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Critiques de Emily Dickinson (70)
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Car l'adieu, c'est la nuit - Edition biling..

En préambule, je trouve que la poésie est le parent pauvre de la littérature, c'est ce que je ressens, réussir à décrire un sentiment, un état d'esprit en quelques phrases ça tient de la magie.

" Car l'adieu, c'est la nuit" d'Emily Dickinson à cette magie.

Ce recueil de poème reflète assez bien la tendance du 19ème siècle, la solitude du poète, le " spleen" pour emprunter le mot au grand Charles Baudelaire.

Les mots d'Emily sont crépusculaires, la mort y est présente comme la tombe, dieu est omniprésent, nous sommes dans cette Nouvelle-Angleterre puritaine et dévote.

Le temps semble s'arrêter à la lecture de ses mots magnifique, j'ai retrouvé cette ambiance dans les écrits de Charlotte et Emily Brontë .

la poésie a quelque chose d'intemporel.

j'ai aimé les mots d'Emily Dickinson et j'espère que cette critique attirera d'autres lecteurs qui feront des critiques qui attireront d'autres lecteurs.....
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Lieu-dit, l'éternité : Poèmes choisis

"Si je ressens physiquement comme si le sommet de ma tête m'était arraché, je sais que c'est de la poésie." La première fois que j'ai lu Dickinson, j'ai eu peur.[...] C'est le tour favori d'Emily. Elle vous prend vivant là où vous êtes et elle vous fige dans le froid. Elle vous prend malgré vous et elle vous colle dans l'éternité. ( Notules sur Emily - Patrick Reumaux)

Certains penseront triste vie que celle d'Emily. Personnellement, j'y vois la richesse d'une vie et la beauté d'une âme.

Une vie passée à magnifier ces petits riens de tous les jours.

Une vie passée à se questionner sur la perte des êtres chers, la mort, la vie, la souffrance, la beauté.

Une vie passée à écrire, imaginer, rêver, observer, comprendre et créer cette magnifique poésie.

Une poésie qui est une musique et qui nous emporte loin,très loin en un "Lieu-dit l'éternité."

Poésie que je vous recommande chaudement.
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Quatrains et autres poèmes brefs

Un recueil de poésies ne se résume pas, il se savoure.

Par petites touches ou grandes immersions, selon l'humeur !



Pour ma part j'ai toujours ce petit livre à portée de vue, et non enterré dans une bibliothèque, pour pouvoir y piocher ces courtes pensées ciselées par une orfèvre de l'art poétique, en français ou en anglais selon les jours. La forme du quatrain se prête particulièrement bien à ce grappillage poétique.



Que dire de ces quatrains ?

Que nous avons beaucoup de chance que leur lumière soit parvenue jusqu'à nous. En effet, Emily écrivait mais ne publiait pas.

Ces vers, souvent légers et d'apparence simple, poussent à réfléchir bien au-delà des mots. Je les qualifierais volontiers de quatrains philosophiques à plusieurs niveaux de lecture, ce qui permet de les lire, les relire, avec bonheur et sans se lasser.

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Poèmes / Poems

La publication de ce recueil de poèmes en version bilingue est à double tranchant: on peut recourir au français pour s'assurer du sens lorsqu'on lit en anglais, ou jeter un oeil à la version originale après avoir découvert le texte par la traduction, mais cela révèle aussi toutes les maladresses, infidélités de la traduction. Souvent, j'ai été gênée par la différence de rythme que créait la nouvelle ponctuation, par exemple:

[...]

And then - to go to sleep -

And then - if it should be

The will of it's Inquisitor

The luxury to die -



Ensuite il veut s'endormir;

Enfin, si c'est le bon plaisir

De son Inquisiteur,

Le luxe de mourir.



Je ne suis pas toujours d'accord avec le choix des mots, mais sans aucun doute Guy Jean Forgue et moi n'avons pas les mêmes ressentis d'un poème, et évidemment, je n'y ai pas passé le temps que lui a mis à les décortiquer.



