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Critiques de Emile Durkheim (20)
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L' Allemagne au-dessus de tout

Aujourd'hui, c'est l'armistice, le jour du souvenir. Avant d'être envoyé sur le front d'Orient à Salonique (Thessaloniki), André Durkheim avait été blessé en juin 1915 et s'était requinqué à l'hôpital militaire de Brest, où son père, Emile, lui avait rendu visite, sous un grand soleil, le dernier qu'ils partagèrent. J'avais été frappé dans l'Horreur Allemande par les descriptions que donne Pierre Loti des actes des troupes allemandes, qui l'avaient glacé par leur sauvagerie rationnelle. Loti a en commun avec André d'avoir servi dans les Balkans – ce qui a inspiré aziyadé, Les Désenchantées etc. - et en commun avec Emile d'avoir un fils au front (Samuel), d'être dévoré par l'angoisse et le désir d'agir malgré l'âge, quand il ne dispose d'autre arme pour combattre que l'écriture. Loti, l'officier dont Pétain ne voulait pas à Verdun (pas besoin d'un marin...) écrit sur le front. Durkheim écrit à Paris, un opuscule court et brillant, publié dix mois à peine après la déclaration de guerre. L'Allemagne au dessus de tout est relu aujourd'hui car il ouvre la voie à une sociologie des relations internationales, et aussi parce que c'est un oracle, qui n'a l'air de rien mais qui annonce tout. Ibis, redibis nunquam, per bella peribis. « Il est inadmissible (...) que l'Allemagne qui hier faisait partie de la grande famille des peuples civilisés ait pu mentir à ce point aux principes de la civilisation humaine. Il n'est pas possible que ces hommes, que nous fréquentions, que nous estimions, qui appartenaient en définitive à la même communauté morale que nous, aient pu devenir ces êtres barbares. ». Et pourtant le Kaiser Guillaume II l'a dit « l'humanité finit aux Vosges ». Et ils l'ont fait, sans scrupules et dans l'ordre. « les soldats qui ont commis les atrocités qui nous indignent sont pour la plupart des hommes honnêtes qui pratiquent exactement leurs devoirs quotidiens. » On songe à Arendt en lisant Durkheim qui convoque toute la sociologie qu'il a créée pour expliquer l'horreur, dans l'espoir que son analyse empêchera qu'elle advienne, encore. Une réflexion sur la culture, la société et l'Etat, autarcique, absolu dont la barbarie nait de l'effort qu'il fournit, comme Prométhée, pour s'arracher aux conditions de l'existence humaine et naturelle, pour affirmer son être idéal, supérieur. « Seulement cet idéalisme a quelque chose d'anormal et de nocif qui en fait un danger pour l'humanité toute entière. » Durkheim livre les clés de la Grande Barbarie, le texte de Loti sur le martyre de la Belgique aux mains de la Reichswehr. L'Allemagne « s'est attribuée toutes les supériorités : puis pour rendre intelligible cette supériorité universelle, elle lui a cherché des causes dans la race, dans l'histoire, dans la légende. » Elle s'est inventée un destin et l'accomplit avec ce mélange abominable de pragmatisme et d'idéalisme, dans lequel « la guerre est morale et sainte », la culture et les arts « un penchant inférieur de notre nature », les conventions internationales « des chiffons de papier » la mise à mort des blessés, les bombardements des villes par surprise, la destruction de l'art, la chimie, le gaz, les moyens que justifie la fin. En février 1916, Emile était toujours sans nouvelles de son fils. André était mort au combat le 18 décembre 1915. Il est enterré dans le petit village de Davidovo en Bulgarie. Emile mourut de chagrin l'année suivante.
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Les règles de la méthode sociologique

Durkheim est un empiriste qui tente d’entraîner les autres sociologues à sa suite en critiquant l’idéalisme en science et en proposant une méthode rigoureuse afin de définir et observer l’objet d’étude, le « fait social », avec clarté et rigueur.

Si les qualités heuristiques de certains éléments de son argumentation sont discutables et elles comportent parfois quelques contradictions, je crois qu’il faut y trouver les signes d’une recherche intense d’un « noyau dur » qui ne pourra être remis en cause. Et lorsque les présupposés durkheimien se montrent inefficaces, plutôt que de les remettre pas en cause, l’auteur n’hésite pas à accuser son lecteur de ne pas être apte « à…voir les choses autrement qu’elles n’apparaissent au vulgaire » (p.71).

