AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de Elsa Charretier (42)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées


The Infinite Loop, tome 2 : La Lutte

J'avais adoré le premier tome de cette duologie, qui parlait d'une relation interdite entre deux femmes : l'une humaine, l'autre une "anomalie". J'étais un peu déçue de savoir qu'il n'y avait pas d'autres tomes, tant j'avais adoré cette histoire.



Nous retrouvons donc ici ces deux personnages qui doivent choisir entre vivre leur histoire loin de tout le monde, ou se battre pour un monde meilleur pour toutes les "anomalies" qui, finalement, ont aussi des sentiments... Alors, "pour être heureux, vivons cachés" ? Vraiment ?



Ce comics (écrit par des auteur•rices français•es) traite d'un amour interdit et du lesbianisme. C'est vraiment une très belle histoire qui amène à s'interroger et qui est bien construite.



Même si je souhaitais une série plus longue, je dois admettre que c'est aussi une belle conclusion pour cette histoire que j'ai beaucoup aimée.
Commenter  J’apprécie          280
Faith, tome 4 : Les Faithless

J'ai cru comprendre que la série Faith était terminée avec ce quatrième tome... C'est donc avec un brin de tristesse que je l'ai fini, même si nous pouvons visiblement retrouver l'héroïne dans d'autres histoires... À voir maintenant si Faithless est bel et bien le dernier volume de cette saga !



Cette fois, Faith se retrouve à affronter plusieurs de ses ennemi•es : Chris Chriswell, Dark Star, Mickey Meurtre et Sydney. Tous•tes ont pour objectif de l'anéantir, alors même qu'elle peine à concilier sa vie professionnelle, personnelle et son travail de super-héroïne... Afin de parvenir à la détruire, les quatre antagonistes vont s'allier...



Même si j'ai bien aimé l'histoire, j'ai trouvé que la résolution du conflit était un peu trop simple et hâtive. Toutefois, j'ai passé un chouette moment de lecture et j'ai hâte de retrouver l'héroïne (super !) dans d'autres séries Valiant, parce qu'elle va un peu me manquer !
Commenter  J’apprécie          250
November, tome 1 : La Fille sur le toit

Dès les premières pages, on remarque la radicalité du graphisme, les cadrages sont dynamiques, le mouvement mis en avant, les couleurs se confrontent, des noirs agressifs, des couleurs sombres saturées, ocres rouges, bleus graves, nuances subtiles acides ou au contraire très neutres sur un papier mat, on s’enfonce dans les vignettes qui deviennent parfois carrément abstraites, chaque vignette, chaque page pose un rythme, une ambiance… Une page bleue avec juste un éclat de phare rouge et le découpage est tout aussi péremptoire, des vignettes en hauteur, parfois toutes noires avec quelques mots, et le récit est découpé de la même façon, en saynètes dynamiques, brutes, violentes, agressives. On passe d'un personnage à l'autre, c’est vraiment ciselé au cordeau, certaines images marquent comme un logo. Une ambiance de polar noir, de thriller, avec trois filles dont les histoires se recoupent, c’est remarquablement bien conçu, sauf que…



Pourquoi une note si sévère vous direz-vous ? Parce qu’en refermant le livre, je n’ai toujours pas compris les enjeux de cette histoire, on referme un livre sans avoir la moindre idée d’où on va, et il faudra attendre la suite, que je lirai sans doute, mais c’est frustrant d’être face à ce patchwork d’orfèvre, et de ne toujours pas savoir si l’histoire me plaira ou pas, de ne même pas savoir si c’est un polar ou du fantastique ou de la science-fiction, non pas que j’ai un besoin irrépressible de coller des étiquettes, mais là, je ne sais même pas de quoi ça parle.

Commenter  J’apprécie          163
November, tome 1 : La Fille sur le toit

Ce tome est le premier d'une trilogie qui forme une histoire complète indépendante de toute autre. Il est paru directement sous forme d'un tome relié, sans prépublication. La première édition date de 2019. Le récit a été écrit par Matt Fraction, mis en images par Elsa Charretier (dessins & encrage) et mis en couleurs par Matt Hollingsworth.



Au début : une page avec le poème No! De Thomas Hood (1799-1845). Prologue - Dans une grande métropole, Dee (Deanna) est assise à sa table habituelle dans le diner du coin, en train de faire les mots croisés du journal du jour. Mister Mann s'installe à sa table, malgré sa demande de la laisser tranquille. Dee sort une clope de son paquet, et Mister Mann l'allume avec son briquet à essence. Il entame la conversation sur les mots croisés qu'elle est en train de faire, puis lui indique qu'il a de l'argent pour elle. Il lui montre une liasse de billets dans la paume de sa main gauche. Ayant capté l'attention de Dee, il lui demande de se représenter une porte dans son esprit. Puis il lui demande d'imaginer que la serrure est remplacée tous les jours. À chaque fois que la porte est ouverte, une lumière rouge s'allume au-dessus de la porte. Mister Mann explique à Dee que son boulot serait d'allumer la lumière au-dessus de la porte pour 500 dollars par jour, tous les jours. Elle accepte. Chaque jour, elle fait les mots croisés tôt le matin, décode le message qu'ils contiennent, monte sur le toit de son immeuble, allume sa radio et lit le code chiffré. Chaque jour, elle trouve 500 dollars en billet dans sa boîte aux lettres.



Chapitre 2 - Une femme a éminemment conscience qu'elle peut marcher toute la journée dans n'importe quelle direction et qu'elle se trouverait toujours ici. Une belle jeune femme rousse effectue son trajet habituel dans le métro. Elle sort à sa station et va faire les courses dans la supérette du quartier. Elle marche jusqu'à chez elle, mais en cours de route, ses deux sacs en papier se déchirent et leur contenu se répand au sol. Elle est ensuite bousculée par trois jeunes qui passent en courant. En ramassant ses commissions, elle constate la présence d'un flingue dans la flaque d'eau à ses pieds. Elle appelle la police. Chapitre 3 - Kowalski rêvait d'une carrière dans la police. Elle s'est retrouvée standardiste dans un commissariat, répondant aux appels du public pour le numéro d'urgence 911. Elle accepte bien volontiers d'enchaîner un deuxième service au premier, pour ne pas avoir à se retrouver chez elle avec sa copine Donna. Elle se lève et interpelle le policier surnommé 12-6, en lui rappelant qu'il doit rester en contact permanent, qu'elle doit pouvoir le contacter à tout moment. Le standard se met à clignoter dans tous les sens, et elle se dépêche de reprendre son poste pour répondre. Chapitre 4 - Les policiers Rookis & Skell sont affectés à l'entrepôt des pièces à conviction. Skell explique en quoi leur boulot est important : il permet aux enquêteurs de rétablir la chaîne de causalité, grâce aux liens qu'ils établissent entre les faits et les pièces à conviction. Rookis s'interroge sur ce qu'il adviendrait si des pièces à conviction venaient à être subtilisées. Épilogue - Dee pose la question qui lui brûle les lèvres à Mister Mann.