Les poèmes, 150 choisis parmi les quelque 2000 qu'elle a composés, se suivent selon des thématiques communes, même s'ils n'ont pas été écrits à la même période. J'ai d'abord eu un peu de mal à entrer dans l'univers et l'écriture d'Emily Dickinson, mais petit-à-petit, j'ai été touchée par certaines petites phrases qui en deux ou trois mots créent un monde sensible. de sa chambre, qu'elle ne quittait presque jamais, Emily découvrait l'univers. On peut facilement l'imaginer passer des heures à la fenêtre et étudier les réactions de tel chat, oiseau, l'arrivée du printemps, l'hiver, la vie d'un passant... mais il y a une part importante d'introspection qu'il l'amène à s'interroger sur la religion, ce qui entoure son existence, et la mort. Elle analyse avec une grande subtilité les émotions qui la traversent, certains poèmes me faisant d'ailleurs penser au Spleen de Baudelaire.

Comme toujours quand j'emprunte ces recueils de poèmes à la bibliothèque, je m'en mords les doigts, car il faudrait les avoir constamment à portée de main pour les redécouvrir encore et encore.
Lien : http://pourunmot.blogspot.fr..
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Quatrains et autres poèmes brefs

Emily Dickinson est une poétesse américaine née en 1830 dans le Massachusetts et décédée en 1856 à l'âge cinquante-cinq ans. Elle a vécu dans une famille aisée auprès d'un père avocat et sénateur. La famille est appréciée et reconnue dans tout le comté. Cependant, Emily est une enfant timide et réservée. Elle vit discrètement et sort peu. Son passe-temps est l'écriture de poèmes qui, pour la plupart, ne seront publiés qu'après sa mort. Ayant très peu d'amis, ne sortant presque jamais, Emily écrits des poèmes essentiellement pour correspondre avec ses proches. Ce recueil de poésies en englobe une partie.



Emily Dickinson a écrit essentiellement des quatrains, des poèmes en quatre vers dans lesquels elle parlait beaucoup de vie et de mort, évoquait la nature, les floraisons, les jardins et le soleil.



Ce recueil se décompose en trois périodes.

La première est celle qui regroupe les années allant de 1858 à 1864. Durant celles-ci, on est au début de ces écrits. Les poèmes sont alors rassemblés dans des cahiers et dont le destinataire est Samuel Bowles, un ami de longue date de la famille Dickinson.



Les années 1865 et 1866 correspondent à un période d'écriture intensive jusqu'à ralentir jusqu'en 1886. A compter de ces dernières années, l'auteure assiste aux décès de plusieurs proches dont ceux de ses parents.



J'ai trouvé cette lecture très agréable. Les textes sont aérés, structurés. Le point positif est que ce recueil est bilingue. Sur une page, les poèmes sont en français et sur la page d'en face en anglais. On peut donc suivre simultanément la traduction. Je l'ai lu sur plusieurs jours, le laissant sur ma table de nuit pour en faire durer le plaisir.



Une très belle découverte.


Lien : http://labibliothequedemarjo..
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Car l'adieu, c'est la nuit - Edition biling..

Lecture mitigée.



Tout d'abord, allez savoir pourquoi, j'étais persuadée qu'Emily Dickinson était anglaise. Mais il n'y a pas eu de doute possible, dès la première page, elle ne pouvait être qu'américaine. Sa langue, son écriture, ce n'était pas de l'anglais. Très juste me direz-vous, Emily Dickinson est reconnue comme la première grande poétesse américaine... Et voilà ! Avec en plus une langue du 19e siècle. Bon, l'édition est bilingue. Donc on s'en sort.



Mais mon sentiment partagé découle surtout de l'ambiance de plomb des poèmes. Mysticisme et noirceur du propos sont les caractéristiques essentielles de l'ensemble des poèmes. Pour la très grande majorité, pas un seul poème qui ne contienne le mot de 'mort' ou de 'tombeau' ou de 'Dieu', de 'ténèbres', d' 'immortalité', d' 'angoisse', d' effroi', etc ou ne soit marqué par le sceau de la disparition.





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Un ciel étranger

Ce recueil regroupe les poèmes qu'Emily Dickinson a écrits alors qu'elle passe 7 mois loin de chez elle, à Boston, pour soigner ses yeux. Il est empreint de ce sentiment d'étrangeté, d'exil et d'identité.

