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Critiques de Elie Wiesel (167)
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La nuit

Un récit indispensable. La mémoire peut flancher, les écrits eux rappellent ce que la folie humaine peut engendrer. Elie Wiesel fut interné à Auschwitz-Birkenau avec sa famille puis se fut le camp de Buna avec son père. Et alors que la débâcle allemande se rapproche, la terrible marche de la mort vers Buchenwald.

Wiesel nous décrit cet enfer, ces abominables souffrances infligées, la faim qui vous rend fou, le froid qui vous gèle jusqu’aux os, les coups, les brimades infligés au hasard, la terrible sélection qui vous envoie vers les chambres à gaz. Il nous parle aussi du désespoir, de la colère vers un Dieu aveugle devant ce génocide. De la honte aussi, de penser un seul instant que le père qui vous maintient en vie devient un fardeau.

Wiesel n’occulte rien, ne juge pas, sait parfaitement qu’aucun texte ne pourra témoigner de ce que furent les camps de concentration. Mais grâce à lui, à Primo Levi et tant d’autres, c’est de notre devoir de faire passer ces témoignages. C’est le moins que l’on puisse faire.



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La nuit



"L'oubli signifierait danger et insulte. Oublier les morts serait les tuer une deuxième fois. Et si, les tueurs et leurs complices exceptés, nul n'est responsable de leur première mort,  nous le sommes de la seconde."



***



Dire l'indicible… 

Nommer l'innommable…

Transmettre l'intransmissible…





Membre de la communauté juive orthodoxe de Sighet, une petite ville de Transylvanie, Elie Wiesel a 15 ans lorsqu'en 1944 il est déporté  avec sa famille à Auschwitz.



"Devant nous, ces flammes. Dans l'air, cette odeur de chair brûlée. Il devait être minuit. Nous étions arrivés."



Une fois descendus du train, ils subissent l'étape de "sélection" :  femmes, enfants, personnes âgées ou infirmes d'un côté et hommes valides de l'autre. Ceux jugés "inaptes" au travail sont directement emmenés vers les chambres à gaz. L'adolescent l'ignore encore mais il ne reverra plus jamais sa mère ni sa plus jeune sœur.



Mentant sur leur âge, lui et son père échappent à la sentence de mort immédiate. Conduits de baraque en baraque, ils sont déshabillés, entièrement tondus, désinfectés ,douchés puis affublés de vêtements qui jadis appartenaient à d'autres. Eux, que sont-ils devenus ?



"En quelques secondes, nous avions cessé d'être des hommes."



Bientôt réduits à un simple matricule, livrés à la fureur des Kapos,  ils resteront sur place trois semaines avant d'être affectés à l'un des kommandos de travail du camp de Buna.



Cris, injures, menaces, averses de coups, exécutions publiques, la violence règne en maître.  Les esprits sont pétrifiés, les cœurs anesthésiés et les âmes déshumanisées.



"Il y avait longtemps que ces corps desséchés avaient oublié la saveur amère des larmes."



Si Dieu tout-puissant existe, où se trouve-t-il? Comment peut-il rester silencieux face à ce spectacle de l'horreur? Cri étouffé d'indignation et de révolte; la foi du jeune homme vacille. 



Les troupes Alliées progressant sur les territoires du Reich, il est bientôt donné l'ordre d'évacuer le camp. S'ensuit alors une effroyable "marche de la mort" en direction de Buchenwald. Le père d'Elie,comme tant d'autres, y laissera la vie.



*



Devenu l'ombre de lui-même, seul survivant de sa famille, Elie Wiesel (1928-2016) s'est retranché derrière le silence pendant dix ans avant de pouvoir mettre en mots son expérience concentrationnaire.



Plus qu'une catharsis, écrire et prendre la parole sont dès lors pour lui les armes d’un devoir essentiel : le devoir de mémoire.



Paru en 1958 puis l'objet d'une nouvelle traduction en 2006 réalisée par l'épouse de l'auteur, le présent ouvrage est le récit fragmenté de ses onze mois de détention dans l'antichambre de l'enfer.



Peu de repères temporels, le texte se présente sous forme d'un saisissant  condensé d'images, de scènes,  d'épisodes parmi les plus marquants qu'il ait vécu auxquels se mêlent ses ressentis. 



D'une puissance évocatrice terrible, La nuit est le témoignage sans concession d'un anéantissement physique, moral et spirituel. 



