AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de Eliette Abecassis (826)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées


Clair obscur

Dix auteurs écrivent (initiative salutaire) au profit de l'ONG « Pour un Sourire d'Enfant » (lauréate du prix des droits de l'homme, cette association se bat depuis 1995 pour nourrir, soigner et scolariser les enfants chiffonniers de Phnom Penh). Il y a parmi eux Linda Lê dont je ne rate en principe aucune parution. J'avais lu sa nouvelle (j'aime beaucoup ce genre littéraire) très saisissante sur le Vietnam intitulée « L'Autre », ainsi que les deux, trois premières, puis le livre (sorti en 2011, vraisemblablement acheté en 2017) s'est engouffré dans ma gigantesque PAL. Il était grand temps de le ressortir.

C'est varié, sensible et un peu engagé. Des figures enfantines mémorables. Ce fut pour moi aussi l'occasion de découvrir des auteurs bien connus par ailleurs comme Maxence Fermine, Yasmina Khadra, Eliette Abecassis.

Je recommande ce recueil de nouvelles.
Commenter  J’apprécie          790
Nos rendez-vous

Nos rendez-vous.

Enfin... Nos rendez-vous manqués, plutôt...

Ce roman, en fait c'est, mon bonheur est là, dans ses bras, dans sa vie...

dans notre âme, dans nos tripes...

mais... pourquoi choisir cette voie ? Ca serait trop fastoche...

C'est tellement mieux de trimer, de passer à côté de l'euphorie, du plaisir de l'Amour, avec un grand A...

Autant être bien malheureux, vivre loin de son âme soeur...



Quoi de mieux que cette citation pour résumer :

"Ils avaient vingt ans. Ils n'avaient que vingt ans. Et c'était là, en sortant du Café des Capucines lorsque le jour se lève, que leur histoire devait commencer, car ils auraient dû se revoir, prendre un verre, puis un autre, se plaire, et se le dire, puis s'embrasser, sur un quai, en sortant du cinéma ou du restaurant, s'appeler au téléphone pour un rien, et puis un soir ou une nuit, ou peut-être à l'aube lorsque le jour se lève, après mille étreintes et mille baisers, faire l'amour et s'aimer, s'aimer et se le dire, se le dire et se marier, après quelques jours, quelques mois ou quelques années , à la mairie de Bernay ou à Montmartre, en présence de leurs familles respectives et respectueuses, une robe blanche et un bouquet de fleurs, et peut-être un enfant, ou deux, ou trois, suivre leurs premiers regards, leurs premiers mots et leurs premiers pas, faire des photos et des albums-photos, partir en vacances au bord de la mer et construire des châteaux de sable, emmener les petits au parc et les grands à l'école, fêter les anniversaires, les regarder grandir, quitter la maison, et commencer leurs études, s'inscrire un jour à la Sorbonne, là où ils se sont rencontrés, là où ils aimaient encore aller pour se souvenir du temps de leur jeunesse, et cette fois où dans cette file, ce couloir, leurs regards se sont croisés, et leurs destins aussi.

Or, rien, absolument rien, ne se produisit de tout cela."



Le genre d'histoire qui me détruit... parce qu'elle me parle... parce qu'on se trouve toujours de bonnes excuses pour ne pas franchir le pas, pour renoncer au bonheur... Pour se rendre la vie compliquée, alors qu'elle pourrait être si simple...



Eliette Abécassis m'a à nouveau touchée avec ce roman...

Avec son style bien à elle.

J'ai particulièrement aimé son art de l'anaphore.

Appuyer sur certains mots, pour les rendre plus forts.

Exprimer si justement les difficultés de notre existence.

Celles qu'on s'impose souvent...



En grande lectrice de thrillers, j'aurais aimé que l'auteure aille jusqu'au bout de ses références aux attentats qui ont fracassés notre monde... En nous réservant une fin plus tragique, plus irréversible...

Mais il n'y a que moi pour imaginer des very bad ends...



Enfin...

J'ai aimé.

Un roman qui confirme que je me complique bien l'existence...

Alors qu'elle pourrait être si simple.



" Elle lui demanda pourquoi leur amour était impossible et il lui répondit que ce qui était impossible, c'était de savoir à quel point il était possible."



" Dans le fond, on n'est prisonnier que de soi-même."
Commenter  J’apprécie          664
Un heureux événement

Pour expliquer le pourquoi du comment je me suis retrouvée à lire cet ouvrage, il faut que je sois un peu plus impudique que d'habitude. Certains lecteurs fidèles le savent, j'ai trois enfants qui aujourd'hui ont respectivement 6,5 ans, 3,5 ans et 14 mois. Suite à la naissance de ma plus jeune j'ai vécu une légère dépression du past-partum. Je ne parle pas ici de baby-blues qui se limite à quelques jours... mais d'une vraie période sombre. Chaque fois que mon -presque- mari partait au travail, je pleurais pendant une heure. Heureusement après plusieurs semaines, le lien avec le bébé s'est fait au bout de quelques temps et je suis redevenue quelqu'un qui se sent bien dans ses baskets de femme-amante-copine-maman-lectrice-toussatoussa. Cet épisode de mon existence a fait que je m'intéresse beaucoup à ce que peut être la maternité. Et disons le clairement j'ai un aprioris positif sur tout ce qui peut démystifier intelligemment la grossesse et la parentalité. En lisant le mot de l'éditeur d'Un heureux événement, je me sentais donc plutôt enthousiaste, puis je l'ai lu...



Affligeant. Voilà le mot qui m'est tout de suite venu à l'esprit après avoir refermé cet ouvrage. Navrant et affligeant. Toi aussi tu veux réussir la recette de madame Abécassis mais avec un parfum un peu différent ? Tu prends un sujet polémique ou un tabou. Puis tu prends le contre pieds en étant le plus provocateur et caricatural possible. Voilà. Madame Abécassis se prend peut-être pour une femme courageuse en disant que la maternité ce n'est pas le pays des bisounours mais la manière dont elle aborde ce sujet dessert complètement le propos. Effectivement l'héroïne va mal vivre sa grossesse puis la venue de bébé plonge son couple dans une crise terrible. Sauf que l'auteur a choisi un personnage pour qui la maternité semble être d'avance une mauvaise idée. La future mère est une bobo parisienne égocentrique qui choisit de faire un enfant comme il me vint parfois l'envie de manger un big mac : sans réfléchir, comme un caprice. Pour te dire, ami lecteur, voilà le passage où la demoiselle parle de sa décision de faire un bébé :



« Après mûres réflexion, j'ai noté dans mon carnet quatre bonnes raisons de faire un enfant :



Raison 1 : on s'aime.



