le plaisir de découvrir Edward ABBEY que je ne connaissais pas.
Commenter  J’apprécie          906
Désert solitaire

Désert solitaire, une oeuvre mythique, dans laquelle il est bon de ne pas se précipiter, mais plutôt de l'attendre car elle recèle tellement de merveilles naturelles et littéraires qu'il m'a plu de savourer presque avant de les lire et de pénétrer derrière Edward Abbey au pays des Arches, dans l'Utah.



Son récit est avant tout un magnifique témoignage sur la nature sauvage du désert, inviolée en bien des endroits à l'époque où il l'a fréquentée, particulièrement durant ces trois saisons où il a été ranger au sein du Parc national des Arches.



Ainsi, l'abondance de descriptions et de connaissances de la faune et de la flore du désert qu'il propose à ses lecteurs font bien d'Abbey un chantre exceptionnel des milieux naturels.



D'abord, le désert : accompagner Abbey dans ses escapades au coeur des canyons, découvrir sous sa plume les couleurs changeantes du sable, de la pierre, glisser avec émotion sous les Arches, admirer tous les monolithes de grès, ces sentinelles impuissantes d'une ambiance exceptionnelle est un vibrant plaisir.



Ensuite, la richesse de la flore et de la faune livrent des découvertes sur les comportements des animaux et des plantes pour vivre et survivre dans un monde à première vue hostile. Abbey sanctifie quelques plantes comme le yucca ou le genévrier -- on respire avec lui le parfum magique de sa combustion -- les fleurs étonnantes qui embellissent ce "wild" saisissant.



Et puis, l'eau tient également une place de choix dans l'univers du ranger Abbey, qu'il s'agisse de celle venue du ciel, avec de splendides descriptions des orages, du ruissellement, ou bien de celle des rares cours d'eau, des cascades perdues au fond des canyons, ou du fleuve majestueux Colorado.



Et enfin, la montagne, soit observée de loin, soit parcourue dans l'ascension du Tukuhnikivats, avec une nouvelle fois un ressenti pénétrant témoigné par Abbey à propos des arbres, des fleurs, des pierres, du sommet enfin, et de la nécessité de redescendre.



Malheureusement, l'émerveillement de cette lecture m'a paru trop lourdement entaché par les réflexions cyniques de l'auteur sur l'humanité, son humour premier degré sur ses semblables, son irrespect envers un pauvre photographe qui n'a pu survivre à une brève expédition dans les canyons -- Abbey ne dit pas s'il l'aurait conseillé ou aidé dans son travail -- , diffusant ainsi des perceptions qui, pour ma part, ne peuvent être positives.



Alors, il faut rester sur le titre et plonger dans cette solitude du désert, jouir des instants féeriques que fait partager Abbey et glisser sur ses digressions hasardeuses, pour conserver le souvenir ému de pages splendides jusqu'à cette dernière phrase interrogative et conditionnelle sur le caractère identique du désert et de lui-même lors d'un hypothétique retour.



Commenter  J’apprécie          846
Seuls sont les indomptés

1950, Duke City (Nouveau Mexique).

L'histoire est simple, c'est celle d'une chasse à l'homme.

Les raisons sont profondes, comme l'amitié, la fidélité et la liberté.



Jack Burns refuse la modernité et tous ses interdits. Il ne se déplace qu'à pied ou à cheval. Il n'a pas de papiers d'identité, pas de domicile fixe. Dès qu'il apprend que Paul, son ami de fac, est incarcéré parce qu'il est réfractaire au service militaire, il revient à bride abattue, se bat dans un saloon, se fait jeter en prison et retrouve Paul qu'il tente de convaincre de s'évader. Paul refuse, Jack se sauve.



S'ensuit une poursuite impitoyable dans les montagnes du Nouveau-Mexique, prétexte d'Edward Abbey pour emmener son lecteur dans la nature sauvage qu'il affectionne et qui est un pur symbole de liberté… tant que l'homme n'y imprime pas sa marque destructrice.



Une traque est faite d'observation, d'écoute attentive, de méfiance, de ruse, de silence. Les dialogues sont limités à ceux des talkies-walkies de la police en ébullition. L'action, lente, laisse la place aux différents reliefs des Manzano Mountains, arides, sauvages, vigoureux, pleins d'aspérités, comparables à la nature de Jack Burns. L'âpreté des lieux fait graduellement monter la tension. On peine et on glisse avec la jument Whisky, on est décoiffé par le souffle du vent et griffé par les yuccas acérés, émerveillé face à la biche aux aguets et le soir, on aimerait un bon feu crépitant pour assouplir nos articulations malmenées.



Les personnages campés par Edward Abbey sont volontairement typés, voire caricaturaux :

Jack Burns, le cow-boy, long, maigre, stetson vissé sur la tête, guitare dans le dos (eh ! oui, il écrit des chansons). Indompté et solitaire.

Paul Bondi, écrivain, anarchiste repenti. Rédige un livre sur la théorie des valeurs. A femme et enfant et veut purger sa peine de deux ans sans remous.

Morlin Johnson, shérif, massif, revenu de tout mais compétent, mastiqueur de chewing gum impénitent. Entouré d'une belle brochette de tire-au-flanc. Fait son devoir.

Art Hinton, chauffeur routier, buveur de café invétéré, intestins délicats. Fait régulièrement son dernier voyage avant de se soigner.



En quelques mots bien calibrés, Edward Abbey a l'art de rendre une ambiance, de planter un décor, de nicher son lecteur dans la peau de son personnage : « Burns se sentait impatient, affamé, intensément conscient de chaque ombre, de chaque son, de chaque parfum et mouvement dans son environnement. Une convergence délicate de ses capacités et de ses intentions donnait à chacun de ses pas un caractère vital, chaque mouvement de ses membres en accord avec les objectifs de son esprit. Pour la première fois depuis deux jours et deux nuits, il avait le sentiment d'être une créature entière et vivante, un homme à nouveau, et non plus un débris titubant dans un monde mécanique qu'il ne comprenait pas » (p. 253).



Une ode à la nature sauvage et à la liberté inconditionnelle, qui demande néanmoins détermination et rigueur. Une lecture addictive pour tous ceux qui sont épris de grands espaces et de ciels infinis.