Une lecture absolument bouleversante qui laissera en moi une empreinte indélébile…



***



"Jamais je n'oublierai cette nuit, la première nuit de camp qui a fait de ma vie une nuit longue et sept fois verrouillée. Jamais je n'oublierai cette fumée. Jamais je n'oublierai les petits visages des enfants dont j'avais vu les corps se transformer en volutes sous un azur muet. Jamais je n'oublierai ces flammes qui consumèrent pour toujours ma foi. Jamais je n'oublierai ce silence nocturne qui m'a privé pour l'éternité du désir de vivre. Jamais je n'oublierai ces instants qui assassinèrent mon Dieu et mon âme, et mes rêves qui prirent le visage du désert. Jamais je n'oublierai cela, même si j'étais condamné à vivre aussi longtemps que Dieu lui-même. Jamais."

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L'aube

Elisha va tuer, de sang-froid, John.

Elisha ne connaît pas John. Il ne hait pas John. Mais il faut exécuter John, en réponse à la pendaison simultanée de David.

Elisha pourrait, en tant d'autre occasion, être simplement l'ami de John!

En attendant l'aube funeste, fantômes et vivants accompagnent Elisha. Parmi eux, le petit garçon que Elisha fut un jour et Ilana, la voix du peuple juif en quête de sa Terre promise.

Elie Wiesel, en cette Aube tragique à la dimension d'Israël, explore et détaille ce paradoxe d'une logique triste et tellement implacable: Les victimes de l'holocauste se transforment bourreaux et en tueurs décidés.

Pauvre petit, pauvre Elisha qui se fera bourreau sans haine!

En sortant de cette puissante et belle lecture, J'ai le froid des morts et le chagrin des survivants dans le corps. L'espoir, aussi, qui aide à continuer.



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La nuit

Je viens de terminer la lecture de ce terrible témoignage sur L'Holocauste avec des larmes qui ont roulé toutes seules sur mes joues...bouleversée par le périple de cet homme qui séparé de sa famille, se retrouve juste avec son père à traverser sans faillir dans sa foi et sa détermination sur le chemin de l'enfer. Cet instinct de survie pour cet affreux parcours de la mort en wagons, puis en camps de concentration au travail forcé....comment arriver par la suite à pourvoir prôner l'Humanité, et "rester debout" après tant de souffrances et d'ignominie?



L'écriture est dense, saisissante, ce texte me résonnera longtemps... et à ce jour me feront taire et relativiser les petits soucis et problèmes quotidiens de notre confortable vie contemporaine en France.
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La nuit

On en a lu, on continue à en lire, les témoignages sur l'holocauste pendant la deuxième guerre mondiale, un moment suicidaire que le moment a traversé car comme un voile qui venait de quitter le monde et que la notion de l'humanité a surgis tout d'un coup dans chacun des cœurs qu'on s'est demandé "pourquoi n'avons-nous rien fait pour arrêter ça" mais on est arrivé à conclure le mal était plus fort que la sensation de cette humanité.



Mais les récits des enfants nous font vivre à poil cette cruauté, à les entendre, on entend pleurer des enfances et des jeunesses étouffées, violées, sacrifiées.



C'est le cas de ce livre, on se laisse emballer par le récit du jeune adolescent Elie Wiesel, censé découvrir à cet âge là les bonnes choses qui font l'homme mais c'est la pire des cruautés de l'homme qui va s'ouvrir devant lui...
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La nuit

Pourquoi continuer à lire des témoignages de rescapés de la Shoah ? Bonne question ... Ce n'est certes pas pour la nouveauté du propos, car on retombe toujours sur les mêmes événements, les mêmes scènes; de la privation à la sélection, de la faim au froid, des coups à la maladie, de l'incompréhension au désespoir, etc.

Peut-être pas par masochisme ou voyeurisme non plus (du moins on peut l'espérer).



La nouveauté n'est pas dans les faits qu'Elie Wiesel raconte, mais c'est la façon qu'il a de les raconter. A l'inverse de Primo Levi, ce n'est pas le récit d'un homme qui se raccroche à tout ce qui faisait de lui un homme (un être humain, plutôt) dans sa vie d'avant Auschwitz. Ici, c'est le récit d'un adolescent qui s'est construit dans les camps (tour à tour Auschwitz, Gleiwitz et Buchenwald, en passant par la case ghetto) et qui a vu et appris l'essence (et la lie) de la nature humaine dans les camps.

Le fait qu'Elie Wiesel était adolescent au moment de sa déportation détermine le ton de son témoignage.On le voit en rébellion quasi constante contre Dieu, mais même parfois contre son père qu'il l'aura accompagné jusqu'en janvier 1944.

La voix de l'auteur est pleine de haine et de colère, pas seulement contre ses bourreaux mais vis-à-vis de lui-même. Lui aussi se demande les "comment?" et "pourquoi?" il en est arrivé là. Pour lui aussi ces questions seront sans réponse.