Raison 2 : on a voyagé dans tous les pays atteignables.



Raison 2 revient à ce que l'on appelle : la Menace de l'Ennui.



Raison 3 : j'ai passé 30 ans, et à l'approche des 40 ans, j'avais peur de veillir. C'est la dernière ligne droite.



Raison 3 revient à : Peur de la Mort.



Résumons. Pourquoi faisons-nous des enfants ?



Par Amour, par Ennui et par Peur de la Mort. Les trois composantes essentielles de la vie. »



A partir de là, je me suis dit que, oui bon ce qui aurait été anormal chez cette petite garce égocentrique c'est de s'accomplir dans la maternité.



Le personnage est donc caricatural : égocentrique, capricieuse, libérée, inconséquente. Elle le dit elle-même : elle croyait que l'amour c'était Belle du seigneur. Mais bien sur, et puis dans la vraie vie, quand on fait le ménage les oiseaux viennent nous aider pendant que les nains sont à la mine. Bref, notre petite bobo déchante donc dès la grossesse en voyant son corps changer. Elle déprime donc tout de suite. Bon je dois dire que la nénette ne sait pas que l'on peut avoir une vie intérieure ou des hobbies parce que la pauvrette explique :



« Depuis plusieurs mois d'ailleurs, je ne faisais qu'attendre. Je restais chez moi, les bras croisés. Je faisais les courses sur Internet. Je mangeais. Je dormais. Je rêvassais en chien de fusil, la main sur le ventre. »



Tu me diras, c'est normal d'intérioriser plus quand on attend son premier enfant. Sauf que cette naissance, elle ne la prépare pas une seconde. Par exemple, les futurs parents décident de faire les achats pour bébé...3 jours avant la date du terme. On sent tout de suite le couple illuminé de maturité, non ? L'accouchement se déroule comme dans une bd des Femmes en blancs : le futur mari s'évanouit devant l'horreur de l'épisiotomie. Pour continuer sur le même thème des parents qui accueillent un enfant les mains dans les poches, ce n'est qu'au retour de la maternité qu'une illumination les frappe : notre studio n'était pas adapté à notre nouvelle vie.



La suite du roman continue sur le même ton. Nous ne sommes pas dans un récit des difficultés que peut engendrer la parentalité. Non, nous sommes dans un discours masturbatoire d'une idiote égocentrique et vaine. Leur couple bat un peu de l'aile ? Retour mode-big-mac, pourquoi essayer de se battre ? Séparons-nous tout de suite. Je connais des gens comme ça, qui rompent à la moindre difficulté, qui pensent que le bonheur doit être immédiat, facile et continue. Ça me donne juste envie de hurler.



Un heureux événement aurait pu être le roman qui brise les tabous, qui nous montre la réalité de milliers de femmes : la maternité n'est pas une garantie de bonheur, c'est un chemin difficile comme tout l'est dans la vie. Résumer ce cheminement parfois douloureux à un personnage qui est seulement défini par son individualisme, c'est navrant et bien pire que ne pas briser les tabous. Je ne vous remercie pas madame Abécassis. Et il va sans dire que je ne vous lirais plus.
Lien : http://altervorace.canalblog..
Commenter  J’apprécie          653
Instagrammable

Voici la « story de liaisons dangereuses » : la version instagrammable des épîtres de Choderlos de Laclos. Ici, le récit n'est pas épistolaire, ni constitué de stories peu nourrissantes : Il est raconté par un narrateur extérieur et omniscient, survolant pensées et sentiments de chaque personnage. Ici Jade et Léo sont les ami-mants pour la vie. L'histoire est connue, mais ces adolescents d'aujourd'hui vont reproduire celle de leurs aînés avec leurs moyens de communication modernes, et leur âge précoce qui est désormais celui où ces expériences éclosent. En lisant le résumé masqué, vous verrez que l'histoire est magnifiquement adaptée.











Tout se fait non plus entre adultes consentant, mais entre ado se sentant obligés de céder au chantage des sentiments pour être « aimés » par le plus d'inconnus possible. Un monde où l'on a plus aucune valeur soi-même, mais où notre valeur est le nombre d'inconnus qui nous "aiment", nous suivent. Et surtout, tout se fait non-plus par plis feutrés dévoilés par une rumeur incertaine, mais au grand jour sous les yeux de millions d'inconnus, exprimant leurs jugements à l'emporte-pièce sur les bribes de ce qu'ils voient et lisent. le tout est d'une violence certaine pour ces ado déconnectés de la réalité, qui ne savent plus à quoi se raccrocher lorsque leur monde virtuel s'écroule. L'histoire commence d'ailleurs avec un personnage désespéré pleurant sur un pont, histoire de mettre un peu la pression au lecteur qui prendrait ça à la légère.





Ici, vous verrez l'envers des décors de rêves des photos retouchées d'Insta, l'intérieur de l'âme des visages maquillés de ces gourous 2.0. C'est court, léger, mais plutôt bien vu autant dans la psychologie que dans le scénario. Ça se lit vite, c'est dans l'ère du temps. Choderlos de Laclos, 600 pages, Abecassis 180. Un pur produit de la pensée simplifiée, mais qui fonctionne car il colle à son sujet et, certainement, à son nouveau public. Il parvient très bien à résumer à quel point cette société désenchantée cherche le rêve facile alors qu'elle a bien mieux sous les yeux : une réalité plus complexe, certes, mais tellement plus riche. L'auteur épingle ces clichés que nous prenons tous sur le vif autour de nous : ces vies semblant plus intensément vécues en les postant instantanément sur nos téléphones alors qu'en levant la tête, l'événement original se déroule sous nos yeux. Ce non-sens de vivre dans un monde fake, à un âge où la vraie vie à tout à offrir en vrai.





L'adaptation de l'oeuvre classique à l'époque moderne est remarquable : peut-être éveillera-t-elle les plus jeunes, sinon à une prise de conscience, au moins à la lecture de l'oeuvre originale (lien ci-dessous). Néanmoins, faute de psychologie aussi fouillée, faute de passer beaucoup de temps avec les personnages dans cette société où tout passe et lasse très vite, ce récit ne marquera peut-être pas longtemps ceux qui ont connu l'original, à l'image de ces instantanés dont les couleurs s'effacent rapidement sous l'effet du soleil. D'un autre côté, ça colle exactement au propos : la superficialité des relations virtuelles, leur côté factice et, souvent, très éphémère.





Sur les réseaux, on « se » partage quelque chose.

Dans la vraie vie, on partage quelque chose « avec » quelqu'un...





