Une autre école de Nancy
Au début du XXème siècle, des médecins Nancéiens donnaient naissance à un mouvement
scientifique qui fit faire des progrès radicaux à la
psychiatrie. Il s'agit de
Hippolyte BERNHEIM, Auguste LIEBAULT et
Emile COUE.
Toute pensée occupant uniquement notre esprit devient vraie pour nous et a tendance à se transformer en acte.
Panurge n'ignorait pas la contagion de l'exemple, c'est-à-dire l'action de l'imagination, quand, pour se venger d'un marchand avec lequel il naviguait, il lui achetait son plus gros mouton et le jetait à la mer, certain d'avance que le troupeau suivrait tout entier, ce qui eut lieu, du reste.

Un homme arrive courbé, se traînant péniblement, appuyé sur deux cannes, son visage est d'une tristesse morne... Et la salle se remplissant, M. Coué entre. Après avoir interrogé cet homme, il lui dit à peu près : "Bien, vous avez un rhumatisme depuis 32 ans et vous ne pouvez pas marcher. N'ayez crainte, il ne vous durera plus aussi longtemps ".
Et après les expériences préliminaires : "Fermez les yeux et répétez vivement, très vivement, avec les lèvres, les mots : ça passe, ça passe (en même temps, M. Coué passe sa main sur les jambes du malade, pendant 20 à 25 secondes). Maintenant, vous ne souffrez plus, levez-vous et marchez (le malade marche) vite ! plus vite, encore plus vite ! et puisque vous marchez si bien, vous allez courir ; courez, Monsieur, courez. " Le malade court; joyeux, presque juvénile, à son grand étonnement, et aussi à celui des nombreuses personnes qui assistaient à la séance du 27 avril1920 (clinique du Docteur Bérillon).
Page 104 (édition 1926)
Donc, lorsque vous désirerez faire quelque chose de raisonnable, lorsque vous aurez à faire une chose qu’il est de votre devoir de faire, pensez toujours que cette chose est facile.
Que les mots : difficile, impossible, je ne peux pas, c’est plus fort que moi, je ne peux pas m’empêcher de… disparaissent de votre vocabulaire : ils ne sont pas français. Ce qui est français, c’est : c’est facile et je peux.
Considérant cette chose comme facile, elle le devient pour vous, alors qu’elle semblerait difficile aux autres, et cette chose, vous la faites vite, vous la faites bien, vous la faites aussi sans fatigue, parce que vous l’aurez faite sans effort.
Tandis que, si vous l’aviez considérée comme difficile ou impossible, elle le serait devenue pour vous, tout simplement parce que vous l’auriez considérée comme telle.
Supposons que nous placions sur le sol une planche de 10 mètres de long sur 0,25 m de large, il est évident que tout le monde sera capable d'aller d'un bout à l'autre de cette planche sans mettre le pied à côté. Changeons les conditions de l'expérience et supposons cette planche placée à la hauteur des tours d'une cathédrale, quelle est donc la personne qui sera capable de s'avancer, seulement d'un mètre, sur cet étroit chemin ? [...] Pourquoi donc ne tomberez-vous pas si la planche est à terre et pourquoi tomberez-vous si elle est élevée ? Tout simplement parce que, dans le premier cas, vous vous imaginez qu'il vous est facile d'aller jusqu'au bout de cette planche, tandis que, dans le second, vous vous imaginez que vous ne le pouvez pas. Remarquez que vous avez beau vouloir avancer : si vous vous imaginez que vous ne le pouvez pas, vous êtes dans l'impossibilité absolue de le faire. p.10-11
Comment il faut pratiquer l'autosuggestion consciente
Tous les matins au réveil, et tous les soirs, aussitôt au lit, fermer les yeux et, sans chercher à fixer son attention, sur ce que l'on dit, prononcer avec les lèvres, assez haut pour entendre ses propres paroles et en comptant sur une ficelle munie de vingt noeuds, la phrase suivante : "Tous les jours, à tous points de vue, je vais de mieux en mieux." Les mots "à tous points de vue" s'adressant à tout, il est inutile de faire des autosuggestions particulières.
Faire cette autosuggestion d'une façon simple, aussi enfantine, aussi machinale que possible, par conséquent sans le moindre effort. En un mot, la formule doit être répétée sur le ton employé pour réciter des litanies.
Conclusion
Quelle conclusion tirer de tout cela ?
Cette conclusion est bien simple et peut s'exprimer en peu de mots : nous possédons en nous une force d'une puissance incalculable qui, lorsque nous la manions d'une façon inconsciente, nous est souvent préjudiciable. Si, au contraire, nous la dirigeons d'une façon consciente et sage, elle nous donne la maîtrise de nous-mêmes et nous permet non seulement d'aider à nous soustraire de nous-mêmes et ) soustraire les autres à la maladie physique et à la maladie morale, mais encore de vivre relativement heureux, quelles que soient les conditions dans lesquelles nous puissions nous trouver.
Enfin et surtout, elle peut, elle doit être appliquée à la régénération morale de ceux qui sont sortis de la voie du bien.
... il n'est pas nécessaire de savoir quel organe est malade pour guérir. Sous l'influence de l'autosuggestion "tous les jours, à tous points de vue, je vais de mieux en mieux", l'inconscient exerce son action sur cet organe qu'il sait discerner lui-même.
Qu'est-ce donc que la suggestion ? On peut la définir 'l'action d'imposer une idée au cerveau d'une personne". Cette action existe-t-elle réellement ? A proprement parler, non. La suggestion n'existe pas en effet par elle-même ; elle n'existe et ne peut existe qu'à la condition sine qua non de se transformer chez le sujet en autosuggestion. Et ce mot, nous le définirons "l'implantation d'une idée en soi-même par soi-même". Vous pouvez suggérer quelque chose à quelqu'un ; si l'inconscient de ce dernier n'a pas accepté cette suggestion, s'il ne l'a pas digérée, pour ainsi dire, afin de la transformer en autosuggestion, elle ne produit aucun effet.
Ainsi entendue, L'autosuggestion n'est autre chose que l'hypnotisme tel que je le comprends et que je définis par ces simples mots: influence de l'imagination sur l'être moral et l'être physique de l'homme.