AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de Eiríkur Örn Norddahl (72)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées


Illska

C'est son histoire familiale mouvementée qui a conduit Agnes Lukauskaite à s'intéresser à la deuxième guerre mondiale, au nazisme, aux sort des juifs, au racisme et, par extension, à l'extrême droite en Europe de nos jours. Des sujets qu'elle aborde dans son mémoire de licence pour lequel elle interviewe Arnor, un néo-nazi islandais avec qui elle entame une relation. Mais Agnes vit déjà en couple avec Omar et quand elle se retrouve enceinte, elle est dans l'impossibilité de déterminer qui est le père. Pourtant rien ne prédisposait la jeune fille à tomber amoureuse d'un néo-nazi, ni ses principes, ni ses convictions, et surtout pas ses origines. Agnes, en effet, est d'origine juive lituanienne. Fuyant le communisme ses parents ont quitté Jubarkas. Jubarkas où, durant la seconde guerre mondiale, les habitants ont aidé les Einsatzgruppen d'Hitler à exterminer tous les juifs de la ville et où Vilhelmas Lukauskas, l'arrière-grand-père d'Agnes a tué Izak Banai, son autre arrière-grand-père.



Un roman difficile d'accès a priori que cet Illska, sous-titré Le mal. Car c'est bien du mal qu'il s'agit, incarné par Hitler et ses sbires, dissimulé derrière la façade de respectabilité des partis populistes européens. S'il raconte la rencontre d'Agnes et Omar et leur vie de couple tourmentée par l'apparition d'un troisième protagoniste, Eiríkur Örn NORDDAHL entrecoupe son récit de considérations et de faits concernant la deuxième guerre mondiale, l'holocauste, le point Godwin, l'extrême droite en Islande, Suède, Danemark et même en France. C'est assez déstabilisant, d'autant qu'il fait fi de toute chronologie. Mais une fois l'habitude prise, on se passionne à la fois pour les histoires passées et présentes de d'Arnor, Agnes et Omar, et pour les interventions de l'auteur qui dénoncent certains partis populistes décomplexés qui sous des dehors respectables cachent un bon vieux fond de racisme. (Un chouette type ce Eiríkur). Puis dans une deuxième partie, on découvre les événements qui se sont déroulés dans la ville lituanienne de Jurbarkas durant la deuxième guerre mondiale. Comment la population est passé de l'occupation soviétique à l'occupation allemande. Comment les nationalistes ont vu là une occasion de chasser les juifs installés depuis des siècles dans la ville. Comment la ville est devenue ''judenfrei''. Et comment Vilhelmas Lukauskas en est venu à tuer son associé et ami Izak. Dans la dernière partie, peut-être la moins intéressante, on retrouve le triangle amoureux, réuni après moultes tribulations. La conclusion de cette somme de travail laisse un peu à désirer. Les interventions du bébé d'Agnes sont un brin longuettes et l'auteur n'a pas su choisir une fin. Il se perd et nous perd... Pourtant, on ne peut lui en vouloir tant le reste est d'une incroyable intensité.

Un livre qui bouscule les codes, qui interpelle, qui passionne, qui rappelle quelques vérités trop vite oubliées ces derniers temps où le FN croit se racheter une conduite en se colorant de bleu marine. A LIRE !
Commenter  J’apprécie          640
Illska

Illska est un roman étrange. Un roman qu'on n'abandonne pas même si on s'égare parfois dans cette fiction à la narration dense, ses récits qui se superposent mais qui le plus souvent s'entrechoquent, son présent englué dans les pesanteurs du passé... très vite se pose la question de savoir où Eiríkur Örn Norddahl nous emmène avec cette histoire ayant pour centre de gravité une histoire d'amour contemporaine ravagée par les flammes de l'Holocauste.

Puis la perplexité s'évanouit au fur et à mesure que la lecture progresse, si l'auteur défie les lois de la narration c'est pour mieux diffuser dans les soubassements du texte l'idée que nous avons une conception naphtalinée de l'Histoire et une vision trop dogmatique du mal (sens du mot Illska) et du fascisme. Celui-ci a su muer, s'adapter, prendre des formes pour s'immiscer dans la vie intime, investir un pays comme l'Islande préservé des horreurs et de cette mémoire européenne saturée d'images funestes. L'auteur n'hésite pas à interpeller le lecteur mais l'essentiel de sa démonstration passe par un triangle amoureux entremêlé aux réminiscences du passé, montrant une génération désorientée pour laquelle la guerre et la Shoah sont devenues une matière abstraite, un discours politique susceptible d'être piégé par des représentations idéologiques. le livre parle finalement du chaos contemporain, de ce réel qui nous échappe, de l'héritage de l'Histoire...



La forme enchevêtrée et les ruptures de ton pourraient lasser mais Eiríkur Örn Norddahl combine habilement la vie des personnages et le va-et-vient entre les époques. Il a su construire des ponts pour mêler l'Islande à l'histoire européenne, et le style énergique, les sarcasmes tout comme les réflexions politiques pertinentes parviennent à céder la place à une plume plus douce lorsque la dimension romanesque l'exige.

Seulement je dois dire qu'un certain flottement persiste : les ressorts psychologiques des personnages me sont parfois apparus obscurs, l'auteur islandais n'établit pas de correspondance entre les comportements et leur cause. La plume demeure à l'écart de ce qui est enfoui, de ce qui est muet si bien que les liens obsessionnels annoncés sont peu visibles...au lecteur d'établir les connecteurs logiques, de fournir un effort pour comprendre ces personnages un peu égarés sur le chemin des émotions. Surprenant pour un livre qui s'inscrit dans la sphère intime pour égratigner les déviances politiques.