Sur ce, je vous quitte en fredonnant avec Soprano :

« Je te partage ma vie, au lieu de la vivre

Tu me partages la vie des autres pour me divertir

Je ne regarde plus le ciel depuis que tu m'as pris

Mes yeux dans tes applis, baby

Je ne sais plus vivre sans toi à mes côtés

Ton regard pixelisé m'a envoûté

Toi, mon précieux, mon précieux, mon précieux

Mon précieux, mon précieux, mon précieux

Quand tu sonnes ou quand tu commences à vibrer

Je perds la tête, comment pourrais-je te quitter?

Toi, mon précieux, mon précieux, mon précieux

Mon précieux, mon précieux, mon précieux »


Lien : https://www.babelio.com/livr..
Commenter  J’apprécie          6227
Instagrammable

Eliette Abécassis, propose une réécriture des Liaisons dangereuses , et c'est une excellente idée. A la place des lettres, des petits mots, des missives écrites à la plume, Instagram , ses milliers (ou plus...) d'abonnés, ses cadeaux par milliers pour les influenceurs les plus "bankables " , et des likes comme s'il en pleuvait. Se montrer pour exister ? Exister à n'importe quel prix ? Pas vraiment... Exister, se photographier dans une vie idéale, des instants soigneusement choisis pour récolter un maximum de visibilité , dans le secret espoir d'en vivre, d'en vivre très très bien....



"Madame de Merteuil", c'est Jade , une lycéenne, une influenceuse célèbre, qui fait la pluie et le beau temps sur Insta, car son père , qui bosse dans la pub, l'a conseillée dés son plus jeune âge.

"Valmont" , c'est Leo, son ex , qui est devenu visible grâce à elle et elle entend bien qu'il lui soit reconnaissant à vie, elle veut tout contrôler.

Plus amants donc , mais amis, elle ne supporte pas qu'il soit attiré par d'autres filles, surtout cette Emma qui, vous vous rendez compte, " n'a pas cinquante abonnés et pas une seule photo d'elle sur son compte", autrement dit , une fille qui " n'existe pas ". Son exact opposé ! Aussi altruiste et généreuse, que Jade est superficielle et vaniteuse, . Gare à celles qui lui font de l'ombre , elle n'hésitera pas à manipuler son "vicomte De Valmont" à elle, et, si elle peut faire du mal également à Sacha ( sa nouvelle meilleure amie) au passage, ce n'est que du bénéf'.



Bienvenue dans un univers impitoyable... celui des discours mielleux où tous les coups sont permis ,à condition qu'ils aient l'air : #positifs, #altruistes...

Images d'une vie de rêve sur Insta , mais aussi , harcèlement sur réseaux sociaux ...

C'est une critique de ce monde virtuel où l'apparence est plus importante que la profondeur.

" Incisif " dit la quatrième de couverture : oui, mais le roman aurait gagné à approfondir un peu les caractères des personnages. Il est un peu court (178 pages) à l'image de la société dans laquelle on vit où tout doit toujours aller vite . Forcément , le lecteur va comparer ce roman avec l'original, Les Liaisons dangereuses, une histoire peaufinée, un roman parfait et je crains bien que le roman de madame Abecassis ne s'oublie vite , il n'a pas la puissance de son aîné...

Instagrammable part d'une très bonne intention, mais on a parfois l'impression d'un copié-collé Wikipédia..

Quelques lourdeurs donc, au service d'une excellente idée qui, si vous n'y connaissez rien, vous fera découvrir la face cachée du monde merveilleux des Influenceurs. Pour les plus jeunes, ceux qui sont "tombés dans la marmite ", ceux qui vivent avec Instagram comme ils respirent , cela ne vous apprendra pas grand chose et peut même vous agacer car il est à charge.

Ce roman est en cours d'adaptation cinématographique par Isild le Besco ( la soeur d'une autre actrice-réalisatrice, Maïwenn...). Paris est très présent, ce peut devenir un joli film, du gente ambassadeur de notre belle capitale...

Un roman dans l'air du temps qui peut intéresser les adolescents et peut instruire les plus âgés...

#lecturemère/fille
Commenter  J’apprécie          583
Un heureux événement

Ce livre m'a agacé !

Comme le titre le suggère, ce roman parle effectivement de l'expérience de la maternité. Je m'attendais à me trouver (plus ou moins) en diapason avec l'auteur, ayant moi-même déjà "expérimenté" trois fois...

Mais l'expectative s'est rapidement transformé en déception et ensuite en exaspération devant tant d'égocentrisme qu'Eliette Abécassis a su étaler (en couches successives) dans un récit d'inspiration autobiographique (!)





Ainsi va la vie...et la petite histoire :

1. Barbara, insouciante étudiante en philo, amoureuse de Nicolas, tombe enceinte.

2. Son corps prend d'autres proportions (la nature le veut comme ça), son emploi du temps se trouve chamboulé et elle se laisse aller à l'introspection.

3. Barbara accouche d'une petite Lea adorable.

4. Elle réalise qu'elle doit s'occuper d'un nourrisson et que ce n'est pas de tout repos...de plus en plus fatiguée, elle déprime.

5. Sa relation amoureuse la vide et se dégrade fatalement.

6. le narcissisme l'emporte sur "l'heureux événement".





A force de lire que Barbara se disait éreintée, exténuée, vannée (au moins deux à trois fois par chapitre), pendant et après la grossesse...la lecture devenait épuisante...

Une "affabulation" caricaturale (certes !) mais surtout nombriliste.
Commenter  J’apprécie          549
Un secret du docteur Freud

Je viens d'achever avec moult émotion et enthousiasme ce roman fort bien documenté, qui met en scène les 2 dernières années de l'existence du Père de la Psychanalyse...



Vienne, mars 1938, Freud, convoque élèves , disciples, amis de la Société psychanalytique pour une cession exceptionnelle, afin de les exhorter à fuir l’Autriche, les nazis ayant commencé les persécutions antisémites.



On fait connaissance avec Anna, sa fille chérie, son épouse, Martha, ses amis, dont la très dévouée et chaleureuse analyste, Marie Bonaparte qui l’aidera à fuir Vienne… On entre dans l’intimité de Freud, dans sa maison, parmi ses livres, les objets d’art qui l’entourent depuis si longtemps… Un suspens quant au pourquoi de la fin de son amitié intense avec Fliess…dont il ne se remettra jamais vraiment...



« Freud fume, en fermant les yeux. Après sa rupture avec Fliess, il avait traversé une phase de grande noirceur. Il ne croyait plus en l’amitié. Autant dire ne plus croire dans le genre humain. Cette rupture l’avait atteint, au plus profond de lui-même. Elle avait touché les fondements de son être. Ce don de soi sans rien attendre en retour, cette possibilité qu’il y ait quelqu’un sur terre qui vous comprenne parfaitement et qui soit là pour vous, en toutes circonstances.