Commenter  J’apprécie          842
Désert solitaire

« Poor lonesome ranger » saisonnier dans le parc de Arches National Monument (sud-est de l'Utah), Edward Abbey relate son expérience au milieu de cette nature désertique et sauvage dans les années 1950. Dans son avant-propos, il explique sa manière de voir la nature et ce qu'elle est devenue : « Ce livre n'est pas un guide de voyage ; c'est une élégie, un tombeau. Ce que vous tenez entre les mains est une stèle ».



Un hommage vibrant au rêve de paysage mythique enfoui en tout homme.



Les Arches, c'est une terre rouge et rocailleuse aux paysages morphologiques changeants et spectaculaires où ont été tournés beaucoup de westerns. Un peu comme Monument Valley en bordure de l'Arizona et de l‘Utah.



L'idée que l'on se fait habituellement du désert est qu'il n'y a pas de vie, que rien ne s'y passe, qu'il n'y a que des étendues et des ciels à perte de vue, d'une beauté à couper le souffle, où l'air provoque des ondes de chaleur aux images déformantes. Austérité et nudité.



Or, dans ce récit, à l'écriture somptueuse traduite dans le plus grand respect de la pensée de l'auteur, la vie grouille partout : cerfs, coyotes, lynx, corbeaux, vautours, scorpions, moustiques et parfois aussi, de rares randonneurs bruyants. le genévrier, le frêne et la sauge des sables, toutes sortes de plantes à feuilles rudimentaires, trouvent à survivre sur cette terre aride aux multiples minéraux et métaux rares. Les Indiens Utes et Navajos ont aussi vécu dans ces canyons insondables il y a très, très longtemps.



Le récit de ce Lucky Luke américain, idéaliste pur et dur, est une ode à la vie sauvage, à la splendeur du paysage, à la perfection du silence. Même terriblement bien écrites, 334 pages de descriptions pourraient finir par lasser, mais il n'en est rien. Abbey parsème son amour de l'écologie dans les histoires de ses rencontres avec des cow-boys, ses bivouacs occasionnels avec des ranchers, sa détermination à ramener un cheval redevenu sauvage (chapitre magnifique). Il est aussi ponctué de ses coups de gueule contre les « progrès » de la civilisation, notamment la construction d'une route qui pourra déverser des voitures, sans interruption, à travers l'espace rocheux et réduire ainsi la liberté et les secrets de la nature.



En 1967, Edward Abbey revient dans ce parc qu'il a sillonné inlassablement, des saisons durant, à cheval, à pied, en rampant, en s'écorchant aux épineux, en sondant des failles de roches abruptes, et sa rage de voir ce que le gouvernement et les investisseurs ont fait de la « sauvagerie du monde » le pousse à témoigner de ce qu'était ce paradis perdu quelques années auparavant.



L'écriture très riche et précise de cet homme cultivé ne se limite pas à ce qu'il voit ou ressent au contact de cette « wilderness », elle interroge, elle se réfère à la poésie et à la musique, elle fait des parallèles entre civilisation et culture, par exemple, qui donnent des paragraphes étonnants : « La civilisation est la force vitale de l'histoire humaine ; la culture est cette masse inerte d'institutions et d'organisations qui s'accumulent et deviennent un fardeau pour le progrès de la vie… La civilisation, c'est la tolérance, la distance et l'humour, ou la passion, la colère, la vengeance ; la culture, c'est l'examen de passage, la chambre à gaz, la thèse d'Etat et la chaise électrique…La civilisation, c'est la rivière sauvage ; la culture, cinq cent quatre-vingt-douze mille tonnes de ciment… ».



Une élégie peut-être mais qui draine alors une envie de découvrir ce qu'est l'Eden pour quelques-uns et de revoir « Les Comancheros » ou une certaine « Mission impossible » pour d'autres.



Edward Abbey est mort en 1989 et a été enterré dans un coin des Arches par son ami, Doug Peacock, qui signe la préface de ce Désert solitaire.

Commenter  J’apprécie          802
Désert solitaire

Désert solitaire est un jardin de pierres. C'est une lumière sauvage qui frappe, qui vient cogner sur ces pierres. Edward Abbey a jeté dans ce récit autobiographique un cri viscéral et qui m'a totalement pris aux tripes. C'est donc ici l'occasion pour moi de vous évoquer un de mes derniers grands coups de coeur littéraires.

Désert solitaire, c'est le journal d'un ranger dans les années 50.

Ce jardin, celui dont Edward Abbey nous parle, c'est cet espace immense jusqu'aux montagnes. Nous sommes dans le parc national des Arches, en plein coeur du désert de l'Utah.

Le premier chapitre s'ouvre comme serait le premier matin du monde, quelque chose qui nous révèle justement à ce monde qui commence.

Nous sommes ici dans le pays des canyons. Dès la première page, l'auteur nous indique que « c'est le plus bel endroit au monde ». Puis il poursuit ainsi : « Des endroits comme ça, il en existe beaucoup. Tout homme, toute femme, a dans son coeur et dans son esprit l'image de l'endroit idéal, de l'endroit juste, de l'authentique chez-soi, connu ou inconnu, réel ou imaginé. Une péniche dans le Cachemire, un appartement avec vue sur Atlantic Avenue à Brooklyn, un corps de ferme gothique tout gris au bout d'un chemin de pierres dans les Allegheny Mountains, une cabane sur la berge d'un lac bleu dans la région des pins et des épicéas, une ruelle poisseuse près de la rive de l'Hudson, à Hoboken... »

Cette phrase m'a touché. Je me souviens ainsi d'un premier matin sur le lac Dhal, dans la vallée du Cachemire, où j'avais justement dormi à bord d'un house-boat. La veille au soir j'étais arrivé dans la poussière de la route, harassé après plus de vingt heures de trajet dans un autobus bondé où il me fallait subir en continu des films kitchs qui faisaient réagir de joie ou d'effroi les passagers presque à chaque scène ; quittant New-Delhi, traversant le Penjab, nous étions en pleine période de mousson, des convois militaires par centaines montaient vers le Cachemire, les éboulements de montagne nous ralentissaient, menaçant à chaque fois de nous entraîner vers le fond des ravins... Ce matin-là, au bord des rives de la ville de Srinagar, fut comme un renouveau, le ciel était étonnamment bleu, la chaîne de l'Himalaya s'étalait au loin sous mes yeux ébahis tandis que les fleurs de lotus flottaient sur le lac avec une sérénité que je n'ai jamais retrouvée ailleurs. C'était en août 1989, c'était la dernière année où des touristes pouvaient accéder à ce lieu paradisiaque, qui fut, durant plusieurs années qui suivirent, le théâtre d'affrontements sanglants entre indépendantistes et militaires... Pour moi, il s'agit du plus bel endroit au monde... J'aimerais y revenir.