Le thème de la mort et du tombeau revient souvent, mais malgré ça je ne saurais dire exactement dans quel état d'esprit elle était pendant cette période.

Ses poèmes me sont toujours aussi obscurs, tellement déconstruits en général qu'il est difficile d'en connaître les tenants et aboutissants; parfois, certaines phrases m'ont atteintes, furtivement. Mais de manière plus générale ma lecture est restée cérébrale et peu touchée par ces expressions de culpabilité que j'ai retrouvé chez Louise Glück, dont l'écriture est proche.

Voici la deuxième fois que j'essaie de me plonger dans les poèmes d'Emily Dickinson, je pense m'arrêter là.
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Lieu-dit, l'éternité : Poèmes choisis

D'une obscure beauté, la poésie d'Emilie Dickinson n'est pas vraiment un remède contre la mélancolie saisonnière! Evitez donc d'ouvrir le recueil si l'hiver vous a fait perdre votre sourire, si les enfants vous ont tapé sur le système toute la journée, si votre patron vous a refusé une augmentation en invoquant la conjoncture.

Car vous risqueriez de sombrer dans une fascination macabre, pour la description détaillée de ce que peut ressentir un pendu, un noyé, ou bien celui qui, dans sa chair encore tiède, entend les pas de ceux qui l'ensevelissent et l'oublient. Car elle excelle dans l'art de dire ce qui n'est plus, ce qui n'est plus pour très longtemps, ce qui se meurt, à peine rassurante quand elle invoque un Dieu sauveur. Fascination relevée tout de même par l'observation des paysages, l'exploration lyrique des sentiments qui l'animent.

Oui dans un sens j'ai aimé lire ces poèmes : j'ai apprécié leur musicalité, les effets de ruptures parfois (comme il est sympathique pour cela de posséder une édition bilingue!) mais pour en apprécier la signification je les reprendrai en des temps plus heureux...
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Quatrains et autres poèmes brefs

Des mots qui sonnent comme une poésie d'Emily Dickinson…

En une petite phrase, le ton est donné, la poésie de cette poétesse est hors-normes. L'autrice Américaine ayant offert à son pays les lettres de noblesse d'un art porté à son nirvana par la grâce d'une femme atypique, au style de vie et comportement social déroutant, jouant à un sempiternel cache-cache avec le réel, fuyant sans cesse l'image d'elle même, ombre maléfique l'obligeant à se reclure, mais qui finalement lui sera bénéfique au niveau créatif, en produisant un nombre de poèmes à la variété impressionnante. L'œuvre poétique d'Emily Dickinson est la quintessence d'un monde bien à elle, celui d'une Amérique puritaine, conservatrice, rurale où la seule échappatoire de la jeune fille se trouve dans la poésie, vertu artistique exhalant avec bonheur son amour de la nature, des choses simples du quotidien où apparaissent quelques couleurs dans un univers terne et triste. Néanmoins, la poésie de l'autrice est marquée par le seau du divin, du mystique, transcendance de l'être impalpable sublimé à qui on se confie, qu'on voudrait aimer dans un amour imaginé pour se sentir moins esseulée. Si la référence au sacré revient souvent, elle ne dénote pas chez la poétesse une bigoterie quelconque, mais plutôt un besoin sincère de trouver une tête amie sur laquelle se reposer, un réconfort au milieu d'un océan noirci par les morts de proches et d'amis. Les vers d'Emily Dickinson devenant sûrement, cet exutoire, pour conjurer le destin tragique qu'elle traverse, avec sa connotation macabre et gothique, immisçant le lecteur au plus profond de l'âme trouble d'une poétesse au talent poétique incomparable.



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Autoportrait au roitelet

Les Belles Lettres n’ont jamais aussi bien porté leur nom qu’en publiant cet ouvrage délicatement illustré et documenté. Il comprend les lettres adressées par Emily Dickinson à ses cousines Norcross et à l'essayiste et critique Thomas W. Higginson, ainsi qu’un choix de poèmes intitulé La gloire est une abeille.