-J’ai perdu un ami cher à mon cœur, dit-il. Et c’est le monde qui s’en est retrouvé désolé, tant il est vrai que l’amitié suffit à vous changer la vie, à vous la rendre plus belle, plus grande, plus passionnante. Avec lui, tout était plus intense. J’avais l’impression que rien ne pouvait nous résister intellectuellement, et qu’ensemble, nous pouvions tout faire, tout dire, tout connaître. Ensemble, n’avons-nous pas changé le monde » ? (p.99)





Tant d’éléments à retenir dans ce roman fourmillant d’informations : le culte de l’amitié, de la famille, la passion vitale de Freud pour l’écriture, ainsi que pour ses correspondances multiples. L’une de ses préoccupations dans le récit d’Eliette Abécassis, est de récupérer les lettres écrites à Fliess, qui exprimaient tant d’intimité, de complicités intellectuelles et affectives, comprenant également ce « fameux secret » dont je ne vous dévoilerais rien !!!





Et… j’ai totalement découvert la figure très complexe et ambivalente du « nazi », Anton Sauerwald, qui devait détruire les livres, correspondances, objets, papiers de Freud…l’arrêter et le faire tuer. Cet homme, brillant chimiste, épousa les doctrines antisémites des nazis, et fut nommé responsable de dossiers juifs, dont celui de Freud. Cette rencontre avec le fondateur de la psychanalyse va transformer, ou du moins ébranler ses certitudes. Il aida Marie Bonaparte à sauver Freud, qu'il puisse partir pour Londres, protégea comme il put, les sœurs de Freud, âgées, qui ne voulaient pas quitter l’Autriche.



Il vint même lui rendre visite à Londres…Même si il resta convaincu des idées antisémites, il reconnut l’apport conséquent de Freud, à la Science et à l’humanité.



« -Vous, Sigmund Freud, répond Sauerwald après une hésitation, vous avez proposé à l’humanité une doctrine capable de l’ouvrir à ses motivations inconscientes et, d’un point de vue scientifique, je suis obligée de reconnaître que c’est une grande avancée. Lire vos ouvrages, vous rencontrer, a changé quelque chose en moi. Vous avez introduit une brèche dans l’édifice. Vous étiez ma proie, ma victime. Vous êtes devenu un guide. « (p.185)



Une lecture passionnante, bouleversante où on voit Freud se débattre envers la maladie, et son « monstre de métal » (multiples opérations de la mâchoire), la barbarie « nazie » se propageant, menaçant l’Autriche, ses amis, ses enfants, sa famille et d’autres intellectuels qu’il estimait…



Un récit très vivant, abondamment fouillé du point de vue « documentaire »… qui intéressera tous les curieux d’histoire, de psychanalyse, etc. Une fiction « réaliste » qui offre dans un style fluide, léger, un autre visage de Sigmund Freud…. Et de ses années noires entre 1938 et 1939…



Commenter  J’apprécie          525
Instagrammable

« J’entends le chant des sirènes

Regarde autour de moi tous ces gens qui m’aiment

Je veux toucher le soleil avant que la pluie ne vienne

T’inquiète pas seul les faibles se font bouffer par le système… »



En vrai, Instagram pèse des tonnes de rêves et autant de cauchemars sans un gramme d’humanité, tous nos jeunes y sont aspirés, exaltés, broyés avec notre bénédiction ou c’est l’éviction. Eliette Abecassis avec ce court roman porte un regard acide sur le rôle hypnotique et catastrophique des influenceuses et influenceurs.



En vrai, j’ai peur quand je scrolle sur les vlogs* et que je vois leurs postures apprêtées et leur aplomb de matamore en carton sur Quoi-arrive** ou sur Toi-tuyau**.

C’est terrifiant ce que l’on peut humilier les gens. Tête-qui-pleure !



En vrai, mes parents aussi ont eu peur pour moi. Pourtant Tino Rossi est mort quand-même et Led Zeppelin est vieux maintenant, j’ai fait ma vie avec mon temps et ses addictions.

Ils la feront inévitablement avec les leurs, seulement que dans le caisson il y aura surement le dernier sac Vuitton. Ils auront voyagé à trente ans plus que moi à soixante, mais n’auront pas vu les mêmes choses. Angkor au Cambodge ou Encore en maillot dans le lodge.



En vrai, qu’est ce qui est cohérent, raisonné et rationnel, la réalité augmentée, la vérité vraie ou les simagrées ?

« Instagrammables les pots de crème, les parfums, le maquillage, les habits, pas instagrammables l’acné et les boutons, Instagrammables les bébés, pas Instagrammables les vieux. Instagrammables les beaux, pas Instagrammables les moches. »

Qu’il est beau le lavabo, qu’il est laid le bidet. C’était déjà nul !

Tout est une question d’époque dans les labyrinthes du choix. Tête-qui-grimace !

En passant, n’hésite pas à me « liker », je risque de remporter le dernier i-téléphone sponsorisé par Pomme si j’ai 1 million de vues. Comme ça je t’enverrai des stories d’i-biza.



Eliette Abecassis brosse avec acuité les relations parents/enfants dans cette société assoiffée d’exploits anodins où l’éclatement de la famille, les pressions professionnelles, l’accélération de besoins dérisoires en sont les mécaniques destructrices.



Trop nul ton dernier post, je te bloque, mais j’hallucine…



« Où sont passées les sirènes

Regarde autour de moi tous ces gens remplis d’haine

Après l’ivresse vient la migraine

Au final je crois que je me suis fait bouffer par le système.





* Faire défiler un contenu en vidéo accompagné de textes.

** Whatsapp et Youtube (clin d’œil à Deidamie)



Merci à Orelsan pour le début et la fin.

Commenter  J’apprécie          4919
Instagrammable

J'ai bien fait de me plonger au coeur de ce nouveau roman d'Éliette Abécassis alors même que les critiques n'étaient pas très élogieuses.

J'ai bien fait parce qu'une nouvelle fois, la plume de cette auteure m'a rejointe au coeur de mes émotions, de mes sensations et de mes questionnements.



Instagrammable... C'est le quotidien de mes élèves, de certains de mes collègues, des membres de ma famille et d'une foule nombreuse de mes contemporains.

C'est cette prison dorée qui nous tend les bras, nous accueille avec tant de bienveillance et de douceur et qui nous ficelle au coeur des mailles de son filet sans moyen de nous défendre.



Instagrammables... C'est vous, c'est nous, devenus totalement dépendants en quelques clics.



