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Critiques de Elinor Ostrom (3)
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Governing the Commons

Un traité d'économie qui, pour se montrer outrancièrement réducteur, démontre, à rebours des clichés habituels sur "la tragédie des biens communs", que les usagers et acteurs des biens communs sont bien souvent les mieux placés pour les gérer ou au moins les cogérer, plutôt que de vastes institutions extérieures, comme les états ou les entreprises. La démonstration du prix Nobel est intéressante (accessible aussi) et puise dans nombre d'exemples : cela reste cependant plus un recueil technique qu'un ouvrage de vulgarisation.
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La gouvernance des biens communs : Pour une..

Ce sont des études détaillant des modes de gouvernance de ressources par un collectif (forêt, irrigation, pêche). La longue introduction à ce travail passe par la présentation du contexte intellectuel depuis lequel il est mené : des "fictions", ou "petites histoires", qui semblent faire office d'autorité. Ainsi le "dilemme du prisonnier", prétend établir de manière indubitable que des personnes ne peuvent pas s'entendre à établir des résultats bénéfiques collectivement : la "logique de l'action collective" d'Olson démontrerait que lorsque l'intérêt commun est décrété comme politique, chacun croit en effet, et à tort, qu'il l'est. le Léviathan de Hobbes (une autorité tierce qui prive les membres de la communauté de leur liberté pour établir leur coordination) serait la solution unique. Ou encore des histoires d'éleveurs qui doivent indépendamment les uns des autres décider de ce qui est le meilleur pour leurs moutons - et ce qui mène à la dégradation irrémédiable du champs alloué. Démonstration : la coordination d'individus en dehors de la politique et de règles imposées serait impossible et mènerait à la ruine de chacun. Les individus sont incapables de gérer collectivement les ressources. C'est là qu'Ostrom suggère que ce puisse ne pas être une pensée définitive et systématiquement applicable. En effet, raisonner sur la base des conclusions de ces "petites histoires", qu'elle appelle des "métaphores" pourrait, selon elle, limiter la pensée...



Ostrom recommande plutôt que d'en rester à ces "expériences de pensée" ou "cas d'école simplistes" (c'est mon vocabulaire, pas le sien, elle est beaucoup plus cauteleuse) de s'intéresser à ce qui se produit dans la véritable réalité vraie : et c'est pourquoi elle détaille ensuite des cas réels tels qu'ils se sont produits en différents endroits de la planète.



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Ce qui m'a paru intéressant dans ce livre est l'impression qu'il donne que le mouvement de pensée réducteur qu'elle dénonce dans la première partie est, dans l'environnement où elle s'exprime, majoritaire : les principes politiques y seraient majoritairement établis depuis ces "fables" simplistes. Et ce serait pour contredire ces déviances aberrantes qu'elle se serait intéressée à la notion de "communs" et qu'elle aurait œuvré à la développer.



Ces raisonnements par "image" et "fiction" de l'économiste dont elle présente quatre ou cinq réalisations, c'est précisément ce qu'Antonin Pottier dénonce dans les négociations de lutte contre le réchauffement climatique dans Comment les économistes réchauffent la planète.



À confirmer, mais j'avais déjà, pour ma part, relevé que, dans d'autres domaines (Chomsky en sociologie, Pavel en littérature, peut-être Rawls en philosophie politique), des théoriciens développent des pensées qui paraissent davantage reposer sur la tentative, par la contestation de pensées réductrices établies comme majoritaires, d'insinuer des argumentations en faveur de l'ouverture d'esprit et de raisonnement fondés sur des réalités plutôt que des inventions littéraires.



Si tel est le cas, cela, naturellement, dévalorise d'une certaine manière la portée des réflexions portées, sinon en ce qu'elles autorisent à créer un lien avec celles, antagonistes, qu'elles contestent et celles qui peuvent se tenir dans des environnements culturels moins prompts à favoriser la métaphore, l'image, le bon sens, l'évidence et les mécanismes simples produits par des esprits incapables de produire des logiques autrement qu'à partir de données limitées. À confirmer.

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Discours de Stockholm  En réception du Nobel ..

Nous ne devons pas ignorer le monde au profit de nos modèles



Deux remarques pour commencer.



Il n’y a pas de prix Nobel d’économie mais un prix de la Banque de Suède en sciences économiques en mémoire d’Alfred Nobel. Malgré les dénégations de beaucoup d’économistes, l’économie ne relève pas des sciences dites exactes (comme les mathématiques ou la physique) mais bien des sciences sociales. L’économie devrait nous parler des systèmes de production, de leurs évolutions, de leurs contradiction et des choix démocratiques nécessaires à la construction des futurs.



Seconde remarque. Ce discours de Stockholm n’est pas une critique de l’économie politique. Il n’y a ici aucune allusion au mode de production, au capitalisme, aux rapports sociaux, aux classes sociales ni au système de genre. Le vocabulaire est infesté de termes du néolibéralisme, à commencer par la gouvernance, le contrat et les partenaires. La critique de l’idée saugrenue – mais idéologiquement très puissante – « des individus isolés et anonymes » me semble plus que faible.



Alors pourquoi lire ce discours ? Elinor Ostrom, à partir d’études de terrain critique des modèles – que je qualifierai plutôt d’idéologiques que scientifiques – de l’économie diffusée et enseignée (ce qui ne signifie pas que toutes les études soient sans intérêt). Pour celleux qui en douteraient, voir les liens entre l’Ecole de Chicago et la dictature d’Augusto Pinochet…



Comme l’indique Benjamin Coriat dans sa préface, elle soutient que « le point de départ de la théorie économique dominante n’est pas acceptable », que l’invention d’« un agent rationnel » ne dit pas grand-chose d’utile « à la connaissance des sociétés humaines telles qu’elles fonctionnent véritablement, ne peut-être dérivé de telles prémisses ». Le préfacier souligne aussi l’apport de la notion de « réservoirs communs de ressources », des biens non-rivaux et possiblement d’accès universel, le rôle du « droit d’usage » et donc d’une remise en cause du droit de propriété, le besoin d’« approches polycentriques », la relation que les réservoirs communs de ressources « entretiennent aux droits fondamentaux de la personne et aux droits humains », l’importance accordée à l’écologie…



Elinor Ostrom discute, entre autres, des réservoirs commun de ressources et des biens publics, des effets des choix discutés et de l’auto-organisation des communautés concernées, d’exemples dans l’organisation des ressources hydrauliques ou forestières, de la différence entre complexité et chaos, de la typologie des biens en regard de leur possible utilisation, des niveaux des organisations humaines pour résoudre « des dilemmes sociaux » (pourquoi ne pas parler de choix démocratiques ?), de ressources partagées, et de niveaux de coopération, de la nécessité d’avoir une approche pluri-disciplinaire…



« Pour résumer, toutes ces expériences de ressources communes et de biens publics ont prouvé que de nombreuses prédictions nées des théories conventionnelles de l’action collective sont erronées ». Les êtres humains savent coopérer, contrôler, donc gérer – mais qui en doutait ?



Le titre de cette note est emprunté à l’autrice.



Au delà des divergences théoriques et politiques, il me semble utile d’engager un dialogue avec celles et ceux qui développent d’autres regards sur les communs…
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