En entamant ce premier tome, le lecteur sait par avance qu'il plonge dans un récit sortant de l'ordinaire. Matt Fraction est un scénariste ayant réalisé de nombreux récits sortant des sentiers battus : Casanova avec Fábio Moon & Gabrie Bá, Satellite Sam avec Howard Chaykin, Sex Criminals avec Chip Zdarsky, ODY-C avec Christian Ward. Elsa Charretier est une artiste française ayant réalisé l'excellent The Infinite Loop avec Pierrick Colinet. Il s'agit donc de l'association de 2 auteurs à la forte personnalité. Ensuite, le format de parution tranche par rapport à celui des comics industriels : 3 tomes reliés, sans prépublication. La couverture est un savant collage de 3 images dont 2 superposées. Le titre est particulièrement cryptique. Cette impression est vite confirmée à la lecture. Le récit se décompose en 4 chapitres, encadrés par un prologue et un épilogue, qui forment une seule et même scène consacrée à Dee et son interlocuteur Mister Mann. Un chapitre est consacré à la mission quotidienne lucrative de Dee, les autres à d'autres personnages. Le chapitre consacré à Dee expose une de ses journées types, tout en évoquant incidemment sa condition de junkie et les maltraitances qu'elle a subies. Le deuxième chapitre se déroule en moins d'une heure, concernant une jeune femme qui n'est pas nommée. Le lecteur détecte tout de suite que le scénariste est en train de tricher dans le troisième chapitre puisqu'il s'écoule une vingtaine d'heures, avec de nombreux trous dans les événements qui surviennent. Le quatrième chapitre arrive comme un cheveu sur la soupe, avec cette histoire de pièces à convictions. La structure narrative ressemble donc à un puzzle avec des pièces dans le désordre et toutes n'ont pas la même importance.



S'il a lu The Infinite Loop (ou ses travaux pour Marvel et DC), le lecteur s'attend à retrouver les dessins tout public d'Elsa Charretier avec leur apparence évoquant un croisement entre Bruce Timm et Darwyn Cooke. Il se dit que cette filiation a tout son sens puisqu'ils sont tous les deux amateurs de polars, en particulier Cooke avec ses adaptations des romans de Donald Westlake, mettant en scène l'inénarrable Parker. Effectivement, la filiation avec ces 2 artistes est toujours là, et en même temps sa narration visuelle a évolué. La dessinatrice a abandonné sa propension à peaufiner les visages pour les rendre plus séduisants, les silhouettes pour les rendre plus élégantes, les décors pour les rendre plus rutilants. Dee et Mister Mann semblent s'être préparés pour un concours de poche sous les yeux, et il est difficile de désigner un vainqueur. La maigreur de Dee fait peur à voir, et atteste du fait que les substances psychotropes et les clopes prélèvent un lourd tribut sur sa santé physique. Mister Mann est suave au point d'en être onctueux et écœurant. La jeune femme rousse est beaucoup plus avenante, mais les expressions de son visage montrent une vie intérieure encline à l'angoisse. Kowalski donne l'impression d'être harassée de fatigue, par les soucis, par le rythme des appels, par l'idée de retrouver Donna. Le lecteur se retrouve bien face à des adultes ayant maille à partir avec les petits et les grands tracas de la vie.



Dès les premières images, le lecteur éprouve la sensation de se retrouver dans les décors familiers des grandes villes américaines : le diner simple mais accueillant, l'appartement minable, le toit d'immeuble avec ses cheminées, la boîte à striptease crasseuse, le métro avec toutes sortes de gens, la rue peu fréquentée, l'entrepôt avec ses immenses étagères fonctionnelles. La représentation de chaque lieu contient un bon niveau de détails, réalisant une description bien équilibrée entre simplification de certaines formes et consistance des lieux. Le lecteur observe vite que la dessinatrice a construit l'ensemble de ses planches sur la base d'un découpage en 3 bandes de 4 cases de taille identique. En fonction de la séquence, le nombre de cases peut varier de 12 (3 bandes de 4 cases) à 3 (3 cases de la largeur de la page). Certaines cases sont donc fusionnées : 2 pour en faire 1, ou 3 pour en faire une ou 4 pour en faire une, cela donne une structure à la fois rigide et souple au découpage. Il constate également que les auteurs jouent avec élégance sur ce que peuvent montrer les cases. S'il y prête attention, il remarque par exemple que la texture du micro de la radio de Dee est exactement représentée par le même type de croisillon que celui du micro de Kowalski. Il note également qu'ils insèrent des gros plans pour un détail sur lequel se fixe l'attention d'un personnage ou d'un autre : la flamme du briquet à essence, le rond de la lumière rouge au-dessus de la porte, la tête d'un pigeon, une balle restante dans le barillet du flingue, un cadenas, une clope écrasée dans le jaune d'un œuf au plat, les maillons d'une chaîne, une petite culotte. Cela produit un effet étrange sur le lecteur : une impression fugace du ressenti d'un personnage, une impression qu'il s'agit d'un indice capital pour la suite.



À la fin de ce tome, le lecteur a bien compris qu'il s'agit que d'une partie de l'histoire qu'il ne pas juger à l'aune de ces pages. Il s'est également bien rendu compte que Matt Fraction fait en sorte de l'inviter à jouer un jeu. Dans le prologue, Mister Mann dit à Dee qu'elle ne doit pas prendre tout ce qu'il dit littéralement, qu'il y a des métaphores. Effectivement dans ce prologue et dans le chapitre 1, Dee se livre à des observations sur son existence, sur son sens : l'importance de la routine, les liasses quotidiennes de billets qui finissent par s'apparenter à des prospectus publicitaires, le fait que chaque individu se tienne dans une cage métaphorique qui limite le territoire de sa vie. Au contraire, le chapitre 2 donne l'impression de rester dans un registre purement factuel, sans plus de considération philosophique. Les explosions de grande ampleur du chapitre 3 laissent supposer qu'elles sont liées au message radio quotidien de Dee. Progressivement, le lecteur acquiert la conviction qu'il s'avance dans un polar à la narration chorale où les pièces du puzzle s'assemblent parfaitement, où les individus se débattent dans des schémas de vie dont ils n'ont pas conscience.



