Le capital transnational semble avoir échappé aux frontières de l’État-nation, le pouvoir du capital est encore plus diffus, et il s’avère toujours plus difficile de localiser et de contester le centre du pouvoir capitaliste. On a l’impression qu’il se trouve à la fois partout et nulle part.
Mais les apparences peuvent être trompeuses. On défendra dans ce livre l’idée que l’État reste un lieu essentiel de concentration du pouvoir capitaliste, même, ou en particulier, dans le capitalisme mondial actuel, et que l’empire du capital repose sur un système fondé sur de multiples États.
L’une des fonctions les plus fondamentales de l’État a été d’exercer ce contrôle serré sur la mobilité du travail, pour que celle-ci serve à accroître le profit capitaliste et non à le menacer " ou l’introduction " des contraintes du marché là où elles n’existent pas et de les maintenir là où elles existent
L’impérialisme économique de type capitaliste est le premier impérialisme dans l’histoire qui ne dépende pas uniquement de la conquête d’un coin de territoire ou de la domination d’un peuple.
Et pourtant, il n’existe toujours pas de théorie systématique capable de rendre compte de l’impérialisme à l’ère du capitalisme universel. Pas de théorie non plus capable de comprendre un impérialisme qui ne met pas en scène des maîtres impériaux et des sujets coloniaux, mais un système international où les puissances, impériales ou subordonnées, constituent plus ou moins des États souverains