Il reste que ce livre plein de paradoxes se lit pour le plaisir procuré par la liberté de ton pour un sujet un peu usé en littérature. L'auteur parvient à lui donner une perspective originale.

Commenter  J’apprécie          596
Illska

illska,"Le Mal", en Islandais est un roman du poéte et traducteur Eiríkur Örn Norddahl qui résonne en nous dés les premières lignes qui nous happe et nous frappe en pleine face comme une lame de fond.....: "Environ deux mille personnes ont trouvé la mort pendant l'écriture de ce livre. Ou plutôt deux cent mille. six millions de juifs.Dix - sept millions d'hommes, de femmes et d'enfants. Presque quatre- vingts millions d'êtres humains. Le monde ne sera plus jamais le même."

"Mais non, je rigole!

En fait, le récit d'Illska est d'abord celui d'Agnes et Omar, un amour qui commence lorsqu'ils attendent un taxi lors d'une nuit glaciale en 2009, à Reykjavik. L'héroïne est sans doute Agnès qui rédige une thèse sur le populisme et les extrêmes droites contemporaines, elle, dont l'appartement prend feu, elle qui couche avec Omar et le trompe un jour avec Arnor, un néonazi cultivé, fils de Sigga Dos, bibliothècaire, Arnor, le troisième pivot du roman....

Agnès, dont les - arriere- grands- parents ont traversé le massacre des juifs en 1941- victimes de l'occupation dans leur pays, les tortures et les massacres perpétrés par leurs propres amis.....témoignage trés émouvant.....

Omar qui met le feu à la maison et s'enfuit à travers l'Europe, jusqu'à Oradour sur Glane où son destin rejoint les préoccupations de son aimée .

Le premier tiers du roman est un tour de force s'appuyant sur diverses " mises en perspectives " de la Shoah et "des années 39- 45".

Il dévoile progressivement le passé des personnages et raconte ce ménage à trois.L'auteur conte les faits en changeant sans cesse le point de vue narratif, tantôt du point de vue du jeune homme , tantôt celui d'Agnes " obsédée " par " la seconde guerre mondiale ", en raison de sa propre histoire,

surtout par ce qui se passait à Jubarkas ( Lituanie) , ville dont sa famille est originaire et dont toute la population a été massacrée.

Illska est un ouvrage inhabituel , ouvert à toutes les démesures, à tous les thèmes, l'Holocauste, la trahison, la mémoire historique, d'Islande, de Lituanie, d'Europe, des résurgences fascistes d'aujourd'hui, de notre fascination pour le Mal. Il explore tous les lieux de pensée oú cette guerre a le mauvais goût de se nicher.

Agnès la thésarde," avait la guerre non seulement sur les bras mais également dans la tête et dans le cœur ."

Le grand sujet d'Illska, roman si inventif, c'est le réel, le narrateur joueur, cynique, ironique, pédagogue ,nous prend à témoin. Il brasse le mal et interroge le fascisme et ses avatars contemporains avec brio, donne chair et sens à tout ce qu'il écrit ....

A part la dernière partie, un peu confuse, bien moins réussie, ce livre intense nous bouscule, nous passionne, nous interpelle, nous interroge inlassablement....

Il nous montre avec fougue, pédagogie, intelligence, cruauté et drôlerie la façon dont l'histoire et l'idéologie imprègnent nos sphères les plus intimes.

Un roman impressionnant , immense. Riche et Surprenant !

Une découverte que je ne regrette pas !



Commenter  J’apprécie          492
Troll

Ce que j’ai ressenti:



« Selon le folklore, les trolls sont des créatures géantes qui vivent dans des grottes perchées dans les montagnes. »



C’est donc la fin de l’été. Et ça ne promet rien de mieux, sauf cette sortie littéraire qui devrait bousculer les intimes. Alors, je prends la plume pour ne pas laisser aux oubliettes, cet impossible qui décide d’exister. Parce que iel est peut-être déjà mort.e, mais peut-être pas, il semblerait que ce personnage a les attributs adéquats, pour hanter et déstabiliser, durablement. Parce qu’iel vit sur le spectre, libre, ni homme ni femme, partout et nulle part, créature insoumise, un Troll charismatique…De toute évidence, le monde a du mal à accepter une telle anomalie, parce que le monde aime les cases, les genres bien définis. Alors ce Troll, va être obligé de tirer des coups de pieds dans le monde, pour qu’enfin la différence soit reconnue et surtout, admise en ce bas-monde…Il faut une dose considérable de tolérance et d’ouverture d’esprit pour aimer ce Troll, pétri de contradictions, de revendications, d’énergies indociles. Il faut aussi avoir l’intelligence bienveillante de s’y confronter, tout comme l’envie de déconstruire les idées préconçues et les clichés discriminants. Rien d’insurmontable, à priori, à moins que…



« On les considère comme inhumaines, mais elles sont à l’image de l’Homme. »



Ce livre, c’est une vibration. Magnitude maximale. C’est l’idée d’une liberté poussée jusqu’à son extrême et, au-delà…Elle balaie tout, puisque on ne lui a pas laissé de place, quitte à faire des dégâts incommensurables… Et puisque la foule est hostile, le Troll prend son rôle avec une ferveur foudroyante, et qu’importe les conséquences, il fera bouger les lignes…Vous vous doutez bien, que c’est exactement le genre de livre qui exalte ma passion de lectrice, parce que c’est penser, re-penser le monde, les codes, les déterminants, les sujets, les légendes, les états, l’écriture, les modes de vies et les manières d’être, que je vous conseille vivement cette lecture!



