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Citations de Elsa Marpeau (233)


D'abord, les abeilles ont disparu. Pas en une fois. Non. C'était bien plus tordu, plus fourbe. Le temps qu'on s'aperçoive qu'il y en avait moins, elles avaient toutes disparues. On disait qu'elles s'étaient taillées à Paris, comme les mouettes rieuses et les goélands, parce qu'à tout prendre, il y avait moins de pesticides que dans nos belles campagnes françaises. Qu'est-ce qu'ils y pouvaient, nos paysans du coin, si leurs cultures crevaient quand on ne les abreuvait pas de cochonneries ? Qui aurait acheté leurs légumes pelés et biscornus, leurs tomates en forme de n'importe quoi, leurs pommes tordues ? Ici, la mode du bio nous a toujours fait marrer. Comment le voisin faisait pour avoir des courgettes biologiques quand le champ d'à côté baignait dans le Roundup ? Il ne fallait pas avoir plus de trois neurones et demi pour piger que ça ne voulait rien dire.
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La nature, il ne fallait ni l'aimer ni la mépriser : il fallait la craindre. Nous, chasseurs, on avait toujours su combien elle pouvait se retourner contre vous et vous mettre en pièces. La nature vous déchiquetait en un rien. J'en avais toujours eu conscience. Cette puissance irraisonnée. Les marins diraient la même chose. Eux aussi expliqueraient qu'il faut respecter la mer et la craindre, décrivant comment elle peut devenir terrifiante, vous engloutir en un rien, et combien toute lutte serait vaine, face à sa démesure. Les alpinistes et la montagne – les pics, les cimes, les éboulis. Aimer la nature, c'est toujours en avoir peur. Les hommes l'avaient méprisée et, après la tempête, elle nous envoyait le déluge.
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La nature, il ne fallait ni l'aimer ni la mépriser : il fallait la craindre.
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La souffrance des bêtes, je comprends. Et je comprends parce que je l'ai vue de mes yeux. Des truies en pleurs parce qu'on a pris leur petit, les cris de désespoir d'une vache qui va mourir. Mais les gens confondent tout. Ou ils sont hypocrites. Ils veulent juste qu'on tue les animaux loin de leur assiette.
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Les adolescents n'ont pas le sens de l'humour. C'est des choses qui viennent ave le temps, et les déceptions, quand tu comprends que rien n'est sérieux et qu'au fond, vite ou lentement, tu finis toujours dans le mur.
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Les Parisiennes, pour moi, c'était forcément ça : des filles qui portaient des talons, le menton relevé, et nous considéraient comme des minables. Je ne les aimais pas beaucoup non plus. J'aurais voulu les voir à notre place. Ils fantasmaient sur la campagne, ils venaient nous envahir quand ça les arrangeait. Tout à coup, ça leur paraissait mieux que chez eux mais pour quelques semaines seulement. Après, ils se lassaient. Fallait pas déconner non plus.
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Je me tiens la tête haute , je ne prétends pas savoir ce que j’ignore e je ne crache pas sur les braves gens en leur disant qu’ils n’ont qu’à traverser le trottoir pour trouver du boulot .
On voit qu’il n’a jamais rangé des pains sous cellophane dans des cartons pendant huit heures par jour , le jeune président .
On voit qu’il n’a jamais été regardé de haut parce qu’il approche de cinquante ans et qu’à cinquante ans , à l’usage , tu es plus périmé qu’une denrée avariée » ….
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Pour faire de la bonne littérature, il faut aimer ses personnages, même les plus haïssables.
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La tonte, c'était le crime d'honneur des Français de l'époque. Une punition symbolique, qui se réincarne au fil du temps. Pour lui, toutes les religions, musulmane, juive ou catholique, s'en sont prises à la chevelure féminine.