Le lecteur apprécie tout de suite ce premier tome (sur 3 de prévus) grâce aux dessins immédiatement lisibles, établissant tout de suite une grande familiarité avec les personnages et les environnements. Il progresse dans une construction narrative rigoureuse et complexe, que ce soient les pages bâties sur une trame de 3 bandes de 4 cases, où l'intrigue avec des éléments qui se répondent d'un chapitre à l'autre. Il ressent bien le récit à base de mystères l'invitant à établir des liens de cause à effet, avec des personnages abîmés par la vie, et une intrigue qui fait ressortir comment l'environnement façonne les individus.
Commenter  J’apprécie          140
November, tome 1 : La Fille sur le toit

Chaque matin Dee doit déchiffrer un code cache dans le journal du jour contre du cash, et envoyer le code déchiffrer sur un poste radio clandestin.

Une flic qui reçoit les appels à l'aide découvre que ses collègues masculin sont impliqués dans des choses pas nettes.

Et une troisième découvre un flingue abandonné dans la rue.

Elles ne se connaissent pas mais leurs destins sont liés. Mais un matin le code n'est pas transmis à temps, quelles en seront les conséquences ?



Un premier volet intriguant et mystérieux car on sait peu de choses sur les trois femmes ainsi que sur le commanditaire. Tout est lié mais pour le moment le lecteur n'a que peu de réponse. On reste sur notre faim mais on a envie de découvrir la suite.

J'ai beaucoup aimé le graphisme et les couleurs qui définissent l'univers de chaque protagoniste de l'histoire.



Commenter  J’apprécie          80
The Infinite Loop, tome 2 : La Lutte

Le second et dernier tome de la saga « Infinite Loop » est très décevant par rapport à son prédécesseur. Ce qui m’a gênée, c’est que je n’ai pas retrouvé l’humour du tome un, car la situation ne s’y prêtait pas vraiment. Je n’ai pas non plus revu le style décalé dans la narration ou des bulles de dialogues. L’auteur s’est réellement penché sur ses messages et sur son histoire. Le reste a été balayé, ce qui est un peu frustrant, en particulier lorsque c’est fouillis. En effet, Teddy, l’héroïne, est en pleine révolte : elle souhaite retrouver celle qu’elle aime et qui lui a été enlevée. Ses alter-égos temporels vont la suivre à travers le temps et ses souvenirs. C’est assez difficile à suivre : on est baladé d’un voyage dans le temps à un autre sans réellement comprendre pourquoi pendant une vingtaine de pages… Après avoir créé diverses anomalies, ce sera finalement l’arrivée de deux agents qui va enfin stopper ce long passage assez déboussolant afin de laisser au lecteur le soin de découvrir Tina, la directrice de l’organisation dans laquelle Teddy travaillait. Je trouve que cela a pris trop de temps et n’était pas nécessaire. Certes, on aperçoit une scène de la jeunesse de Teddy et on retrouve notre joli couple féminin sous la couette, mais j’ai tout de même trouvé cela trop long…



Bien qu’elle ne m’aie pas plu davantage, la suite est plus compréhensible et plus dynamique. L’enfant capable de changer de sexe est un personnage intéressant qui amène le lecteur sur une nouvelle piste de réflexion. Quant à la fin, je l’ai trouvée assez simple et attendue… Le graphisme, toujours aussi joli et coloré n’a pas suffi à me faire passer un bon moment de lecture. En réalité, je n’ai pas du tout accroché à cette suite. Le premier tome avait été une excellente mise en bouche pleine de messages et d’humour. Alors pourquoi un tel changement ? D’ailleurs, ce n’est pas le récit qui m’a intéressée dans ce second tome, ce sont les extras à la fin ! On peut lire des témoignages de gays ou de lesbiennes : ce sont parfois des histoires d’amour à sens unique, des peines de cœur, des déclarations, une belle histoire d’amour, … J’ai été bien plus émue par ces personnes qui se cherchent ou qui n’osent pas avouer leurs sentiments que par l’intrigue du second tome. Autre élément intéressant : la frise chronologique montrant l’évolution du combat contre l’homophobie. Il y a encore du travail à faire dans la tête de certaines personnes, cependant cette lutte part tellement de loin… Enfin, la dernière chose qui m’a plu sont les illustrations du couple Teddy-Lady Bug par d’autres personnes. Certaines d’entre elles sont superbes !



Si vous souhaitez découvrir un comics gay sur une ambiance de science-fiction, le premier tome vous conviendra certainement plus que le second. Les idées défendues sont très intéressantes et méritent d’être entendues. Je reste donc satisfaite par la découverte de cette saga due au hasard grâce à la médiathèque… En allant poster cette critique sur Babelio, j’ai bien vu que j’étais la seule à être déçue… Peut-être ai-je mal perçu quelque chose ? Quoi qu’il en soit, je vous conseille d’aller lire les autres critiques afin de vous faire un avis plus général.


Lien : https://lespagesquitournent...
Commenter  J’apprécie          70
November, tome 1 : La Fille sur le toit

Rattrapage, suite, avec ce thriller urbain concocté par 2 maîtres du comics us, Matt Fraction au scénario et Elsa Charretier au dessin.



Il s’agit ici du premier tome d’un diptyque annoncé. Une plongée nocturne, violente et mystérieuse dans une ville non identifiée… une virée en 8 parties avec un prologue et un épilogue et dans laquelle on sent rapidement que chaque page a son importance…



On suit d’abord Dee, une paumée boiteuse qui se voit confier une mission étrange et trop bien rémunérée. Puis Kowalski, elle trime au centre d’appel du 911 mais rêve d’un vrai travail de flic… Et il ne faut pas oublier Emma, 10 ans, qui apparait tardivement dans ce tome.



Un premier tome très rythmé qui place des pions, laisse des questions, dans un dessin vif et un univers plutôt gris et terne. La mise en page est variée, entre successions de cases fines et découpage plus aéré. Les personnages sont forts, intéressants et attisent la curiosité…



Le tout est indiscutablement original, prenant, November nous plonge dans une machination que l’on pressent infernale et que je suis impatient d’achever dans le tome 2 prévu pour … novembre 2022 !

Commenter  J’apprécie          60
The Infinite Loop, tome 2 : La Lutte

Le système a réussi à effacer Ano de la vie de Teddy. Cette dernière ne l'entend pas de cette oreille et décide de se rebeller contre ses employeurs et d'utiliser ses pouvoirs, ceux qui lui permettent de voyager dans le temps pour retrouver celle qu'elle aime. Elle se sent responsable du destin d'Ano car elle a préféré la fuite plutôt que la rébellion. Elle comprend que vivre caché, c'est cautionner le système. Elle veut remonter le temps et comme lui avait suggéré son amante, lutter plutôt que fuir, affronter, même au péril de tout perdre, pour qu'enfin, les choses évoluent. ...