Et dans le désert de l'Utah qui accueille ces arches merveilleuses, un lever de soleil écarlate mêlé d'or est aussi un moment magique que nous décrit l'auteur depuis la solitude d'une caravane.

Son jardin, c'est cet espace immense jusqu'aux montagnes, c'est le vent qui envoie du sable dans les dents. C'est aussi l'amitié avec un serpent indigo.

Le narrateur nous parle avec grâce et sensualité de la rose des falaises, des figuiers de Barbarie, de la bourrache jaune, de l'astragale pourpre, de son empathie pour un genévrier.

S'allongeant à plat ventre au bord de la dune, il observe le monde des fleurs depuis le ras du sol, comme le verrait un serpent. Quelques oiseaux traversent le ciel jaune et noir. Comme c'est beau, on se croirait là-bas. Ces instants sont très émouvants.

Pour Edward Abbey, une fleur, aussi éphémère qu'elle soit, n'a d'intérêt que si elle est sauvage, libre et spontanée. Déjà dans cette première partie du récit, l'auteur pose un acte fort, sa façon rebelle d'embrasser le paysage, la beauté sauvage du désert.

Le paysage qui habite ce livre est aride, âpre, abrupt, abyssal. On y dégringole comme dans un vertige, on y brûle déjà ses ailes.

Chaque rayon de soleil est un cri, un hurlement posé sur la roche rude et brûlante, qui affleure sur notre peau. Le soleil cogne sur les nuques et les coeurs, coule dans les yeux. Parfois cette roche est plus douce que le sable.

L'auteur nous parle des migrations forcées des bêtes, des putois qui dorment sous les fenêtres ouvertes des chambres, des chevaux qu'on selle à la hâte.

Les canyons sont des labyrinthes où même les bêtes se perdent dans la poussière et la chaleur. Il y a aussi parfois une vache qui s'abime à jamais dans les sables mouvants. Mais en général, les troupeaux qui avancent dans la poussière étouffante finissent par retrouver leur chemin.

Et puis il y a les étoiles qui naissent aussi vite que disparaît le soleil. Les constellations deviennent des chemins où viennent se perdre les yeux. On oublie souvent de parler de la nuit d'un désert, qui enveloppe comme un drap d'autres vies qui passent par là, frôlent le sable peut-être une dernière fois. Les cris d'un coyote ou d'un grand-duc... Les papillons de nuit s'affolent dans le halo d'une lampe-tempête.

C'est un désert désormais vide des Indiens, mais qui y ont laissé des traces, des dessins gravés sur la pierre, un peu de leur âme... Edward Abbey ne les oublie jamais...

Et puis plus tard, s'étant éloigné vers d'autres vies, il revient sur les lieux de ce désert. Les années ont passé. Que sont ses amis devenus ? Éparpillés vers d'autres contrées ou d'autres constellations, certains sont morts à présent ou bien égarés sur un autre rivage...

Le tumulte du monde est venu modifier le paysage désormais abîmé, a posé des routes, jeté des touristes en pagaille.

Alors c'est un cri qui dit la peur ou plutôt l'angoisse du devenir.

C'est un cri de rage.

C'est un livre magnifique, le cri d'amour d'un poète pour un environnement grandiose, condamné à être amputé, défiguré, ce qui le met au désespoir.

L'écriture est sublime.

Ce récit nous parle avec allégresse et mélancolie de notre vie sur terre, sa trajectoire, la vie qui est un songe, une manière de s'élever, désirer un plus grand ailleurs, plus grand que nous, le désert est peut-être ce rêve insaisissable, permettant d'effleurer l'éternité...

Parfois les cris deviennent des chants lorsque les notes s'alignent comme des planètes.

Et puis il y a des histoires de femmes et d'hommes, merveilleuses, burlesques, parfois dérisoires, mais toujours intenses, qui se mélangent dans ce récit minéral.

Ce désert solitaire incarne le temps, un temps très lent et quelque chose qui nous dépasse, de plus grand que nous. Ô comme c'est bon et rafraichissant de venir à la rencontre d'un texte vieux de cinquante ans, et même plus, et qui fait corps avec le sens que nous attendons aujourd'hui de l'existence, un texte actuel si on s'accorde sur la vertu de son message.

Je dédie cette chronique à mon amie Blandine qui m'a tendu avec inspiration la main vers les pages solaires de ce livre.
Commenter  J’apprécie          7723
Le gang de la clef à molette (Ne meurs pas, ô mo..

De temps en temps, j'aime bien revenir vers l'oeuvre de mon auteur favori, Edward Abbey.

Son combat pour la sauvegarde des milieux naturels fut reconnu aux Etats Unis et a toujours valeur d'exemple car en France, resurgissent ici et là des projets de fracturation du sol et du sous-sol, des projets miniers de tous genres menaçant l'intégrité de paysages sublimes .

Et utiliser l'humour comme vecteur de réflexion c'est un exercice subtile et intelligent qu'a réussi E. Abbey .

De temps en temps, reparler de son oeuvre me semble salutaire !





Alors, dans ce roman épique, on va suivre le gang de doux dingues prêts à tout pour déjouer des projets qu'ils jugent assassins pour le milieu naturel .

Et là, on est parti pour s'octroyer un moment de lecture de pure folie et de pur bonheur.

Bien sûr, le personnage principal, le plus déjanté, le plus touchant aussi c'est Hayduke, ancien combattant au viet-nam.

Mais ici, fiction et réalité se mêlent : on murmure dans les canyons qu' Abbey ait pris son ami Doug Peacock comme modèle pour le personnage de Hayduke mais, Peacock s'en est toujours défendu : il a expliqué dans ses écrits que le caractère du personnage de fiction est plus proche de celui de Abbey !

