Le roi désire que tu figures sur le prochain tableau de Vélasquez.
- Par tous les cieux !le Roi aussi ?
-Qu'entends-tu par "le roi aussi"?
- A l'évidence,tout le monde veut que je pose pour le maître. Il y a quelque jours, cet homme qu'on appelle Nerval en a fait la requête.
C'était là une habitude incontournable; quand il se déplaçait, où qu'il aille, même en enfer, il devait emporter un livre. (...) Il ne l'ouvrirait peut-être pas, mais ça le rassurerait de l'avoir avec lui.
Le talent,Juan, n'est qu'un ange qui nous accompagne devant les portes du mystère.
Sa phrase préférée qu'elle murmurait toujours en allemand, sans doute afin de déconcerter ses interlocuteurs, était la suivante :"Man trägt das Licht in sich", "L'homme porte la lumière en lui".
Elle m'enseigna à chercher cette lumière, et, sans parvenir à atteindre cette sérénité, j'écoutais ses paroles et imitais ses gestes afin de trouver une certaine paix intérieure.
- Je mentirais si je vous disais que je ne suis pas sidéré par vos livres.
- C'est une compagnie immobile et silencieuse. Quand j'étais plus jeune, je pensais que j'allais relire un grand nombre de ces ouvrages, qu'ils attendaient sagement à leur place le moment où je reviendrais discuter avec eux. Aujourd'hui je sais que ça ne marche pas comme cela. Parfois je les regarde et leur dis sans les toucher : "Je n'ouvrirai plus tes pages, c'en est fini du dialogue avec moi, cherche de nouveaux lecteurs." Et selon leur humeur, ils se résignent ou prennent ombrage. Certains se vexent, je le vois bien. Je remarque l'insistance avec laquelle ils me réclament. Il y a des livres qui me reviennent en mémoire, des livres par lesquelles je commencerais si je revenais au point de départ. Cette résurgence est leur manière de me faire signe, de ne pas renoncer. Mais je ne leur prête pas attention. Je ne les ouvrirai plus. En revanche, je suis tenté par certains de ceux qui se résignent, alors je les ouvre furtivement et je parcours quelques lignes. Aujourd'hui mes livres sont le paysage désolé de ma maison. Ils ne sont que nature morte, matière inerte.
- (...) De toute façon, continua-t-il pour ne pas donner prise au pessimisme, un livre ne sait jamais qui sera son lecteur. J'ai lu des livres qui ne m'attendaient pas. p.86-87
"La bibliothèque est devenue le cachot des livres. On les entend gémir, remuer sur les étagères, donner des coups sur les vitrines, ils veulent sortir, ils veulent qu'on les lise. Sans lecteurs, leurs histoires n'avancent pas. (..)Il règne un silence qui répond à la loi régissant depuis toujours la nature des livres, comme un précepte, inviolable: ce sont les lecteurs qui choisissent, leur liberté est la notre. p. 122-123
Il s'appelle Marconi, répliqua le maître d'équipage. Il vend du cristal et préfère perdre un homme plutôt qu'un vase.
Il m'apprit alors que cet homme ce Del Castillo, sillonnait le monde pour trouver des enfants tels que moi, au physique diminué, pour les vendre aux nobles comme serviteurs.
Le talus était creusé, et on aurait dit que tout pouvait s'écrouler d'un moment à l'autre. Le progrès, comme presque toujours, finissait pas saper les racines.
Si tu en en as un jour l'occasion. sauve la vie d'un esclave. Tu disposeras ainsi d'un serviteur qui te sera fidèle jusqu'à la mort.