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Deux vies de Emanuele Trevi
Une demi-page d'un écrit mineur de Freud a plus de valeur que des étagères entières de petits romans intimistes. On ne peut pas non plus affirmer qu'il s'agit d'une question de compétences, d'horizons culturels. Mais il existe une différence, et elle est probablement l'une des clefs les plus importantes de l'œuvre de Rocco, considérée dans son ensemble. La psychiatrie, qui est un modèle de connaissance dont le but est de formuler des diagnostics et d'établir des thérapies, doit, pour être efficace, faire abstraction, réduire la multiplicité des cas et des symptômes à des constantes, créer des définitions : hystérie, paranoïa, dépression, épisode maniaque ... La littérature, au contraire, puise sa propre raison d'être dans le refus de toute généralisation : elle est toujours l'histoire d'un individu " particulier ", muré dans son unicité, auteur et prisonnier de sa singularité. Par conséquent, lorsqu'elle parle d'une maladie, la littérature se contentera de la transformer en une " maladie sans nom ", la seule qu'on puisse proportionner dignement à cet unique entrelacement de destin et de caractère, de contingence et de nécessité, qui donne vie à un personnage. "
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