En effet, bien qu’il ne soit pas toujours en mesure de respecter ses principes, jamais Durkheim ne met en doute la prédominance de l’empirie sur le rationnel, ni la validité des analogies entre les lois scientifiques de différentes sciences. Durkheim demeure donc un empiriste d’un bout à l’autre, mais l’héritage en problèmes circonscrits légué aux générations futures de chercheurs est plutôt lourd...
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Education et sociologie

Le père de la sociologie française fut également un pédagogue, discipline qu'il enseigna toute sa vie, à la faculté de Bordeaux, puis à la Sorbonne. Mais ne vous y trompez pas, c'est bien en sociologue qu'il entend nous parler d'éducation.



"Education et Sociologie" est, je pense, un texte important, dans la mesure où il est un témoin de son temps mais également un pilier idéologique de notre conception de l'enseignement. Il est un peu (sans doute quand même dans une moindre mesure) à l'Education Nationale ce que le "Contrat Social" de Rousseau est à nos institutions politiques. L'époque de rédaction de ce texte vient juste après les lois Ferry et il accompagne la constitution du Mammouth (humour inside bien entendu). Durkheim a d'ailleurs enseigné de nombreuses années à des apprenti enseignants.



Mais que nous dit Durkheim ? Deux idées fortes traversent son texte :



-L'éducation est avant tout sociale : elle est ce qui permet à l'individu d'acquérir les savoirs nécessaires à la vie en société. Elle est ce par quoi la société perdure. Son ambition n'est pas de permettre à chacun d'exprimer son plein potentiel mais, en quelque sorte, d'acquérir un "savoir socle" correspondant à son milieu social spécifique.



-l'éducation est le produit de l'Histoire et est adaptée aux besoins et nécessités de la société qui la dispense.



Si Durkheim reconnait quelque vertu à la psychologie ce n'est que dans ses apports potentiels par rapport aux moyens de l'éducation, non en ce qui concerne sa finalité.



Si, comme je l'ai dit, "Education et Sociologie" est un texte important, il a néanmoins vieilli. Je trouve qu'il est traversé par une espèce d’ambiguïté dans la définition même de son objet, à savoir entre les termes "éducation" et "instruction". De même, la minimisation, ou, en tout cas, le fait de mettre sur le même plan la fonction parentale et le rôle de l'instituteur me semble tout à fait obsolète, dans la mesure où cette conception passe sous silence la dimension affective de l'éducation. En clair, l'éducation ne peut, selon moi, se résumer à une simple transmission de savoirs, quand bien même il s'agirait de "savoirs-être". Enfin, son chapitre sur la pédagogie est intéressant, et la conception qu'il en donne (une "théorie pratique") également, mais l'ensemble souffre d'une définition finalement assez floue.



Néanmoins "Education et Sociologie" présente un intérêt historique et épistémologique certain et on ne peut, par ailleurs, qu'admirer la rationalité et le caractère méthodique de son écriture (son caractère scientifique finalement)
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Le suicide

Une étude sociologique sur le suicide, très connue, dont la thèse dit en gros que le suicide est en fait un élément social, et qu'il en existe de plusieurs sortes: le suicide égoïste, le suicide altruiste, et le suicide anomique. Pour aboutir à cette thèse, Durkheim examine plusieurs facteurs et éléments variés de la société, tels que l'alcoolisme, le divorce/mariage, la religion, les facteurs cosmiques... Il termine en examinant quelle pourrait être la réponse à apporter pour éradiquer le suicide.

Ce livre est très intéressant, mais il a beaucoup vieilli à mon avis, d'abord parce que les chiffres mentionnés sont du XIXe siècle (donc peut-être inadaptés à notre société d'aujourd'hui), et ensuite pour ce que Durkheim dit des femmes, qui auraient une vie sociale moindre que les hommes, parce qu'elles se cantonnent à la vie du foyer. En même temps, la première édition de ce texte est de 1930, ce qui me conforte dans mon opinion qu'il a mal vieilli, et n'est plus vraiment le reflet de notre société. Il faut donc le lire avec un certain détachement (mais tout n'est pas à jeter, loin de là!).
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Les règles de la méthode sociologique

Si certains sociologues sont complexes ou ennuyants à lire, décidément, ce n’est pas le cas d’Emile Durkheim. Selon moi, c’est un réel plaisir de lecture ; c’est tout simplement beau et enrichissant.