« Elles vivent dans la pénombre, car la lumière du jour les change en pierre. La tradition veut qu’on les accuse de tous les maux de la terre. »



C’est la fin de l’été. Il ne reste peut-être rien à dire, quand on a lu autant de souffrances criées, de douleurs tues, et tant de tempêtes à contre-courants… Peut-être qu’il ne me reste plus qu’à mettre des mots simples sur cette impression de lecture: c’est une avant-garde littéraire. Et ce n’est pas seulement un coup de cœur, mais plus probablement un tremblement de cœur, un séisme que je ne suis pas prête d’oublier…C’est la fin de l’été, l’automne s’emmène, on dirait que le spectre de Troll se révèle sur la mer…



« Pour les réveiller il fallait étendre le champ de sa conscience, mobiliser le pouvoir occulte de l’âme et l’unir aux puissances de l’autre monde. »
Lien : https://fairystelphique.word..
Commenter  J’apprécie          412
Heimska : La stupidité

Aie, aie, aie, je n'ai pas été réceptive pour un sou à cette histoire. Les deux personnages principaux m'ont agacée de plus en plus aux fils des pages. A tel point que je n'ai pas fini le roman.



Je mets ça sur le compte d'une mauvaise lecture au mauvais moment et comme je n'aime pas rester sur une défaite je reprendraispeut être ce roman plus tard ou je serais sans doute plus réceptive.
Commenter  J’apprécie          400
Illska

Illska, c’est l’histoire d’Agnès qui, pour rédiger un mémoire pour son mastère, décide de s’intéresser au nazisme et au néonazisme. Elle rencontre un jeune néonazi, Arnor, avec qui elle trompe Omar.

Illska est donc l’histoire de ce trio, mais c’est aussi l’histoire de l’Islande et de la Lituanie.

Une histoire d’hier et d’aujourd’hui.

Une histoire du monde.

Décliné en quatre parties de valeurs inégales.

J’ai détesté la première partie. Celle où l’on découvre les personnages, certes, mais je n’ai pas aimé la vulgarité employée en particulier pour parler de sexe. Sexualité omniprésente tout au long de cette partie du livre. Je n’ai pas aimé non plus, ces quelques phrases qui parlent d’Hitler, ses sbires, de l’holocauste, du nazisme distillées entre chaque paragraphe.

J’ai par contre aimé la seconde partie, celle où l’on découvre les origines Lituaniennes d’Agnès. Ce qu’ont vécu ses grands parents. Victimes de l’occupation dans leur village, les tortures, les massacres, parfois perpétrés per leur propres amis. Un témoignage émouvant.

Tout comme les origines d’Arnor, de sa naissance aux drames qui ont jalonnés sont enfance.

La troisième partie m’a laissé perplexe. C’est Omar que l’on découvre, en même temps que l’on suit l’arrivée du bébé d’agnès, dont elle ignore qui d’Omar ou d’Arnor est le père. Un récit haché par les interventions des pensées de l’enfant qui perturbent la narration.

Dans la dernière partie, le passé et le présent se télescopent. On revient sur le passé dramatique de la famille d’Agnès et on vit l’épilogue de l’histoire présente. Une fin trop confuse à mon goût, où se mélange réalité et fiction, faits et possibilités.

Sans y avoir pris un immense plaisir, je ne rejette pas cette lecture. Certains effets de style et certaines grossièretés inappropriées m’ont agacé, mais l’ensemble se laisse lire.

Je dirais, pour conclure, que je pensais en apprendre plus sur l’idéologie et les motivations des néonazis.

J’ajouterai, avec un clin d’œil, et l’auteur n’y est pour rien, que l’Islande est certainement un beau pays, mais… que de noms imprononçables.

Commenter  J’apprécie          390
Troll

Rarement lecture ne me fut plus ardue que celle-ci ! Roman que je me suis forcée à lire jusqu’au bout pour cause d’un choix commun de mon club lecture. Battu mon record : 9 jours pour lire à peine 400 pages !

Un bébé naît hermaphrodite. Elle commence sa vie comme fillette, puis va alterner selon ses envies sexuelles. Il va devenir provocateur sur les réseaux sociaux et à la radio et ouvrir un centre d’accueil pour personnes victimes de violences sexuelles pour que lui-même et ses collègues puissent les violer eux-aussi en les droguant. On suit aussi le cheminement de sa mère et ses réactions quand elle apprend aux informations que son fils est recherché pour multiples viols. Une liberté d’écriture parfois amusante chez cet auteur islandais comme, je cite : « iel rentra chez ellui. » Confirmation de ce que peut engendrer internet : haine, insultes et pires. J’ai vite été à saturation des scènes de sexe qui banalisent la violence, du langage grossier et du mot « viol » écrit un nombre incalculable de fois. Et la tendresse ? Bordel !
Commenter  J’apprécie          367
Illska

Un roman islandais, plein de réflexions sur le populisme et le nazisme.