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Et pour être honnête, il y avait des activités qui m’intéressaient davantage que le sexe. La chasse en faisait partie. Elle offrait tellement plus. Du soleil, du vent, de longues périodes de concentration suivies d’une brusque décharge d’adrénaline sauf que, contrairement à la copulation, on pouvait recommencer la séquence indéfiniment. Si on avait mesuré le taux de sérotonine libérée dans l’une et l’autre activité, on aurait sans doute, dans mon cas en tout cas, pu prouver à quel point tirer un coup de fusil procure plus de plaisir que de tirer un coup.
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Alors, quand on l’aura complètement effacé de nos mémoires, le passé renaîtra de ses cendres. Et les deux camps se dresseront l’un contre l'autre, prêts à se livrer bataille comme si rien n’était jamais advenu entre eux, leur haine et leur vigueur toutes neuves.

Et les vaincus se vengeront de leurs humiliations et signeront des triomphes précaires sur le corps des faibles.
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"Dans la teinte des cheveux se joue le passé d'une nation."
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« Je sais ce que tu penses , Pierre, je ne suis pas naïf:
Tu penses qu’on est des ploucs .Que les girouettes ne sont pas de l’art, qu’on se contente de pas grand - chose et qu’on est nous- mêmes gens de très peu. Tu ne seras pas le premier .Mais moi, j’en suis fier de notre petitesse.
Je suis fier de n’être que cela .
Et quand je vois la médiocrité des connards qui nous gouvernent , je refuse d’avoir honte » ….
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Quand elle voit une victime pour la première fois, il s’agit généralement d’un petit tas de chair décomposée. Tant qu’on ne sait pas ce qui s’est passé, elle reste de la bouffe pour les mouches et les asticots. Garance devient ainsi son dernier biographe.
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Elle me fixe. Son expression me reste indéchiffrable. Si j'y prenais garde, je lirais un mélange de peur et de détermination, de soumission et d'insolence. Des sentiments contradictoires ,que je renonce à démêler par paresse.
le silence dure .Ses yeux sont si noirs qu'ils reflètent l'extérieur. Dans ces miroirs j'apparais furtivement, visage nonchalant, puis tronc, puis silhouette qui s'éloigne, perd sa consistance, se délite et meurt.
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La beauté du petit matin, les reflets sur un lac, tout cela existait parce que la mort brillait au bout de nos fusils, et il ne fallait pas la semer au hasard, il fallait être attentif, parcimonieux, faire des économies de carnage.
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Homme blanc, quarante-trois ans, un mètre quatre-vingt-dix-sept. Son visage sillonné comptabilise plus que son âge. Ses cheveux poivre et sel s'étalent en auréole sur l'oreiller. Difficile de dire s'il est beau. Il faudrait qu'il s'anime. Qu'il habite cet énorme quartier de viande.
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Alors, quand on l’aura complètement effacé de nos mémoires, le passé renaîtra de ses cendres. Et les deux camps se dresseront l’un contre l’autre, prêts à se livrer bataille comme si rien n’était jamais advenu entre eux, leur haine et leur vigueur toutes neuves. Et les vaincus se vengeront de leurs humiliations et signeront des triomphes précaires sur le corps des faibles. On lapidera des femmes victimes de viol, on décapitera des journalistes, on diffusera à la télévision des images d’un carnage auquel personne ne comprendra plus rien, il y aura d’autres Hiroshima. Et les jours de colère reviendront, les heures sombres, les défaites, la liesse et la cruauté des perdants d’hier. Et Marianne prendra ses jambes à son cou pour échapper à la meute qui veut mutiler son corps ou couper ses cheveux. Et Mehdi ressuscitera quelques instants, pour leur donner l’impression qu’ils le tuent à nouveau, alors qu’ils l’ont assassiné depuis longtemps déjà, mais qu’ils n’en ont plus aucun souvenir. (p. 233.)
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Les lois d’ici , il n’y a rien à faire contre : on plie, on part ou on crève .
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Je suis un homme minuscule, un invisible, et je ne veux pas trinquer pour les salauds qui nous regardent crever de là-haut.
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