Ici, Durkheim nous expose ses plus grandes méthodes sociologiques dont la plus célèbre est celle d’écarter toutes ses prénotions avant de se lancer dans une étude sociologique. En somme, le sociologue doit aborder son milieu d’étude comme un nouveau-né naïf mais attentif aux moindres détails. D’ailleurs, l’ouverture d’esprit, n’est-ce pas l’une des caractéristiques que se doit d’avoir un sociologue, ou un étudiant en sociologie ?



Bref, cet ouvrage n’apprend peut-être pas grand-chose à des personnes comme moi qui ont lu par exemple, Les Formes Elémentaires de la Vie Religieuse du même auteur, avant, mais les exemples que donnent ici Durkheim permettent aussi de donner une autre dimension objective à ses propres travaux.



Alors, je n’ai qu’un conseil : apprentis sociologiques, lancez-vous ! Lecture rapide et plaisante :)

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Les règles de la méthode sociologique

Livre où Durkheim va définir l'objet d'étude de la sociologie en allant vers le fait que les faits sociaux sont des choses et doivent être étudiés comme tel.

C'est à dire en prenant des distances par rapport à ses croyances personnelles ses prénotions et en analysant les faits, les individus, les éléments entrant en ligne de compte afin de les classifier et de les analyser.

Il est ainsi pour un raisonnement partant de l'objet et de son analyse afin d'en sortir certaines caractéristiques, permettant plus tard leur analyse.

Il part d'exemples de la criminologie italienne, de Comte ou autres et reste assez clair dans ses propos.

Un livre de méthode assez clair et une bonne base de travail afin de mieux cerner la sociologie et ses méthodes .
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Education et sociologie

Cet ouvrage d’Emile Durkheim, « Education et sociologie », est l’une de mes premières lectures en sciences sociales. Il m’a permis de découvrir, il y a plus de 25 ans maintenant, l’un des fondateurs de la discipline sociologique, mais aussi de l’aborder à travers le champ de prédilection de ce penseur: l’éducation, l’école, la pédagogie. Aujourd’hui encore, je relis certains passages : « Sous quelque aspect que l’on considère l’éducation, elle se présente partout à nous avec le même caractère. Qu’il s’agisse des fins qu’elle poursuit ou des moyens qu’elle emploie, c’est à des nécessités sociales qu’elle répond (… ) » J’ajouterai que ces "nécessités sociales" sont valables partout et en tout temps !
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De la division du travail social

Le thème de l’ouvrage est l’évolution des sociétés en fonction d’un ensemble de règles de solidarité qui lui donne sa cohésion. L’ouvrage a trois parties : La fonction de la division du travail ; Les causes et les conditions ; et Les formes anormales. La morale n’est pas nommée dans le titre et les sous-titres mais elle est partout : le mot est cité au moins une fois dans 132 pages d’un ouvrage qui en compte 353. Cet ensemble de règles qui maintient la société, c’est en effet la morale, et la morale évolue avec la société comme le montre l’évolution du droit depuis l’invention de l’écriture. La solidarité sociale est un phénomène tout moral qui, par lui-même, ne se prête pas à l'observation exacte ni surtout à la mesure […] il faut donc substituer au fait interne qui nous échappe un fait extérieur qui le symbolise et étudier le premier à travers le second. Ce symbole visible, c'est le droit (p 68). Et de fait Durkheim crée une anthropologie juridique où il renverse la finalité du droit : Un acte est criminel quand il offense les états forts et définis de la conscience collective. […] Il ne faut pas dire qu'un acte froisse la conscience commune parce qu'il est criminel, mais qu'il est criminel parce qu'il froisse la conscience commune. Nous ne le réprouvons pas parce qu'il est un crime, mais il est un crime parce que nous le réprouvons (p 82). La morale n'est autre chose que la conscience collective du groupe dont nous faisons partie […] Il est impossible que les offenses aux sentiments collectifs les plus fondamentaux soient tolérées sans que la société se désintègre ; mais il faut qu'elles soient combattues à l'aide de cette réaction particulièrement énergique qui est attachée aux règles morales (Livres II et III, p 136).