Pour ce deuxième tome, nous retrouvons toute la qualité du graphisme du premier opus. A la fois classique et contemporain, le trait épuré fait la part belle aux expressions et aux sentiments ressentis par les personnages. Le scénario n'est pas en reste. La confrontation du passé et du futur est puissante. L'homme n'apprend que très peu de ses erreurs mais c'est grâce à certains d'entre-deux, téméraires, revendicateurs et qui vont jusqu'au sacrifice que nous pouvons changer la face du monde. Teddy connait l'histoire à force de voyager dans le temps. Elle a donc le pouvoir de ne plus tomber dans les travers de l'humanité, tout en luttant pour sauver l'amour. Quand elle découvre l'endroit où sont stockées les anomalies, elle rencontre tous ces grands hommes et femmes qui ont lutté pour le bien de l'humanité. Voilà une série en deux tomes forte, engagée, pleine de convictions, revendicatrice. Je n'ai qu'un mot, je suis touché par ces deux livres, j'ai adoré. Ils sont gravés dans mon coeur, ils restent un peu comme un grand vin vous laisse l'empreinte de son goût de longues secondes dans votre palais. Et pour finir, nous sommes gratifiés par une ligne du temps qui fait escale et nous rappelle quelques grands personnages altruistes qui ont contribué à améliorer le sort de l'humanité.

Commenter  J’apprécie          60
La Guêpe

Ce tome est le premier d'une nouvelle série consacrée à Nadia van Dyne, personnage apparu pour la première fois dans le Free Comik Book Day 2016 de Marvel, et portant le nom de superhéroïne de Wasp. Il comprend les épisodes 1 à 4 de la série, initialement parus en 2017, écrits par Jeremy Whitley, dessinés et encrés par Elsa Charretier, et mis en couleurs par Megan Wilson. Ce tome comprend également l'épisode 14 de la série All new, all different Avengers, coécrit par Mark Waid & Jeremy Whitley, dessiné et encré par Adam Kubert, avec une mise en couleurs réalisée par Sonia Oback.



The unstoppable Wasp 1 à 4 - Dans un quartier de Manhattan, Wasp (Nadia van Dyne) n'arrive pas à se décider quant au balushahi (un dessert traditionnel indien) qu'elle va prendre. Elle demande conseil à Ms. Marvel (Kamala Khan) qui l'accompagne. Elle finit par ressortir avec un sac plein de ces beignets, et traverse la rue sans regarder, pour la plus grande inquiétude de son amie. Elles papotent sur l'enfance de Nadia, en particulier ses années de formation aux mains de l'organisation russe appelée Red Room. Elles arrivent finalement au bureau de l'immigration où Nadia a rendez-vous. La fonctionnaire écoute son histoire les larmes aux yeux, mais lui explique qu'elle a besoin de preuves telles que les résultats d'une analyse ADN pour prouver que Nadia est en droit de bénéficier de la naturalisation américaine.



Leur entretien est interrompu par de gros bruits venant du dehors. Il s'agit de Bobbi Morse en train de se battre contre un robot géant dans la rue, robot piloté par Monica Rappaccini, une scientifique que Nadia identifie sans problème. Après que les 3 superhéroïnes aient réussi à neutraliser le robot et sa pilote, Bobbi Morse offre un smoothie à Nadia et Kamala dans le diner du coin de la rue. Nadia finit par reconnaître Bobbi qu'elle connaissait sous le nom de Barbara Morse, également une scientifique de renom. Après cette discussion, Nadia sait ce qu'elle souhaite faire : dénicher de jeunes scientifiques prometteuses et fonder un club pour échanger des idées, et promouvoir leurs travaux dans un monde qui reconnaît surtout les scientifiques masculins comme Reed Richards, Tony Stark ou Hank McCoy. Elle est également chaperonnée par Edwin Jarvis qui est chargé de la véhiculer et s'assurer qu'elle se rend bien à son rendez-vous avec Matt Murdock pour son dossier de naturalisation.



Elsa Charretier est une dessinatrice française qui avait fait des débuts remarqués avec The infinite loop (scénario de Pierre Colinet), ses dessins évoquant ceux de Darwyn Cooke. Puis elle avait dessiné le dernier tiers de la série de Starfire écrite par Amanda Conner & Jimmy Palmiotti, dans A matter of time (2016). Le lecteur est curieux de voir comment ses dessins ont évolué dans cette nouvelle série pour l'éditeur Marvel. Il a le plaisir de retrouver des héroïnes avec des visages souriants, même si elles ont une tendance marquée à avoir des lèvres un peu trop pulpeuses. L'histoire met en scène une combattante aguerrie, mais encore jeune et très enthousiaste. Il s'agit donc d'un récit tout public, avec une héroïne débutante. Nadia van Dyne apparaît comme une adolescente pleine d'enthousiasme, souriante, toujours enjouée, avec une garde-robe variée. La dessinatrice la représente avec des tenues variées et jeunes, sans être luxueuses, sans oublier son collier. Cela est cohérent avec le fait que Janet van Dyne se soit déclarée sa marraine et qu'elle puisse donc l'aider à se vêtir.



Le lecteur constate que l'artiste s'investit fortement pour donner de la consistance à chaque endroit, à la fois pour leur aménagement, et pour les accessoires. Il peut voir les différentes pâtisseries présentes dans la boutique, les fournitures de bureau de l'agent de l'immigration, le bazar indescriptible dans la maison occupée par Nadia van Dyne, les vêtements et autres accessoires en vente dans le magasin de la mère de Priya, etc. Elle sait aussi donner l'impression que les protagonistes évoluent véritablement dans des rues de New York dans différents quartiers, même si elle privilégie parfois la lisibilité de l'action au réalisme, pour une vision qui devient plus enfantine. De même le lecteur éprouve une surprise à chaque fois qu'Elsa choisit de ne représenter que les personnages en train de parler, sur un fond vide. Il s'agit d'une convention graphique habituelle des comics de superhéros, mais le contraste avec les autres cases tire un peu le lecteur du récit, et diminue soudainement le niveau d'immersion.



Il est visible que les responsables éditoriaux aient souhaité publier une série à destination d'un public de jeunes lectrices, et donc la majorité des protagonistes sont féminines. Elsa Charretier donne à chacune d'elle une apparence spécifique aisément reconnaissable, que ce soit pour les personnages déjà établis come Moon Girl (Lunella Louise Lafayette), ou pour de nouvelles demoiselles comme Taina ou Lashayla Smith, ou encore Priya. Elle redessine également le costume de 2 supercriminelles Poundcakes (Marian Pouncy) & Letha (Hellen Feliciano). Elle n'exagère pas les rondeurs de ces dames, restant dans un registre tout public qui ne flatte pas le lectorat masculin par la titillation. Le lecteur apprécie de voir des personnages vivants avec des expressions du visage variées, même s'ils un peu trop souvent la bouche ouverte. Il y a quelques expressions également un peu exagérées pour mieux faire passer l'émotion, comme Bobbi Morse en train de verser une larme face à Kamala et Nadia, mais le lecteur voit bien qu'il s'agit de passer dans le registre de la comédie.