Il y a une énorme tension tout au long de ce texte, comme un cri étouffé. Si un mot devait le résumer ce serait l’anéantissement. L'anéantissement de ce ce que le petit Elie avait appris, de tout ceux en quoi il croyait et de tout ceux qui le lui avaient enseigné.

Bien sûr, ce témoignage - comme tous ceux de cette période - est bouleversant, mais il a aussi quelque chose de terrifiant. D'abord car on voit l'ombre du néant planer sur toutes les choses du quotidien (dans les premiers chapitres qui se déroulent avant la déportation), et puis parce qu'en même temps que le narrateur, on se trouve horrifié par cette découverte de la condition humaine n'est la solitude. Les dernières lignes de ce récit cristallisent bien l'effroi de cette découverte.



Un court témoignage très dense qui mérite d'être lu.
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L'aube

L'aube c'est une histoire d'ombre. L'ombre que deviendra un jeune homme après avoir exécuté un officier anglais.

Elisha est juif, rescapé des camps de la mort. Des bourreaux il en a connu, les victimes étaient ses frères.

Et pourtant il doit tuer cet homme, imiter les gestes de ceux qui ont fait de sa vie un silence, un désert. Il doit le faire pour la cause ; la Palestine libre. Mais il n'éprouve pas de haine. La mort de l'officier anglais n'a pas de sens.

Elisha est autant victime que bourreau.



La narration est lente, pure, profonde, comme une étincelle d'éternité. L'ambiance est oppressante, les murs se referment sur une incompréhension, une absurdité.



"La guerre, remarqua Ilana, c'est comme la nuit. Elle couvre tout."

Elle couvre l'aube.

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La nuit

"Je suis l'un d'eux", telle est la phrase lâchée par Elie Wiesel, jeune journaliste, à François Mauriac, lors d'un entretien.

François Mauriac a devant lui pour la première "l'un d'eux", l'un de ces enfants juifs entassés dans des wagons en partance pour les camps d'extermination.

Elie Wiesel va alors coucher par écrit son adolescence passée dans le camp d'Auschwitz-Birkenau avec son père, séparé de sa mère et de ses soeurs, puis la terrible "marche de la mort" et l'arrivée au camp de Buchenwald, jusqu'à sa libération.

Le manuscrit, écrit en yiddish sous le titre "Et le monde se taisait", traduit en français d'abord puis en anglais, fut rejeté par tous les grands éditeurs parisiens et américains, malgré les efforts de François Mauriac, jusqu'au jour où la maison d'édition "Les éditions de Minuit" acceptât de le publier.



Bien plus qu'une autobiographie, qu'en essai ou qu'un récit, "La Nuit" est un texte à part, sans nul doute fondateur de ce qu'écrira par la suite Elie Wiesel mais également une petite clé, un aperçu de ce qu'a pu être la déportation et la survie dans les camps de la mort.

Bien que ce récit soit très dur et très réaliste, fondé sur les souvenirs d'Elie Wiesel, sur son ressenti, il n'est pas possible pour moi de savoir et de comprendre intégralement ce que les déportés ont vécu.

On ne peut qu'essayer d'aller vers Auschwitz-Birkenau, de tendre vers l'enfer sur terre que ce camp, comme tant d'autres, représentait.



J'ai été, et resterai, marquée par ce livre pour plusieurs raisons.



Tout d'abord, c'est l'un des premiers récits sur la vie dans les camps d'extermination que je lisais et j'ai été prise par cette lecture, mais surtout surprise par le fait que l'auteur ait réussi à mettre des mots sur ce qu'il a vécu, même si ces mots ne reflètent pas toujours bien sa pensée ou ce qu'il a vécu (et qui pourrait lui en vouloir).

Il s'est écoulé peu de temps entre son retour à la vie et la rédaction de ce manuscrit, cela n'en est que plus admirable.



Tout commence dans sa ville natale à Sighet, où malgré les mises en garde de Moshé : "Juifs, écoutez-moi ! C'est tout ce que je vous demande. Pas d'argent, pas de pitié. Mais que vous m'écoutiez !", survivant miraculeux d'une tuerie mobile, les habitants se croient à l'abri et que rien ne leur arrivera :"Je ne tiens plus à la vie. Je suis seul. Mais j'ai voulu revenir, et vous avertir. Et voilà : personne ne m'écoute ...".

Mais voilà, l'histoire finit par les rattraper et après les ghettos c'est le regroupement et le départ pour une destination inconnue : "Un sifflement prolongé perça l'air. Les roues se mirent à grincer. Nous étions en route."