Un peu rébarbatif au départ, car l’histoire est entrecoupée d’extraits qui tiennent davantage de l’essai. C’est intéressant, mais on se demande si on ne s’est pas trompé de genre. C’est un peu comme si on nous présentait les théories avant la pratique…

Mais ces théories font partie de l’histoire, car l’héroïne est une universitaire en train d’écrire sa thèse portant sur les groupes néonazis d’Islande. Elle se sent d’autant plus concernée par le sujet que ses parents sont d’origine lituanienne, ils viennent d’un village où ses ancêtres juifs ont été massacrés par les Allemands, mais aussi par ses ancêtres Lituaniens. Des chapitres retourneront à l’époque de la Seconde Guerre mondiale pour raconter ce qui s’est passé, les horreurs de gens ordinaires qui deviennent des tortionnaires.



En parallèle, des histoires d’amours et de sexe, avec le conjoint de cette femme qui est anéanti lorsqu’il découvre qu’elle le trompe avec un extrémiste qu’elle a interviewé pour ses recherches.



Un roman bien touffu donc, qui traite aussi bien de l’Histoire et de réflexions politiques que de détails de la vie quotidienne. À côté des cauchemars de la guerre, on aura même des paragraphes du point de vue du bébé du couple!



Un roman intéressant, mais une lecture qui dérange plus qu’elle ne divertit…

Commenter  J’apprécie          310
Gaeska

Je viens de réaliser que j’avais déjà lu « Illska », du même auteur. Un livre que j’avais beaucoup aimé.

Mais alors, pour celui-ci, j’avoue mon impuissance. C’est bien simple, pendant les cinquante premières pages, je n’ai rien compris, et pour le reste, beaucoup de choses m’ont échappé.

C’est une satire de la société politique, de la société islandaise, du système….

C’est loufoque, étrange, imaginatif.

Dommage pour moi, je n’ai pas été très réceptive.

Commenter  J’apprécie          305
Illska

La création littéraire est toujours un mystère. Si Illska est un livre du XXIe siècle, il est d'abord par sa forme avant de l'être sur le fond, même si la première se nourrit forcément du deuxième. Si le roman d'Eirikur Örn Norddahl avait été écrit dans un respect total de la chronologie, quel aurait été le résultat ? Alors que là, déconstruit, haché menu entre 1) ses personnages actuels à différents moments de leur vie, 2) les protagonistes juifs d'un petit village lituanien sous la botte allemande, 3) les pensées d'un bébé, 4) les considérations de l'auteur lui-même tour à tour ironiques, cyniques, historiques, graves ou saupoudrées d'humour très noir, avouons qu'il y a de quoi y perdre son islandais. Au milieu coule pourtant une histoire d'amour mais le côté romanesque du livre est emporté comme un fétu de paille par les réminiscences du passé et par la barbarie de l'homme puisque le thème principal en est le Mal avec un M majuscule. Le livre est éreintant, déconcertant, agaçant par sa structure on ne peut plus décomposée. Il y a moyen de ne pas s'y perdre mais cela demande de très gros efforts. La partie la plus intéressante concerne la Lituanie qui, à l'instar d'un autre pays balte, l'Estonie, a traversé de longues années noires du nazisme au communisme. On peut penser à Purge, de Sofi Oksanen, déjà bien complexe, mais Norddahl pousse la réflexion encore plus loin avec le recul d'un écrivain islandais, profondément ancré dans l'histoire européenne. Maelström n'est pas un mot d'origine islandaise mais il convient bien à Illska, roman tentaculaire et puissant qui repousse toutes les limites. Y compris celles de la patience du lecteur ? Cela, c'est un sentiment qui différera singulièrement selon la personnalité et la sensibilité de chacun.
Lien : http://cin-phile-m-----tait-..
Commenter  J’apprécie          280
Illska

Il est toujours hasardeux de porter un regard critique sur un livre qui vous a été aimablement offert surtout si votre ressenti n'est pas à la hauteur de vos attentes initiales.

Et pourtant, une quatrième de couverture particulièrement alléchante me laissait augurer une lecture aussi agréable qu'enrichissante d'un auteur islandais apparemment prometteur.

Malheureusement, n'en déplaise à certain(e)s (les recensions postées sur ce site sont majoritairement très élogieuses), mon plaisir fut de courte durée.

Dès l'entame, les incessants chassés-croisés, dont je n'ai manifestement pas saisi la subliminale cohérence, entre le passé (montée en puissance des totalitarismes dans les années trente, la seconde guerre mondiale et plus spécifiquement les massacres perpétrés à l'encontre de la communauté juive par les Einsatzgruppen aidés en cela par une partie de la population locale lituanienne) et le présent affectivement plus que perturbé d'un trio islandais bien improbable ainsi que la résurgence des populismes identitaires en Europe m'ont progressivement et profondément agacé.

Le tout nous est servi en un style pour le moins décousu, par une écriture quelquefois insipide, stérilement vulgaire voire gratuitement provocatrice.

Cet indigeste pavé de 600 pages est également abondamment saupoudré de considérations historiques, philosophiques, sociologiques ou politiques certes non dénuées d'à-propos mais brassant nombre de lieux communs et ne brillant donc pas spécialement par leur originalité.

Bref, s'il n'avait tenu qu'à moi, j'en aurais sans doute assez rapidement abandonné la lecture mais, par respect pour mon généreux donateur, je me suis forcé à boire le calice jusqu'à la lie.

J'assume volontiers la virulence de mes propos mais elle est à l'aune de mon ressentiment, de ma profonde déception et ce ... en toute subjectivité.