Les dessins donnent un ton particulier à la narration, transcrivant l'enthousiasme de l'héroïne et la bonne humeur de ses aventures, même si certains passages sont plus violents, ou comportent une part de drame. Le scénariste donne lui aussi un ton assez personnel à a série. Effectivement Nadia van Dyne est une adolescente très enjouée, prompte à s'enthousiasmer pour chaque nouvelle découverte… et elle en fait beaucoup car son éducation par l'organisation Red Room l'a maintenue ignorante de la civilisation américaine. Elle s'émerveille donc à chaque nouveauté comme Harry Potter (référence qu'elle ne connaît pas), comme pour un tatouage du Teleforce (projet d'arme conçu par Nicola Tesla). Elle effectue des références décalées comme celle à Fonzie de la série Happy days (mais en écorchant son nom. Elle peut également effectuer des gestes enfantins comme faire une promesse à Jarvis, avec le geste des petits doigts entrecroisés.



Ce comportement juvénile n'est pas pour autant synonyme de récit à réserver aux plus jeunes. L'enthousiasme de Nadia van Dyne est plutôt synonyme de bonne humeur et de volonté d'entreprendre. Ayant observé que les principaux scientifiques de renom de l'univers partagé Marvel sont essentiellement masculins, elle décide de créer un groupe de jeunes scientifiques prometteuses, dont Moon Girl, génie précoce. Si elle choisit un acronyme un peu orienté (Genius In action Research Labs = GIRL), le lecteur adulte se laisse donc aussi prendre à la découverte de cette jeune fille plutôt originale dans l'univers partagé Marvel. Il grimace un peu en voyant les ennemis pas très originaux choisis par le scénariste, à commencer par le robot géant (cliché à égalité avec l'attaque d'extraterrestres belliqueux pour un premier épisode). Par contre son cynisme fond en découvrant qu'à chaque attaque la réaction de cette nouvelle Wasp que rien n'arrête consiste à discuter pour modifier le point de vue son adversaire, c’est-à-dire qu'elle fait passer la négociation avant la force brute. Un concept révolutionnaire pour un récit de superhéros. Elle sait aussi se défendre, que ce soit avec ses superpouvoirs, ou avec sa pratique de l'art martial krav-maga.



Ce premier chapitre des aventures de la nouvelle guêpe se révèle être à destination des jeunes adolescents, avec un public centré sur la portion féminine. Malgré l'usage de quelques conventions clichés, l'enthousiasme des dessins d'Elsa Charretier et le caractère entier de Nadia van Dyne font qu'il peut être apprécié par la frange masculine du lectorat, y compris les adultes, plus sensibles aux références aux scientifiques de renom (comme Carl Sagan) et au travail d'intégration à l'histoire de l'univers partagé Marvel, à commencer par l'histoire personnelle d'Henry Pym. 4 étoiles.



-

- All new, all different Avengers 14 - 3 agents du bureau d'immigration russe sont venus prendre en charge Nadia van Dyne, en se présentant à la porte d'entrée de Janet van Dyne. Nadia ne voit pas comment s'y soustraire. Une fois cette affaire réglée, elle voit un reportage des affrontements meurtriers de Civil War II (par Brian Michael Bendis & David Marquez) à la télé, et elle décide de trouver une solution en allant se livrer à de recherches dans son laboratoire miniaturisé.



Comme à son habitude depuis quelques années, l'éditeur Marvel a décidé de publier le premier recueil des nouvelles séries le plus rapidement possible, en le complétant par un autre épisode, pour conserver une pagination qui lui permette de ne pas baisser le prix de vente. Le lecteur n'est pas forcément enthousiaste à l'idée de lire un épisode des Avengers. Mais il s'agit en fait d'une histoire de Nadia, avec Janet van Dyne et Jarvis en invités. Il peut ressentir l'influence de Jeremy Whitley dans le fait que le caractère de Nadia soit cohérent et identique à celui de sa série. Les dessins d'Adam Kubert sont professionnels, sans avoir le charme et la personnalité de ceux d'Elsa Charretier.
Commenter  J’apprécie          50
November, tome 2 : La voix au bout du fil

Extrait de ma chronique (portant sur les 2 tomes à la fois) :



"Comment ne pas voir, dans cette disposition graphique récurrente, outre une allusion au décalage en diagonale des points de vue au sein des chapitres, une métaphore visuelle des relations qui unissent les 3 personnages féminins (sur la diagonale) à Mann, l'homme qui influence, sans en avoir l'air, leurs vies ?







En somme, avant même d'être prisonnières des leur destin (pour le dire vite), les protagonistes féminins de November le sont d'une structure narrative millimétrée et d'un découpage qui l'est tout autant...





Rien d'étonnant dès lors à ce que November parle avant tout de libération, et de lutte contre les addictions (Kay, Dee), voire contre l'illusion que l'argent est roi (Dee)"




Lien : https://weirdaholic.blogspot..
Commenter  J’apprécie          40
November, tome 1 : La Fille sur le toit

Rattrapage, suite, avec ce thriller urbain concocté par 2 maîtres du comics us, Matt Fraction au scénario et Elsa Charretier au dessin.



Il s’agit ici du premier tome d’un diptyque annoncé. Une plongée nocturne, violente et mystérieuse dans une ville non identifiée… une virée en 8 parties avec un prologue et un épilogue et dans laquelle on sent rapidement que chaque page a son importance…



On suit d’abord Dee, une paumée boiteuse qui se voit confier une mission étrange et trop bien rémunérée. Puis Kowalski, elle trime au centre d’appel du 911 mais rêve d’un vrai travail de flic… Et il ne faut pas oublier Emma, 10 ans, qui apparait tardivement dans ce tome.



Un premier tome très rythmé qui place des pions, laisse des questions, dans un dessin vif et un univers plutôt gris et terne. La mise en page est variée, entre successions de cases fines et découpage plus aéré. Les personnages sont forts, intéressants et attisent la curiosité…



Le tout est indiscutablement original, prenant, November nous plonge dans une machination que l’on pressent infernale et que je suis impatient d’achever dans le tome 2 prévu pour … novembre 2022 !

Commenter  J’apprécie          40
November, tome 1 : La Fille sur le toit

Extrait de ma chronique (portant sur les 2 tomes à la fois) :



"Comment ne pas voir, dans cette disposition graphique récurrente, outre une allusion au décalage en diagonale des points de vue au sein des chapitres, une métaphore visuelle des relations qui unissent les 3 personnages féminins (sur la diagonale) à Mann, l'homme qui influence, sans en avoir l'air, leurs vies ?