Cette destination, c'est Auschwitz-Birkenau, précédée d'un terrible voyage en train.

Lors de ce voyage, une personne du wagon, Madame Schächter, qui n'a sans doute plus toute sa raison ne cesse de les mettre en garde, comme si elle devenait ce qu'il allait advenir d'eux : "Un feu ! Je vois un feu ! Je vois un feu ! ". Et si personne ne la croit, la vérité s'imposera d'elle-même à leur arrivée : "nous vîmes cette fois des flammes sortir d'une haute cheminée, dans le ciel noir."

L'auteur raconte ensuite la sélection à l'arrivée : "Quelqu'un se mit à réciter le Kaddich, la prière des morts. Je ne sais pas s'il est déjà arrivé, dans la longue histoire du peuple juif, que les hommes récitent la prière des morts sur eux-mêmes."", les mises en garde des détenus, la chance (si l'on peut dire) qui l'a fait passer de la file des condamnés à la chambre à gaz et aux crématoires à la sélection pour le camp de Monowitz-Buna.

Il y raconte ensuite son quotidien, le travail difficile, le manque de nourriture, le froid, la peur de la sélection, jusqu'à l'évacuation du camp et la terrible marche de la mort jusqu'au camp de Buchenwald et sa libération.

Mais l'Elie Wiesel rescapé n'a plus rien à voir avec l'adolescent déporté de Sighet : "Du fond du miroir un cadavre me contemplait. Son regard dans mes yeux ne me quitte plus."

L'auteur a bien su retranscrire ses pensées, y compris certaines scènes très difficiles, pour ne pas dire humainement insoutenables.



Ensuite, le ton employé par Elie Wiesel ne contient aucune haine, aucune rancune.

Il ne juge pas, il raconte ce qu'il a vécu adolescent avec son père, la faim, les privations, les coups, la peur, la sélection, le travail et par dessus tout la déshumanisation : "Je devins A-7713. Je n'eux plus désormais d'autre nom." et la perte de la dignité humaine, qui le poussera à laisser son père mourant alors que celui-ci l'appelle à son chevet.

Il a aussi une profonde réflexion concernant la religion et Dieu.

Avant ces évènements, Elie Wiesel était très croyant et étudiait la religion juive, particulièrement la Kabbale.

Ce qu'il a vécu dans ce camp aura eu raison de sa croyance en Dieu, c'est d'ailleurs une réflexion parfois rapportée par des rescapés et qui pose des questions sur la religion, son sens réel et la place de Dieu.

Lors d'une exécution, un détenu demande : " Où donc est Dieu ?", intérieurement Elie Wiesel lui répond ceci : "Où il est ? Le voici - il est pendu ici, à cette potence...".

Mais outre sa révolte contre Dieu, c'est aussi contre l'humanité qu'il se révolte, car toutes les valeurs sont inversées (les enfants frappent les adultes, et même le coeur le plus tendre se transforme en pierre, dans le seul but de survivre. Plus personne ne pense en masse, chacun pense à soi.

Pour écrire cela, Elie Wiesel utilise un style narratif fragmenté, comme s'il devait écrire dans l'urgence car il peut disparaître à tout instant, et change régulièrement de points de vue.

Je n'ai absolument pas été gênée par ce style narratif, au contraire je trouve qu'il sert même la fluidité de la lecture de ce récit.



S'il était encore besoin de démontrer que ce n'est pas le nombre de pages d'un livre qui en fait sa qualité, ce récit d'Elie Wiesel d'un peu plus d'une centaine de pages en est la parfaite illustration.

A travers ce récit, Elie Wiesel livre au lecteur de tout âge, de toute nationalité, de toute religion, un formidable, émouvant et poignant témoignage de la vie en déportation.

C'est un livre qui m'a profondément marquée, c'est la déposition d'Elie Wiesel sur une partie de sa vie et l'une des pages les plus sombres de l'histoire de l'Humanité.

C'est un livre unique qui restera dans l'Histoire.
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La nuit

« La nuit » d'Elie Wiesel, tout comme « Si c'est un homme » de Primo Levi, est un des témoignages emblématiques de la littérature de la Shoah.

La nuit, c'est la dernière qu'il passe dans sa maison.

La nuit, c'est la dernière qu'il vit dans le ghetto.

La nuit, c'est celle dans le train. Interminable.

La nuit, c'est la première dans le camp, celle qui n'a jamais pris fin. Et de sa Foi qui s'en est allée.