Allez savoir !

En tout cas, on se laisse entraîner avec plaisir dans une sarabande surréaliste , hors la loi dans des canyons ,dans le désert , au Lac Powel ...partout où des projets de massacres de l'environnement se concrétisent .

Justiciers ou Pieds Nickelés ,leur arme principale est une ...clé à molette !



Et on passe du rire à l'angoisse ,de l'incrédulité au soulagement .

On réfléchit après.

Un ouvrage militant bien sûr, et l'exagération forcenée des actions amène souvent la dérision .

Bien sûr,les apparences sont trompeuses :il ne s'agit pas de l'apologie du sabotage .

Cela reste une fiction hilarante ,insolente ,extravagante !



A lire absolument et si on veut prolonger le plaisir, il y a une suite ..."Le Retour du Gang...", mais c'est une autre histoire !

Commenter  J’apprécie          7611
Seuls sont les indomptés



Milieu des années 50, Nouveau-Mexique. C'est sur le dos de Whisky, une jument alezane, que Jack Burns parcourt le Nouveau-Mexique. Homme solitaire, plus à l'aise au cœur des étendues sauvages que parmi ses semblables, débrouillard, vivant de petits boulots saisonniers, épris de liberté, il mène sa vie comme il l'entend. Mais, lorsqu'il apprend que son ami, Paul Bondi, est incarcéré à la prison de Duke City pour avoir manqué à ses obligations militaires, il ne peut s'empêcher de l'aider. Aussi, après avoir rendu visite à l'épouse et au fils de ce dernier, il provoque une bagarre dans un bar, dans le seul but de se faire coffrer et d'aider Paul à s'évader...



Sur fond d'étendues sauvages, désertiques ou montagneuses, dans les nuages de poussière qui volète, sous un soleil éblouissant, Edward Abbey nous emmène au fin fond du Nouveau-Mexique. Jack Burns, cow-boy solitaire, homme taiseux à la force tranquille, va devoir quitter pour un temps cette nature sauvage et rude qu'il chérit tant s'il veut aider son ami Paul. Véritable ode à cette nature indomptable, ce roman fait la part belle au sentiment de liberté, à la grandeur des vastes paysages. La densité et la richesse des mots ainsi que la mélodie des phrases donnent corps et vie aux sensations, aux images, aux émotions. Prégnant, vibrant et d'une incroyable intensité...
Commenter  J’apprécie          753
En descendant la rivière

.

Tout d'abord , un grand merci à Jerenight dont la critique m'a informée d'une nouvelle traduction d'Edward Abbey , un auteur que je vénère , le mot n'est pas trop fort .

Avant même d'entamer la lecture , j'étais émue de tenir ce livre dans les mains , comme si je retrouvais un ami .



Et l'enchantement a commencé .

Les récits d'aventures vécues par l'auteur forment la trame de ce recueil .

On descend de fougueuses rivières parmi les plus majestueuses au coeur de grands canyons , on bivouaque au milieu d'une faune et d'une flore sauvage . Et, il faut toute la poésie et la sensibilité d'Abbey pour nous inviter à un merveilleux partage d'instants rares , uniques .

Et la magie opère , encore une fois .



Au début du livre , un invité de marque , Thoreau .

Abbey lui rend un très bel hommage .

Puis , les récits se suivent au gré de l'humeur et du vécu de telle ou telle expédition , émaillés comme toujours d'humour et de sarcasmes bien placés . C'est aussi l'occasion de dénoncer les basses attaques de certains détracteurs : le militantisme écologique est un violent combat mais Abbey reste porté par son intégrité .



Beaucoup de souvenirs évoqués aussi , c'est agréable car quand on connaît bien l' oeuvre d'Abbey , on replonge avec délectation dans certaines actions fictives ou non : je pense aux tribulations sur le lac Powell ou dans Glen Canyon par exemple .



Ces récits se lisent comme si Abbey nous faisait la conversation .

Il est terriblement lui-même .

Amoureux de la nature , il invite le lecteur dans son temple des déserts , des cayons , des rivières sauvages et quand il n'est pas philosophe ou poète , il redevient le prédicateur écolo emporté par sa passion :



" La domination de la nature rendue possible par une science utilisée à mauvais escient aboutit à la domination de l'homme ;

elle aboutit à une uniformité lugubre et totalitaire . "

p. 141



Bien sûr , le ton est parfois grave . Mais , les messages difficiles alternent avec l'ambiance potache entretenue par la personnalité des bateliers .

Et , jolie surprise , on assiste à la première grande aventure de Suzannah Abbey , 13 ans , digne fille de son papa qui est de l'une des expéditions .



Un mot quand même sur mon étonnement : ces récits ont été publiés en 1982 et seulement traduits en 2020 ! Alors , d'autres traductions suivront-elles ?

Bon , j'espère vous avoir convaincus des qualités que recèle ce livre . Cependant , je pense que pour l'apprécier pleinement , mieux vaut avoir lu d'autres ouvrages d'Edward Abbey avant . Mais ce n'est que mon avis très subjectif , l'essentiel est de lire Abbey !

Commenter  J’apprécie          748
Le gang de la clef à molette (Ne meurs pas, ô mo..

Depuis peu j'ai découvert grâce à " Cardabelle " la maison d'édition " Gallmeister " et dans son catalogue un certain Edward Abbey.

Je suis donc parti dans le désert de l'Utah à la recherche " du gang de la clef à molette ".

J'ai pas été déçu. Dans la bande il y a George Hayduke le fou furieux, l'ancien béret vert, pas totalement remis de l'enfer du Vietnam, le spécialiste en armes et explosifs.

Seldom seen Smith, le mormon polygame, en congé sabbatique avec son église est le guide du groupe, le désert n'a aucun secret pour lui.

Le docteur Sarvis est le financier de l'équipe, le membre le plus équilibré du groupe.

La femme du gang mrs B. Abbzug la secrétaire du docteur n'a pas de fonction particulière sauf peut-être d'énerver George.

Leurs quêtes, sauver le désert de la destruction et des divers pollueurs, leurs méthodes est plutôt radicale, sabotage en tout genre, pelleteuses, camions,....