En somme, avant même d'être prisonnières des leur destin (pour le dire vite), les protagonistes féminins de November le sont d'une structure narrative millimétrée et d'un découpage qui l'est tout autant...





Rien d'étonnant dès lors à ce que November parle avant tout de libération, et de lutte contre les addictions (Kay, Dee), voire contre l'illusion que l'argent est roi (Dee)"
Lien : https://editions-sarbacane.c..
Commenter  J’apprécie          31
November, tome 1 : La Fille sur le toit

Dans une grande cité anonyme, Dee traîne son ennui urbain au Sunrise Diner, où elle remplit des grilles de mots croisés, et où elle n’aime pas qu’on vienne l’emm…. C’est ce qu’elle fait bien comprendre à ce type qui vient s’inviter à sa table, un certain monsieur Mann, qu’elle ne connaît pas mais qui lui connaît son prénom. Et lui fait une étrange proposition de travail : cinq cent dollars par jour pour allumer une lumière au-dessus d’une porte avec une serrure. Ou plus précisément : déchiffrer un code dissimulé dans le journal et l’envoyer depuis son poste de radio amateur sur le toit de son immeuble. Simple ? A l’aise. Légal ? Hum… La question que Dee se pose est tout de même : et s’il n’y a rien dans le journal ?



Voici donc le point de départ du tome 1 de November, un comics signé Matt Fraction (scénario) et Elsa Charretier (dessin), qui démarre fort, et qui va continuer en introduisant deux autres personnages féminins : Emma-Rose jeune citadine qui n’en peut plus de cette ville impersonnelle et triste, et Kowalski, flic affectée au 911, les urgences policières. Le destin de ces trois femmes vont se trouver liés, sans qu’elle le sache… pour le moment. Avec sa construction à la Stray Bullets (un peu), où les tranches de quotidien de différents personnages sont exposées sans lien apparent, et son suspense qui s’installe inexorablement, November fait partie des crime comics qui sortent du lot. Le dessin d’Elsa Charretier rappelle parfois celui de Paul Pope, et ses personnages respirent l’authenticité. Ajoutez des couleurs travaillées, signées Matt Hollingsworth et qui participent grandement à l’atmosphère moite et crépusculaire de cette sombre histoire et vous comprendrez que ce November est une belle surprise au catalogue Sarbacane, où les comics se font tout de même assez rare habituellement. La suite et la fin de ce récit noir est annoncée pour ... novembre. Logique.
Lien : https://bedepolar.blogspot.c..
Commenter  J’apprécie          30
The Infinite Loop, tome 2 : La Lutte

Ce tome fait suite à L'éveil. Ces 2 tomes forment une histoire complète. Il contient les épisodes 4 à 6, initialement sérialisés par l'éditeur IDW aux États-Unis, en 2015. Le scénario est de Pierrick Colinet, les dessins, l'encrage et les couleurs d'Elsa Charretier.



À la fin du tome précédent, Teddy était placée devant un choix drastique pour sauver Ano. Elle a décidé de faire front et de se rebeller contre l'autorité assurant la correction des altérations temporelles, et plus généralement contre l'ordre établi. Pour ce faire, elle créée sciemment des anomalies temporelles, espérant ainsi que l'exécutif du pouvoir en place se manifestera et qu'elle pourra plaider sa cause.



Teddy finit par être reçue par Tina (sa cheffe), en présence de Noel Spender & Leon Prospekt (2 autres agents de terrain, déjà vus dans le tome 1). Après une discussion houleuse et violente, elle apprend qu'il y a peut-être un espoir : un centre de stockage des anomalies.



Le premier tome avait laissé une marque indélébile, à la fois pour des dessins très séduisants, des compositions de page conceptuelles, et un récit à la sensibilité génératrice d'une forte empathie. Le lecteur retrouve avec plaisirs les dessins d'Elsa Charretier, toujours aussi charmants et enjoués. En guise de transition, chaque chapitre est précédé de 4 pages (sauf le 4, avec seulement 3 pages) hors narration, montrant Teddy en train de se tourner et de courir dans une première page avec 4 cases, puis un dessin en double page et à nouveau 4 cases sur la dernière. Ces intermèdes constituent un très bel exemple de l'expressivité des personnages, et de la façon dont l'artiste sait donner l'impression du mouvement, dans une forme de prise de vue au ralenti.



Ensuite, le lecteur observe avec plaisir que le duo d'auteurs continue de concevoir des constructions de planches ou des effets spéciaux, venant rehausser la narration visuelle du récit. Par exemple l'ouverture de l'épisode 4 déconcerte un peu, avec sa planche noire, dans laquelle seuls quelques rectangles permettent de voir ce que recouvre ce rideau noir. Dès les pages suivantes, le lecteur comprend que ce dispositif visuel représente les portions de réalités dans lesquelles Teddy provoque des anomalies.



Certaines pages sont mouchetées par des petits losanges jaunes qui indiquent que la réalité perd sa cohérence. Il y a des dessins pleine page où l'héroïne apparaît à plusieurs endroits pour montrer la simultanéité des actions de cette personne capable de voyager dans le temps. Lorsque le récit s'aventure sur un terrain conceptuel, les auteurs ont su trouver des idées pour donner une apparence visuelle aux actions de Teddy qui ressortent pourtant plus de l'ordre du psychologique et du mental (en particulier dans l'épisode 6).



Les personnages disposent d'une apparence toujours aussi sympathique. Teddy présente toujours des formes généreuses au niveau des hanches et de la poitrine, sans que cela n'en devienne une forme d'hypersexualisation ou de titillation gratuite, il s'agit juste de sa morphologie. Son langage corporel traduit bien son état d'esprit, sa volonté d'avancer, et de faire progresser les choses. Son visage est toujours aussi mignon. L'artiste utilise un trait gras et modulé pour les sourcils, des traits tout en courbes pour les cheveux, des lèvres représentées par 2 traits noirs épais, striés de quelques traits, et un nez discret. Il s'agit d'un visage d'une jeune personne, épuré, mais sans tirer vers le jeunisme, plutôt vers une élégance intemporelle. Cela devient manifeste lors de la page où Teddy apparaît adolescente, visiblement plus jeune que dans le temps présent.



Les autres personnages arborent une prestance tout aussi élancée, à commencer par ces messieurs, dont la morphologie est assez similaire de l'un à l'autre, avec un large torse. Il y a quand même des personnages qui sortent du moule : Andromeda visiblement plus jeune, avec un corps pas encore formé, Tina avec une morphologie plus massive (et des jolies lunettes dont la monture forme le symbole de l'infini, un huit couché). Il est d'ailleurs surprenant que les auteurs aient choisi de faire incarner le conservatisme dans une femme noire bien en chair.