Commenter  J’apprécie          252
Illska

La première partie du livre, je l'ai trouvée édifiante. Bousculante. L'auteur secouait le cocotier. Une jeune femme islandaise, qui termine un travail de fin d'étude sur le nazisme s'éprend d'un néonazi et va tromper son compagnon, et ne sait déterminer qui est le père de son enfant. Cette jeune femme, Agnès, s'intéresse au nazisme car ses parents sont originaires de Jurbakas en Lituanie où un grand-père paternel était nazi mais ses autres grands-parents paternels juifs, le premier tuant le second grand-père, alors qu'ils étaient amis.



J'ai bien aimé les mises en perspective de l'auteur, pourquoi assimilons-nous l'Holocauste aux Juifs massacrés, sans ou rarement parler des deux autres tiers de victimes d'Hitler. Pourquoi parlons-nous sans arrêt du nazisme et non de Staline (voire de Mao) dont le nombre de victimes sont de très loin supérieurs, mais l'omerta continue à planer sur ces victimes-là comme si les unes étaient acceptables et les autres non. La vision des immigrés (Agnès n'est islandaise que de seconde génération) est également interpellante.



Et puis, dans la seconde partie, tout s'enlise. Et devient une gadoue informe. Tout d'abord, l'idée de déstructurer le roman devient de plus en plus inintéressante et semble noyer l'absence de fond. Cette absence de fond est surtout due à la vacuité des personnages masculins : Omar, le compagnon d'Agnès, glandouille et on se demande bien ce qu'elle lui trouve. Arnor, le néonazi qu'Agnès connaît depuis longtemps mais avec qui elle va avoir des relations sexuelles qu'une fois qu'elle rencontre Omar (!?), est plus caricatural que jamais. Petit sans être nain, le décrit Agnès, perclus de tics. Et puis, et puis, il y a tous les champs des possibles que recelaient les prémices fort riches qui n'ont pas été exploités.



En un mot comme en cent, j'ai cru commencer un coup de coeur et véritablement la première partie sauve à mes yeux la seconde, qui va de plus en plus dans le sens d'une grande débandade et lui vaut finalement un avis mitigé.



Commenter  J’apprécie          252
Illska

Voici la parfaite illustration de l'intérêt de participer à un jury littéraire. Si je ne m'étais pas engagée dans l'aventure du Prix du Meilleur Roman des lecteurs de Points, les chances pour que je m'intéresse à ce livre auraient été très faibles. Un roman islandais, le thème de l'Holocauste, 700 pages. J'aurais sans doute écouté mon libraire me chanter ses louanges, jeté un coup d'oeil à la quatrième de couverture, l'aurais feuilleté, soupesé... et reposé en me disant que bon... peut-être... plus tard. Aurait-ce été dommage ? Incontestablement.



Pourtant, on ne peut pas parler ici de plaisir de lecture. J'ai même été soulagée en arrivant au bout. Attention, ce n'est pas non plus une torture. Non. Simplement le sujet est si fort, l'image que ce livre renvoie de notre monde, de notre société est si terrible qu'il se lit parfois le coeur au bord des lèvres, entre fascination et colère où pointe aussi parfois une once de désespoir et de découragement. En le refermant, c'est tout de même l'admiration qui prédomine. Car l'auteur traite son sujet avec une maîtrise indéniable et offre un texte riche, une infinie matière à réflexion. Ce qu'il nous propose c'est de regarder la nature humaine au fond des yeux, dans ce qu'elle a de pire. Ce mal qui se transmet de siècle en siècle et ronge les sociétés les plus civilisées. Ce qu'on appelle nationalisme, populisme, protectionnisme, qui a généré le fascisme et le nazisme et a connu son pic de gloire avec l'Holocauste. Un mal qui n'a pas disparu.



"Les choses ne sont pas si simples. Pas si simplistes : les gens ne se résument pas à la somme de leurs expériences."



Pour dérouler son intrigue, l'auteur met en scène un curieux ménage à trois à Reykjavic dans les années 2010. Agnès, Omar et Arnor. Agnès est une jeune femme de 27 ans originaire d'un village de Lituanie qui a été le théâtre d'un certain nombre d'atrocités pendant la seconde guerre mondiale avant de tomber sous le joug communiste. Totalement obsédée par l'Holocauste, elle mène des recherches en vue de rédiger une thèse sur les populismes et l'extrême-droite en Islande. En couple avec Omar, elle tombe également sous le charme d'Arnor, l'un de ses sujets d'étude, un néo-nazi. Un véritable tsunami personnel dont l'auteur va s'appliquer à nous faire comprendre les racines par quelques incursions historiques dans le village natal d'Agnès et nous donner à voir ses ramifications dans l'Europe du 21ème siècle.



Si ce livre est aussi fort c'est certainement parce qu'il fait ressentir comme rarement que les pires atrocités sont bien commises par des hommes. Le mal n'est ni démoniaque ni un phénomène incontrôlé. Il est bien l'émanation de comportements humains. En remontant le fil historique des massacres qui se sont succédé dans le temps, en explorant les facteurs de transmission, l'auteur livre un roman unique et terrifiant. Certes, la région du monde dans laquelle se situe l'intrigue n'est pas anodine. Les pays baltes occupés tantôt par l'Allemagne, tantôt par l'URSS, l'Islande dont Hitler vantait la pureté de la race... Tout ceci a laissé des traces. Mais la contagion est bien réelle et l'auteur en fait une démonstration implacable.



Ce livre nous rappelle le poids de l'histoire, le lourd héritage que nous portons tous. D'une virtuosité inouïe, ce roman est une contribution remarquable à quelque chose qui va au-delà du devoir de mémoire, disons à l'éducation du citoyen peut-être. Pas léger, c'est sûr. Mais terriblement important.



