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Critiques de Edward Behr (12)
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Hiro Hito, l'empereur ambigu

Je suis très loin d’être spécialiste en histoire contemporaine mais je sais lire , et , je sais également dégager du sens ainsi que quelques formes constructives dans un texte .

Et , sur cette base , je recommande vivement la lecture de ce texte à ceux qui s’intéressent à la capitulation du japon dans le second conflit mondial , ainsi que évidement au personnage d’Hiro Hito , comme à ce qu’il représente au-delà de lui-même .



Sur le Japon de cette époque et même sur la société nipponne en général , je pense aussi au remarquable et totalement indispensable : Le sabre et la chrysanthème .

Car c’est un époustouflant texte à la fois de l’ordre du document ( de la source ) et qui fait dans le même temps pleinement partie de l’historiographie sur le sujet .



Sur cet ouvrage , je dirais qu’il a toutes les qualités d’un bon ouvrage d’histoire contemporaine sans en avoir les défauts fréquents .



Le texte est bien écrit sans que ce soit au détriment du fond et de la clarté des raisonnements .

Les mots sont pesés , les extrapolations sont identifiables et clairement argumentées .

Le texte est léger de par ses qualités rédactionnelles , mais il est méticuleux , dense et assez exhaustif .

Le plan est rigoureux et il est scrupuleusement logique et rigoureusement déployé .

Il a tout d’une synthèse même s’il est très opportunément et relativement romancé dans sa structure narrative .



D’abord , le texte cerne bien la personne même de l’empereur , la personnalité et la fonction impériale comme étant une fonction vécue . Il met aussi la fonction impériale comme ressentie par les japonais en évidence .



Les détails abondent et montrent à quel point l’empereur est sacré jusque dans son quotidien .

Il y a les rites , les symboles . Un ensemble de nécessités autour de la personne impériale qui en font un être divin plus encore qu’un symbole .



L’empereur apparaît par exemple comme désorienté ( presque inadapté ) dès lors qu’il est contraint de fonctionner dans un cadre plus conventionnel et notamment au moment de la capitulation lors d‘entretiens privés avec l’état-major américain par exemple .



Ce qui fait la qualité de l’approche de l’auteur , c’est qu’il sort de l’anecdotique tout en le mobilisant énormément , pour mettre le doigt sur des formes , qui transcendent la réalité et qui sont aussi réelles et agissantes que : immatérielles .



Une simple réalité qui se résume à , l’empereur n’est pas un monarque constitutionnel , il n’est pas un dictateur , il n’est pas simplement au sommet d’un système bipyramidal ( du type Shogunat ) .

Il est littéralement le Japon et il y a également du divin en lui . Il est effectivement un symbole , mais il est infiniment plus qu’un symbole , qu’un empereur ou même éventuellement un meuble décoratif , voir même qu’un simple outils dans une perspective opératoire ...



Cette approche rigoureuse permet transcender , d’enrichir l’anecdotique et d’atteindre le sens profond des institutions en abordant également d’ailleurs , le champs des mentalités et celui de leurs conséquences si on les analyse dans leurs capacités à façonner du réel .



La prise de contrôle du Japon et le maintien de la fonction impériale ont étés accompagnées de considérations qui relèvent du brouillage politique ambigu après la guerre .

Il fallait en effet maintenir l’empereur , pour restructurer le Japon et en faire une société à même de contribuer à endiguer l’expansion communiste en Asie . C’est pourquoi d’ailleurs bien des questions furent alors gelées , plus que réglées , certaines de ces questions ont manifestement clairement à voir avec cette notion « d’empereur outil « de la puissance occupante ...



L’historiographie aura beaucoup de mal à rétablir une approche analytique réaliste et en conformité avec les sources documentaires , sur le sujet impérial .

L’effacement de l’empereur après-guerre fut en fait proportionnellement contraire à son pouvoir politique réel et donc à ses responsabilités avant-guerre et pendant le second conflit mondial . Son occupation effective du trône avant-guerre , son pouvoir presque incontesté et sa volonté agissante ont marqués le déroulement du conflit dans le grand pacifique . Les termes et le moment de la capitulation du Japon furent possibles prématurément uniquement du fait de sa décision personnelle .



L’exercice de la fonction impériale sortira modifiée par la capitulation mais pas sa nature . l’empereur parait être véritablement affaibli et effacé , et si c’est bien le cas , il reste pourtant le socle absolu de toute légalité .



Il est le principal facteur qui permet d’expliquer l’acceptation par les japonais de la défaite , de l’imposition de nouvelles institutions , et également du renoncement à l’empire , au sens de domination politique de territoires à l’extérieur de l’archipel nippon ...



Cette étude s’attache aussi à élucider , de manière franche et synthétique les conséquences destructrices découlant des choix et des décisions du Téno et donc de poser et d’analyser une des questions de fond qui est celle de sa responsabilité personnelle dans les aspects souvent horribles et tragiques qui découlèrent des agissements des japonais et qui pourrissent encore allègrement les rapports du Japon avec certains de ces voisins , actuellement et quelquefois spectaculairement .