Elsa Charretier a également fort à faire en ce qui concerne la représentation des différents environnements. Le lecteur apprécie de pouvoir visiter une rue newyorkaise aux façades de briques (même si le rapport de largeur entre la chaussée et les trottoirs surprend), la douce chaumière hors du temps de Teddy, la salle de bain immaculée d'Ulysse Borges, la cuisine de la mère de Teddy, ou encore l'intérieur du centre de stockage des anomalies, tous présentant un aménagement et des accessoires spécifiques. Il reste plus dubitatif devant l'apparence extérieure du centre de stockage des anomalies (une sorte de plateforme offshore dont la forme semble avoir été choisie arbitrairement), le dépouillement du bureau de Tina.



Dans cette deuxième moitié, Pierre Colinet change un peu le fond de sa narration. Ce qui avait commencé comme une aventure doublée d'une belle histoire d'amour, dans un contexte de voyages dans le temps, devient un récit plus militant. Dès la première séquence, Teddy se rebelle contre l'ordre établi, pour sauver l'amour qu'elle porte à Ano. Cet ordre établi s'incarne en la personne de Tina dont une banderole placé haut au-dessus de son bureau apprend au lecteur que le nom signifie There Is No Alternative, un slogan attribué à Margaret Thatcher pour justifier sa politique conservatrice et néolibérale (précisé par l'auteur en fin de volume). Dans le cadre de ce récit, ce slogan justifie une normalisation stricte des rapports humains, pour préserver la stabilité de la société.



Au fur et à mesure de la progression dans ce tome, le discours militant occupe plus de place, aux dépends des personnages et d'une partie de l'aventure. Les actions de Teddy deviennent plus conceptuelles, moins concrètes. Alors que le lecteur aurait pu craindre une narration phagocytée par les bonnes intentions, le scénariste conserve l'impulsion de départ en nourrissant son récit d'autres éléments. Il ne se contente pas de militer en faveur d'une rébellion de principe contre les contraintes générées par toute forme de société ; il pioche dans l'Histoire pour donner des exemples concrets et nourrir la réflexion.



En intégrant des faits historiques, l'intrigue prend une autre dimension, certes militante, mais aussi très concrète. Il ne s'agit pas d'aligner des poncifs et des vœux pieux sur la diversité et sur le combat pour la liberté, mais de montrer comment l'engagement individuel contribue à faire évoluer la société. Dans un premier temps, le lecteur peut sourire à l'inclusion d'un personnage transgenre (genderqueer) parachuté au beau milieu de l'intrigue. Néanmoins il revoit sa position au vu des personnalités citées par la suite. Certaines sont faciles à reconnaître comme Harvey Milk, ou Malcolm X, d'autres n'ont rien d'évident tout en étant pertinentes. Heureusement, Colinet a pensé à ses lecteurs moins impliqués et les pages de fin explicitent qui sont les figures historiques moins accessibles comme Emmet Till, le révérend James Reeb, Susan B. Anthony ou encore Qiu Jin. Évidemment le lecteur peut aussi sourire au fait que des individus de nationalité étatsunienne soient inclus de manière proéminente (parution initiale en anglais oblige), mais leur présence est pertinente et la diversité géographique est bien présente dans ce panel de militants.



Les auteurs évitent la facilité d'un personnage principal sûr de son bon droit se dirigeant vers une décision aussi inéluctable qu'évidente et bénéfique pour tout le monde. Teddy est mue par un objectif très égoïste, et met en jeu la vie de tout le monde. En cela, elle endosse la responsabilité que les militants de tous les jours endossent également en s'exposant, et en exposant leurs proches.



Le tome se termine par 2 pages de courriers des lecteurs racontant comment ils ont pris conscience de leur homosexualité ou de leur sexualité différente de la majorité, 4 pages de présentation des personnages historiques sous forme de frise (avec également le résumé de l'incident de Stonewall Inn), 6 couvertures variantes (3 d'Elsa Charretier, 1 de Gérald Parel, 1 de Laurent Lefeuvre, et 1 d'Eli Powell, ainsi que 3 pages de crayonnés (2 conception des personnage, 1 de construction de la couverture du présent tome).



Ce deuxième tome clôt ce que le lecteur espère être la première histoire consacrée à Teddy, personnage si attachant dans son apparence et dans ses actes. Les dessins et les mises en page d'Elsa Charretier sont toujours aussi séduisants et inventifs. L'intrigue évolue naturellement vers un discours militant sur la tolérance (déjà sous-jacent dans le premier tome), nourri par des références concrètes, mettant en évidence l'importance déterminante de l'engagement personnel. S'il fallait vraiment trouver un défaut à cette deuxième partie, c'est qu'il n'y a pas de texte de Katchoo Scarlettinred.
Commenter  J’apprécie          30
November, tome 1 : La Fille sur le toit

Chronique des 2 tomes



Dee est paumée. 

Socialement instable et souffrant d'un léger handicap, elle ne cesse de lutter contre une vie qui déraille. 

Alors, quand un inconnu lui propose un boulot payé cash où elle n'aura qu'à décoder un simple message pour le radiodiffuser, elle n'hésite pas longtemps et accepte l'offre. 



Elle sait que cette affaire pue l'embrouille mais une seule question se pose véritablement : que se passera-t-il le jour où il n'y aura pas de code à transmettre ? 



Les meilleurs comics sont souvent le fruit d'un travail en équipe. 

C'est le cas avec November : un scénario aux multiples points de vue, mis en page par un dessin inspiré et une couleur accentuant une atmosphère déjà bien pesante.



Le résultat de cette orchestration graphique donne un polar américain solide et sombre qui montre la nature humaine dans ce qu'elle a de meilleur mais aussi de pire.



Chronique complète :
Lien : https://www.mtebc.fr/novembe..
Commenter  J’apprécie          20
November, tome 2 : La voix au bout du fil

Le tome 1 sorti en juin m'avait enthousiasmé et laissé empli de questions. J'attendais la suite avec impatience et j'ai donc dévoré ce tome 2, suite et fin de ce thriller urbain, noir et violent.

On retrouve nos trois personnages féminins: Dee la junkie, Kay l'ex flic et Emma-Rose l'intruse... Le récit de Matt Fraction laissait entrevoir une machination d'envergure prête à broyer nos héroïnes.



Ce deuxième volume trépidant passe à une vitesse folle. Kay prend les choses en main, il est temps pour elle de faire table rase du passé. En réglant les comptes, elle va croiser Dee et Emma-Rose, impliquées malgré elles.

Le découpage est varié, les ambiances et les couleurs (de Matt Hollingsworth) également mais la tonalité reste la même: noire. Le dessin d'Elsa Charretier est vif et rend bien compte de la violence en imposant un style agressif et rageur.

Ces deux maitres du comics nous offrent un dénouement haletant et achèvent ainsi une partition très réussie. Je place "November" parmi les thrillers de l'année !

