Découvrez une interview d'Elizabeth Acevedo sur son dernier roman Poète X!
SIGNE POETE X
Dans un monde qui ne veut pas l'entendre, elle refuse de rester silencieuse. Résumé : Harlem. Xiomara a 15 ans et un corps qui prend plus de place que sa voix : bonnet d'et hanches chaloupées. Contre la rumeur, les insultes ou les gestes déplacés, elle laisse parler ses poings. Étouffée par les préceptes de sa mère (pas de petit ami, pas de sorties, pas de vagues), elle se révolte en silence. Personne n'est là pour entendre sa colère et ses désirs. La seule chose qui l'apaise, c'est écrire, écrire et encore écrire. Tout ce qu'elle aimerait dire. Transformer en poèmes-lames toutes ses pensées coupantes.
Jusqu'au jour où un club de slam se crée dans son lycée. L'occasion pour Xiomara, enfin, de trouver sa voix.
Dès 14 ans.
Plus d'informations sur l'ouvrage ici : https://www.nathan.fr/catalogue/fiche-produit.asp?ean13=9782092587294
Suivez toutes les actualités de nos Romans Grand Format Fiction Ado sur notre page instagram et facebook Lire en live et sur notre site www.lireenlive.fr
+ Lire la suite
Et j'essaie de me dire la même chose : il faut aller de l'avant, c'est la seule direction qui vaille ; retourner en arrière, c'est juste bon pour les saumons.
Il y a des soirs où j'ai envie de pleurer jusqu'à tomber de sommeil, trop de fardeaux, mais même mes yeux sont trop fatigués pour produire des larmes correctes.
Je prend ma colère et je la plie en tout petit et je la cale dans un recoin de mon coeur.
Pour le moment, ces sentiments-là ne comptent pas.
J'ai du mal à retenir certaines leçons, j'avoue, mais celle-là en particulier m'a pris des années : un père comme le mien, faut pas lui faire trop de place dans sa vie. Parce qu'il rentre à coups de coude et il écarte les murs, et quand il part, le vide est trop grand - cet espace dans ton coeur où il devrait y avoir un parent.
Le monde, c'est une platine où un disque tourne, tourne ; nous, les humains, on ne fait que décider quels sillons éviter et quels sillons nous donnent envie de danser.
Si la gorgone Méduse était dominicaine,
et qu'elle avait une fille, ce serait moi.
J'ai l'air d'une créature mythologique.
Un monstre chimérique, qui interrompt
toutes les conversations.
Cheveux frisés comme des départs de feu,
fusant vers le plafond. Lèvres serrées,
lames de couteau. Cils longs. Trop longs.
J'en suis presque jolie.
Si la gorgone
était dominicaine, si elle avait une fille,
mon sang toujours versé pour les exploits
de ces pseudo-héros qui nous massacrent.
Fille, de Méduse, j'apprendrais les secrets
de ces regards qui pétrifient les hommes
et les arrêtent en pleine conquête comment
ça se fait qu'ils continuent à venir ?
comment les empêcher de nous conquérir ?
Il se penche et enroule ses longs bras autour de moi, et je sens la chaleur fuser au milieu de mon dos, là où il me serre, jusqu'à mon visage. Je le serre moi aussi, très fort.
Des problèmes. Ce mec va me créer des problèmes.
" La meilleure chose qu'un père puisse faire pour son enfant, c'est d'aimer la mère." Mais il y a des fois où je me dis que la meilleure chose que Tyrone puisse faire pour Babygirl, c'est de foutre la paix à la mère.
- Très bien. Prends toutes les épices que tu veux et décide de la découpe. On la servira à ta manière. Gallina à la Americana.
Elle lève un sourcil et je comprends que c'est un défi. Elle veut voir si je vais tenir. J'ajuste ma toque et je m'approche du placard. Je n'ai pas à me retourner pour savoir que la cheffe a un sourire sur le visage.
On est différentes, cette poétesse et moi. On se ressemble pas, on vient pas du même monde. Pourtant on est presque pareilles quand je l’écoute. Comme si elle m’entendait.