Vers une consommation heureuse de
Elisabeth Laville
L'une des principales causes du gaspillage [alimentaire] est l'obsession irrationnelle que provoque chez certains la date de péremption des produits. (...) Pour être sûr de ne prendre aucun risque, le consommateur jette.
En Suisse, royaume du risque zéro, où les durées de conservation sur les emballages sont plus courtes de près d'un tiers qu'en France ou en Allemagne, environ 45 % des produits achetés en magasin finissent dans la poubelle.
Au cœur du problème : la confusion qui règne autour des DLC (dates limite de consommation) et des DLUO (dates limite d'utilisation optimale).
(...) Or, "il y a clairement des abus dans la fixation de ces fameuses DLC. Elles sont souvent trop courtes".
La preuve : les DLC concernant certains produits frais (fromage, charcuterie, jambon, lardons, etc.) varient selon qu'ils sont vendus en métropole ou dans les DOM, avec des écarts surprenants pouvant aller d'une vingtaine de jours (pour les petits suisses ou la mozzarella) à quatre-vingt-huit jours (pour le beurre) et même cent quarante jours (pour l'emmental râpé).
Ces écarts multiplient par deux, trois ou même quatre le délai recommandé. Or aucun problème sanitaire n'a jamais été détecté outre-mer. Une loi sur l'uniformisation des dates limite de consommation pour un même produit sur tout le territoire a d'ailleurs été votée en mai 2013, mais son application tarde ...
Les DLUO sont, elles, apposées sur les produits secs, pâtes, riz, gâteaux secs, etc. Les études montrent que ces produits peuvent être consommés après cette date, sans aucun danger pour la santé. Seuls leur goût et leur texture peuvent s'altérer avec le temps. (...) Rien d'étonnant à ce que la France comme l'Angleterre envisagent purement et simplement la suppression des DLUO.
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