Elie Wiesel, originaire de Sighet en Roumanie (Transylvanie à l'époque), est déporté à Auschwitz en 1944 à l'âge de 15 ans, avec ses parents et ses soeurs. Avec son père, il survit à la sélection et ira travailler à l'usine de la Buna, située dans un des camps d'Auschwitz, avant de connaître les marches de la mort en janvier 1945 qui le mèneront au camp de Buchenwald. Son père ne survivra pas à cette dernière épreuve.



Absolument glaçant, le récit du jeune Elie Wiesel nous plonge au coeur de la machine de mort qu'était Auschwitz. Comme dans le témoignage de Primo Lévi (mais c'est ici le seul point commun), les SS apparaissent finalement peu souvent. Ce sont les détenus, les chefs de block ou les gardiens qui composent le principal sujet du récit.

Elie Wiesel nous parle de la lutte de tous les jours : survivre aux coups, survivre à l'épuisement, survivre aux tortures. Et surtout survivre à la faim, cette si terrible faim, celle qui obsède et qui rend les hommes fous. Celle qui fait qu'un fils roue de coups son père pour un quignon de pain.

L'expérience concentrationnaire est l'expérience de la survie animale. La mort – à part la sienne - , omniprésente, devient anecdotique.



Elie Wiesel n'échappera pas à cette sauvagerie et à cette déshumanisation. L'adolescent qu'il est alors n'éprouve que haine et colère. Contre ses tortionnaires, contre un Dieu en qui il ne croit plus, contre son propre père. Le dernier râle, la dernière supplique de son père, il ne voudra pas l'entendre par peur des coups du SS. A plusieurs reprises au cours de sa détention puis de la marche forcée, il voit des fils renier leurs pères. Plusieurs fois, il se dit « Non, pas moi », la honte le recouvrant quand il se surprend à comprendre cet abandon filial. Et pourtant, pourtant, … Au lendemain de la mort de son père, pas de larmes. Un soulagement certainement. Pour son père enfin en paix ? Non , pour lui-même, enfin libre !

A la libération du camp, Elie Wiesel est vivant mais le camp a gagné, lui enlevant au dernier instant toute sa dignité d'homme. Profondément religieux avant l'expérience concentrationnaire, il perd sa foi. Plus de Dieu, plus de père.

Elie Wiesel a vécu une nuit sans fin.

On ressort vidé de cette lecture.





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Le testament d'un poète juif assassiné

Ceci est un cri lancé par devant les ténèbres qui s'abattent de nouveau sur le monde. Hélas, poète mort-né ni lu, ni écouté, comment espères-tu encore arrêter la folie et la fureur qui embrasent le coeur des hommes ? Alors toi, lis-moi en entier et tâche de comprendre ma dureté qui n'a pour seul but que prévenir de nouvelles et lamentables lamentations. Ce roman aussi est un cri mais, au contraire du mien solitaire et poussé vers le futur, le sien fait partie de mille jérémiades maintes fois ressassées et prisonnières volontaires de leur passé.



Pénible impression d'ouvrir un livre casher rempli de simagrées et vidé de son sang. Histoire triste à mourir loin d'être une BD, néanmoins asphyxiée par un trop plein de phylactères. On est bien loin de Spinosa. Quel enfermement ! Pendant un tiers du livre, je me cognai la tête au mur en me lamentant, à hurler en boucle : il est mort-né le poète !!! Ne reste que le juif et un livre d'histoire romancée dont bien des morceaux par ici rassemblés m'étaient déjà connus, autrement racontés.



J'ai horreur de tous les sectarismes, de tous le totalitarismes et plus encore de tous les prosélytismes. Je suis allergique, viscéralement, à tous ceux et celles qui se gaussent d'une supériorité quelconque de leur commune ostentation affichée et risible si ce n'était leur volonté farouche de vous imposer leur enfermement. Par tous les moyens, avec une prédilection pour les plus pervers. Au cours des nonantes premières pages, une question lancinante n'a cessé de me tarauder : à quoi bon continuer ?



Il y a bien quelques choses à sauver. Oui, dans les deux derniers tiers, après la fuite vers Berlin, quand les phylactères sont remisés au fond de la valise. Enfin quelques éclairs dans cette nuit, de brefs passages sur un coeur qui bat : "Moi, j'aimais ses cheveux foncés, ses grands yeux sombres, ses lèvres sensuelles ; la regarder, c'était la suivre dans la forêt primitive où tout est permis." p.92 Une vérité universelle sur la guerre : "Mais de part et d'autre la cruauté fut identique. [...] Je me souviens : la statue de la Vierge par terre ; à côte, une jeune femme morte, jupe relevée, cuisses écartées. Près d'elle, une autre statue. Et une autre femme violée. Et ainsi, du porche jusqu'à l'autel." p.184-5



Une longue plainte, il faut dire que le narrateur principal se sait condamné à mort et écrit son testament en cellule d'isolement. Purge stalinienne, normal donc que cela me fasse chi.. . Détresse sans cesse ressassée, et quand le narrateur change c'est pour passer à son fils qui a perdu sa langue ou à un veilleur de nuit qui n'a jamais ri. La mortification est totale. Je suis d'accord avec Raïssa : un poète est fait pour illuminer le présent et chanter la vie, l'amour, la mort ; pas pour s'engluer dans le passé. Ou alors éclairer l'avenir, pour les hommes ... qui sont aveugles.