Les deux formes consécutives de la solidarité sont la solidarité mécanique (Ce mot ne signifie pas qu'elle soit produite par des moyens mécaniques et artificiellement. Nous ne la nommons ainsi que par analogie avec la cohésion qui unit entre eux les éléments des corps bruts, par opposition à celle qui fait l'unité des corps vivants, p 122), et la solidarité organique. La première est celle des peuples primitifs, où la société est indifférenciée, ses membres ayant tous les mêmes fonctions. La seconde régit les sociétés depuis le néolithique, et la révolution industrielle l’a rendue massivement plus complexe. Dans la solidarité organique, la spécialisation est non seulement la règle mais la condition même de la vie sociale, de même que l’ensemble des organes est nécessaire à la survie d’un organisme. Durkheim souligne que la solidarité organique permet le développement de la personnalité individuelle : Il en est tout autrement de la solidarité que produit la division du travail. Tandis que la précédente implique que les individus se ressemblent, celle-ci suppose qu'ils diffèrent les uns des autres. La première n'est possible que dans la mesure où la personnalité individuelle est absorbée dans la personnalité collective ; la seconde n'est possible que si chacun a une sphère d'action qui lui est propre, par conséquent une personnalité (p 122). Les règles à sanction répressive, grosso modo le droit pénal, protègent la solidarité mécanique ; les règles à fonction restitutive, grosso modo le droit civil, les complètent dans la solidarité organique.

Ces règles doivent continuer à évoluer : une crise économique, un coup de bourse, une faillite même peuvent désorganiser beaucoup plus gravement le corps social qu'un homicide isolé […] un acte peut être désastreux pour une société sans encourir la moindre répression (p 75). Cette évolution de la morale et du droit est très lente, et cette lenteur est facteur de désordre, de dérégulation, d’anomie : Nous ne souffrons pas parce que nous ne savons plus sur quelle notion théorique appuyer la morale que nous pratiquions jusqu'ici ; mais parce que, dans certaines de ses parties, cette morale est irrémédiablement ébranlée, et que celle qui nous est nécessaire est seulement en train de se former. Notre anxiété ne vient pas de ce que la critique des savants a ruiné l'explication traditionnelle qu'on nous donnait de nos devoirs et, par conséquent, ce n'est pas un nouveau système philosophique qui pourra jamais la dissiper ; mais c'est que, certains de ces devoirs n'étant plus fondés dans la réalité des choses, il en est résulté un relâchement qui ne pourra prendre fin qu'à mesure qu'une discipline nouvelle s'établira et se consolidera. En un mot, notre premier devoir actuellement est de nous faire une morale (livres II et III, p 144-5).

Ce texte fondateur de la sociologie Française est l’œuvre d’un théoricien qui revendique son statut scientifique : Ce livre est avant tout un effort pour traiter les faits de la vie morale d'après la méthode des sciences positives (p 41). Nous devons prendre sur nous de n'admettre aucune explication qui ne repose sur des preuves authentiques (p 45). Pourtant il n’utilise pas d’enquête et se contente de citer quelques sources anthropologiques et les divagations craniométriques de l’époque (p 64-5). Mais il est articulé puissamment, en quoi il diffère de La sociologie de Georg Simmel. Il donne ses définitions et ses méthodes et soigne sa construction et sa pédagogie. C’est un grand livre.

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Le suicide

Un classique de sociologie intéressant à découvrir. L’auteur mathématise la sociologie du suicide pour la première fois et évoque des idées qui posent l’importance du groupe et notamment du groupe professionnel. Il évoque même à demi-mot l’intérêt de la création des syndicats pour améliorer la vie des travailleurs et éviter leur suicide. Instructif de façon générale. Essentiel pour tous ceux qui touchent à la sociologie.
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Le suicide

Un livre technique, très daté avec un grand nombre d’informations fausses, bref, il n’est pas vraiment accessible et pourtant il continue d’être édité et recommandé pour une raison qui m’échappe.

Il est tellement daté que les chiffres sont de 1872, oui, mille huit-cents. Le seul point positif que j’ai pu lui trouver est qu’il explique qu’il y a différent type de suicide donc sur le fond ça passe mais dans le propos c’est poussiéreux, la psychologie a beaucoup évoluée depuis et rend ce livre obsolète à mes yeux.