Les réseaux sociaux... C'est le gourou parfait de générations entières qui se croient libres mais qui sont "marionnettables" à souhait.



C'est "pour le meilleur et pour l'empire."



Instagrammable... C'est l'histoire quotidienne à laquelle j'assiste impuissante, malgré la prévention, le dialogue, le questionnement que j'essaie de proposer dans mon école.



C'est une drogue dure, une liaison mortelle qui, si elle ne nous fait pas mourir physiquement, fait mourir en nous l'essence de notre être unique, beau et original.



Instagrammable... Ca fait peur, c'est douloureux mais je crois que ça a le pouvoir de réveiller.



Pourquoi ne pas mettre entre les mains de nos ados (et de nous tous) ce petit livre assez vite lu qui pourrait, tel un miroir, renvoyer à la conscience l'emprise de la manipulation dans laquelle nous sommes si facilement tombés.



Et maintenant, clic.... Je me déconnecte !

Commenter  J’apprécie          435
Mon père

Depuis la mort de son père, Héléna, jeune trentenaire, se remet en question. Et c'est avec l'arrivée d'un courrier d'Italie d'un certain Paul M. qui se dit être le fils de son propre père que sa vie va basculer.

Parce qu'elle doute de la sincérité de ses propos, ils vont ensemble explorer le passé et les zones d'ombre de ce papa.

Parce que ce dernier n'a jamais parlé de cet autre enfant qu'il aurait eu avec une autre femme, c'est tout à coup cet homme, pour qui elle s'est sacrifié et a tout donner, qu'elle va devoir partager avec cet inconnu.

Parce qu'elle croyait connaître tout de lui, c'est avec un certain désarroi qu'elle va prendre conscience de son influence qu'il a eue sur elle...



La figure du père domine dans ce roman singulier. Grâce à l'apparition de ce demi-frère jusqu'ici inconnu, la narratrice va tenter de percer à jour ce père qu'elle croyait connaître mais certaines révélations et découvertes lui offriront une toute autre image. Ce roman à l'écriture pudique et délicate, parfois répétitive, nous montre un amour filial étouffant et dévastateur. Cette relation père-fille assez troublante et déroutante laissera le lecteur dans ses propres réflexions...



A Mon Père qui me manque terriblement...
Commenter  J’apprécie          420
Le Voyant



J’ai trouvé, cachée dans ma bibliothèque, cette nouvelle qui devait m’être parvenue gratuitement avec un autre achat (la quatrième de couverture mentionnant “Ne peut être vendu séparément”.) car je ne m’imagine pas une seconde avoir choisi ce titre.



Pourtant, Je me suis retrouvé dans le premier chapitre dans les mots d’Eliette Abécassis :

« Je ne croyais pas à la voyance dans le sens où je ne pensais pas qu’on puisse prédire l’avenir. J’avais confiance dans la raison.”



Cela ne va pas l’empêcher néanmoins de rencontrer Nathanaël qui lui avait écrit en joignant des coupures de journaux montrant ses talents de voyant.



Et à partir de cette première rencontre, j’ai décroché, j’ai continué á lire cette courte nouvelle mais sans y trouver de l’intérêt, je me rebiffe instinctivement devant tout ce qui est déclaré paranormal.



Nathanaël a certes le talent de comprendre et deviner le caractère des gens, mais je n’ai pu suivre l’autrice, philosophe pourtant, dans son admiration pour lui.
Commenter  J’apprécie          412
Petite métaphysique du meurtre

En lisant d'Éliette Abécassis, peu après sa parution, en 1996, "Qumran", je me souviens qu'entre 2 chapitres, je suis allé jeter un coup d'oeil sur sa biographie et que j'ai dû me frotter les yeux en admirant - je l'avoue - sa beauté et ses titres : à 17 ans, hypokhâgne et khâgne à Paris, suivi d'une agrégation de philosophie à l'Ècole normale supérieure et à 28 ans, professeur de philo à l'université de Caen. Entretemps, sa bibliographie s'est enrichie d'un nombre impressionnant de livres, dont certains ont été des best-sellers immédiats et pas uniquement en France et cela en dépit du fait que ses ouvrages ne sont jamais simples, mais reflètent une très vaste culture.



Il est virtuellement impossible de synthétiser cette oeuvre, car, en vraie philosophe, l'approche d'Éliette Abécassis est rigoureusement cartésienne : à partir d'une constatation, l'auteure en cherche l'origine et/ou la cause, puis, en toute logique, l'approfondie pour arriver à une conclusion encore plus profonde, et ainsi de suite. Se borner à répéter sa question du départ et en résumer sa conclusion finale me semble un exercice puéril, qui, en outre ferait tort à la beauté de l'enchaînement de ses explications et arguments. C'est la raison pour laquelle je préfère me limiter au cadre de cet ouvrage et à quelques considérations de l'auteure qui m'ont touché particulièrement.



Dans une préface à sa "Petite métaphysique du meurtre", Éliette Abécassis nous explique que son essai, dans la version initiale de 1998, "tentait de poser, d'un point de vue philosophique, la question du mal à partir d'exemples de notre temps". Comme exemples elle citait Auschwitz, le procès Papon et la Shoah.

Elle ajoute : "C'est un livre sur la théologie, l'histoire, la mémoire, la philosophie, toutes ces disciplines qui ne parviennent pas à répondre à la question fondamentale, la question du mal". Dans sa version revue et augmentée, l'auteure s'inquiète d'une évolution récente en France - mais à mon humble avis, un peu partout, aussi dans mon pays avec l'avènement de de Wever et surtout aux États-Unis avec l'élection de Trump - à savoir : la manipulation des faits, des idées et des consciences. Selon elle, "le mensonge ou l'ignominie ne doivent pas avoir de tribune."



La question de base, et qui est toujours pareille, est bien "Pourquoi le mal ? D'où vient le mal ? Comment progresse-t-il ?"



Éliette Abécassis pour répondre à cette question de mal, le distingue en 2 catégories majeures :

1) le mal cosmologique ou le mal présent dans l'univers (corruption, dégradation naturelle, souffrance et mort) ;

2) le mal cosmique : le mal que l'homme fait à l'homme (violence, meurtre, meurtre de masse) et qui comprend :

a) le mal "humain" : le mal fait selon des motifs et des mobiles et

b) le mal "radical" : le mal fait dans le seul but de faire le mal.



Personnellement, j'estime que ce petit schéma, peut-être à première vue un peu rudimentaire, nous permet cependant à éclaircir nos propres idées en la matière, ce pour quoi j'ai éprouvé le besoin de le recopier.