Edward Abbey écologiste avant l'heure, bien avant la "cop 21"a aimé le désert, il y est même enterré.

Bien sûr la méthode employée par le " gang de la clef à molette " est plutôt radicale, mais quel plaisir de suivre cette équipe de bras cassé, c'est grinçant, délirant, subversif, tout ce que j'aime.

Cerise sur le gâteau des illustrations du dessinateur Crumb jalonne le roman.

🎶 Quand t'es dans le désert depuis trop longtemps tu t'demandes à qui ça sert toutes les règles un peu truquées....🎶.
Commenter  J’apprécie          7212
Le Feu sur la montagne

Une lumière éclatante qui donnait au paysage une vision surnaturelle. Une chaleur sèche et féroce. L'éclat brut du désert lui brûlait les yeux. Aussi, Billy, dans le pick-up de son grand-père, John Vogelin, était obligé de les fermer de temps en temps pour les soulager. En ce mois de juin, comme tous les ans, le jeune garçon va passer des semaines chez le vieil homme. Dans son ranch, le Box V, dans le village de Baker, au Nouveau-Mexique. Entouré de vaches, de chevaux, de coyotes ou de vautours, de montagnes à perte de vue, de cactus desséchés. Le vieil homme vit en parfaite harmonie avec ce coin désertique, parfois ingrat, soumis à la sécheresse depuis des décennies. Il est né ici, tout comme son père et le père de son père. Il y mourra. Malheureusement, le gouvernement américain souhaite étendre son champ de tir de missiles et exproprier John. Le vieil homme ne compte se laisser faire, même face à cet ennemi tout-puissant...



Inspiré de faits réels, ce roman fait avant tout la part belle à cette nature sauvage, étendue à perte de vue et plombée sous une chaleur écrasante. Une nature que John chérit par-dessus tout et qu'il ne quittera jamais, il se l'est promis. À travers les yeux de Billy, aussi attaché à son grand-père qu'à cette terre aride, émerveillé, comme à chaque fois qu'il revient, de la majesté, de la magie et de la grandeur des lieux, étonné presque de s'y sentir chez lui, l'on suit ce duo terriblement touchant à travers ce rude désert. Edward Abbey décrit avec force et sensibilité la relation entre le vieil homme et l'enfant, qui, cette année-là, sera confronté au monde parfois sans pitié des adultes. Un duo qui nous émeut. Ce roman nous plonge dans une atmosphère lourde et écrasante d'autant que l'écriture d'Edward Abbey est très contemplative, fouillée et minérale. Un roman intense, riche et lumineux...
Commenter  J’apprécie          727
Le gang de la clef à molette (Ne meurs pas, ô mo..

Avez-vous entendu cette info effrayante ? « La masse mondiale produite par l'homme dépasse toute la biomasse vivante ». Autrement dit, notre planète est actuellement plus artificielle que naturelle ! le cauchemar contre lequel luttait Edward Abbey est devenu réalité : le gang semble avoir échoué mais malheureusement, son histoire est plus que jamais d'actualité.





« Presque partout le paysage était dépourvu de routes, inhabité, désert. Ils avaient envie qu'il restât ainsi. Ils feraient tout pour cela. Pour le garder tel quel. »





Après son sublime Désert Solitaire, où il nous mène au coeur des canyons que l'Homme est en train de détruire, Edward Abbey poursuit son raisonnement en créant les personnages du Gang de la clé à molette. Comme leur auteur, ils constatent que « le progrès » et « la civilisation » détruisent une nature sans qui nous ne pourrons pas survivre. Et qui s'en soucie ? Eux : Un riche chirurgien et son assistante très maternelle, qu'il demande régulièrement en mariage ; un ancien militaire revenant du Vietnam, en foutu bordel de révolte perpétuelle contre tout ce qui l'entoure, et plus que prêt à en découdre ; ainsi qu'un mormon marié trois fois (en même temps). Lors d'une randonnée en canoë, sur les eaux d'un fleuve bientôt bétonné, ces univers se rencontrent et rêvent à de grands projets, comme la destruction de cet immonde barrage qui tue le fleuve Colorado... Autour d'un feu de camps, ils scellent alors une amitié intéressée.





« - - Extension de la leucémie aigüe, cancer du poumon... Je pense que le mal est dans le la nourriture, dans le bruit, dans la surpopulation, dans le stress, dans l'eau, dans l'air. j'en ai trop vu Seldom. Et ça ne peut qu'empirer si nous les laissons mener à bien leurs plans. C'est pour cela.

- - Pour cela que vous êtes ici ?

- Très précisément. »





Seulement faire exploser un ouvrage appartenant à l'Etat est un crime, tout comme les éventuelles victimes collatérales humaines. Il faut se faire la main sur quelque chose qui, plutôt que détruire, empêcherait de construire : S'attaquer aux chantiers alentours. Saboter les bulldozers, ralentir l'avancement ; à force de persévérance, décourager les ouvriers, les employeurs, les financiers derrière tout cela ! Ce ne sont pas des délits très graves, juste une désobéissance civile chère à Henri David Thoreau, nécessaire à montrer leur désaccord et sauvegarder de vrais intérêts. Mais n'y a-t-il pas toujours des victimes collatérales ? Et ne se laisse-t-on pas entrainer par notre élan ? Où sont les limites à ne pas franchir, et qui les déterminent ? « Aucune violence à l'égard des êtres humains », ne cesse de répéter Doc, tout en dévissant des boulons, déversant du sucre dans les réservoirs, et coupant les câbles des monstres de fer… « l'anarchie n'est pas la solution », ajoute-t-il tandis qu'une canette de bière vide et froissée gicle de la main du militaire poilu pour se nicher dans un recoin de nature qu'il prétend protéger.