Il reste intéressant à lire si vous vous intéressez au sujet de façon scientifique, pour comprendre l’histoire du suicide, un peu à la philosophie qu’il y a derrière cette pratique mais pour une curiosité sur le suicide, il ne s’adresse pas à vous.

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L' Allemagne au-dessus de tout

Il y a énormément de choses qui me chiffonne en ce qui concerne l’enseignement de l’Histoire (je crois que je ne suis pas seul dans ce cas-là, même si c’est parfois pour des raisons opposées). Parmi ces choses il y a les causes du nazisme. Quand des enseignants m’en ont parlé lors de mes études, ils ont évoqué le traité de Versailles, l’humiliation ressentie par les Allemands et puis un peu la crise économique de 1929 aussi. J’entends bien tout ça, mais ça ne me satisfait pas complètement car quand je lis des écrivains de cette époque (disons les Français qui écrivaient entre 1900 et 1930), je me rends compte qu’ils se plaignaient souvent de la mentalité allemande. Y a-t-il eut une rupture totale dans l’entre deux guerre ou une continuité profonde ?

Peut-être que cet article de Durkheim écrit dans le feu de l’action en 1915 n’est pas la meilleure façon de remettre les choses à leur place. Peut-être qu’il est trop partisan, ou trop impressionné par l’actualité et que la conclusion ressemble trop à un “effort de guerre” mais il n’empêche qu’il écrit sur un thème qui sera particulièrement important au vingtième siècle et qui devait paraître assez nouveau. Il s’appuie sur les écrits politiques d’un intellectuel allemand, Heinrich von Treitschke (1834-1896). Personnellement, je n’en avais jamais entendu parler, mais je crois que Durkheim tenait là quelqu’un d’assez important pour se figurer une partie de cette mentalité allemande.

Concrètement, il s’agit d’une certaine conception de l’Etat. Un Etat tout-puissant, plus que souverain, libéré de toute morale, de toute obligation contractuelle, une entité libre d’agir comme elle le souhaite. Un Etat sans foi ni loi, que celle du plus fort, un Etat anarchique en quelque sorte. C’est l’absence de contrat social et de lois à l’échelle planétaire, ce qu’on appelle tout simplement aujourd’hui une dictature. Treitschke, créature de Bismarck, nouveau Machiavel et esprit médiocre d’après Durkheim, aurait donc écrit une sorte de théorie générale de la dictature moderne.
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Les Formes élémentaires de la vie religieuse

A travers cet ouvrage, Durkheim tente de montrer l'origine de la religion au sens large : les rites, les cultes, les sacrifices, etc, etc... Mais il tente cela à partir de tribus dites primitives, là où il pense voir l'essence même de la religion. Ainsi, il s'efforcera de démontrer sa théorie, en réfutant celles d'autres auteurs/courants. Un auteur qui réfute, pour ma part, dégage une certaine légitimité ; il ne se contente pas d'exposer sa propre théorie.



De plus, cet ouvrage nous ouvre les portes de la sociologie. J'entends pas là, qu'après une telle lecture, il vous sera impossible (à part si vous êtes insensibles à la sociologie) de réfléchir autrement que de la manière durkheimienne. Toutes les analyses, toutes les enquêtes, toutes les lectures plus ou moins sociologiques que vous ferez seront analyser au prisme de cet ouvrage. Vous verrez du sacré et du profane partout, et vous comprendrez les schèmes de perception de nombreux individus ainsi.

Je ne remercie jamais assez la personne qui m'a mis cette oeuvre entre les mains, qui pour moi, reflète l'essence même de la sociologie : la curiosité sur la société.



Par contre, si le livre est parfaitement écrit, et divisé, il est dommage que certains soient vraiment redondants même si cela est l'essence de la théorie de Durkheim (Par exemple, la dichotomie sacré/profane ou l'homme en partie double...).



