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Citations de Elsa Vasseur (36)


" C'est la première fois que mes affaires arrivent avant celles de tout le monde , s'émut Zoë en récupérant sa valise cabossée - une antiquité à roulettes qui appartenait à son père .
- Les passagers de première classe sont prioritaires ", lui expliqua Lise avec indulgence , laissant à un jeune homme galant le soin d'attraper son énorme bagage Vuitton .
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Lise était de ceux qui existent plus haut et plus fort que les autres et ne doutent jamais d'eux-mêmes , convaincu que leur destin facile est le produit de leur seul mérite, et non le fruit aléatoire d'une loterie à la fois génétique , économique et sociale . Zoë , elle, était de ceux qui s'excusent d'exister et assistent à la vie comme à une représentation de théâtre , se cantonnent au rôle de doublure , de souffleur ou d'éclairagiste .
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Elle n"avait pas quitté des yeux le plafond de la chambre inconnue, sous les toits; une image qui s'était substituée à celle du visage et du corps anonyme de son partenaire inexpérimenté . Aujourd'hui en y repensant , elle avait l'impression grotesque d'avoir perdu sa virginité avec l'une des poutres de ce plafond .
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(...) -une journaliste lui avait demandé: " Pourquoi écrivez-vous ?" Une question a priori simple, mais qui l'avait plongé dans un abîme de perplexité.
Il avait été incapable d'énoncer les origines de cette démangeaison singulière, de mettre des mots sur les souffrances tapies sous la blessure ouverte de l'écriture, de déterrer les flèches qui avaient pu enfanter cette plaie impudique et saignante. Il avait bafouillé, pâli, tenté une pirouette maladroite pour s'extraire de cette mauvaise passe, sans parvenir à trouver de formule adéquate pour pallier le vide qui l'avait soudain envahi. pourtant la réponse se serait imposée d'elle-même si la journaliste avait remplacé son -pourquoi- par- pour qui- .
C'était bien sûr pour sa mère qu'il avait écrit et qu'il continuait d'écrire, sa mère qui lui avait refusé l'honneur de sa première lecture, sa mère dont il cherchait l'assentiment depuis dans chaque ligne qu'il traçait. (p. 25)
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Assise à son bureau du cottage Sybil Vane, Solen jetait de fréquents coups d'oeil à sa montre, contrariée à l'idée de rompre bientôt avec la douceur amniotique du langage écrit, et de s'extraire de la coquille fragile qu'avaient tissée les mots pour s'attabler autour de la vie sociale qui reprendrait son cours à dix- neuf heures trente.

Devant elle, étaient étalés des dessins à l'encre de Chine réalisés par la poétesse et romancière Sylvia Plath quelques années avant qu'elle ne plonge la tête dans le four de sa gazinière.


( p.77)
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Ils avaient tous voyagé et exercé de multiples métiers ; ils parlaient plusieurs langues ; ils vivaient sur des péniches ou dans des lofts retapés , à Londres , à Buenos Aires ou à New York ; ils votaient à gauche , écolo ou au centre ; ils pensaient que le slunch était le nouveau dîner, que le rooibos avait détrôné le thé et que le potentiel érotique des films de Lars von Trier était largement surévalué .
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«  Mon enfance fait partie de ces choses dont je ne sais pas grand - chose .
Elle est derrière moi.
Pourtant , elle est le sol sur lequel j’ai grandi , elle m’a appartenu, quelle que soit ma ténacité à affirmer qu’elle ne m’appartient plus » ….

Georges Perec W où le souvenir d’enfance.
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Il ressentit une fois de plus l' impression étrange de ne pas être à sa place dans le monde, de s'y mouvoir sans parvenir à en sentir véritablement le poids- encore moins à le marquer de son empreinte. La capacité des autres à se tenir debout et à exister par eux-mêmes le sidérait, lui qui avait tant de difficultés à éprouver la vie dans sa gratuité immédiate.

