Les plus grandes caravanes réunissent plusieurs centaines de marchands et de pèlerins, et autant de chameaux ou de yacks; une escorte armée de gardes ou de mercenaires, des guides, cuisiniers et hommes de main les accompagnent : il importe donc de ne pas négliger l’intendance. Des volailles et des moutons sur pieds suivent la caravane, et la veille du départ, on charge sur les chameaux des outres de cuir remplies d’eau, de miel ou de beurre, des sacs de viande séchée, de riz et de farine, des fruits secs et du fromage. Tout cela s’ajoute aux marchandises destinées à la vente : ballots de coton ou de laine, sacs de tissus précieux, coffrets de pierres et de bijoux, boîtes en plomb portant les fruits et les épices.
Chargés de deux cent cinquante kilos, les chameaux peuvent parcourir une trentaine de kilomètres par jour lorsque la piste est bonne ; seulement une dizaine en terrain difficile. L’été, les caravanes s’ébranlent avant l’aube, pour profiter de la fraîcheur du petit matin, et parviennent à l’étape en début d’après-midi ; en hiver, elles marchent au contraire aux heures chaudes.
Les grands axes sont en général bien entretenus, pourvus de points d'eau et de caravansérails réguliers ; l'affaire se corse lorsqu'il faut franchir de hauts cols de montagne, passer à gué des fleuves mugissants ou traverser des déserts interminables où sévit la tempête... Il faut aussi compter avec les brigands, nomades tibétains, turkmènes ou Bédouins qui organisent des razzias et pillent les caravanes. Des éclaireurs, qui connaissent bien la région, partent en avant pour anticiper les dangers de la route et préparer l'arrivée à l'étape.