Tristan était agacé par son incapacité à transmettre le plus simple des messages à Ivy. Elle était si près, si près, et pourtant… Il pouvait passer sa main à travers la sienne, sans la toucher. Il pouvait s’allonger à ses côtés, sans la réconforter. Il pouvait prononcer un bon mot pour tenter de la faire sourire, sans être entendu. Il n’avait plus aucune place dans son existence et peut-être pour elle était-ce mieux ainsi, si ce n’est que, pour lui, cela signifiait une vie dans la mort.

Le soleil de juin, qui descendait à l'ouest sur la crête de ce paysage du Connecticut, dardait ces fûts de lumière sur la cime des arbres, les faisant étinceler de flocons dorés. La route sinueuse s'enfonça dans un tunnel d'érables, de chênes et de peupliers. Ivy eut l'impression de plonger avec Tristan dans des vagues, sous un soleil brillant, leurs deux corps se mouvant à l'unisson à travers un abîme de bleu, de mauve et de vert profond.
Tristan alluma les phares.
- Prends ton temps, lui dit Ivy. Je n'ai plus faim.
- Je t'ai coupé l'appétit?
-Non, répondit-elle tendrement, je crois que je suis comblée.
La voiture fila dans un virage.
- Je te dis de prendre ton temps.
- C'est bizarre,murmura Tristan. Je me demande ce qui...
Il baissa furtivement le regard.
- Ça n'a pas l'air de...
- Ralentis, je te dis. Ce n'est pas grave si on est un peu en retard...Oh!
Ivy pointa le doigt devant elle.
- Tristan !
Surgie des buissons, une forme s'engageait sur la route. Ivy avait perçu l'éclair fugitif au milieu des ombres denses, sans toutefois pouvoir déterminer ce qui l'avait provoqué. C'est alors que la daim s'arrêta. Il tourna la tête, ses yeux attirés par la lumière des phares.
- Tristan !
Ils roulaient à toute allure vers ces yeux qui brillaient.
- Tristan, tu ne le vois pas?
La voiture continua de filer.
- Ivy, quelque chose...
- Là ! Le daim ! hurla-t-elle.
Ivy était comme pétrifiée. Médusée, elle détailla Tristan, les branches de céleri dans ses oreilles, les lanières de salade sur sa tête, cette substance spongieuse et noir sur ses dents et - si difficile qu'il lui soit de croire que quelqu'un de plus de 8 ans d'âge puisse avoir cette idée - les queues de crevettes qui sortaient de son nez
Je suis obsédée par un passé que je ne parviens pas à oublier, et toi, par un passé que tu ne parviens pas à retrouver
Elle leva rapidement les yeux vers lui, haussa les épaules imperceptiblement, puis desserra son étreinte. Tristan alors entrelaça, ses doigts dans les siens. Après un instant d’hésitation, elle appuya sa tête contre le dos de sa main. Le sentait-elle ? Sentait-elle comme son cœur battait lorsqu’elle effleurait sa peau ? Il s’agenouilla. Il prit son autre main dans la sienne, embrassa à son tour le bout de ses doigts, puis abandonna sa joue dans la paume de sa main. Elle leva son visage vers lui. – Ivy, souffla t-il. Son souffle était comme un baiser. – Ivy. Le baiser devint réalité !
- Quand on aime quelqu'un, on ne s'en remet jamais, lui répondit doucement Mme Carruthers. On continue à vivre, parce qu'on le doit, mais on garde la personne aimée dans son coeur.
''je t'aime,Ivy, et un jour, tu me croiras."
Ivy s'arreta net.Elle sentait Tristan tous autour d'elle. Elle ne parvenait pas à se persuader qu'il ait disparu a jamais. Le souvenir de cette soirée ou il l'avait écoutée jouer au clair de la lunce, debout derrière elle, était si préguant!Ivy s'effondra sur la piano.
Elle pleura comme si quelqu'un venait tout juste de lui apprendre la nouvelle de sa mort.
"je ne m'y habituerai jamais, sanglota-t-elle.Jamais!"

Dans mon rève ,je pousse la porte de la maison .
Toujours.
La nuit dernière,elle était fermée à clé .
Quelqu'un voulait m'empêcher d'y accéder .
Aujourd'hui ,je descends lentement de la voiture les yeux rivés sur la maison.
