Citations de Elise Fontenaille (248)
En 1900, il fallait sept Noirs pour contrer la parole d'un Blanc. Au tribunal, les Blancs avaient toujours raison : la loi était faite pour ça.
Il retira l'omoplate d'orignal qu'il avait enfouie sous la braise, et entreprit de lire le présage.
[...]
Qu'avait-il vu sur l'os d'orignal ?
Rien de bon sans doute...
Mais fallait-il encore croire à ces anciens oracles ?
Un homme venait de marcher sur la Lune pour la première fois, et nous, nous jetions au feu des os de bêtes sauvages pour y lire notre avenir...
Et ils se sont mis à chanter un gospel, avec de belles voix de basses - un chant à faire pleurer les pierres.
- Tu n'as pas besoin d'avoir peur : nous sommes ici pour sauver ton âme.
A croire qu'il lisait dans mes pensées.
- Grâce à nous, tu échapperas à l'enfer. Sans nous, tu étais voué à la damnation éternelle. Mais ici, grâce à la bonté de Notre-Seigneur miséricordieux, tu es sauvé : nous extirperons le sauvage en toi.
Je restais immobile, les yeux baissés.
Tout mon corps brûlait, et aussi ma gorge et mes yeux. J'étais couvert de traces de coups, de marques sanglantes infligées par la nonne, mais cela, le prêtre feignit de ne pas le voir.
Sur un ton radouci :
- On s'habitue vite, tu verras.
S'habituer à quoi ? Soudain, il se leva, et, sans dire un mot, éteignit la lumière. Il prit mon sexe recroquevillé entre ses doigts, et se mit à le caresser, en me fixant dans la pénombre avec un sourire narquois. A mon grand effroi, mon sexe se durcit, gonfla, je ne pouvais rien y faire : c'était plus fort que moi. Je me sentais défaillir, je ne parvenais même plus à respirer. Autour de moi, les murs vacillaient.
Je dus me tenir pour ne pas tomber.
- Tu es un beau garçon... dit-il en se redresssant. (Il ralluma la lumière.)
On a besoin de connaître l'histoire de ses origines, pour être en paix avec soi-même.
Dans les wagons de troisième classe destinés aux enfants indiens, tout le monde pleurait.
Même chose sur les quais, puis tout le long du trajet.
Railway of tears...
Jamais train n'avait aussi bien porté son nom.
Quand il veut cogner, il trouve toujours quelque chose.
Avant notre naissance, c’est la Mère qui prenait tous les coups. Il lui a cassé toutes les dents, à coups de manche à balai en pleine gueule, c’est elle qui nous l‘a dit.
(...) bien sûr le passé fait mal, mais il faut parler quand même ; écrire, raconter, transmettre, pour que tout le monde sache...
La tête dans ses mains, il revoit le sourire de Lara, il entend la fraîcheur de son rire, le 6 décembre, à la cafétéria ; ils avaient déjeuné ensemble ce jour-là... D'autres étaient là aussi, mais il ne voyait qu'elle, si heureux à l'idée du rendez-vous du soir. Ils devaient dîner au marché Jean-Talon dans un petit resto libanais ; ensuite, ils avaient prévu d'aller au cinéma.
Et après, après... Il espérait bien aller chez elle, ou l'emmener chez lui, oublier pendant toute une nuit qu'ils étaient deux étudiants en ingénierie, n'être plus qu'un homme et une femme, ensemble, dans la moiteur d'une chambre.
Vous savez, à l'armée, on apprend qu'il y a deux sortes d'individus : les défensifs et les agressifs. Pour savoir à quel genre un quidam appartient, faites le test. Vous le suivez dans la rue, vous le poussez... Vous observez. S'il a peur, s'il s'enfuit, c'est un défensif ; s'il vous saute dessus sans réfléchir, c'est un offensif. J'ai essayé, je sais dans quelle catégorie je me place, mais tant qu'on ne s'est pas retrouvé dans cette situation..., impossible de savoir comment on va réagir, face à une agression.
Ils organisent des rondes, des battues, ils creusent des fosses à ours un peu partout dans le forêt...Seulement l'ourson en question, c'est le fils de mon amie d'enfance, celle qui n'a pas eu de chance.
Mon nom est Guaracuya, je suis le neveu d’Anacaona, Fleur-d’Or, notre reine, la bien-nommée ; je me flatte d’être son neveu préféré.
Là où elle va, je la suis ; elle m’appelle son ombre, en riant. Partout où elle s’élance, notre reine, sur les sentiers, le long des rivières, vêtue de fleurs et de plumes, parée de pétales d’or, son rire l’accompagne. Jamais aucune reine taïno, depuis la nuit des temps, n’a recélé autant de qualités.
Le ventre rouge du petit avion laisse la terre loin derrière lui, les ailes blanches luisent dans le soleil; en bas l'océan s'éloigne,on voit l'ombre de l'avion à la surface de l'eau.
Le môme m'a reconnu tout de suite ... Il a pointé son doigt vers moi, en tirant sur la manche de son grand-père : "C'est Colt, pépé, c'est Colt ! [...] Je te jure que c'est lui : le voleur aux pieds nus !"
Donner mes livres, c’était comme offrir un mari qu’on ne regarde plus à une femme qui le désire…
[ à propos de l'artiste de rue Banksy ]
D'être en colère ne l'empêche pas d'avoir le sens de l'humour, et de la poésie.
Entendu un soir dans un bar : "Un quart des Canadiens ont du sang indien dans les veines, les trois quarts restants ont du sang indien sur les mains".
Pauline Lacroix, quand elle apprend qu'il y a eu une tuerie à Polytechnique, c'est à la mère du tueur qu'elle pense... D'instinct, sans réfléchir, dans l'église baptiste où elle participe à la messe cet après-midi-là, juste après avoir entendu la nouvelle à la radio, elle appelle les paroissiens à prier avec elle.
- Mes sœurs, mes frères, prions pour la malheureuse mère de l'assassin de Polytechnique, aidons-la à supporter les souffrances qu'elle va endurer.
Elle ignore encore que cette malheureuse, c'est elle-même...
On n'a jamais su trop quoi en faire, de cette île inhospitalière, autour de laquelle de grands requins rôdent inlassablement. Elle est si peu faite pour l'homme qu'on l'a appelée Shark Island... C'est là qu'on parquera les derniers Hereros!
Les prisonnières et leurs enfants; les hommes sont presque tous morts. Les femmes, il en reste quelques milliers; il faut bien s'en occuper, et aussi des petits; sans cela ils vont grandir, et vouloir se venger un jour.
Sur le terrain, les fouilles sont longues, interminables, 300 000 échantillons prélevés, les restes de dizaines de femmes… Selon le chef des médecins-légistes embauchés, c’est une scène de crime comparable à un charnier du Kosovo après purification ethnique, à Ground zero… On n’est pas près d’identifier toutes les femmes charcutées ici… On n’est pas près d’en voir la fin, de ce charnier.