Ainsi, après la der des der, la deuxième commença vraiment en Espagne. Et la folie s'empara des hommes pour devenir guerre mondiale. Un peintre de génie l'avait senti venir et inséra de mystiques Arlequins pour vaincre les forces de la mort présentes dans son tableau. Alors j'écris dans la nuit tombée : "Y A-T-IL SEULEMENT UN PEINTRE EN SYRIE ?" Pablo, mon ami, entends-tu l'écho de ma voix ?



Me voilà donc au terme d'une lecture difficile, à contre-courant de mes rêves de justice et de liberté, à vouloir jusqu'au bout décrypter un point de vue opposé au mien. Me voici, sans pudeur, marchant sur les morts passés, ne m'intéressant qu'à prévenir les morts vivants. "Et il n'y eut plus d'aubes ni de crépuscules, il n'y eut plus que la guerre." p.230



A toutes les femmes et tous les hommes, quelques soient leurs races, leurs religions, croyances ou philosophies, sans exclusive, sans exclusion, je leur relaie un slogan lu quelque part : "Terrien, t'es pas rien !" et ce qui est pour moi le passage qui sauve ce livre : "Deux êtres s'embrassent, et le gouffre de leur vie s'illumine. Un homme et une femme s'enlacent, et la misère humaine est vaincue. C'est donc si simple, si simple." p.96
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La nuit

Elie Wiesel nous laisse en héritage ce livre « la Nuit » . Il a survécu aux camps de concentration qui lui ont arraché sa famille et sa foi qu'il pensait indéfectibles.

C'est un regard d'adolescent sur des évènements impensables, insoutenables, monstrueux.

Que se passe t-il chez un être humain lorsque que Survivre devient une Obsession ? Quel serait notre comportement ? De quel camp ferions-nous partie, victimes ou bourreaux , nazis ou kapos ? La Haine, la cruauté peut prendre tous les visages dans les épreuves, dans les situations extrêmes où co-habitent nazis et co-détenus.

Elie Wiesel a raconté, témoigné, décrit le ‘mal absolu', les actes de barbarie au quotidien. L'ennemi surgit à tout instant, attaque, se déchaîne sur son prochain. Elie Wiesel est roué de coups par le kapo « Idek ». Une fois, pour avoir eu le malheur de se trouver sur son chemin, une autre fois, pour l'avoir surpris en plein ébat avec une jeune polonaise. Puis ce sera au tour de son pauvre père, terriblement affaibli ; lui aussi sera battu par ce même kapo, avec une barre de fer sur un coup de colère (de tête !!) :

« espèce de vieux fainéant ! se mit-il à hurler. Tu appelles ça travailler ? ».

Il sera aussi sauvagement battu pour une miche de pain, par des détenus affamés!! La haine, la barbarie n'avait pas de camp, pas de limite !!!

Elie Wiesel a vu mourir son père sous ses yeux, il l'aura soutenu jusqu'à son dernier souffle, son dernier râle fut le nom de son fils « Eliezer ».

« Son visage ensanglanté, sa tête fracassée » son cadavre le hantera à jamais…

Ce livre « la Nuit » immortalise la grandeur d'âme d'Elie Wiesel.

Il a perdu la foi mais demeure à jamais un être transcendant.

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La nuit

Hommage vibrant a la peur,la haine suscitee par la terreur.

Témoignage de la limite de "supportable" humain.Découverte de la noirceur humaine chez le persécuté et le bourreau.

A lire tout simplement.
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La nuit

"Une fois de plus, la dernière nuit. La dernière nuit à la maison, la dernière nuit au ghetto, la dernière nuit dans le wagon et, maintenant,  la dernière nuit à Buna. Combien de temps encore notre vie se traînerait-elle d'une "dernière nuit" à l'autre ?"

Encore un récit poignant et tragique qui nous relate les moments d'un adolescent et sa famille juive déportés dans les camps de concentration. Essayer de survivre, subir la sélection, le tri, partir à droite ou à gauche, en rang de cinq... quelle misère !!