"C'est le message de ce livre. Nous sommes le message de ce livre. Je m'efforce d'aller au coeur d'un certain nombre de choses. N'oublions pas Hiroshima, Auschwitz, Guernica, Pearl Harbour et Dresde. Si la Seconde Guerre mondiale nous a enseigné quelque chose, elle nous a appris l'oubli. A oublier de ne pas oublier. A ne pas oublier d'oublier de ne pas oublier. A ne pas laisser retomber la pâte."
Lien : http://www.motspourmots.fr/2..
Commenter  J’apprécie          236
Illska

Agnès, jeune thésarde écrit un mémoire sur l’ extrême droite en Europe.

Elle aime Omar, mais aussi Arnor, un néonazi.

Voilà pour la petite histoire. Mais elle est imbriquée dans la grande histoire.

Une grande puissance d’écriture pour un jeune auteur. Quelle maîtrise !

Un roman complètement inhabituel sur l’histoire de l’holocauste et des victimes de la seconde guerre mondiale.

Un roman complexe dans la construction, où l’on ne sait pas toujours qui est le narrateur, où plusieurs histoires sont racontées simultanément.

Un roman historique et contemporain sur l’Islande et la Lituanie.

Un roman aux thèmes abondants : le bien et le mal, l’influence des origines, l’immigration, le racisme, la folie des Hommes, l’amour……

Un roman qui s’adresse directement au lecteur et le laisse maître de ses opinions.

Un roman peu commun qui interpelle et mobilise l’esprit.

Commenter  J’apprécie          232
Illska

Récit d'un amour qui commencent autour d'une borne de taxi islandaise à Reykjavik en 2009, ce triangle amoureux sous toile de seconde guere mondiale est d'une ambition considérable et il a connu un succès très important en Islande et dans pas mal de pays autour avant de sortir en cette rentrée 2015.



On est un peu paumé au début car l'histoire alterne les époques et les lieux différents, puis comme dans tout beau roman mélangeant petite et grande histoire, le puzzle se met en place très simplement et l'auteur fait montre d'un style et d'une maitrise du récit parfaite.



Un beau roman ample et beau qui prouve une nouvelle fois que la littérature islandaise recouvre pas mal d'immenses auteurs...pas étonnant qu'il y ait autant d'auteurs par habitants tant tous sont aussi brillants!!
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
Commenter  J’apprécie          200
Illska

Un livre fascinant, un peu comme cette Islande !

Un livre qui sème le chaud, comme ses geysers et le froid comme ses glaciers. Un livre qui ne peut laisser indifférent.... Certaines parties vous retournent, vous donnent un grand plaisir de lecture, vous proposent découverte sur découverte, vous secouent les neurones, d'autres plus obscures vous donnent envie de tout laisser tomber, mais une petite voix intérieure vous dit de poursuivre...

Illska, le Mal en islandais est un livre multiple, à la fois roman d'amour entre Agnès, et deux garçons Omar et Arnor, rappel historique sur le nazisme et la collaboration qui l'aida à se développer quels que soient les pays occupés, et presque une étude sur le populisme, sur l'extrême droite européenne...sur ces mouvements qui dans de nombreux pays rejettent les noirs, les immigrés, les réfugiés...ces mouvements de cranes rasés souvent qui prônent la violence, sur leurs leaders souvent féminins qui "empruntent une bonne partie des termes de leur discours aux formations politiques "plus traditionnelles". Leurs dirigeants apprennent à s'exprimer de manière posée (plutôt que de postillonner et de vociférer), il se tiennent bien et sont même coachés par des conseillers en image et des agences de publicité. En revanche, leurs idées ne changent pas, même s'ils utilisent un autre vocabulaire et parlent de "diversité", de "population issue de l'immigration" plutôt que de "Hottentots" ou encore de"bachi-bouzouks".

Agnès est une jeune femme, d'origine juive lituanienne, émigrée en Islande..Tous les membres de sa communauté ont été exterminés par des lituaniens passés au service des nazis..Sa grand-mère en a réchappé. Agnès veut rédiger une étude sur ces mouvements réactionnaires et populistes qui fleurissent en Europe, et souhaite comprendre leur origine, les mouvements d'adhésions que suscitent leurs messages de haine..et Eirikur Orn Norddahl, en la faisant réfléchir, en la faisant rechercher ses sources, et écrire son mémoire, nous secoue, nous interpelle, nous dérange, nous parle de l'origine de Tintin, des vitraux d'une église Autrichienne ... des discours de Haïder, de Marine LP...des multiples paradoxes des discours et pensées populistes et de différentes thèses d'auteurs connus.. Il y a là matière indéniable à réflexion.

Et pourquoi l'Islande ? Semble-t-il parce qu'Hitler aurait eu une tendresse particulière pour ce peuple...à moins que cette île au cœur de l'Atlantique n'ait eu un emplacement stratégique à ses yeux

En rédigeant cette étude, et en essayant de comprendre cette pensée populiste, Agnès rencontrera Arnor, jeune islandais, dont elle fit la connaissance à la lecture d'un article paru dans Renaissance Aryenne...Elle était amie avec Omar, d'origine lituanienne également...

Le lecteur naviguera souvent dans le brouillard au sein de cette relation à trois, émaillée et entrecoupée de pensées sur le nazisme, le populisme, passera d'une époque à une autre, d'un pays à l'autre, et sera un peu (beaucoup parfois) perdu, et aura du mal, en tout cas j'en ai eu, avec ces noms de villes ou de familles lituaniennes ou islandaises.