« Nous luttons contre une machine folle, Seldom, une machine qui mutile les montagnes et dévore les humains. Quelqu'un doit essayer de la stopper. Ce quelqu'un, c'est nous. »





Quelle joie de retrouver la plume de Désert Solitaire, avec ses descriptions improbables telle la mécanique comparée au sexe ! Ironique envers la société, cette plume demeure bienveillante envers ces personnages imparfaits, qu'elle raille gentiment. Edward Abbey y a probablement projeté beaucoup de lui-même, puisqu'il nous laissait déjà percevoir quelques idées de sabotages dans sa propre épopée désertique. Peut-être même que chaque membre du gang constitue une facette de sa propre conscience qui argumente pour ses idées, en éprouve les limites à la réaction des autres - tels les petits anges et démons s'affrontant et se répondant souvent en nous. Ainsi, en plus de nous offrir l'aventure du sabotage et la traque qui en découle, Edward Abbey amène une réflexion sur nos décisions de citoyen. La version romanesque de la désobéissance civile de son ami Thoreau. Une histoire qui monte en puissance au fil des présentations, de la rencontre, du débat d'idée, du passage aux premiers actes timides, de la confiance qui s'installe, du durcissement des actions, des risques… Et des réactions de leurs poursuivants excédés. Jusqu'à cette putain de bordel de fin, comme dirait George le Poilu (et il l'est, j'le sais parce que toute sa splendeur virile nous est maintes fois décrite, dans tous ses états).





C'est toutefois un roman qui se mérite un peu, parce que nous devons tantôt cavaler, tantôt patienter avec nos héros. Nous devons faire l'effort d'imaginer un paysage que nous ne connaissons pas, décrit en détail. Pire, on nous fait miroiter un truc énorme dans les premières pages, qu'on attend durant tout le roman… et qui ne vient pas… Enfin, pas encore, mais heureusement il existe une suite : le Retour du gang ! Malgré tout, on s'attache à ces hors la loi, on vit avec eux, on s'adapte à ce style dense mais inimitable, entre un Thoreau et du Thomson ; on en redemande. Ma souris refuse de cliquer sur moins de 4,5 étoiles pour ce presque coup de coeur, subversif à souhait, qui incite à défier la loi alors que je prône son respect pour vivre ensemble. Un joli tout, bourré d'humour, de complicité, d'action, de réflexions. Épique, épique écolo-gramme, les amis !





« Le désert nu est un sale lieu pour les petit secrets ».
Commenter  J’apprécie          7057
Le gang de la clef à molette (Ne meurs pas, ô mo..

Ils sont quatre.

Une blonde , jeunette, venue du Bronx et maquée avec un doc quinqua dont l'activité principale hors maniement du bistouri est de dézinguer les panneaux publicitaires.

Un ex béret vert, dont l'apparence physique laisse peu de doutes sur ses aptitudes au combat. Et Seldom Seen (rarement vu), polygame et trimballeur de touristes dans les méandres du Colorado.

Ces quatre là vont se croiser et se trouver une cause commune : Détruire le monde du profit, préserver la nature sans faire de dommages humains .Ok, ça fait trois causes.



Quel bon bouquin! Un peu long parfois mais extrêmement bien construit, écrit magistralement par un écrivain qui se fera enterrer loin des humains dans le désert.

Ici, l'apologie de la nature est faite: Même cette nature hostile, ce désert, ces eaux furieuses et indomptables, Les buildings des villes sont haïs, l'air vicié stigmatisé quand le lever du soleil sur les plateaux arides de l'Utah ou l'Arizona est magnifié.

Nos quatre compères sont les vecteurs d'une cri d'alarme lancé par l'auteur pour la sauvegarde de la nature , contre cette société pervertie par le fric, n'hésitant pas à souiller la terre, l'eau , le ciel.

Le texte est très rythmé, drôle, cocasse, ironique et politiquement incorrect. .On aimerait que Guy Ritchie nous en fasse un film, déjanté comme il sait les faire .

Une belle plongée dans ces canyons, une belle équipe dont les bras ne sont pas si cassés qu'il y semble et un bel hommage à la nature du grand ouest.
Commenter  J’apprécie          685
Désert solitaire

Voilà un livre dans lequel je me suis jeté avec passion! Désert solitaire est le livre culte d’Edward Abbey, cet écrivain militant écologiste et également auteur du célèbre gang de la clé à Molette.



C’est ici un essai qui nous est proposé, on est ainsi loin du rythme effréné et endiablé mené par la bande de joyeux fous du gang de la clé à molette.



Une très grande force se dégage de ce récit ainsi qu’une toute aussi grande poésie... c’est beau... c’est très beau... C’est une ode absolue à la nature (la nature sauvage comme aime à le dire Abbey). On parle aussi un petit peu de politique avec des propositions concrètes faites par Abbey afin de contrer ce qu’il a déjà vu venir alors que l’on est qu’en 1968 : la destruction inévitable de notre planète par le capitalisme.



C’est incroyable pour moi que cet écrivain ne soit pas plus connu en France. J’imagine que ses idées anti-capitalistes ont été un réel frein à la diffusion de son œuvre...



La traduction par Jacques Mailhos est remarquable.
Commenter  J’apprécie          647
Le gang de la clef à molette (Ne meurs pas, ô mo..

Page, Arizona, à peine un millier d'âmes, treize églises et quatre bars, le début de l’histoire. Là dans un bar, entourés de cow-boys s’abreuvant de bières, et de cow-girls trémoussant leurs culs sur de la country, je vois mes quatre héros, comme les quatre fantastiques – ou fanatiques. Quatre compagnons de routes dont nos chemins vont se croiser au milieu de bars et de poussière, et parfois même de bars poussiéreux. Un vétéran du Vietnam, parce qu’il en faut toujours un pour guider les actions contre le système et le gouvernement, un vieux chirurgien qui aime bien gratter de l’allumette, accompagné de sa nettement plus jeune maitresse, faut toujours une belle nana en santiags et short moulant pour retenir mon attention, et un drôle de mormon polygame qui a pour habitude de sillonner l’Etat de femmes en femmes.