Que faire ? Mise à part obéir... à force de croire que ce fut la dernière nuit, garder l'espoir ? Garder la foi (c'est bien à ce moment là qu' Eliezer l'a perdue et ce, à juste titre) Dormir ? Mourir, plutôt que laisser voir le désastre atteindre son plus haut sommet ?

A quel moment s'en sortira t-il et comment?

Bref, ce témoignage est bouleversant d'émotions, certes lourd et tellement réaliste et traumatisant.
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La nuit

Comment écrire un avis sur un livre aussi personnel ? Comme écrire un avis sur les atrocités d'un peuple en regard de l'idéal d'un homme ? Je ne peux pas. Je dirais simplement que ce livre nous prend aux tripes, nous prend au coeur... Que Wiesel nous livre sans concession les dernières lignes de l'Histoire des camps, quand, tout près, les forces alliées arrivent pour mettre fin à l’innommable. Il nous raconte les pertes, les peurs, les craintes... Il nous raconte aussi la solidarité installée dans les camps, les liens du sang forts, l'espoir qu'on garde et auquel on s'accroche pour tenir encore une journée, une heure, une minute... C'est troublant et beau à la fois... Un texte à lire !!! Par respect pour les nombreux morts...
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La nuit

Ce témoignage aussi court qu’il est poignant est dans la lignée de Si c’est un homme, ou du journal d’Anne Frank .Il fait parie de ce qu’appelle les indispensables.

J’ajoute l’excellente préface de François Mauriac qui est à elle seule d’une beauté à couper le souffle.



« En quelques secondes nous avions cessé d’être des hommes »



Avec des mots simples et percutants, dans un style impeccable, avec juste assez de détails sans pour autant alourdir, Elie Wiesel réussit à raconter dix ans après l’indicible, l’incroyable, l’impensable, pour toute une génération que n’a pas connu cela. Et pourtant, ça a existé…..

Dans ces quelques pages il y a tout l’amour d’un fils pour son père, son admiration inconditionnelle, tout le respect pour l’homme de foi, toute la tendresse pour un homme qui se meurt à petit feu à côté de lui, sans qu’il fut possible de faire quoi que ce soit.



Je suis toujours éberluée de lire la passivité des déportés face au funeste destin qui les attendait. Comment ont-ils pu se laisser aller ainsi à la mort ?



Je connaissais Elie Wiesel pour l’avoir à de nombreuses reprises entendu s’exprimer sur le sujet, je connaissais l’homme de paix qui au sortir des camps s’est acharné tout au long de sa vie à défendre l’Humain, ses droits, sa dignité, où qu’il soit dans le monde. Curieusement aucun de ses livres n’était arrivé jusqu’à moi, c’est choses faite. Et c’est avec plaisir que je retrouverai au hasard d’un autre ouvrage.




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La nuit

Je crois que c'est le premier récit que je lis à propos de la Shoah où l'auteur nous parle des changements psychiques opérés par la déportation. Où un jeune homme, respectueux de son père, bien élevé, en vient à le considérer comme gênant, à la fois parce qu'il fait du bruit en agonisant, et parce qu'il pourrait être une gêne pour sa survie.

Ce sont deux facettes de lui découvertes par l'auteur, alors adolescent et qui le hanteront toute sa vie. S'il comprend bien que c'est la déportation qui l'a rendu ainsi, il s'en voudra toute sa vie de n'avoir pas répondu à l'appel de son père.
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Coeur ouvert

Un petit livre d'Elie Wiesel qui est à nouveau un grand texte : ce récit de son hospitalisation pour pontage coronarien donne lieu à des réflexions qui dépassent le simple évènement autobiographique pour atteindre comme toujours chez lui l'universel d'une humanité dans laquelle chacun peut se retrouver, même s'il n'est ni juif, ni croyant. A travers ses doutes, ses peurs, son espérance et sa quête d'une fraternité qui ne se limite pas à sa communauté, Elie Wiesel témoigne de ce qui nous peut nous rapprocher les uns des autres, nous relier si je puis dire. Pédagogue passionné, écrivain essentiel et philosophe mystique, il tente d'ouvrir un avenir à une humanité qui s'enferme et se condamne toute seule. Par son aspiration à l'amour des êtres, par sa volonté de partage et de conciliation, par ses témoignages liés à son expérience du mal et de la souffrance, Elie Wiesel contribue encore et toujours à nous rappeler que seule la fraternité, l'accueil et le respect de l'autre permettra de venir à bout de ce qui nous détruit. Un grand merci à lui pour cette magnifique leçon d'espérance.
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Coeur ouvert

