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Citations de Edwige Martin (27)


Tatiana gagne un salaire net mensuel de 1250 euros, ce qui est largement inférieur au prix d'une veste de tailleur chez Montezzo. Cela la rend malade ou la déprime selon ses humeurs. Je la retrouve certains jours à pleurer dans le bureau, comptant soigneusement ses tickets resto qu'elle met de côté pour faire ses courses au supermarché. Elle est à découvert très tôt en début de mois et a trouvé cette petite astuce pour remplir son frigo.

Mais c'est toujours le même scénario. Elle attend sa fiche de paye avec impatience et, une fois l'enveloppe ouverte, elle voit combien elle est sous-payée. C'est comme si elle s'attendait à une surprise ou à un miracle, mais rien n'y fait : Tatiana a beau être une virtuose de la vente, elle n'est jamais récompensée. (...)
elle s'est très vite rendu compte que, malgré ses performances hors norme, elle n'en récolterait jamais les fruits, ou si peu.
Elle travaille donc pour quelques "deniers" au regard du chiffre démesuré qu'elle génère à elle seule, grâce à un carnet d'adresses en or constitué des plus beaux portefeuilles de Moscou.

Son chiffre d'affaires se compte en centaines de milliers d'euros pour un magasin qui réalise un total de 21 millions d'euros à l'année.
On peut la compter comme l'un des piliers du Faubourg, la boutique numéro un à Paris et la troisième en Europe.
Outre son éducation et son niveau d'études, Tatiana est jolie.
Brune aux yeux saphir, sa peau est d'une pâleur nacrée et son visage juvénile, rond comme une perle de culture.
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Nous sommes face à un cas de "fièvre acheteuse" sans précédent à la boutique du Faubourg.
À la fin de la vente, la cliente a acheté pour 120 000 euros de vêtements.
Une date historique dans le calendrier de Montezzo.
C'est une victoire totale.

(...) Lorenzo nous a félicitées en nous offrant une bouteille de champagne.
Pour deux.
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- Bonjour, mademoiselle, je suis très pressée, je recherche une robe de cocktail pour un vernissage que j'organise ce soir, vous avez quelque chose à me proposer ?
- Oui, bien sûr, vous avez une couleur de préférence ?
- Heu, je ne sais pas vraiment ... Montrez-moi tout ce que vous avez, me répond la cliente d'un air excédé.
- Vous recherchez une robe plutôt longue ou à la hauteur du genou ?
- Ecoutez, je n'ai vraiment pas le temps, alors faites-moi une sélection. Préparez-moi un "vestiaire", j'attends vos propositions. Je pars déjeuner en face chez Ladurée et je reviens dans une heure, d'accord ? Je fais un 38-40 ..., dit-elle en s'éloignant.

La cliente a disparu et n'est jamais revenue.
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- Allô, Montezzo Faubourg, Florent. Bonjour, puis-je vous aider ?
- Oui, bonjour, monsieur, je voudrais savoir si vous avez reçu la robe qui est en couverture de Vogue ?
- Vous parlez du Vogue français ?
- Ben, oui, on est en France, non ?
- Oui, tout à fait, madame, mais Vogue est édité dans plusieurs pays et nous recevons des appels du monde entier ...
- Je vous parle du Vogue français, bien sûr.
- La robe dont vous parlez, madame, n'est pas encore en magasin, mais elle devrait arriver le mois prochain.
- Et quel est son prix ?
- Elle est aux alentours de 21 000 ...
- Francs ?
- Euros, madame. La France a changé de monnaie en janvier 2002.
- ...
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Les « rapaces », comme on les surnomme, ne sont pas les clientes habituelles. Ce sont celles qui ne peuvent pas acheter chez Montezzo le reste de l’année, mais qui économisent toute leur vie pour s’acheter à moitié prix un morceau de rêve ou un signe de reconnaissance. Le luxe est discriminatoire et ces femmes sont prêtes à tout pour faire partie de l’élite.
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Ici, réfléchir, c’est désobéir ! On ne se pose pas de questions, on exécute.
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Malgré son snobisme et sa langue de vipère, ses blagues à répétition me font toujours rire aux larmes. Il (note : Florent, le meilleur vendeur au prêt-à-porter femme) dévisage toute nouvelle cliente qui entre dans le département en inclinant la tête vers l'avant, l'observant par-dessus sa monture de lunettes avec un regard condescendant. Lui seul sélectionne sa clientèle de façon méticuleuse et ne sert que les femmes dont les mensurations parfaites honorent Montezzo. Le nec plus ultra.

