Dans le 135e épisode du podcast Le bulleur, on vous présente Dernier week-end de janvier que lon doit à Bastien Vivès, édité chez Casterman. Cette semaine aussi, on revient sur lactualité de la bande dessinée et des sorties avec :
La sortie de lalbum Colorado train que lon doit à Alex W. Inker et aux éditions Sarbacane
La Sortie de lalbum Limpudence des chiens, album que lon doit au scénario dAurélien Ducoudray, au dessin de Nicolas Dumontheil et cest édité chez Delcourt
La sortie de lalbum Très chers élus que lon doit au scénario conjoint dÉlodie Guéguen et Sylvain Tronchet, au dessin dErwann Terrier et cest édité chez Delcourt
La sortie de lalbum Léo en petits morceaux que lon doit à Mayanna Itoïz et aux éditions Dargaud
La sortie du cinquième tome de la série RIP, un album intitulé Fanette que lon doit à Gaets pour le scénario, Julien Monnier pour le dessin et cest édité chez Petit à petit
La réédition de lalbum Une saison à lONU que lon doit au scénario de Karim Lebhour, au dessin dAude Massot et cest édité chez Steinkis
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- Alors, M. Fabius, ce château neuf ?
- Il a un arrière-goût de fraise des bois !
Un jour, l’un d’entre eux est venu déposer chez moi, en Alsace, 2 millions de francs en billets de 500. Je devais les garder quelques jours, puis les remonter sur Paris pour les donner à Balkany qui devait les remettre à Chirac. Manque de bol, il y a une perquisition à Levallois, chez Balkany. On est encore en pleine affaire COGEDIM. Je me dis que je devrais peut-être mettre cet argent à l’abri le temps que ça se calme. Je décide alors de l’enterrer dans les bois derrière chez moi. Trois jours plus tard, je reviens pour récupérer les deux gros Tupperwares dans lesquels j’avais caché les billets. Et là… Ils sont introuvables. Une horde de sangliers était passée entretemps. Ils avaient tout déterré ! On a mis deux heures à les retrouver. Les sangliers avaient poussé les boîtes sur 200 mètres. Heureusement, elles ne s’étaient pas ouvertes. Imaginez si j’avais dû rentrer à Paris et expliquer à Balkany que les billets avaient été bouffés par les sangliers.
Plusieurs témoins des fameuses soirées de levées de fonds nous ont confirmé qu’Emmanuel Macron ne promettait rien de précis. Rien de plus que ce qu’il disait publiquement pendant sa campagne. Mais tous ont bien senti que ce candidat les comprenait. Et inversement. Emmanuel Macron a dénoncé le mode de financement de la vie politique en France. De fait, ce système pose des barrières quasi infranchissables pour un candidat qui n’appartient pas à un grand parti déjà installé. Néanmoins, pour arriver à ses fins, il a utilisé d’autres facettes du système qu’il dénonçait. Dans son livre Le prix de la démocratie (Fayard, 2018), l’économiste Julia Cagé détaille l’analyse de données fiscales auxquelles elle a eu accès en tant que chercheuse et que Bercy répugnait à donner depuis quelques années. Les plus aisés financent le jeu démocratique en France. Il y a très peu de gens qui donnent chaque année à un parti politique : 0,79% des foyers fiscaux. En revanche, c’est beaucoup plus chez les plus riches. Prenons un exemple : les 10% des Français les plus riches, on parle de gens aisés, environ 6.000€ mensuels de revenus pour un couple sans enfant. En moyenne, ils ne donnent que 4€ par an à un parti. Les 0,01% les plus riches, des gens très, très aisés (environ 58.000€ de revenus mensuels) donnent beaucoup plus, même proportionnellement. Eux donnent en moyenne 540€ par an. Ces généreux donateurs profitent à plein des réductions d’impôt et voient leurs préférences politiques massivement subventionnées par l’ensemble des contribuables.
