« Je voudrais les amener à adopter un point de vue philosophique sur le sujet et user de mon influence pour les convaincre que tout travail, s’il est bien fait, est source délévation et non pas d’avilissement ; que la femme qui fait cuire une miche de pain comme il faut, qui fait briller l’argenterie au point qu’on peut se mirer dedans ou qui frotte la table de la cuisine jusqu’à ce qu’elle soit parfaitement propre, en y mettant tout son coeur et tout son savoir-faire, est aussi digne de respect et d’éloge que le peintre qui figure sur sa toile la spendeur d’un paysage baigné de soleil, que le poète qui tisse ses pensées pour composer des vers ou que le souverain qui règne du haut de son trône. »
« Bien que je vive à l’époque de la « nouvelle féminité », qui exique le port des chemises raides, cols montants, cravates et gilets comme preuves de parfaite « émancipation », je reste convaincue que les chemises amidonnées sont, ou devraient être, la propriété exclusive des hommes, et je comprends aisément leur objection vis-à-vis de cette « nouvelle femme » qui, en revendiquant farouchement ce qu’elle appelle ses « droits », ne s’inquiète pas du tort qu’elle inflige à l’autre sexe et qui, non contente d’avoir, dans certaines professions, privé la gent masculine de ses moyens d’existence, serait prête aujourd’hui à le dépouiller en plus de ses vêtements ».
L’arrivée de la nouvelle cuisinière fut bienvenue à l’office. Annie, surtout, fut ravie de se voir déchargée de certaines responsabilités, et l’organisation domestique se mit à fonctionner un peu mieux. Mes tâches, en revanche, ne se trouvèrent aucunement allégées, si ce n’est que je ne touchai plus du tout à la vaisselle.