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Nationalité : États-Unis
Biographie :

Edward Edinger était l'un des principaux analystes jungiens des Etats-Unis. Né dans l'Iowa en 1922, il mourut en juillet 1998, (...). Edinger étudia tout d'abord la physique, mais il quitta cette orientation, qu'il finit par trouver vide de sens. Elevé dans le milieu des Témoins de Jéhovah, il se détourna également de leur approche religieuse et philosophique, qui ne le satisfaisait pas. Il trouva sa voie grâce à une analyse personnelle entreprise avec Esther Harding, qui avait travaillé étroitement avec C.G. Jung, et ils devinrent ensemble deux des memebres fondateurs de la C.G. Jung Foundation for Analytical Psychology et de l'Institut C.G. Jung de New-York.

L'Archétype de l'Apocalypse
Introduction
Edward Edinger et l'Apocalypse



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Citations et extraits (20) Voir plus Ajouter une citation
Annexe I
Un exemple de possession par l'archétype de l'Apocalypse : David Koresh

Nous avons besoin, me semble-t-il, d'une nouvelle classification pour comprendre les gens qui sont possédés par l'archétype de l'Apocalypse. Bien sûr, ils prêchent souvent les caractéristiques de criminels ou de fous, mais en même temps ils sont possédés par une dynamique archétypique transpersonnelle de nature foncièrement religieuse. (...)
Pour expliquer clairement la signification d'une telle possession pour un un individu, je vais porter mon attention sur la vie de Vernon Howell, connu également sous le nom de David Koresh. Le lecteur se souvient peut-être qu'au printemps 1993, il était le personnage central d'évènements relayés par la presse nationale et internationale : dans une petite ville de Waco, au Texas, sa secte apocalyptique était en guerre contre les agents fédéraux. Il est toutefois difficile d'aborder cet individu comme un cas d'école, car il n'existe pas beaucoup d'informations cliniques à son sujet -journalistes et écrivains ont d'autres intérêts et il faut donc rassembler les différents éléments d'information le concernant.
Nous savons malgré tout que Vernon Howell eut une enfance troublée. Il naquit en 1959 d’une mère âgée de quatorze ans, qu’il n’a pas connue avant que lui-même eût cinq ans. Il fut élevé dans son plus jeune âge par une tante qu’il pensait être sa mère jusqu’au jour où il reçut un choc, le retour de sa mère biologique qui lui annonce : “Non, c’est moi ta mère.” Le père de Vernon était absent dès le début et ne réapparut jamais. Il faut se rappeler que, quand on ne fait pas l’expérience de relations vitales dans l’enfance, on est privé de la possibilité d’incarner ou de personnaliser les archétypes correspondants. Une figure parentale totalement absente laisse dans la psyché une sorte de “trou” à travers lequel peuvent s’écouler les énergies brutes, non transformées, de l’archétype original. Nous verrons d’ailleurs quel sera l’impact de ce flux d’énergie brute sur Vernon. Plus tard, un beau-père punitif entrera dans la scène familiale. A l’école, le garçon semble avoir eu des difficultés d’apprentissage, car les autres enfants le raillaient avec des “ idiot, idiot ! “. Les garçons plus âgés l’ont également sodomisé.
Mais il avait une grand-mère. Elle appartenait à l’église adventiste du septième jour, une secte qui met l’accent sur le retour imminent ou le “ venue “ du Christ à la fin des temps, comme l’indique sa dénomination fondamentaliste. Il s’agit d’un point de vue essentiellement apocalyptique. Cette grand-mère emmenait régulièrement Vernon à l’église dès l’âge de six ans. Ils s’entendaient bien et le garçon se mit à étudier la Bible avec assiduité.
