Keith Miles (aka Edward Marston) répond aux questions de Barbara Peters. 1/6
Non sous-titré.
Lorsqu'ils franchirent la frontière allemande, le lendemain, le discours de Firethorn résonnait encore à leurs oreilles. L'idée qu'ils venaient de pénétrer dans le Saint Empire romain germanique les exaltait. Pour la plupart, ils prenaient ce titre grandiose de manière littéraire et n'avaient aucune notion du chaos qu'il recouvrait. Il leur faudrait du temps pour apprendre que l'Allemagne était une masse déconcertante d'électorats, de principautés, de duchés et de sièges de princes-évêques, rendant l'allégeance moins à l'empereur qu'à divers factions religieuses et politiques. Les Hommes de Westfield étaient des enfants innocents dans une forêt enchantée où se cachaient des loups.
- La troupe part-elle toujours en tournée ? demanda Hoode.
- Oui, palsambleu ! Une tournée comme nous n'en avons jamais connu auparavant. Elle représente un défi, mais elle marque aussi la consécration des Hommes de Westfield.
-Traîner de ville en ville tels les mendiants ? railla Gill. Voilà ce que vous appelez une consécration ? C'est une insulte de demander à un comédien de mon talent de jouer devant les benêts de la campagne anglaise. Je ne renoncerai pas à mon souci de perfection.
- Il vous faudra encore l'accroître, l'avertit le chef de la troupe. Nous devrons paraître sous notre meilleur jour, Barnaby. Mais non au profit d'oreilles et d'yeux anglais. Nous franchirons la mer pour une glorieuse aventure.
- La mer ! s'inquiéta Margery, le souffle coupé, en s'accrochant à lui. Allez-vous partir si loin, Lawrence ? Pourquoi ? Quand ? Pour combien de temps ?
- Et où, que diable ? Renchérit Gill.
- En Hollande, en Allemagne, puis de là en Bohême.
-En Bohême ! Se récria sa femme, atterrée.
Puisqu’il n’avait rien à attendre de la loi, il lui faudrait trouver un moyen de faire justice lui-même. La jeune fille empoisonnée avait encore sur elle une petite somme d’argent, et l’on ne lui avait pas pris ses vêtements en dépit de leur valeur. Le vol n’était pas le mobile. Le meurtrier lui avait laissé sa monture, ce n’était donc pas un des rusés voleurs de chevaux qui sévissaient dans la capitale, saisissant la moindre occasion de s’approprier un animal fringant. Nicholas avait la conviction qu’on avait assassiné la jeune fille afin qu’elle ne pût lui transmettre une nouvelle d’une importance vitale pour lui. La simple idée d’un retour au bercail lui déplaisait. Cependant, le seul moyen de savoir qui était la jeune messagère et ce qu’elle comptait lui apprendre était de se rendre dans le Devon. Une fois ces questions élucidées, il discernerait plus clairement la cause du meurtre, et la main cruelle qui l’avait perpétré.
Sacrifice d’amour, la dernière en date, était une tragédie émouvante mêlant l’ironie et la passion. C’était l’histoire d’un roi puissant et valeureux, qui étendait son empire jusqu’à des territoires jusqu’alors insoumis. Bien qu’il remportât une bataille mémorable, son cœur était vaincu par la reine de la nation conquise et il devenait son esclave. La passion brûlante qui les poussait l’un vers l’autre consumait sans pitié tout ce que le roi avait de plus cher. Les flammes crépitantes dévoraient sa femme, ses enfants, son honneur, son renom, sa raison et jusqu’à sa couronne impériale. L’amour exigeait alors de lui le sacrifice suprême, celui de sa vie.
Frances n’était pas la fille dodue en taffetas rouge que convoitaient la plupart des hommes, mais une créature féline, fine et alerte, dotée d’un charme sensuel qui n’appartenait qu’à elle. Il voulait une rebelle et n’aurait pu trouver plus féroce que ce chat sauvage. Elle mordit et lutta tout le long de leurs ébats, laissant son empreinte sur son dos, qu’elle laboura de l’épaule jusqu’aux reins. La douleur et le plaisir se confondirent, et il connut l’extase.
Mariage et Discorde était une comédie animée fondée sur les quiproquos, dans un jardin où chacun surprenait des conversations qui ne lui étaient pas destinées.
Il lui tirait l’oreille en l’avertissant de s’acquitter correctement de ses devoirs, et l’attirait contre son vieux cœur, de crainte que ce ne fut la dernière fois qu’ils se voyaient. Cette scène émouvante paraissait le symbole du véritable esprit du théâtre. La tradition passait le flambeau à l’innovation.
Les femmes sont toutes des créatures du Diable... Elles se servent de leur beauté pour nous entraîner en enfer.
Les habitudes propres à chacun étaient tolérées dans cet ample giron. Le sang était plus épais que l’eau. Un acteur désœuvré était un vagabond sans ami, abandonné dans un désert hostile ; retrouvait-il un emploi, il obtenait l’accès instantané aux conforts d’un foyer.
L’amour bien souvent exige un trop grand prix,
Car il n’est de passion sans quelque sacrifice.
Et si Cupidon est l’allié de Vénus,
Il peut, mû par l’espièglerie,
Décocher des traits par trop acérés
Et, tâchant de blesser, finir par tuer.