Ces points servent l'auteur, d'ailleurs, à présenter, situer et expliquer les différentes formes que ce mal et meurtre peuvent revêtir. Ainsi, elle situe le mal par rapport à Dieu, la gnose, l'histoire, la mémoire et la philosophie. Dans un autre chapitre, l'auteure explique les 3 principes du mal : la scission (le mal introduit une scission à l'intérieur de l'être, il scinde la conscience en 2 : celle commettant l'acte et celle considérant l'acte commis) ; la compréhension (dans le sens de justification) et la contagion (responsable de la progression du mal).

Son dernier chapitre propose des réponses au mal, dans le domaine de la politique, celui de la justice (le phénomène du pardon) et finalement dans celui de l'art. Je crois que surtout ce dernier thème (page 117 à 125), intéressera singulièrement les lecteurs de Babelio. À titre d'exemple, je cite l'auteure à propos de "La lettre écarlate" dans laquelle Nathaniel Hawthorne "maudit autant l'hypocrisie du clergé que la soif de sang de la société".



En toute honnêteté, je dois admettre que ce petit essai par sa taille (127 pages dans l'édition revue et augmentée de 2003) est tellement dense et riche qu'il requière une sérieuse dose de concentration. La formulation extrêmement précise de certains points nécessite un moment de méditation pour les interpréter à leur juste valeur. Cet essai va trouver sa place sur ma table de nuit, à porter de la main, pour en relire certains passages extrêmement importants.



Je suis content que ce bref essai d'Éliette Abécassis m'ait permis de mieux saisir différents aspects liés à la question du mal et celui du meurtre, bien que cette philosophe brillante n'ait, bien entendu, pas réussi à éclairer tous les aspects. Je suis persuadé que certains d'entre eux, appartenant à la catégorie du "mal radical" vont tout simplement au-delà de la compréhension humaine ! Mais comme grâce à ses ouvrages, tels "Qumran", "Alyah", "Mon père" et surtout "Sépharade" , j'ai acquis une meilleure compréhension de la réalité des Juifs, originaires de l'Afrique du Nord et de certains pays arabes, je suis convaincu d'avoir nettement progressé dans mes réflexions relatives aux questions soulevées par cette "Petite Métaphysique du meurtre".



Commenter  J’apprécie          4118
Mère et Fille, un roman

Livre qui m'a prodigieusement ennuyée. Heureusement ce roman est court, comportant uniquement 124 pages, sinon j'en aurais abandonné la lecture. L'écriture me déplait, elle est laborieuse, fastidieuse, pesante. Je n'ai pas aimé l'histoire non plus. Je ne suis pas réceptive, ne me sens pas concernée par cet univers de femmes. Je n'ai ressenti aucune émotion à la lecture de ce roman. Ce livre m'indiffère. Aussitôt refermé aussitôt oublié! En le lisant j'ai l'impression d'avoir perdu mon temps.
Lien : http://araucaria20six.fr/
Commenter  J’apprécie          412
Le Maître du Talmud

Cette histoire se passe sous le règne de Louis IX, Saint-Louis, à Paris dans le quartier juif, dans une école talmudique.

Un nouveau né, retrouvé mort, égorgé, dans ce quartier, non circoncis indique qu'il s'agit d'un meurtre perpétré par les juifs. Ce qui n'est pas le cas ou ne semble pas l'être.

Cela suffira pour que la vindicte populaire s'acharne contre l'école talmudique avec maintes agressions tant populaires que royales.

Aussi Rabbi Yéhiel, grand maître du Talmud, confie à son disciple la tâche de mener une enquête approfondie, notamment chez les étudiants, afin de disculper la communauté juive.



J'apprécie les romans historiques d'Eliette Abecassis et celui-ci ne manque pas d'intérêt.

Il est de notoriété que certains roi de France, dont Saint-Louis, ont cherché à nuire aux juifs tout simplement pour leur religion ou pour récupérer leur "trésor", employant des moyens fort peu "catholiques".

Peu importe ce que dit le grand maître Yéhiel, sa religion en fait un coupable du meurtre du nouveau né tout désigné.

Entre plusieurs exactions, incendie de l'école, confiscation des Talmud, emprisonnement du grand maître, le roi sur le conseil de ses Evêques convoquera ce que l'on appelle la "disputatio" ou le procès du Talmud, opposant théologiens juifs et chrétiens, sous l'oeil averti de la reine mère Blanche de Castille. Le procès étant mené par un juif converti, autant dire que dès le début les dés sont pipés.

C'est un bouquin passionnant, d'autant plus, que ces choses du Talmud m'étaient peu connues. Certes cette "dispute" amenant la condamnation du Talmud et son autodafé m'était connu ainsi que cette haine redondante dans notre histoire mais j'ignorais tout de l'étude du Talmud et sa différence avec la Thora.

Ce contexte historique de l'époque, la vie à Paris au XIIIème siècle, les habitants, la politique et l'enquête sont à mettre au crédit de l'autrice et sont parfaitement bien rendus. Je regrette les longueurs et les explications religieuses que j'ai trouvées difficile à assimiler pour non initié.

Il y a cependant de pires moments que cette lecture.
Lien : https://www.babelio.com/livr..
Commenter  J’apprécie          403
Nos rendez-vous

« C’est un beau roman, c’est une belle histoire, c’est une romance d’aujourd’hui », cette chanson résonnait dans ma tête en commençant à rédiger ma chronique… En fait, c’est plus compliqué…



C’est l’histoire d’une belle rencontre : leurs regards se sont croisés dans les couloirs de la Sorbonne, puis au secrétariat pour s’inscrire, ensuite ils ont discuté devant un café, puis dîner, et enfin, sont allés boire un verre, passant une partie de la nuit à se parler comme s’ils s’étaient toujours connus, alors qu’ils se rencontraient pour la première fois. Ils parlent de leurs auteurs préférés, Amélie regarde « Apostrophe », alors que Vincent préfère Michel Polac. Ils n’osent pas se toucher, ni s’embrasser, éducation rigide oblige…



Ayant du mal à se quitter, ils se donnent rendez-vous pour le lendemain.



Vincent arrive en avance, Amélie, qui manque de confiance en elle, tergiverse trop longtemps : rendez-vous raté, chacun va suivre sa trajectoire, se marier, avoir des enfants, se planter, mais se voiler la face.



Ils vont ainsi se rencontrer plusieurs fois, en une trentaine d’années, choisir des vies qui ne leur conviennent pas. Ils pensent, régulièrement l’un à l’autre mais n’écoutent pas leurs cœurs, leurs destins sont scellés et le pire, c’est qu’ils les ont scellés eux-mêmes.