C'est celle de mon rève.
pour la seconde fois en vingt-quatre heures,je monte les marches.
Cette fois , la porte s'ouvre en grand.
Le cauchemar commence.
Nous reculons chacun de quelques pas.L'intensité du regard de mon cousin (que je rencontre pour la première fois ) me déstabilise.
-Je suis Megan, murmuré-je en plongant mes mains dans mes poches pour empêcher mes doigts d'aller entortiller mes cheveux.
-Et moi , Matt.
-Puis-je allé me promener un peu avant le dîner ? demandé-je à l'intention de grand-mère .J'ai envie de visiter les alentours .
Je pousse le portail en fer forgé et j'entre dans le cimetière de famille.
Je tourne les talons et quitte vivement le petit cimetière.Alors que j'en émerge , je jette un coup d'oeil au manoir .Les rayons du soleil couchant flamboient contre les vitres : j'aperçois néanmoins qu'une silhouette s'écarte d'une fenêtre au premier étage comme pour éviter que je ne la voie .Au bout d'un moment je comprends que la personne m'observait depuis ma chambre . Je fais quelques pas encore , la lumière qui se réfléchit sur les carreaux m'empêche de voir à l'intérieur.
Un vague malaise s'ensinue en moi . Depuis mon arrivée , ni grand-mère ni Matt n'ont exprimé le désir de faire ma connaissance .Et pourtant , il me semble évident que quelqu'un s'intéresse sufisamment à moi pour m'épier.
Grand-mère lave sa vaiselle , puis s'approche de l'étagère où je l'ai vu ranger sa bible la veille .
-Où est-elle ? s'exclame-t-elle en pivotant sur ses talons .
-Où est quoi ? lui demande Matt d'un tont détaché tout en glissant une tranche dans le grille-pain .
-Ma bible .
-Par contre je fais... des rèves bizarres .
Je raconte à Sophie celui où je suis dans un lieu qui ressemble au manoir de grand-mère , ainsi que le plus récent , où j'ai découvert la maison de poupée .
Arrivée en bas de l'escalier , je trouve grand-mère qui fait les cents pas dans le vestibules . A mon arrivée , elle sursaute .
-Bonjour grand-mère vous allez bien ?
-Ma pendulette a disparu .
-C'est quoi cette fois ?
-Des tableaux . On a trouvé celui du moulin , qui est normalement dans le petit salon , accroché dans la salle de musique au dessus du coffre fort chinois , à la place de l'aquarelle . Qui , elle , était par terre , retournée .
-Regarde , me dit mon cousin , c'est une photo d'Avril , la soeur qui de grand-mère qui est morte , entrant en maternelle et une autre de toi au même âge .
Je regarde avec stupéfaction les photos et remarque que nous avons les mêmes yeux gris et que même physiquement nous nous ressemblons.Est-ce que Sophie avait dit vrai ? Etait-ce vraiment une réincarnation et que Avril a pris une nouvelle forme pour se venger de celui ou celle qui l'a tuée ? Etait-ce pour cela que il n'y a pas très longtemps je me suis réveillée dans l'ancienne chambre d'Avril ? Etait-ce pour cela aussi que les objets qui ont disparu ont été retrouvés à l'endroit exact où ils se trouvaient quand Avril était encore vivante ? Etait-ce moi qui les avait déplacés sans m'en rendre compte ?
-La ressamblance entre vous est...frappante .
Bonne lecture!!
_ je n'ai pas peur, affirma philip.
_ heureux de te l'entendre dire, parce que moi, si, avoua tristan.
_qu'est-ce qu'il y a? demanda philip qui avait ressenti l'inquiétude de tristan.
_ continue d'avancer. je te dirai après.
_ la barrière est drôlement haute, tristan.
_ mais au moins, elle n'est pas électrifiée.
_ est-ce qu'on pourrait se reposer?
philip, il faut qu'on arrive avant le train!
_ pourquoi?
_ parce que. grimpe!
À bien y réfléchir, la signification du rêve que j’ai fait la nuit dernière devient évidente, tout autant que le sentiment de malaise que j’ai ressenti alors. La porte de la famille de ma mère m’est fermée depuis toujours ; quand un accès ainsi interdit pendant seize ans s’ouvre brusquement, sans explication, on ne peut s’empêcher de se demander ce qui se cache derrière.