Ces questions de l’immédiat après-guerre sont donc encore un facteur géopolitique actif et majeur en mer de Chine aujourd’hui , et personnellement je les qualifierais sans l’ombre d’un doute de volcanisme géopolitique ...

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Pu Yi : Le dernier empereur

Puyi, régna de 1908 à 1912, c'est le dernier empereur de Chine. Il dut abdiquer et devint un jouet pour les militaires japonais. Ceux-ci qui convoitent les richesses de Mandchourie, le nomme empereur de Mandchoukouo, un état fantoche, pour un empereur sans pouvoir. Après avoir été fait prisonnier par les soviétiques, il est extradé en Chine à la demande de Mao. Il y sera rééduqué, ce qui le sauvera de l'exécution.

Une biographie complète qui se lit comme un roman. Un livre passionnant, tellement l'histoire de cet homme est riche en événements, péripéties, rebondissements et désenchantements.

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Pu Yi : Le dernier empereur

Pu Yi a eu une destinée absolument extraordinaire: choisi à l'âge de 2 ans pour devenir empereur de Chine, il fut renversé dès 1912, alors qu'il n'avait pas encore 6 ans. Pourtant la nouvelle République lui permit de rester dans la Cité Interdite et maintint son train de vie. Dans une cour parvenue au dernier état de décadence, il reçut par le truchement de son précepteur et mentor écossais une éducation occidentale. Expulsé de Pékin, Pu Yi se plaça sous la protection des Japonais à Tianjin. L'Empire du Soleil Levant était alors dans une phase d'expansion agressive et, après avoir envahi la Mandchourie, il en fit un Etat fantoche dont Pu Yi devint le souverain (sans réel pouvoir). Sans doute celui-ci a-t-il espéré redevenir un jour empereur de toute la Chine ? Mais les Nippons révélèrent leur nature d'impitoyables prédateurs, en envahissant toute l'Asie du Sud-Est. A la fin de la guerre, Pu Yi fut arrêté par les Soviétiques, qui le remirent aux Chinois dès la victoire de Mao Zedong. Logiquement, il aurait dû être exécuté comme criminel de guerre. Mais les communistes le préféraient vivant (et repentant !), plutôt que mort. Au terme d'une "rééducation" exemplaire, il devint un très modeste citoyen, entièrement soumis au nouveau pouvoir.



Cette page d'histoire est passionnante et très mal connue des Français. La personnalité de Pu Yi semble encore plus intéressante. Faible, presqu'isolé, politiquement impuissant, passant de la notoriété à l'anonymat, voyant souvent sa vie menacée, probablement de tendances homosexuelles, qui était-il vraiment derrière son apparence falote ? un roseau qui pliait mais ne rompait pas ? un homme prêt à tout pour sauver sa peau, faute d'avoir réalisé toutes ses secrètes ambitions ? On est en droit de douter de la sincérité de son repentir final. Pourtant, la description du processus de "lavage de cerveau" m'a semblé horrifique.



Edward Behr (1926-2007), journaliste et biographe, s'est documenté avec soin sur le sujet choisi. L'ouvrage se lit facilement. Bien entendu, pendant cette lecture on pense au film formidable de B. Bertolucci (1987).



P. S. La dernière partie - relativement paisible - de la vie de Pu Yi renvoie au destin d'autres personnes qui auraient pu/dû être pendus, notamment l'empereur Hiro-Hito, que les Américains ont "décidé" d'exonérer de ses responsabilités dans la seconde guerre mondiale - pour des raisons purement politiques.



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Une Amérique qui fait peur

Ce livre a 26 ans et, si vous le lisez maintenant il vous paraîtra édulcorer la réalité actuelle . Ce que décrit des Etats-unis Edward Behr ,grand reporter : la fracture sociale et raciale ,le culte des armes et de la violence,l'obsession sexuelle issue des racines puritaines ,les excés du féminisme et du machisme .... Rien là qui nous étonne , après Trump et la "cancel culture"! Et dire que ce bouquin fut taxé d'exagération réactionnaire en son temps !
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Y a-t-il ici quelqu'un qui a été violé et qui p..

Engagé volontaire durant la Seconde Guerre Mondiale, mais n'ayant jamais réellement participé à des combats avant que celle-ci ne fut terminée, Edward Behr devait pourtant voir sa vie marquée par les guerres coloniales ou plutôt celles qui ont résulté de la décolonisation : Algérie, guerres civiles en Afrique, et Vietnam.

L'ensemble est assez inégal bien que l'humour rageur en soit aussi un fil conducteur au point que l'on se prend un moment à douter du sérieux de l'auteur et même à regretter le défaut d 'analyse que l'on est en droit d'attendre d'un reporter jusqu'à ce que l'on arrive au chapitre Vietnam, sans doute le plus long, mais aussi le meilleur chapitre de ses mémoires. Rien que pour cela il faudrait lire Behr, du Good Morning Vietnam avant l'heure, en noir en blanc.
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Une Amérique qui fait peur

Paru deux ans avant les événements de septembre 2001, "Une Amérique Qui Fait Peur" dut affronter les railleries de nombre de critiques qui n'hésitèrent pas pour l'occasion à affubler son auteur de l'étiquette de "réactionnaire."