Vincent s’est enfermé dans son travail, voyage beaucoup, gagne bien sa vie, mais l’argent…



L’auteur fait une allusion aux attentats du 11 septembre, car Vincent est à New-York, pas très loin des tours jumelles.



J’ai beaucoup aimé ce roman, plein de douceur et de tendresse, alors que Vincent et Amélie auraient peu devenir aigris, ils assument. Amélie a choisi le métier qu’elle voulait, elle a sa librairie, mais Vincent a dû faire le deuil de la musique pour obéir à un père intransigeant.



Il faut se libérer de ses chaînes pour prendre sa vie en mains et ne pas laisser le destin décider à notre place. Ces chaînes, elles peuvent être extérieures, à cause de la rigidité familiale, et elles peuvent être intérieures, car ce n’est pas parce qu’on a mis de la distance géographique avec ses parents qu’on est libéré du carcan de l’éducation.



Eliette Abecassis trace au passage un portrait de l’époque : celle de leur première rencontre, où on lisait beaucoup, les gens se parlaient, mais se perdaient plus facilement de vue, et l’époque actuelle, avec les réseaux sociaux, (on peut se retrouver plus facilement, c’est sûr !) les vies qui s’y étalent, les ventes de livres qui chutent car les gens ont les yeux rivés sur leur téléphone, smartphone et autres…



Je n’avais pas encore lu un roman d’Eliette Abecassis, j’avais tenté « Qumran » il y a longtemps, mais il m’était tombé des mains. J’en avais conclu que ce n’était pas une auteure qui me convenait. Peut-être que ce n’était simplement pas le bon moment ou pas le bon roman.



Je vais rattraper le temps perdu, c’est certain, car son écriture pleine de poésie m’a beaucoup touchée…



Ce livre a été une bouffée d’oxygène après des lectures assez dures.



Un grand merci à NetGalley et aux éditions Grasset qui m’ont permis de découvrir ce roman et de m’intéresser de plus près à son auteure.



#Nosrendezvous #NetGalleyFrance
Lien : https://leslivresdeve.wordpr..
Commenter  J’apprécie          390
Nos rendez-vous

La fabuleux destin d’Amélie… et de Vincent



Avec élégance Éliette Abécassis a écrit le roman des rendez-vous manqués, faisant d’Amélie et de Vincent le symbole de toutes ces histoires qui auraient pu être écrites différemment.



Ceux qui suivent Éliette Abécassis se souviendront sans doute qu’en 2014 elle avait publié pour les trente ans du magazine Femme actuelle une nouvelle intitulée «Le rendez-vous», l’histoire d’Agathe et de Frédéric qui se cherchent et se retrouvent trente ans après. Il n’est guère besoin d’aller chercher plus loin l’idée de ce court roman qui retrace cette fois l’histoire d’Amélie et de Vincent (deux personnages qui dans une première version s’appelaient Charlotte et Stéphane).

On les découvre au début de leur parcours universitaire, au moment où ils ont tout l’avenir devant eux. «Elle, issue d’une famille de la région normande, était en Lettres et se destinait à l’enseignement. Brune, les yeux cernés, ouverts sur le monde, comme étonnés d’en découvrir la couleur, le corps chétif, mince, le sourire timide, elle était enfant encore, à peine femme. Elle se demanda s’il allait lui donner son numéro de téléphone, s’il désirait l’appeler, si elle lui plaisait comme il lui plaisait.»

Lui «était poli et bien éduqué, un peu distant mais sympathique. Un zeste de fantaisie, comme une folie douce. On le sentait parfois ailleurs, dilettante, rêveur. Il faisait de la musique, du piano, c’était ce qu’il aimait par-dessus tout.»

Ils font connaissance en marchant dans Paris, comme des touristes. Parlent de leurs aspirations et de leurs craintes pendant des heures, ne voyant pas le temps passer. Constatant finalement qu’ils sont bien ensemble, ils se donnent rendez-vous au café de la Sorbonne. Ils se doutent tous deux que ce jour marquera le début d’une belle histoire.

Frédéric est ponctuel, tandis qu’Agathe n’est pas encore décidée quant au choix de ses vêtements et quand elle arrive enfin, il est parti. Ce rendez-vous manqué – ils ne le savent pas encore – n’est que le premier jalon d’une histoire qui va se poursuivre au fil des ans. L’incompréhension, le refus ou la peur de dire vraiment ce qu’ils ressentent, la difficulté de communiquer autant que leurs parcours professionnels respectifs vont les éloigner, avant de les rapprocher à nouveau.

Jusqu’à ce soir de réveillon à la veille de l’an 2000, ils auront parcouru la planète et auront entamé une carrière professionnelle. Amélie est désormais prof de lettres dans un lycée parisien, Frédéric est cadre dans un groupe de consulting, victime en quelque sorte de la pression familiale qui ne le voyait pas réussir dans la musique, sa vraie passion. Une pression sociale qui l’a également poussé à se marier et à fonder une famille, même s’il n’a pas oublié Amélie. Qui va aussi de son côté tenter de construire une histoire. Mais elle va passer d’un partenaire à l’autre sans vraiment trouver le bon.

Par l’intermédiaire des réseaux sociaux, ils vont pouvoir échanger et même se croiser à nouveau sans pouvoir s’avouer un amour qui n’est compatible avec leurs vies respectives.

Éliette Abécassis réussit là une très belle variation sur le thème de la vérité en amour, sur le poids des non-dits et sur la difficulté de dire les sentiments. Et comme chacun de nous a au moins eu l’impression de passer à côté d’une histoire, on ne peut que s’identifier à cet homme, à cette femme et partager leur frustration. Que ce serait-il passé si j’avais fait ceci, si je n’avais pas fait cela…

Du coup, le fabuleux destin d’Amélie et de Frédéric devient un peu le nôtre, avec les mêmes emportements et les mêmes frustrations, mais aussi avec les mêmes impondérables et les mêmes errements. Ce roman construit sur les «si» est si juste et si dramatique, si bouleversant et si fataliste.




Lien : https://collectiondelivres.w..
Commenter  J’apprécie          390
La Répudiée

J'avais vu à sa sortie en 1999 "Kadosh" le film d'Amos Gitai scénarisé par Eliette Abecassis.

Il m'avait profondément bouleversé.

Ce film m'avait donné envie de découvrir le cinéma israélien que je ne connaissais pas. Il est resté pour moi le meilleur jamais tourné par Amos Gitai.



J'avais depuis plus de dix ans envie de lire le livre qu'avait inspiré à Eliette Abecassis sa participation à l'écriture du scénario de Kadosh

Mais le peu de plaisir que j'avais pris à la lecture des livres d'Eliette Abecassis m'en avait longtemps dissuadé : "Qumran" était un thriller biblique prétentieux qui sentait trop sa Normalienne et "Un heureux événement" l'exercice d'auto-fiction de la jeune mère en plein baby blues. Bref, Eliette Abecassis avait beau être extrêmement jolie, je la trouvais avant toute tête-à-claques.