Aux environs de sa vingtième année, Howell connut une période de troubles aigus. Il souffrait d’une obsession intense qui le poussait à se masturber, accompagnée d’un sens profond de la culpabilité - une indication que la dissociation propre au christianisme s’exprimait chez lui de manière particulièrement forte au niveau de la libido sexuelle. Il eut divers petits emplois, puis soudain se produisit un événement sur lequel nous n’avons aucune information : Vernon Howell passa assez subitement d’un état de dissociation des pulsions du pouvoir et du sexe à une identification à ces mêmes pulsions. Il entra en contact avec un groupe dissident des adventistes du septième jour nommé la Branche Davidienne ; il s’inséra parmi eux eux et prit graduellement le pouvoir, grâce à des épreuves de force intelligemment conduites, sachant exactement ce qu’il faisait. Au cours de son ascension pour devenir le chef charismatique incontesté de ce groupe, il satisfait non seulement ses besoins de pouvoirs, mais assouvit également ses désirs sexuels. Il considérait comme épouse - sur l’ordre de Dieu - n’importe quelle femme du groupe qui frappait son imagination, qu’elle fût très jeune, simplement seule, ou déjà mariée à l’un de ses fidèles compagnons. Comme nous pouvons le constater, nous sommes ici bien loin, sur le plan psychologique, de son état précédent de dissociation, qui était accompagné d’un syndrome de la victimisation et de masturbation coupable. Mais l’ “ intégration “ apparente de la libido du sexe et du pouvoir résultait en fait d’une identification quasi psychotique du moi avec le Soi.
Howell développa une possession complète par l’archétype de l’Apocalypse. Il était convaincu que Dieu lui avait révélé une compréhension totale du Livre de la Révélation. Il rédigeait en fait un commentaire sur les “ Sept Sceaux “ lorsque des agents armés du Bureau des Alcools, Tabacs et Armements pénétrèrent dans l’enceinte de sa résidence ; il était même d’accord de se rendre une fois ce travail terminé. Mais Vernon Howell s’était déjà identifié avec l’ “ Agneau “ de l’Apocalypse. En 1985, il eut une vision au cours d’un voyage en Israel : Dieu lui disait qu’il n’était personne d’autre que la réincarnation de Cyrus - le roi des Perses qui avait libéré les Israélites captifs à Babylone. Il changea alors de nom pour se faire appler “ David Koresh “, David comme le roi archétypique d’Israel et Koresh signifiant Cyrus en hébreu. Deux ans plus tard, il écrivit dans une invitation de mariage un texte que le lecteur peut reconnaître comme un écrit apocalyptique : “ J’ai sept yeux et sept cornes. Mon nom est la Parole de Dieu et je chevauche un cheval blanc. Je suis ici sur terre pour vous livrer le message du septième ange. Je suis monté depuis l’est avec le sceau du Dieu vivant. Mon nom est Cyrus et je suis ici pour détruire Babylone.”
A partir de ce moment là, si ce n’est déjà auparavant, David Koresh augmenta son emprise sur le groupe de ses disciples et exigea une obéissance absolue. Il administrait des punitions sévères pour des infractions mêmes mineures à ses règles et pouvait entrer dans des fureurs noires s’il était contrarié ; quand on le critiquait, il réagissait avec un mélange d’intimidation personnelle et de raisonnements théologiques. Cette étrange combinaison de personnel et de transpersonnel était toujours présente. Ses années d’apprentissage avec sa grand-mère lui avaient donné une telle maîtrise de la Bible (ce qui l’avait apparemment maintenu en vie ) qu’il était capable de faire des sermons bibliques innombrables, interminables et fous, mais brillants - ils pouvaient durer toute la nuit. Il prêchait toujours le même message : la “Fin du monde “ va bientôt arriver. Nous sommes ici en présence d’un exemple typique de possession par l’archétype de l’Apocalypse. Quand on est possédé par cet archétype, cela conduit inévitablement à la catastrophe, car la “ catastrophe “ fait partie du schéma de cet archétype. L’individu possédé à ce point doit provoquer cette catastrophe pour satisfaire la structure de l’archétype. Et c’est ainsi que Vernon Howell - alias David Koresh - avança tragiquement vers sa mort flamboyante à l’âge de trente-quatre ans
L’étude telles identifications avec un archétype est à mon avis précieuse pour comprendre la psyché, car elle nous révèle la nature du Soi non réalisé. Comme je l’ai écrit au début de cet ouvrage, l’archétype de l’Apocalypse signifie avant tout la “ venue du Soi “. Etre possédé par cet archétype signifie donc être possédé par un tel processus. Mais quand le Soi se manifeste sous une forme inconsciente ou primordiale, le processus prend la forme d’une combinaison paradoxale de contraires : il est à la fois sauveur et bête. David Koresh s’est en effet conduit de ces deux manières à la fois, sinon, nous ne pourrions pas expliquer la loyauté de ses disciples. (...) L’individu possédé agit par conséquent de manière “ inhumaine “, car son moi humain a été contourné. De ce fait même découle un état psychologique qui engendre un charisme doté d’une énergie immense ! (...)