Les présentations sont ainsi faites. Maintenant, le but de la mission, si toutefois vous l’acceptez : préserver la beauté de ce désert, l’Ouest sauvage dans toute sa splendeur. Les moyens : des clés à molette et quelques bâtons de dynamite. Le but : détruire tout ce qui défigure le paysage : panneaux publicitaires, antennes, ponts, routes, oléoducs, barrages… Rien ne leur fait peur à ces quatre-là, quatre écoterroristes bien avant l’heure. En gros : plus le chantier est imposant, plus faut charger en dynamite, l’équation est simplissime. Et c’est donc partie pour un road-trip où la distance ne se mesure plus en kilomètres ou en miles mais en pack de six…



Et comme la bière s’invite à chaque action, celles-ci se font de plus en plus délirantes. Je prends du plaisir à les suivre, souris avec eux de leur bêtise, de leur incompétence parfois, mais cet amateurisme fait du bien, un coup de baume au cœur, pour des gens qui en ont du cœur. Et des convictions, dont le mot d’ordre reste toujours : Sabotage ! Mon premier Edward Abbey, auteur dans le genre visionnaire écologiste - roman écrit au milieu des années soixante-dix, écrivain militant, nature-writer à l'humour débordant. Nul doute que certaines idées ont été reprises et mises en œuvre par quelques petites bandes locales qui s’émeuvent de voir leur paysage défiguré de la sorte par le pouvoir du pétrole et du dollar. Une sorte de désobéissance civile.
Commenter  J’apprécie          627
Le retour du gang

Suite du Gang de la clef à molette, écrit 14 ans plus tard et publié en 1989, année de sa mort. Il est ainsi le dernier roman écrit par Edward Abbey. On y retrouve la même bande de personnages déjantés qui luttent encore et toujours contre le développement effréné du capitalisme et de l’industrie au XXeme siècle aux Etats-Unis.



L’écriture est toujours aussi dense mais un peu moins fouillis que lors du premier opus. C’est par ailleurs drôle, même très drôle : il y a de l’humour partout dans chaque description ou situation. Il y a aussi pas mal de sexe par rapport au premier tome, ne dit on pas que les hommes deviennent lubriques avec le temps...



Au final le roman est plein de rythme et d’humour, il y a aussi énormément de poésie dans l’écriture d’Edward Abbey, qui est incontestablement un grand écrivain Américain du XXème siècle.



Mention spéciale pour la remarquable traduction de Jacques Mailhos.
Commenter  J’apprécie          628
Le Feu sur la montagne

De grands espaces indomptés, une belle histoire de famille et un enflé de première qui fera rien que les embêter, le Feu Sur La Montagne se veut aussi contemplatif qu'éprouvant pour les nerfs.

Véritable modèle de western homérique et révolté, ce récit s'inscrit dans la même veine que David contre Jonathan. Bon, Jonathan étant de corvée "chouchous, boissons fraîches" à holliday beach, c'est finalement Goliath qui s'y collera.



Cadre, le ranch de John Vogelin, Nouveau-Mexique.

Un espace épanouissant que Billy, son petit-fils, s'empresse d'apprivoiser depuis quelques étés maintenant.

La vie s'écoule, paisible, rythmée par un quotidien harassant et les visites de leur ami commun, Lee.

Si le ranch de John est un terreau fertile en nuisibles, il en est un nouveau particulièrement malfaisant qui allait supplanter coyotes, lion, et autres crotales en tout genre: l'US Air Force et son ambition tenace de le délester de ses terres au profit d'un champ de tir de missiles.

Et là je vous vois venir. John, gave-toi de pépettes et barre-toi, que vous vous disâtent.

Ben non. le bonhomme, en plus d'être obtus, est blindé de principes.

Cette terre, j'y suis né, j'y mourrai !

Au vu de la tournure des évènements, c'est un enterrement en première classe qui lui pendait au pif...



Tout comme l'ultime lion qui hante encore son territoire, John, malgré ses soixante-dix printemps, en a encore sous la griffe.

Le combat semble inégal, il n'en est que plus beau.

Épaulé par son meilleur ami qui tentera bien de lui faire entendre raison et le p'tit Billy qui lui voue un amour irraisonné, le vieil homme rugit encore, sûr de son fait, habité d'une volonté indéboulonnable.



Si les envolées lyriques d'un Edward Abbey, amoureux fou de la nature, ne laissent pas de séduire, les nombreuses joutes verbales opposant John aux adorateurs du droit d'expropriation légitimé par la sécurité d'état et incarné par une puissance à la force de persuasion peu commune, nous ramènent rapidement sur terre.



En révolté de la première heure, Abbey s'insurge ici formidablement contre un état de droit duquel il s'émancipera toute sa vie.

Tissant habilement un récit émouvant et particulièrement injuste, il rallie à son blanc panache les adorateurs de liberté, de celle qui ne s'achète pas fût-ce au prix le plus fort, celui de la vie.
Commenter  J’apprécie          622
Seuls sont les indomptés

Ce livre dont la première édition date de 1956 est le premier écrit par Edward Abbey qui le dédit « Aux hors-la-loi. A tous les hors-la-loi : les bons et les brutes, les truands et les laids, les beaux, les morts et les vivants. »



Il commence par une ballade, « La ballade du brave cow-boy » chantant la vie de celui dont on va deviner au fil des pages vers quel destin il se dirige, le destin d’un homme insoumis qui va résister pour rester fidèle à son idéal, préserver sa liberté.



Viens t’asseoir près de moi

je m’en vais te narrer

l’histoire d’un cow-boy

à l’affreuse destinée



Il se dénommait Burns

et il venait de l’Est ;

il n’en disait pas plus

ni en mots ni en gestes

(…)

Comme tous les braves Cow-boys d’aujourd’hui et d’hier,

il vivait de galops, de bourrasques et d’étoiles

et d’une chanson à lui pour garder son coeur fier

et d’une chanson à lui pour garder son coeur fier.



Jack Burns, il se nomme. On ne le sait pas immédiatement. L’homme nous est présenté progressivement au fur et à mesure de son avancée vers la ville de Duke City ( Albuquerque) , dans une belle lenteur.

Il contemple avant de se diriger vers elle, la ville qui l’attend de l’autre côté du fleuve

« Le jeune homme fumait dans un silence contemplatif, en regardant la ville. (…) De l’autre côté du fleuve, à des kilomètres de là, la ville attendait, s’ébrouait doucement et en silence….

Dans la lumière du petit matin, vue depuis l’ouest par l’homme adossé à son genévrier, la ville était une flaque d’ombre bleu-gris indistincte, aux marges floues, aux extrémités sud et est invisibles, toutes fondues sous les vastes ailes de l’ombre des Sangre Mountains.