La lecture de son livre m'oblige à ravaler mes sarcasmes venimeux.

Nous sommes à Mea Shearim, dans le quartier juif ultra-orthodoxe de Jérusalem. Conformément à la tradition, Rachel est mariée à Nathan, un homme plus âgé qu'elle et qu'elle ne connaît pas.

A partir d'une telle ébauche, on imagine sans peine la suite : une nuit de noces douloureuse, une vie sans amour, l'ennui qui s'instille dans le couple, la tentation de l'adultère, sa concrétisation peut-être ....

Pas du tout ! Eliette Abecassis nous entraîne dans une toute autre direction. Rachel est amoureuse de son mari. Et son mari l'aime profondément (eh oui ! ces choses-là arrivent aussi surprenantes qu'elles puissent paraître ! j'écris ça pour voir si ma femme lit mes critiques). Hélas elle ne lui donne pas d'enfant. Et au bout de dix ans, conformément à la tradition, Nathan devra la répudier pour épouser une autre femme et procréer.

Comment réagira-t-elle ? Va-t-elle, comme sa sœur a osé le faire, oser défier la Loi ? Va-t-elle, lorsqu'elle découvrira la cause de son infertilité, la révéler à sa famille ? Va-t-elle accepter son sort en guise d'ultime preuve de son amour pour son mari ?



Le film dénonçait la violence morale exercée par la communauté hassidim sur ses membres. Le livre s'intéresse plus à l'amour, infini, que Rachel porte à Nathan. Ce qu'il perd d'un côté, il le gagne de l'autre.
Commenter  J’apprécie          371
Le corset invisible : Manifeste pour une no..

Eliette Abécassis et Caroline Bongrand expriment à merveille l'exaspération de toute une génération "post-féministe" qui a certes profité des avancées dans le domaine de la condition féminine, débarrassée ainsi du légendaire corset qui comprimait nos grands-mères et arrière grands-mères, mais qui se trouve néanmoins prise dans l'étau d'un autre système de répression.

Pour les femmes de "maintenant" il s'agit de relever des défis bien difficiles, et notamment faire le grand écart entre le travail et la vie familiale, se débattre dans les tâches ménagères avec l'aide toute symbolique des conjoints quand ils sont là, affronter les rigueurs d'un divorce, être affamées par les régimes, affronter les risques de cancer dûs à certains traitements "en vogue", faire tout pour être belle et attirante tellement la pression sociale fait que si on n'est pas attirante on ne vaut rien.

Il est donc temps de faire le bilan de la condition féminine.

Certes il y a eu des avancées non négligeables depuis 30 ans mais il reste encore beaucoup à faire!

C'est un essai très bien documenté, les auteures manient l'humour à ravir..

Certes le constat n'est pas très gai mais au moins le livre a le mérite de poser les vrais problèmes, en attendant que des solutions soient trouvées, mais il est à craindre que cela prendra un certain temps.
Commenter  J’apprécie          350
La Répudiée

J'ai lu La Répudiée lorsque j'étais étudiante, voici un certain temps. La découverte de l'univers des Juifs ultra-orthodoxes fut un choc à l'époque. La vision et la considération de la femmes sont, à mes yeux de libre femme française, épouvantables. Elles se sont rapprochées dans mon esprit de ce que j'avais pu lire dans des témoignages sur la condition féminine dans des Etats théocratiques tels que l'Iran ou l'Arabie Saoudite.



Cette lecture difficile par ses thèmes mais éclairante n'a fait que confirmer la méfiance que je ressentais déjà vis-à-vis de toute croyance fondamentaliste, de quelque religion que ce soit. Comment une lecture rigoriste et rigide des textes et traditions représente un accablement voire un asservissement de l'être humain - en particulier des femmes.

J'ai découvert en même temps l'écriture nette et élégante d'Eliette Abécassis que j'ai par la suite retrouvée dans ses chroniques littéraires pour Le Monde des Religions.



Son style et la maîtrise qu'elle a de son sujet font de ce court roman une lecture mémorable.
Commenter  J’apprécie          342
Nos rendez-vous

p. 150 : » Ce jour-là, ce n’était pas un rendez-vous qu’elle ratait, c’était sa vie. «

» Nos rendez-vous « de Eliette Abécassis est publié en ce début d’année 2020 aux éditions Grasset.

C’est l’histoire d’un rendez-vous manqué. Amélie et Vincent sont étudiants à la Sorbonne lorsqu’ils font connaissance chez des amis communs. Ils passent la nuit à discuter, jusqu’à l’aube. Un véritable coup de foudre. Alors ils se donnent rendez-vous le lendemain. Mais Amélie manque de confiance en elle, hésite, change de tenues, renonce puis, finalement court le long du boulevard Saint-Michel jusqu’à perdre haleine, pour le retrouver. Mais il est trop tard. Vincent est jeune, impatient et au bout d’une heure d’attente en déduit qu’elle ne viendra plus.

p. 146 : » Ils ignoraient que la vie prend le dessus sur les rencontres et sur l’amour, que de fils en aiguille on est emporté malgré soi vers un destin qu’on ne maîtrise plus, que l’on prend des bifurcations comme des portes qui nous mènent vers des couloirs, des couloirs de dix ans, de vingt ans, de trente ans… «

Un acte manqué qui est le point de départ de ce roman et qui entraîne le désir de la prochaine rencontre à l’autre. La notion de temps est omniprésente dans cette attente. Eliette Abécassis exploite avec talent cette notion de destin et sur le poids des non-dits en amour. Le lecteur ne peut que s’identifier aux personnages. Il y a des rendez-vous qu’on aurait mieux fait de rater, et d’autres qu’on aurait mieux fait d’honorer… Ainsi se pose la question des choix et de cette sempiternelle question » et si… ? «
Lien : https://missbook85.wordpress..
Commenter  J’apprécie          320




Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Eliette Abecassis Voir plus

Quiz Voir plus

Quiz spécial jeunesse : l'épopée millénaire de la bible

Après un court épisode de la découverte des manuscrits de la mer morte en prologue, car oui, même si ce n'est pas dit, il s'agit bien de cela, , par quoi démarre vraiment le récit ?

La nativité
Une jeune fille qui arrive chez ses parents
La génèse
Moise

11 questions
3 lecteurs ont répondu
Thème : Sépher : L'épopée millénaire de la Bible de Créer un quiz sur cet auteur

{* *}