( p.58)
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«  Pourquoi écrivez- vous? ….
Une question à priori simple , mais qui l’avait plongé dans un abîme de perplexité .
Il avait été incapable d’énoncer les origines de cette démangeaison singulière , de mettre des mots sur les souffrances tapies sous la blessure ouverte de l’écriture, de déterrer les flèches qui avaient pu enfanter cette plaie impudique et saignante .
Il avait bafouillé , pâli, tenté une pirouette maladroite pour s’extraire de cette mauvaise passe , sans parvenir à trouver de formule adéquate pour pallier le vide qui l’avait soudain envahi …….
Pourtant la réponse se serait imposée d’elle - même si la journaliste avait remplacé «  son POURQUOI par POUR QUI …. »
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Les New-yorkais hurlaient au téléphone sans jamais dévier de leur route, lancés comme une armée de clones dans les avenues rectilignes et blanches. Mais le pire, c'était le froid, un froid impérialiste et sûr de son bon droit, un froid américain. (p; 14)
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On ne voit pas la mort de la même manière selon qu'on a grandi à la ville ou à la campagne… A la ville, la mort était dissimulée, transformée et emballée sous vide dans les supermarchés ; à la campagne, elle était visible, palpable, évolutive.
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Pieds nus sur la carrelage, en petite culotte blanche, Giulia se maquillait face au miroir de la salle de bain. De la main droite, elle maintenait fermement sa paupière ouverte tandis que, de la main gauche, elle faisait glisser le crayon noir sous son œil, du coin interne jusque vers l’extérieur. Elle renouvela l’expérience sur l'autre œil sans faire déraper le crayon une seule fois. Satisfaite du résultat - le maquillage accentuait l’éclat sombre de la pupille et mettait en valeur toutes les nuances de gris et de vert de l'iris -, elle reposa l'instrument dans la trousse et contempla son reflet avec le sentiment du devoir accompli.
En se maquillant, Giulia escamotait l'enfance, elle qui semblait ne pas avoir atteint l'âge adulte. Le visage nu, on ne lui donnait guère plus de vingt ans, alors qu'elle en avait douze de plus. Lorsqu'elle emmenait Zoé et Nino au bois de Vincennes le dimanche, on la prenait pour la grande sœur ou la baby-sitter. Mais sa manière de boutonner le col de Nino pour qu'il ne prit pas froid, de nouer l’écharpe autour du cou de Zoé, trahissait la mère sous ses allures d’éternelle jeune fille.
Giulia saisit un bâton de rouge à lèvres d'une prestigieuse marque japonaise, un cadeau de son mari Marc. Le rouge flamboyant n 13, était d'une tenue remarquable : elle pouvait manger, boire, embrasser son époux et ses enfants sans que la couleur ne s'estompe. Songeant à la journée qui l'attendait - elle enseignait l'italien à des lycéens obnubilés par leurs hormones -, elle relâcha son attention et fit déborder le rouge à la commissure de ses lèvres. L'image que lui renvoyait tout a coup la glace était celle d'une gamine facétieuse, barbouillée de confiture de fraises.
Au lieu d'estomper les contours de sa bouche à l'aide d'un mouchoir en papier, elle approcha le bâton de son visage et le pressa contre sa joue. De la couleur en jaillit telle une goutte de sang perlant de la pointe d'un couteau. Elle fit glisser le rouge à lèvres avec application, dessinant une trace sinueuse qu'elle fit descendre jusqu'au menton. Puis elle s'attaqua à l'autre joue qui, subissant le même sort que la première, fut traversée d'une ligne écarlate. Sur son front, elle dessina des formes semblables à es signes tribaux avant de peinturlurer sa bouche, passant et repassant le baton jusqu'a faire apparaitre un rictus de clown.
Son oeuvre achevée, elle se regarda sans se reconnaitre, subjuguée par la guerre sourde qui suintait de sa peau maquillée de rouge, ne sachant si elle était le conquérant, l'assujetti, ou le champ de bataille. Paniquée, elle se débarbouilla à la hâte, enfila ses collants, sa jupe et son chemisier, et se hâta en direction de la cuisine.
Son premier geste fut d'ouvrir la boite en fer-blanc où elle rangeait ses médicaments. Elle en sortit un cachet de couleur rose - un antidépresseur - et un autre de couleur jaune - un neuroleptique. Contrairement au premier qu'elle ingérait quotidiennement, elle n'avalait les seconds qu'en cas de bouffée délirante, lorsque la psychose maniaco-dépressive se manifestait par le biais d'actes incontrôlables.
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Lise était de ceux qui existent plus haut et plus fort que les autres et ne doutent jamais d’eux-mêmes, convaincus que leur destin facile est le produit de leur seul mérite, et non le fruit aléatoire d’une loterie à la fois génétique, économique et sociale. Zoé, elle, était de ceux qui s’excusent d’exister et assistent à la vie comme à une représentation de théâtre, se cantonnant au rôle de doublure, de souffleur ou d’éclairagiste.
Lise s’installait toujours au centre de la classe, au milieu de sa cour de lolitas en sac à main, talons hauts et parfum Chanel. Zoé, à la place du fond, se réchauffant au radiateur des solitaires. Les professeurs raffolaient de l’intelligence impertinente de la première autant qu’ils se méfiaient du mutisme impertinent de la seconde, cette adolescente un peu trop mince dont l’excellence des résultats ne pouvait être perçue que comme la tentative insidieuse d’ébranler leur tutelle.
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Elle savait qu’ils ne se reverraient pas, mais elle hocha la tête. Il était plus facile de maintenir la fiction d’un au revoir que d’assumer le caractère irréversible d’un adieu. Elle regarda leur histoire s’éloigner de cette démarche évanescente qui avait été la sienne, sans trouver le courage ou l’envie de la retenir.
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Zoé ferma les paupières et les bruits s'estompèrent comme si elle avait plongé la tête sous l'eau. Elle n'entendait plus que les battements lancinants de son cœur, dont le tam-tam sourd lui vrillait les tympans...Elle rouvrit les yeux et pensa que Ben allait mourir comme Nino était mort...
Adam la regarda d'un air égaré, sans comprendre. Elle le bouscula afin de pouvoir se pencher sur l'enfant...
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Alors seulement prenait-il conscience des heures passées, évanouies dans cet état de quasi transe. Le monde sensoriel et sa cohorte de nécessités contingentes recouvraient leur empire dans le fracas du vivant. Il réalisait qu’il avait faim, soif ou sommeil, tandis que les chimères de la création se retiraient sur la pointe des pieds.
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Jacques avait pratiquement renoncé à lire ses contemporains, craignant que les mots des autres ne l’éclaboussent.
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Même déguisés en adultes, les enfants meurtris se reconnaissent entre eux à la mélodie qui les accompagne, triste, lancinante et composée d'une seule note: le son que produit un jouet lorsqu'il se casse.
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Même enrobée d'une appétissante couche de neige, la Grosse Pomme avait un goût acide. Partout les mêmes odeurs agressives de hotdogs et de poubelles, la même verticalité fuyante.
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Mais fallait-il vraiment tout se dire par amour ? Jacques était convaincu qu’un peu de mystère nourrit l’amour, et qu’on ne désire jamais que ce que l’on ne possède pas tout à fait.
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