- Oh, regardez, les filles, une boule à facettes ! lance-t-il.
Une femme habillée d'une robe jaune d'or vaporeuse, constellée d'imprimés microscopiques en lurex, se traîne vers Suzanne.
- Oh, merde ... encore une épave ... A tous les coups, celle-là, elle est pour moi ..., murmure-t-elle.
La cliente met le cap droit sur elle et lui demande si elle peut essayer un modèle exposé en vitrine. Coiffée d'une masse capillaire sculpturale en friche, elle marque un temps d'arrêt, essoufflée, puis rampe vers les cabines d'essayage.
- Pfff ... Nous n'avons pas sa taille en stock ! murmure Florent d'un air totalement désabusé.
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Dix heures. Mélany, la responsable du prêt-à-porter femme, m'accueille du haut de son mètre quatre-vingts. Elle a tout juste trente ans, mais en paraît quarante. Elle use du fond de teint et de l'anticernes comme de peintures de guerre. Grande, mince et brune aux yeux noisette, elle porte fièrement son uniforme de chef de département. Son charisme et sa taille lui donnent des airs d'officier - il ne lui manque que les décorations. Elle est arrivée fraîchement de Londres, d'où elle est originaire (...)

Mélany arrive souvent les yeux cernés le matin. Son visage est fatigué et elle semble rarement sereine. C'est une business woman qui veut réussir à tout prix. Elle aime l'argent et le proclame haut et fort. Consciencieuse et d'un tempérament de winner, elle déteste perdre. Aujourd'hui, elle nous réunit comme à son habitude pour une mini-réunion à onze heures précises. Migraine.
- Hi, everyone, nous avons bien travaillé hier avec une journée à 16 000 euros au prêt-à-porter femme et 90 000 euros sur l'ensemble du magasin. Nous avons pris un peu d'avance sur notre objectif du mois prochain, alors continuons. (...) Tatiana, vous vous occuperez du réassort. Il ne doit absolument rien manquer sur la surface de vente. Chaque article doit être systématiquement doublé en tailles 38 et 40.
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Directeur de la boutique, mais aussi "chauffeur de salle" à ses heures, Lorenzo aime se promener dans les étages pour y mettre un peu d'ambiance. Il fait parfois quelques apparitions furtives au prêt-à-porter femme pour nous surprendre.
Il pointe son nez un après-midi et nous lance :
- Vaporisez du parfum dans l'air, les filles ! Il faut que ça sente un peu la pute, ici ...
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Il y a des jours où l’on ferait mieux de rester chez soi. Des jours où l’on démarre la machine à café en oubliant sa tasse. Des jours où l’on confond son spray pour les cheveux avec son déodorant. Des jours où l’on se retrouve à attendre le bus avec son sac-poubelle à la main.
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La relation que j’ai avec les clientes est étroite, parfois gênante. Je connais les défauts de leur anatomie, les complexes qui les hantent et les pathologies dont elles souffrent. Elles sont devenues « mes patientes ». Certaines ne peuvent parfois rien faire sans mon approbation, je leur suis devenue indispensable.
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Les yeux de Lorenzo affichent des euros comme les écrans des machines à sous. Il sait qu’avec elle c’est le jackpot à coup sûr.
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Lorsqu’on travaille dans le luxe, la cliente ne se sert pas elle-même, mais vous montre du bout de sa manucure ce qui lui plaît. Service prestige, bien sûr. Elle utilise en général assez peu de vocabulaire pour vous expliquer ce qu’elle souhaite, mais ses désirs sont des ordres et vous n’avez plus qu’à les exécuter.
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Le client mystère est donc une sorte de Panthère rose. Un détective privé qui travaille pour le compte de Montezzo à la recherche de la moindre faille qui fera tomber le vendeur. Il n’a l’air de rien et entre dans le magasin incognito. Homme ou femme, sa mission est de piéger l’un de nous.
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Pensez bien à faire le réassort sur le display afin qu’il ne manque rien et ne perdez pas votre temps à bavarder : Money talks.
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Il n’y a que le provisoire qui dure !
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L'évaluation individualisé des performances pèse sur les épaules des vendeurs. Leurs résultats, constamment évalués et classés selon une grille allant du meilleur au plus mauvais, les maintiennent dans une inquiétude permanente et une angoisse latente.
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Certains modèles ne sont parfois disponibles que dans une seule taille et mis en vente dans une unique boutique sur toute l'Europe. De quoi déclencher une émeute.
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Elle s'assied sur le divan, il flatte sa vanité et ausculte ses maux. L'art du vendeur est de les décrypter, de les comprendre. Puis, tranquillement et en toute confiance, au moment même où la cliente sera dans le doute, le vendeur va l'orienter en lui conseillant d'acheter sans compter. Là est le pouvoir sous-estimé du vendeur.
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- Tatiana, retirez vos boucles d'oreilles. Vous savez bien que vous n'avez pas le droit de porter des bijoux de la concurrence ! dit Antonia d'un air exaspéré.
- Mais ... je les ai achetés chez Tati.
- ... Vous vous croyez à Barbès ?
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