Commenter  J’apprécie          20
Faith, tome 4 : Les Faithless

Ce n'est pas facile d'être une super-héroïne. Mais maintenant, elle a des amis sur qui compter et un travail qu'elle aime. Elle ne peut pas empêcher les gens de lui en vouloir de faire régner la paix dans la ville. Alors quand un vilain s'en sort, il veut se venger. Pour une fois, ils font alliance. Ils tentent de détruire l'image positive populaire de Faith puis vont la retenir. Un stratagème un peu plus réfléchit que d'habitude. Sauf que les soucis des vilains sont qu'ils sont d'un côté assez bête et de l'autre assez narcissique. Bien entendu cela va les perdre et notre superwoman va pouvoir s'enfuir. En plus, rien ne la déstabilise vraiment car elle retourne le lendemain au boulot comme si rien ne s'était produit. Derrière ces rondeurs se cache une femme forte et courageuse. Elle puisse son énergie dans l'affection des autres car ils l'apprécient comme elle est. Le rythme alterne bien entre moment de calme et d'actions qui nous incite à tourner les pages avec curiosité. On veut savoir d'une part qu'elle est le problème qu'elle va rencontrer et d'autres part comment elle va s'en sortir. Ici, une fois le maillon faible identifié, elle lui parle et se rend compte que parfois un méchant est un gentil qui s'ignore. Par chance, il n'est jamais trop tard pour changer de camp. On sait que l'on va le retrouver plus tard, espérons qu'il a gardé la même optique. Le suspens va être total jusqu'au prochain tome. 
Lien : http://22h05ruedesdames.com/..
Commenter  J’apprécie          20
The Infinite Loop, tome 2 : La Lutte

A lire, à offrir, à relire. Un très bon diptyque qui fait réfléchir sur notre humanité.
Lien : http://www.bdencre.com/2015/..
Commenter  J’apprécie          20
The Infinite Loop, tome 2 : La Lutte

La suite de l’aventure de Teddy et Ano est là ! Avant de commencer sur le deuxième tome, juste une petite remarque que j’avais oubliée de faire : les couvertures des livres sont sacrément douces. Non mais vraiment, ça peut paraître bête mais je crois pas avoir jamais tenu un livre au touché si agréable. Bref !



On retrouve notre héroïne préférée, entourée de tous ses alter-égos temporels. C’est la cacophonie, mais on pouvait guère espérer autre chose et Teddy est bien trop dévastée pour les écouter. Ce qui est bien compréhensible, par ailleurs. Teddy n’en fait qu’à sa tête et sème le chaos dans les différents espaces temps afin d’être convoquée par sa patronne, à qui elle compte bien faire payer tout ça. Et le chaos est magnifiquement rendu par le dessin, avec des bulles dans tous les sens, des conversations qui s’entremêlent et l’Histoire qui est chamboulée. C’est très bien fait et encore une fois, le jeu sur les cases, les couleurs et les bulles (avec du texte à l’envers !) est un plaisir pour les yeux.



Teddy finit par se rendre compte qu’elle a besoin d’aide, elle accepte celle de ses alter-égos et même celle d’un précédent antagoniste (re)devenu allié. Ils rencontrent alors un monde d’anomalies à forme humaine, dont Andromeda qui se déclare ouvertement genderqueer (elle est littéralement genderfluid) et qui ne se laisse pas faire devant les remarques ignorantes d’Ulysse. Du coup, il a suffit de quelques planches pour que ce personnage devienne mon préféré (allez, c’est parti pour la galère du neutre en français, et les cabrioles pour éviter les pronoms genrés). Dans ce monde d’anomalies, si vous regardez bien, un easter egg (une surprise) s’est caché ! Marty McFly est une anomalie temporelle et se balade dans le monde de The Infinite Loop ! Je sais pas si d’autres easter eggs du genre se cachent mais si vous les avez repérés, je suis preneuse.



Teddy réalise que le seul moyen de retrouver Ano, c’est de faire un saut dans le passé et de tordre la temporalité pour sortir de la boucle infinie (la fameuse) et faire changer les choses. Un reboot, magnifiquement mis en image. Une fois encore, le dessin et les illustrations sont pleins de surprise et c’est sacrément rafraîchissant. Dans le processus, Teddy croise toute sorte de personnages emblématiques de la lutte pour les droits civiques comme Harvey Milk, Susan B. Anthony ou Patrick Henry, avec également l’événement des Stonewall Riots. Et si vous ne connaissez rien de ces personnages historiques, pas de panique ! Une frise chronologique vous attend à la fin de la BD pour expliquer ce que ces personnes ont fait. C’est beaucoup plus intéressant et beaucoup mieux fait que mes anciennes frises du collège (newsflash : c’est pas si difficile…) !



Je ne révèlerai pas la fin de l’histoire, mais le message est clair : il faut continuer à se battre. Évidemment, il est question ici de droits civiques pour toutes les sexualités, mais je pense que le message est plus vaste encore et implique d’accepter les gens avec leur diversité, d’origines, de couleurs de peaux, de religions, de genres, de sexualités… Bref, arrêtez d’être des idiots.



Pour finir en beauté, après la fin du livre, on a le plaisir de lire des témoignages de personnes qui ont découvert qu’elles n’étaient pas hétérosexuelles, et comment ça s’est passé. Et là, aucune surprise : la révélation s’est principalement faite grâce à des personnages de jeux vidéos, séries, films, livres… Qu’on vienne m’expliquer par la suite que la représentation n’est pas importante. Elle l’est, et c’est grâce à cette diversité dans la culture que les personnes ne se sentent plus isolées et comprennent qu’elles ne sont pas seules.



The Infinite Loop est une série qui vous en met pleins les yeux, tout en défendant des idées importantes et en vous présentant des personnages des plus intéressants. Je recommande donc très vivement ce comic !
Lien : https://deslivresetlesmots.w..
Commenter  J’apprécie          20
November, tome 2 : La voix au bout du fil

Je suis allé sur le titre pour le nom d'Elsa Charretier dont j'apprécie grandement le travail graphique.

Et pour le coup, je m'y suis retrouvé, graphiquement c'est dynamique, la mise en scène fonctionne parfaitement et il y a une alchimie avec l'ambiance du titre et de son histoire.

Mais malheureusement, j'ai trouvé l'histoire un cran en dessous, brouillonne et sans l'étincelle pour rester mémorable pour le lecteur.

Commenter  J’apprécie          10




Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Elsa Charretier (103)Voir plus

Quiz Voir plus

Viviane Moore, Le seigneur sans visage

Quel est l'animal de compagnie de Michel ?

une hermine
un chat
une salamandre
un chien

15 questions
810 lecteurs ont répondu
Thème : Le Seigneur sans visage de Viviane MooreCréer un quiz sur cet auteur

{* *}