L'auteur se livre à une véritable confession, j'ai lu plusieurs de ses livres et franchement ça donne envie de les relire avec une autre vision de lui. Ce grand homme analyse sa vie en toute simplicité, son rapport aux autres et à Dieu. Un petit livre d'une grande richesse
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Le cinquième fils

Parmi toute l’œuvre d’Elie Wiesel que j’ai presque lue dans son intégralité, si j’ai une préférence pour les essais traitant des histoires hassidiques, l’œuvre romanesque « Le cinquième fils » a de loin ma préférence. En effet, il me semble qu’avec ce roman, Elie Wiesel a tissé de la plus belle manière les thèmes qui le hantent et trouvé le meilleur équilibre entre fiction, tradition, transmission, et littérature.

Ses romans ont parfois le défaut de soumettre l’histoire racontée aux « messages » un peu trop appuyés, ceci sûrement à cause du côté obsessionnel de l’auteur, et la lectrice que je suis a dû souvent s’accrocher pour ne pas perdre son intérêt.

On relie souvent Elie Wiesel à la formule « devoir de mémoire » tellement employée qu’elle en a perdu de sa force, je dirais – pour nuancer le propos, que selon moi le thème fondamental sur lequel repose son œuvre entière est le thème de la transmission, thème essentiel du judaïsme, mais bien évidemment universel. Mais la transmission dont il est question ici est celle du père au fils, Elie Wiesel, il le reconnait d’ailleurs lui-même, se sentant incapable de brosser un portrait féminin (il est vrai que les femmes de ses romans sont comme des météores, elles tombent dans les pages et en disparaissent en une vitesse éclair mais en y déposant des traces explosives).

Père et fils, fils et père, mémoire donc, et plus particulièrement ici comment transmettre la mémoire d’un monde détruit par la Shoah, un passé dont la nostalgie empêche le père d’être heureux, ou de s’autoriser au bonheur, et qui pèse sur le fils essayant d’endosser ce qui est indicible malgré la conscience que ce ne sera jamais son histoire et qu’il ne pourra jamais se l’approprier tout à fait.

L’incommunicabilité est commune à chaque parent et enfant. Le conflit est inévitable pour l’affranchissement, mais pour les enfants de survivants, la culpabilité est d’un prix exorbitant.

« Le cinquième fils » raconte donc l’histoire d’un père survivant d’un ghetto polonais qui veut témoigner auprès de son fils new-yorkais de la traque obsessionnelle dont a été victime sa famille d’un bourreau SS dont la figure incarnation du Mal l’obsède.

Reuven, dont la mère s’est réfugiée dans la folie et le père dans le silence, a échoué dans son désir de vengeance. Son fils désemparé reprend le flambeau pour l’amour de son père, conscient que ce bourreau, surnommé « L’Ange », est devenu un membre à part entière (et toxique) de la famille. Il part à la quête d’un fantôme, d’une abstraction, sans illusion de réparation. Autre fantôme, ce cinquième fils, Ariel, sorte de double fantasmé de Reuven, devenu le symbole des espoirs assassinés mais surtout d’un monde imaginaire seule échappatoire possible à la folie des hommes et rempart à sa propre folie.

Le roman alterne les récits réalistes et dramatiques et les moments oniriques, le style indirect, la prière et les dialogues père-fils. Le dosage est subtil et très réussi, offrant au lecteur des moments de respiration nécessaire par des ruptures de ton bienvenues. Les époques et les lieux se télescopent, se font écho, l’effroi du ghetto se noie dans la fourmilière new-yorkaise, les mots du père dans la colère du fils, et les rêves de chacun créent une réalité palpable qui les sauve de la tentation suicidaire.

« Le cinquième fils » est aussi réussi car il peut s’appréhender sur bien des niveaux : historique, spirituel, onirique, poétique… Le dosage équilibré de tous ces ingrédients rend l’histoire accessible et parlante à chacun. L’auteur croit en la stérilité de la vengeance (idée ou acte) à laquelle il oppose l’éventualité de pardon, malgré la souffrance dont on voudrait se délivrer. Avant tout, l’œuvre est un émouvant roman d’amour entre pères et fils auquel Elie Wiesel ne veut pas apposer le mot fin, mais plutôt l’expression « à suivre ». C’est ainsi et pour cela que l’écrivain continue à écrire et à laisser des traces.


Lien : http://parures-de-petitebijo..
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La nuit

Un des témoignages les plus bouleversant des camps nazis.

Écrit avec simplicité, ce livre culte, très court, se doit d'être lu par tous.

Il n'y a pas vraiment de mots pour évoquer ce livre. Chaque lecteur les trouvera lui-même.
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