En résumé, un bon ouvrage, même pour les personnes athées ! Il n'y a rien à voir avec une quelconque religion. Nous sommes bien en présence d'un ouvrage de sociologie.
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Les Formes élémentaires de la vie religieuse

A lire pour l’aspect histoire des sciences mais à remettre dans son cadre historique (biographique et scientifique). Les chemins sont plus importants en science que les points d'arrivée; un bon début de cartographie même si certains chemins sont approximatifs...
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Le suicide

Etude datant de 1897, intéressante pour l'époque, les début de la sociologie....
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Les règles de la méthode sociologique

La sociologie est une discipline aussi passionnante que décriée. Les politiques et certaines élites s'en méfient, probablement à juste titre, car une société dont tous les membres deviendraient experts en sociologie ne pourrait que mettre en lumière leurs insuffisances et leurs tentatives de tromperie.



Ce n'est pas le livre le plus connu de Durkheim, certes. C'est un livre très théorique, qui manque un peu trop d'exemples à mon goût: cela le rend donc aride, mais pas ardu. Le but de l'auteur est de nous démontrer que la sociologie est une science, à laquelle s'applique le principe de causalité, tout comme pour la physique: les faits sociaux tels que par exemple le mariage, le crime, ou le suicide sont des choses. Et ces phénomènes peuvent être expliqués par d'autres faits sociaux.



La méthode d'analyse des phénomènes sociaux est simple et tient en quatre verbes: les décrire, les classer, les expliquer, et apporter la preuve. Ce qui exige de la part du sociologue une attitude d'objectivité et l'abandon de toute idée préconçue... Comment décrire la maladie par exemple? On peut être malade sans être souffrant. Comment éviter de prendre une corrélation pour un lien de causalité?



La sociologie n'a donc rien à voir avec la philosophie, elle ne prend pas partie, elle ne peut que l'alimenter. À ce titre seul, le bouquin mérite un effort de lecture. Et si cela vous paraît trop, sautez tout de suite aux pages de conclusion!
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Les Formes élémentaires de la vie religieuse

Un des ouvrages les plus importants et les plus fondateurs de la sociologie moderne.



Il n'y a pas de pensée conceptuelle et, notamment, pas de philosophie, sans fondement religieux.



Il aurait été préféreable que le livre s'appelle "les formes les plus élémentaires de la religion", car c'est plutôt de cela qu'il s'agit.



Pour remonter aussi loin que possible dans l'origine des religions, Durkheim va étudier les sociétés les plus primitives (sans le coté péjoratif, au sens "primordiales") qu'on puisse encore observer à son époque, notamment les indigènes d'Australie.



On s'aperçoit que des notions qui nous semblent incontournables dans les religions, comme la présence d'un dieu ou le questionnement sur l’au-delà, sont en fait très tardives.



Ouvrage et auteur cités par Claude Levy-Straus.
Lien : https://perso.cm63.fr/node/277
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Le suicide

Un classique de la sociologie qui est plus intéressant historiquement que sur les conclusions qu'il tire et des observations qu'il émet. En effet, il s'agit, à ma connaissance, de la première étude scientifique sur le suicide, une classification entre différents types de suicides, une analyse sur les raisons qui poussent les gens à se suicider... Il est probable qu'on ait fait mieux depuis, et que l'on sache mieux discerner les raisons qui amènent les gens à commettre l'irréparable. Le style de Durkheim est irréprochable, d'une grande clarté et d'une grande concision, à l'image de celui des grands professeurs de son époque.
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Education et sociologie

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Les règles de la méthode sociologique

On peut ne pas adhérer à l'épistémologie exposée dans cette ouvrage. Il reste qu'il est d'une qualité exceptionnelle. Chaque fois que je le relis je suis émerveillé par la clarté du propos et sa profondeur. On trouve dans ce livre l'expression parfaite d'un style savant au service d'une formulation précise et ample des idées ; un style entièrement dévoué à cette tâche, jamais dévoyé par une autre ambition que celle de transmettre, d'être compris par le lecteur. Même si le lecteur ne pense pas comme Durkheim, cet ouvrage lui ouvrira des portes et tiendra un rôle déterminant dans sa culture et la construction de sa propre pensée. Il faut imaginer toute la puissance de cette idée : les faits sociaux sont des choses, le social - ou le collectif - a une réalité intrinsèque non réductible aux consciences des individus, un fait social s'explique par d'autres faits sociaux et non pas par ce que pensent les gens ! Ce n'est pas seulement un livre de sociologie, ce livre contient une véritable réflexion philosophique. Durkheim n'est pas devenu sociologue sans avoir préalablement était philosophe.
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Le Contrat social de Rousseau

bon livre sur ce qu'est le pouvoir
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