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Critiques de Edward Prime-Stevenson (1)
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Imre : Pour mémoire

On sent à la lecture de ce livre qu’il a été écrit au début du siècle dernier. Le langage suranné, les tergiversations des deux protagonistes, les envolées mélodramatiques… Le style désuet de ce livre ne peut masquer les conditions de vie particulièrement difficiles des personnes gays (uraniennes) à cette époque où le moindre soupçon de ce qui était considéré comme une anormalité, un vice, une perversion provoquait irrémédiablement l’opprobre de la société bien-pensante, des tracasseries à n’en plus finir dans la vie professionnelle, mondaine et privée. Sans oublier les risque de chantage à vie pour ceux ou celles qui auraient eu la malencontreuse idée de se trouver dans des endroits « suspects » ou de marivauder avec quelque inconnu (nue).



A une époque où la médecine emploie des termes plus « barbares » les uns que les autres pour définir l’homosexualité, et s’interroge de savoir si elle est innée ou acquise, l’auteur nous raconte le récit de l’amitié qui devient amour et de l’amour amitié entre deux hommes virils, empreints d’idéalisme et de dignité morale. L’un, britannique disposant d’une fortune personnelle, voyage pour oublier sa condition d’uraniste et les contraintes qu’elle lui impose. L’autre, jeune officier hongrois, refusant l’évidence de sa nature et cherchant à s’en guérir, se mure dans des rapports amicaux distants et laissent courir des ragots quant à d’éventuelles relations féminines.



Si l’histoire de ces deux hommes peut engendrer l’empathie du lecteur, il ne faut pas faire abstraction de l’homophobie de ceux-ci, justifiée en grande partie par l’ostracisation d’une société moralisatrice, prompte à clouer au pilori tous ceux par qui le désordre arrive ; Car comment qualifier la violence insupportable, le mépris teinté de dégoût avec lequel sont évoqués ces invertis ne faisant pas preuve d’une masculinité requise, identifiable de visu, tant par l’esprit que les manières. : « …ces hommes qui aiment les hommes, qui par milliers mènent une vie incapable de noble idéal. Ah, ces êtres ouvertement dépravés, nocifs, sans vigueurs, grossiers, efféminés, pervers et déficients dans leur nature morale, jusque dans les tissus même de leur corps ! Ces légions homosexuelles qui sont comme débris, scories de la société ; bon à rien sinon pour le feu qui nettoie de monde de ses ordures et rebuts ! » et cela sur 2 pages…. Difficile avec tout cela de se sentir normal, de ne pas se haïr soi-même !



Imre est beau physiquement, « son visage exprime des expressions viriles. Des traits délicats, mais sans féminité aucune. Il a des yeux virils et limpides. Une voix lente et basse ». C’est un athlète accomplis en saut et en natation. Dans cette description on sent bien que ce qui attire Oswald c’est la virilité sans faille d’Imre, qu’il met à dessein, en comparaison avec les stéréotypes jusqu’alors prédominant de l’inverti efféminé.



Oswald s’est pris d’une amitié exaltée pour Imre et se décidera alors qu’il doit retourner en Angleterre pour affaires, à lui avouer sa nature profonde et ses sentiments. Quant à Imre après moult atermoiements, il choisira également de se dévoiler et de répondre à l’amitié-amour, l’amour-amitié d’Oswald. Leur rêve de trouver un être ayant les mêmes aspirations et valeurs morales étant devenu réalité.



Une chose appréciable dans ce livre, mais qui peut dérouter les lecteurs habitués aux livres lgbt, c’est le phrasé inusité de nos jours, la délicatesse dans les sentiments exprimés, le manque de scènes et/ou de descriptions de sexe. Tout est suggéré ou dit mais dans les limites de la bienséance.



J’aime que cette histoire se termine bien, à savoir la communion de deux êtres du même sexe qui s’aiment réellement. Car il est au combien pénible de lire des récits ou les gays se retrouvent seuls quand ce n’est pas dans des situations affligeantes. Et également que ces deux hommes ne soient pas des marginaux au sens où l’on l’entend aujourd’hui : voyous, sdf, piliers de bars, prostitués et j’en passe … !



Reste ce goût amer due à l’imagerie populaire qu’avait et ont encore beaucoup de personnes sur les homosexuels : borderline, efféminés, lâche, obsédés par leur cul et celui des autres, etc…! Ce qui n’a guère évolué de nos jours. Car c’est un fait, on parle souvent avec condescendance, moqueries et parfois agressivité des hommes-femmes (y compris dans le milieu lgbt), et la culture Queer, même si elle est reconnue, reste en marge de la « société traditionnelle » !
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