Au "Nous ne la savions pas" prononcé par les Allemands à la fin de la guerre, l'auteur fait dire à l'un de ses personnages : "Je m'efforce d'aller au coeur d'un certain nombre de choses. N'oublions pas Hiroshima, Auschwitz, Guernica, Pearl Harbour et Dresde. Si la Seconde Guerre mondiale nous a enseigné quelque chose, elle nous a appris l'oubli. À oublier de ne pas oublier. À ne pas oublier d'oublier de ne pas oublier. À ne pas laisser retomber la pâte."

Aujourd'hui, les éléments de langage ont évolué en: "Nous ne pouvons pas accueillir des gens..."

J'ai été à la fois très agacé, et passionné par ce livre, et n'en suis pas sorti indemne. Une lecture qui, entre le tout noir et le tout blanc de notre monde, comme celui de la couverture, vous interroge et vous aide à mieux l'analyser et le comprendre.

C'est ce qui compte le plus à mes yeux de lecteur.


Lien : https://mesbelleslectures.co..
Commenter  J’apprécie          153
Illska



Le sujet m'intéressait et vu de l'Islande d'autant plus puisque l'île est hors Europe mais j'ai abandonné après avoir lu 4 ou 5 fois le passage suivant :



"Dix-sept millions d’êtres humains, c’est la population du Chili. Si tous les habitants de ce pays mettaient dix couronnes islandaises dans une cagnotte, on pourrait acheter cent jeeps Mitsubishi Pajero. Dix-sept millions de gens pèsent environ trois cent millions de tonnes et s’ils sautaient tous ensemble à pieds joints (en retombant sur le même point), la Terre dévierait de son orbite. Par comparaison, précisons que cent Mitsubishi Pajero pèsent environ deux cents tonnes. Dix-sept millions d’êtres humains : environ cent millions de litres de sang, dix-sept millions de cœurs qui battent cinq cent quatre-vingt-quinze billions de fois par an, cent soixante-dix millions de doigts, trente-quatre millions d’oreilles, dix-sept millions de nez, environ huit millions et demi de bites et presque autant de chattes. Huit millions et demi de membres (taille standard) en complète érection représentent mille trois cent soixante kilomètres, ce qui équivaut à peu près à la ligne côtière de l’Irlande.

Si dix-sept millions d’êtres humains se tenaient debout les uns derrière les autres, ils feraient tout juste le tour de la Lune. Enfin, s’ils n’avaient pas été massacrés."

page 12



Les pages précédentes étaient à peu près, presque mais pas tout à fait lisibles !!!



L'auteur, inconnu de moi à ce jour, s'est fait plaisir avec les mots ; dans leur place dans une phrase et avec des répétitions à n'en plus finir !



La suite est pire alors qu'on aurait pu penser que le fait de rentrer dans le vif de l'histoire éclaire les choses ! Mais non non !



Mauvaise expérience que je n'ai pas prolongée, j'ai trop de choses à lire qui m'attirent et m'attendent !
Commenter  J’apprécie          142
Illska

Un des rares romans que j'ai abandonnés.

Il faut vraiment que ce que je lise m'horripile au plus haut point pour en arriver là ; ce fut le cas après une bonne centaine de pages. De guerre lasse, j'ai préféré arrêté le massacre plutôt que de m'ennuyer pendant encore un bon paquet de temps face à la description d'un trio amoureux malsain sans grand intérêt, entrecoupée d'éléments historiques que j'ai compris faisant partie du travail sociologique en cours d'Agnès, mais peut-être me trompé-je, n'ayant pas fini ma lecture. Ces éléments, bien qu'intéressants en soi historiquement parlant, arrivent de manière désagréable comme un cheveu sur la soupe au milieu des pérégrinations de nos trois protagonistes sus-cités. Effet de style bien sûr, mais pour moi complètement raté : ne joue pas avec l'éclatement de la narration qui veut pour que ce soit réussi.

Bref, une belle déception.
Commenter  J’apprécie          113
Troll

Je découvre cet auteur islandais avec ce roman « Troll » que je n’aurais jamais lu s’il ne m’avait été envoyé, dans le cadre d'un jury, sans que je l’aie choisi.

« Troll » a un double sens : c’est un être de la mythologie nordique, incarnant les forces naturelles, caractérisé principalement par son opposition aux hommes et aux dieux mais c’est aussi, dans la sphère Internet, un internaute qui poste des messages volontairement offensants afin de déclencher des polémiques. Le titre résume bien le personnage central du roman, Illmur Thöll/Hans Blaer qui rejette toute autorité qui restreindrait sa liberté et se délecte des polémiques qu’il suscite sur les réseaux sociaux.

En effet, Illmur/Hans Blaer est né(e) hermaphrodite ; sa mère l’a identifiée comme fille, Illmur, statut qu’elle a accepté jusqu’à l’adolescence puis a rejeté, en choisissant d’être un homme (Hans Blaer) ; mais iel (pronom non genré islandais) fluctue douloureusement entre ses deux identités. Pour se sentir exister, iel, 33 ans, joue la provocation à outrance dans un talk-show radiophonique, à la télévision, sur les réseaux sociaux et devient une célébrité. Iel se moque totalement des règles et des convenances afin de, croit-il, jouir d’une liberté totale. Mais la société ne peut le laisser impunément créer le chaos et iel sera rattrapé(e) par l’action de trop.