Fait amusant - et ô combien intéressant : l'essentiel de ces critiques pensaient "à gauche" (ou, à tout le moins, l'affirmaient). En foi de quoi, très souvent, ils étaient (et sont restés) les premiers à hurler au loup devant les excès consuméristes et capitalistes des Etats-Unis.


En revanche, pas question pour eux de s'indigner aux récits des exactions - il n'y a pas d'autre mot : lisez ce livre et vous m'en direz des nouvelles - commises aux USA au nom de la "liberté" et dont Philip Roth nous a donné un éblouissant témoignage dans "La Tache."


Non, sur ce plan-là, ces mêmes critiques, qui pensent "bien" et sont d'ailleurs les seuls à le faire, sont les premiers à s'incliner devant le Moloch américain ...


Oui, les féministes complètement allumées des USA ont raison de déposer plainte et de faire des procès à des universitaires ayant osé (ce n'est qu'un exemple) déclarer qu'ils se sentaient traités comme des coupables parce que le règlement de maints campus universitaires permet à toute étudiante demandant une réunion de travail avec l'un de ses professeurs mâles d'exiger que, "pour la protéger", y soit présente une enseignante.


Oui, certains psychiatres peu scrupuleux ont mille fois raison de faire pression sur des enfants de 4/5 ans pour les amener à accuser d'attouchements incestueux l'un ou l'autre de leurs parents.


Oui, les médias américains - les mêmes si décriés pour la façon dont ils ont traité la dernière guère américano-irakienne - ont dix mille fois raison de traquer sans répit ces universitaires et parents obsédés par le sexe et qui, sans foi ni loi, s'acharnent à salir la Vertu Triomphante qui est l'apanage des vrais citoyens made in USA.


Oui, les médias américains ont cent mille fois raison de pointer du doigt la police (fédérale ou locale) lorsque celle-ci s'attaque, de façon ignominieuse, à des assassins multirécid ... pardon ! à de pauvres victimes de la société qui dealent, violent et trucident non par méchanceté naturelle mais bel et bien, eh ! oui, parce que leur père buvait et les maltraitait.


Au cas où tout cela vous rappellerait quelque chose, n'hésitez pas à revenir aux sources du mal en vous plongeant dans ce petit livre brûlot qui en a mécontenté plus d'un mais qui dit tout haut ce que pense de plus en plus de monde, aux USA comme en France. ;o)
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Une Amérique qui fait peur

Livre très daté. Entre réalités et légendes urbaines, l'Amérique décrite finit en effet par faire peur... 20 ans plus tard, le pire nous est arrivé, sous la forme de Britney Spears tout autant que par ce politiquement correct hypocrite ou par la perte du sens des valeurs, bulles immobilières et informatique comprises.
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Hiro Hito, l'empereur ambigu

La biographie documentée, sérieuse et complète, d'un homme qui fut considéré comme un dieu. Un siècle d'histoire japonaise, de l'occidentalisation éclairée à l'apocalypse guerrière. Fascinant.

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Pu Yi : Le dernier empereur

Ce livre est avant tout une biographie précise et complète sur la vie et le destin de PuYi le dernier empereur de Chine.

Il ne s'agit pas de la vie romancée, contée dans le film portant le même titre. Il est tout à fait complémentaire à ce film d'ailleurs pour ceux qui veulent en savoir plus sur ce destin hors norme ...

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Pu Yi : Le dernier empereur

C’est lourd à lire. Toutes les dates, les personnages, les lieux et l’Histoire, j’ai vraiment eu du mal avec ce roman, au point de ne pas l’avoir fini. Je me suis arrêté vers la moitié faute d’intérêt pour celui-ci.

C’est biographique et romancé, on sent quand même le travail de l’auteur pour fournir des informations sur l’Histoire de la Chine. La manipulation que subit l’enfant par les conseillés est intéressantes, je suppose que cela arrive aussi avec des adultes. La période est mouvementée, le vingtième siècle a été lourd en guerres. Tout ça ne n’est pas mon intérêt, je préfère les uchronies pour l’historique.

Dommage aussi pour les photos, beaucoup sont issues des films sur cet Empereur au destin peut commun.
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L'Amérique hors la loi. La folle épopée de la Pro..

description rigoureuse de la période de la prohibition

américaine.
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Pu Yi : Le dernier empereur

Pu Yi regna de 1906 a 1912 en tant que dernier empereur de Chine et son destin reste encore aujourd'hui exceptionnel et son histoire poignante.Ce livre a ete adapté au conema par Bertolucci mais reste avant tout yn sublime roman qui est a la fois un témoignage historique et un roman policier tant les aventures s'enchainent les unes apres les autres.A ne pas manquer en tout cas.
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