Vous les journalistes, vous passez votre temps à faire les poubelles des partis politiques à la recherche d’une magouille, d’une infraction supposée. Quand vous sortez ces histoires, qui ont peu d’intérêt, vous alimentez la défiance à l’égard des élus, le sentiment de Tous pourris.
Les partis européens sont des alliances de partis nationaux. Financés par le budget général de l’Unions, ils sont censés contribuer à la formation d’une conscience européenne. Les partis français sont tous rattachés à des partis européens. Le PS est affilié au parti socialiste européen, le Modem au parti démocrate européen, le RN au parti identité et démocratie, EELV à l’European Green Party. Le plus gros, c’est le PPE, le parti populaire européen, au sein duquel on retrouve les Français de LR. Pendant longtemps, c’était aussi le parti du premier ministre hongrois, le populiste Viktor Orban.
Il faut de l’agent pour être élu. Beaucoup d’argent. Pendant des années, cet argent circulait dans des valises de billets, aux origines diverses et souvent douteuses. Elf. Cogedim. Urba. Françafrique. Fonds spéciaux Matignon. DCN. Luchaire. Etc. Ah, c’était la grande époque, celle des mallettes. C’est quand même grâce à elles qu’on a financé qu’on a financé pendant plusieurs années la vie politique française. De l’argent occulte qui provenait de commissions sur des contrats d’armement, de grandes entreprises ou de dirigeants étrangers.
Examiner les comptes de campagne des candidats, une tâche aussi conséquente parait impossible pour le commun des mortels, mais pas pour l’équipe expérimentale des justiciers de la commission nationale des comptes de campagne et des financements politiques. Qui sont-ils ? Neuf anciens hauts magistrats honoraires (c’est-à-dire à la retraite). En 2022, l’âge moyen du collège des commissaires est de 71 ans. Pendant 15 ans, de 2005 à 2020, elle a été présidée par François Logerot, 84 ans au moment de son départ. Cette commission manque de moyens. Pour examiner les comptes des candidats, elle fait appel à des hauts fonctionnaires à la retraite, assistés par des étudiants embauchés en CDD. Il est notoire que la commission n’a pas de pouvoir d’enquête. Elle est passée à côté d’au moins 20 millions d’euros de dépenses au-delà du plafond autorisé chez Nicolas Sarkozy en 2017. Ses rapporteurs n’ont par exemple pas le droit d’interroger les fournisseurs des candidats. Comment juger de la validité d’une facture dans ces conditions ? La commission n’avait pas vu non plus les sommes en liquide qui circulaient pendant la campagne de 2007, es prix d’amis pratiqués pour certains candidats comme en 2017.
En 2001, le Premier Ministre Lionel Jospin demande au président de la cour des comptes, un rapport sur les fonds spéciaux. Le magistrat écrit donc ce que toute la classe politique sait déjà. L’utilisation possible des fonds spéciaux pour financer des activités politiques : ce fut une destination souvent avouée, maintes fois prouvée, mais tacitement acceptée. Le rapport Logerot a été commandé au moment où l’on a appris que Chirac et sa famille avaient bénéficié de billets d’avion payés par les fonds spéciaux. Tout le monde se servait. Dans les cabinets ministériels, les conseillers se faisaient de sacrés primes. La distribution d’espèces provenant des fonds spéciaux constitue une irrégularité choquante dès lors qu’il s’agit de compléments de rémunérations versés à des agents publics en dehors de toutes règles et de tous contrôles. À l’époque, la droite réclamait la suppression de ces fonds. Le rapport Logerot, lui, proposait une réforme pour en finir avec ces abus, mais dans les faits…
Qu’est-ce que je peux vous dire que vous ne savez déjà ? l’argent est essentiel à la conquête du pouvoir. J’ai tout vu de l’arrière-boutique des partis sous la Ve république. Je pourrais écrire un livre entier dessus. Mais j’ai passé l’âge de faire travailler ma secrétaire. Surtout quand je vois ce que rapportent les droits d’auteur, 10% par ouvrage vendu. On m’a dit que Sarkozy avait négocié 20%.
Pourquoi parle-t-on d’indemnités et non plus de salaires pour les élus ?