Ce roman est intéressant par la nature du personnage principal, hermaphrodite, qui nous fait réfléchir à ce qu’est le genre, le sexe auquel on s’identifie qui n’est pas forcément celui que la nature a attribué ; il aborde également des thèmes sociétaux actuels comme le politiquement correct qui marginalise ceux qui pensent autrement, la puissance destructrice des réseaux sociaux où haine, insultes, menaces se déversent sans filtre et pratiquement sans contrôle, le féminisme et ses excès. Il pose la question essentielle : que veut dire être libre, jusqu’où peut-on aller pour cela, quelles limites peut-on transgresser? Afin de rendre les messages percutants, le style est volontairement agressif, ordurier comme ce que l’on peut trouver sur les réseaux sociaux mais j’ai trouvé ce procédé lassant lorsqu’il s’étale sur un roman complet.

Ce roman est l’exemple poussé à l’extrême de l’écriture inclusive qui colle parfaitement au personnage à genre double qu’est Illmur/Hans avec l’utilisation du pronom non genré « iel », des pronoms « ellui, lea » et des accords mixtes comme « armé.e ». L’auteur semble aimer jouer, non seulement avec l’écriture inclusive, mais avec les mots en général et les niveaux de langage : il aime les allitérations, l’utilisation de la deuxième personne du prétérit qui donne une impression désuète à la langue lorsqu’il parle de sa mère de 60 ans tout en émaillant le texte de quelques « merde, putain ». Je salue ici le remarquable travail du traducteur pour transcrire tous ces jeux linguistiques et faire preuve d’une inventivité sans frein pour traduire les insultes, les grossièretés et le langage plus que fleuri concernant le sexe.

Malgré l’originalité du propos et son traitement sans concession qui ne peut que déclencher la réflexion, je n’ai pas été emballée par ce roman peut-être à cause de l’omniprésence des réseaux sociaux, de la provocation systématique et du vocabulaire ordurier.

Commenter  J’apprécie          100
Heimska : La stupidité

« Il n’y a à tout cela qu’une seule réponse : éteindre la machine. Soit c’est elle qui survit, soit c’est l’être humain, mais pas les deux. »





Plus terrible que le 1984 d’Orwell où Big Brother observait les citoyens : là, tout le monde observe tout le monde. « Les gens avaient cessé de baiser portes closes ou de déféquer en privé. » Tout est visible par tous. Et comme l’enfer, c’est les autres, vous imaginez le résultat ! « SurVeillance. Tout le monde voit tout le monde. Il ne s’agit pas d’un « panoptikon » où un œil épierait chaque individu et informerait le pouvoir politique, mais plutôt d’un « synoptikon » où tous les yeux présents dans le bâtiment peuvent observer l’ensemble des autres individus et ce, où qu’ils soient. »

Et le pire dans tout cela, c’est que ceux qui osent se déconnecter ou qui le sont accidentellement se sentent comme perdus, quasi inexistants comme si vivre signifiait se montrer aux autres. Exister, c’est être vu. Autrement dit, cesser d’être vu signifierait … mourir !

« C’était peut-être ça, le plus terrifiant, l’idée d’être seul sans que personne vous voie, l’idée que tous pouvaient vous observer, mais que personne ne s’y intéressait. »

Finalement, dans ce monde, la tragédie, c’est la panne de courant !

J’avoue que ce point de départ m’avait donné envie de découvrir ce qui se présentait comme une terrible dystopie des temps modernes.

Hélas, finalement, je me suis perdue dans ce roman pour des raisons que je vais tenter d’analyser.

Deux écrivains, Lenita et Áki Talbot, séparés depuis peu, se déchirent : ils ont chacun écrit un livre qui porte le même titre Ahmed et dont le contenu, assez identique, raconte comment un jeune Pakistanais, réfugié en Islande, finit par rejoindre les rangs de l’État Islamique.

Qui a plagié l’autre et pourquoi ? Ou bien, à force de s’observer, les gens finissent-ils par se ressembler ? Chacun des deux protagonistes souhaiterait être récompensé par un prix littéraire et vendre plus de livres que l’autre. Ils s’épient sans cesse. Encore vaguement amoureux, ils s’observent via les caméras, souffrent de voir leur ancien conjoint se livrer à des expériences sexuelles multiples.

Là, surgit un groupuscule terroriste qui veut tout faire sauter et mettre fin au règne de la transparence absolue…

J’ai trouvé que le propos de départ était vraiment intéressant mais l’on finit par aborder différents thèmes qui ne sont jamais vraiment approfondis, on s’interroge au sujet des personnages et de leurs motivations sans jamais avoir de réponses, l’intrigue peine à se mettre en place, certains points d’ailleurs demeurent à mon sens inexpliqués. Il me reste comme une impression d’inabouti…

Je termine le livre un peu frustrée, un peu perdue aussi, je dois bien l’avouer.

Heimska La stupidité pose néanmoins un regard bien sombre sur notre époque hyper-connectée où l’homme peine à vivre sans le regard de l’autre. Pas très engageant tout ça…


Lien : http://lireaulit.blogspot.fr/
Commenter  J’apprécie          100




Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Eiríkur Örn Norddahl (230)Voir plus

Quiz Voir plus

Du bois dans les titres

Quelle nouvelle destinée à la jeunesse Jean Giono a-t-il écrite ?

L'arbre qui chante
Voyage au pays des arbres
L'homme qui plantait des arbres
Mon bel oranger

10 questions
70 lecteurs ont répondu
Thèmes : titres , boisCréer un quiz sur cet auteur

{* *}