Dans l’histoire récente, Hitler est un exemple frappant du même phénomène psychologique appliqué à très grande échelle. Il était à la fois “bête féroce et sauveur “, un sauveur pour ses amis et une bête féroce pour ses ennemis, et il se décrivait également en termes religieux.
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Nous en avons la preuve tout autour de nous, dans notre pratique de l'analyse et dans l'histoire du monde contemporain : cet événement archétypique majeur se produit bien ici et maintenant, sous une forme collective. Il est déjà actif. Il se manifeste dans les relations internationales, dans l'effondrement des structures sociales de la civilisation occidentale, dans les groupements politiques, ethniques et religieux, aussi bien que dans la psyché des individus. On peut reconnaître l'archétype de l'Apocalypse à l'oeuvre dans tous les domaines -quand on est familier avec ses contenus et qu'on dispose d'yeux pour le voir. D'autres manifestations sont visibles dans les livres, les films et les programmes de télévision. La rencontre éventuelle avec une intelligence extraterrestre est un thème qui captive de plus en plus l'esprit moderne ; et dans de nombreux scénarios de science-fiction, ces rencontres entraînent des conséquences apocalyptiques -c'est en effet l'un des aspects de l'archétype.

Chapitre I. La Grande Catastrophe Finale
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Or le mot "apocalypse" a pris maintenant une acceptation plus large que la "révélation de ce qui est caché". Il a pris le sens de catastrophe. (...)
Mais l'expérience de cet archétype, pour un individu, n'est pas toujours, loin de là, une expérience qui prend la forme d'une catastrophe. Il est vrai que la venue du Soi provoque toujours un boulversement; mais ce phénomène est souvent éclipsé par sa conséquence positive -l'arrivée d'un élargissement de la personnalité et l'émergence d'une relation avec le niveau transpersonnel de la psyché. Un examen de l'impact de cet archétype sur les individus nous montre que l' "Apocalypse" annonce une catastrophe seulement pour les rationalistes obtus, pour le moi séculier qui refuse d'admettre l'existence d'une autorité psychique qui lui soit supérieure. Comme il ne peut pas se plier, il doit rompre.
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L'archétype de l'Apocalypse se manifeste également à travers la prolifération des groupements ou des sectes apocalyptiques. Comme nous le montre l'étude de ces phénomènes, les groupes religieux qui s'identifient à cet archétype de manière tout à fait explicite, et pas seulement marginale, se répartissent (...) sur un large éventail. A l'une des extrémités se situent les groupements sectaires apocalyptiques de nature semi-suicidaire, qui ne sont le plus souvent que de grands regroupements familiaux autour d'un personnage charismatique plus ou moins criminel ou psychopathe (ou les deux à la fois) - comme par exemple Charles Manson, Jim Jones ou David Koresh. Ces groupements présentent des versions extrêmes de possession collective, de possession complète par l'archétype de l'Apocalypse. Nous trouvons ensuite les adeptes des sectes de survie, qui construisent des abris fortifiés, stockent des vivres et se terrent dans des régions isolées, fortement armés dans l'attente d'Armagéddon. Leur position est un peu moins extrême, mais tout de même assez proche des groupements précédents.