(…) Le silence était intense, brûlant, infini. L’homme entendait ce silence, ou ce qui semblait être la musique de ce silence, le chant du sang dans ses oreilles. »



Ce calme est brusquement rompu par une intrusion brutale, le rugissement d’un avion à réaction appartenant à une base militaire : « Le bruit enfla, perça le ciel comme un coin métallique, stria l’air d’ondes transparentes. Puis se contracta, faiblit, mourut, et le vaste silence se ferma de nouveau, plaqua son dôme parfait sur le désert, sur le fleuve, sur la vallée. »

Et à l’approche de la ville ce sera deux routes qu’il devra traverser en contraignant Whisky sa belle jument indocile, terrorisée par le rugissement des voitures et des camions.

On perçoit très vite que cet homme est un anachronisme, l’un des derniers représentants d’un mode de vie éteint, tué par l’avènement de la technologie et la soumission par la contrainte imposée par une société devenue ennemie de la liberté.



Mais si Jack affronte la ville ses bruits et sa violence c’est avant tout pour aider son ami Paul Bondi à s’échapper de la prison où il est retenu. Pour cela il va se faire emprisonner afin de le convaincre de s’évader en sa compagnie… A la beauté de la nature et la liberté infinie du ciel et des grands espaces va succéder la brutalité de l’incarcération incarnée par le gardien Gutierrez « masse énorme de silence malveillant ».

Pour savoir la suite et faire connaissance avec Paul Bondi, Jerry sa femme douce et forte, le shérif Morey Johnson, le routier Hinton qui fait des apparitions au cours du récit sans que l’on puisse deviner son rôle jusqu’à la fin, je vous conseille vivement la lecture de ce livre qui, je le crois, ne peut décevoir.



Dans son avant-propos à la réédition de 1971, Edward Abbey nous dit que « Seuls les indomptés appartient au jeune gars passionné et assez imbécile qui l’a écrit, ainsi qu’à la petite bande de fans fidèles, dont l’acteur Kirk Douglas, qui ont contribué à la maintenir en vie au fil de toutes ces années de calamité et d’espoir renouvelé. »

En effet, un film en a été tiré que je ne connaissais pas et que j’ai pu visionner en intégralité sur You Tube après la lecture du livre. Je préfère le livre et on souhaiterait à beaucoup d’écrire comme le « jeune imbécile » avec une telle puissance d’évocation qu'il sait rendre aigüe la beauté comme la laideur et l’amitié autant que la haine et faire vibrer le silence. Un livre qui contient en germe tous les suivants de cet auteur que j’admire et qui est resté fidèle à ses idéaux, comme Jack Burns, tout au long de sa vie et jusque dans la mort puisqu’il a voulu être enterré dans le désert et que seuls ceux qui ont procédé à l’inhumation connaissent l’endroit.

Merci à Babelio et aux éditions Gallmeister qui m’ont permis de renouer avec l’univers de Edward Abbey



Commenter  J’apprécie          602
Désert solitaire

Il y a une cinquantaine d’années, Edward Abbey écrivait « Désert solitaire », récit de son passage dans le parc appelé Arches National Monument, près de la ville de Moab, dans le sud-est de l’Utah, en tant que ranger saisonnier. A l’époque nous étions deux milliards et demi d’individus foulant de nos pieds gauches cette merveilleuse planète qu’est la terre. Avant même de nous livrer toute la beauté de la nature qu’il a côtoyée pendant ces quelques mois, Edward nous délivre le message suivant : « L’été prochain, ne sautez pas dans votre voiture pour filer vers le pays des canyons dans l’espoir de voir par vous-même certaines choses que j’ai évoquées dans ces pages. Tout d’abord, vous ne verrez rien du tout en voiture ; vous devrez sortir de votre foutu engin et marcher ou, mieux encore, ramper à quatre pattes sur le grès, à travers les buissons épineux, entre les cactus. Lorsque vous commencerez à laisser des traces de sang derrière vous, vous verrez quelque chose. Peut-être. Ou peut-être pas. Ensuite, la plupart des choses dont je parle ici ont déjà disparu ou sont en train de disparaitre rapidement. Ce livre n’est pas un guide de voyage ; c’est une élégie.» le conseil pris et compris nous ramène à aujourd’hui, nous sommes sept milliards et demi d’individus potentiellement capables de nous répandre au cœur de ces natures et de les souiller avec ce que nous appelons la civilisation ou plus simplement avec notre ignorance, notre inconséquence, notre naïveté. Pratiquement trois fois plus de chance d’éradiquer la virginité de ces lieux sauvages, de souiller ces campagnes par notre bêtise crasse et notre égocentrisme. Le récit d’Edward Abbey est en lui-même ce voyage que nous ne devons pas faire mais que nous vivons à travers ses yeux à lui.

Alors oui, il faut lire « Désert solitaire » pour s’évader vers ces merveilleuses contrées sauvages et notre empreinte carbone n’en sera que plus discrète.

Commenter  J’apprécie          587
Le gang de la clef à molette (Ne meurs pas, ô mo..

Le terrorisme écologique avant l'heure et un livre d'aventure haletant et jubilatoire. Quatre anars réunis par les aléas de la vie partent en guerre contre les grandes sociétés de construction qui défigurent leur ouest américain. Sabotage de véhicules, démontage de grue et plastiquage de pont se succèdent dans la joie et la bonne humeur. L'ennemi ne se laissera pas faire et la chasse à l'homme (et à la femme) sera épique...Derrière la légèreté apparente Edward Abbey nous rappelle que la nature est notre héritage,

notre patrimoine et notre futur. Et que quand le dernier arbre sera abattu, l'homme n'aura plus que son fric à manger. Je m'emballe mais le gang m'a sans doute un peu excité...
Commenter  J’apprécie          5311




Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Edward Abbey Voir plus

Quiz Voir plus

Les écrivains et le suicide

En 1941, cette immense écrivaine, pensant devenir folle, va se jeter dans une rivière les poches pleine de pierres. Avant de mourir, elle écrit à son mari une lettre où elle dit prendre la meilleure décision qui soit.

Virginia Woolf
Marguerite Duras
Sylvia Plath
Victoria Ocampo

8 questions
1710 lecteurs ont répondu
Thèmes : suicide , biographie , littératureCréer un quiz sur cet auteur

{* *}