Le long de ce même éventail se trouvent ensuite les sectes apocalyptiques de plus grande ampleur. Dans notre vocabulaire, la différence entre un groupement sectaire, une secte et une religion est uniquement numérique. Un petit nombre d'individus est considéré comme un groupement sectaire ; un groupe religieux de cinq cent mille à un million de personnes est une secte, et quand on compte dix millions de membres, il s'agit alors d'une religion - mais, dans le fond, il n'y a pas d'autre différence. quand le groupe devient plus important, les problèmes religieux sont évidemment mieux traités ou, pourrait-on dire, l'aspect feu est mieux circonscrit. En fait, il existe plusieurs grandes sectes apocalyptiques, mais les plus connues sont probablement les Témoins de Jéhovah et les Adventistes du septième jour. Toutes deux ont entre sept cent cinquante mille et un million d'adeptes aux Etats-Unis, ainsi que des disciples dans le monde entier. Elles sont presque devenues des institutions du simple fait de leur taille.

Chapitre I. La Grande Catastrophe Finale
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Un archétype est tout d'abord un pattern : c'est, dans les images, un ordre primordial et psychique qui a une valeur collective ou générale ; on peut donc en déduire que l'archétype provient de la psyché personnelle. Cette caractéristique est l'un des aspects de l'archétype, mais il en existe un autre, auquel nous sommes moins attentifs, bien qu'il mérite d'être mis en évidence : l'archétype est aussi une entité agissante; il s'agit d'un organisme vivant , un organisme psychique qui réside dans la psyché collective. Le fait qu'un archétype soit à la fois un schéma et une entité agissante signifie que ces deux aspects interviennent lors de chaque rencontre avec un archétype.
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Cet ouvrage nous incite à entrer dans ce processus, il nous aide à le traverser. C'est une entreprise particulièrement utile car l'Apocalypse est très présente dans l'esprit de notre temps. Il est donc capital de prendre conscience de cet archétype pour mieux comprendre et intégrer ses aspects destructeurs, ainsi que les bouleversements qu'il engendre.
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Comprendre ce Livre (l'Apocalypse) en utilisant un langage moderne, l'assimiler comme un texte psychologique nous aidera à saisir les courants inconscients de notre monde actuel, à guider notre anticipation du futur et à fournir le sens dont nous avons besoin pour supporter la terreur du changement, au niveau personnel tout autant que collectif.
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Une lecture superficielle ne permet pas de saisir la signification de ce livre. A de nombreux égards, il frappe l'esprit moderne par son aspect bizarre et presque inintelligible. Mais, quand on se plonge avec attention dans ce texte -en approfondissant notamment les citations qu'il contient-, il commence alors à se dévoiler.
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Ce que nous allons approfondir, c'est un schéma psychique, primordial, de l'inconscient collectif, qui est, en même temps, une entité agissante dotée d'intentions. Quand il se constelle, l'archétype se génère lui-même et se manifeste dans la psyché individuelle aussi bien que dans la psyché collective du groupe qu'il touche à un moment donné. Exprimé différemment, les archétypes se propagent dans tout substrat psychique qu'ils peuvent s'approprier; ils ressemblent à des bouches dévorantes, ils trouvent des petits "moi" qu'ils peuvent avaler et dont ils vivent. L'archétype de l'Apocalypse s'est à coup sûr très fortement constellé au début de l'ère chrétienne, et c'est pourquoi autant de textes apocalyptiques ont été écrits à cette période. Actuellement -au seuil d'une ère nouvelle- ce même archétype se constelle à nouveau très fortement.
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4) Un niveau d'analyse encore différent serait celui que j'appellerais -pour utiliser un terme religieux- le niveau "eschatologique". Pour employer un vocabulaire un peu plus psychologique, nous pourrions aussi l'appeler le niveau "pléromatique". Je veux dire par là que le Livre de la Révélation se rapporte aussi à des événements qui sont complètements hors du temps et se reproduisent dans le royaume éternel ou pléromatique de la psyché. En d'autres termes, ils se produisent dans l'inconscient collectif et ne sont même pas nécessairement perçus par la conscience individuelle. En fait, dans la mesure où elle est un archétype à l'état pur, où elle ne descend ni ne monte en vue d'une incarnation, la réalité archétypique se comporte à la manière d'un drame éternel qui se reproduit sans cesse.
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