Il n’y a rien de plus étrange que cette correspondance qui ne se fait l’écho d’aucun des débats de son époque. La guerre civile est à peine effleurée, et uniquement pour évoquer des connaissances des Dickinson victimes du conflit, pas un mot sur la question abolitionniste et une attention très distraite aux conférences et journaux militant pour l’émancipation féminine. Emily Dickinson ressemble à une anémone de mer se rétractant chaque fois qu’elle est effleurée par un évènement extérieur. Se lancer dans un voyage, difficile. Assister à une conférence, impossible. Écrire un article pour une revue, finalement non. Recevoir une visite, avec parcimonie. On cerne avec difficulté cette personnalité chaleureuse, affectueuse, mais incapable de franchir le seuil de son jardin. Il y a pour moi un mystère dickinsonnien.

De son univers rétréci – par la stature surplombante du père, le poids des conventions d’une petite ville provinciale, le conformisme religieux – elle paraît s’évader par la contemplation de la nature, des saisons, du ballet des insectes dans la lumière, d’un oiseau. Mais la douceur d’Emily Dickinson est aussi affûtée qu’une lame : « Dieu tient sa Promesse aux Moineaux – / Son peu d’amour – les fait crever de faim – »

Sa poésie est pleine de Chérubins, de Séraphins, de Paradis, de Ciel, mais étrangement ce concert a toujours quelque chose de menaçant : « Il n’y a pas de Trompette comparable à la Tombe – / De Gloire il ne reste pas un Rayon/ Mais sa Maison Éternelle – / L’Astérisque est pour les Morts,/ Les Vivants, pour les Étoiles– / Ne me l’avez-vous pas donnée ? » La promesse de la vie éternelle sonne comme une relégation glaçante. Sur la mort prématurée d’un enfant n’écrit-elle pas : « Une fossette dans la Tombe/ Fait de cette Chambre féroce/Un Foyer ».

La singularité profonde de Dickinson frappe le lecteur à tout instant. Son esprit aiguisé ne se satisfait pas du vade-mecum dispensé aux femmes de sa condition, ni sur le plan religieux ni sur le plan social. Alors la Bible ou les Écritures servent de matériau à des remarques caustiques, et Shakespeare participe allègrement à l’œuvre de détournement.

Sa présence est une tentative d’évasion au monde pour habiter avec force ses terrains de prédilection : la fascination suscitée par la nature, l’énigme de la mort (la Nuit de l’autre) et l’attachement exclusif porté aux êtres aimés.

L’Autoportrait au Roitelet dit tout cela avec une grâce déchirante.
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Lieu-dit, l'éternité : Poèmes choisis

J'adore relire Emily et son style si particulier, si déroutant. Elle a le don de m'éveiller les sens.
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Quatrains et autres poèmes brefs

Regroupant de manière chronologique tous les quatrains, ou poèmes encore plus brefs, contenant un simple distique, d’Emily Dickinson, ce recueil bilingue m’a permis de découvrir avec beaucoup de plaisir la poésie de la poétesse américaine.



Par leur brièveté, j’ai grandement apprécié la fulgurance de ces poèmes, qui disent finalement beaucoup, et en même temps si peu, en quelques vers. A la manière des haïkus, en effet, ils frappent l’esprit pour mieux le laisser ensuite divaguer au gré des thèmes présents, la nature principalement, mais aussi les sentiments, ou encore, de plus en plus au fil des années, le temps qui passe et la mort. Car cette fulgurance, si parfaitement mise en scène par les nombreuses métaphores et allégories qui parsèment le recueil, c’est bien sûr celle qui raconte la vie de la poétesse, mais plus encore la vie de chaque être humain, et c’est ce qui donne tant de force à ces évocations poétiques fugaces.



Découverte réussie en somme d’Emily Dickinson, je pense de fait me procurer ses œuvres complètes, bilingues, disponibles chez Flammarion depuis peu.
Lien : https://lartetletreblog.com/..
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Une âme en incandescence : Cahiers de poèmes 18..

Les poèmes des années 1861-1863 furent, dit-on, ceux des années les plus prolifiques de la création littéraire d’Emily Dickinson. Cette information étant divulguée, nous ne nous en sentons guère plus avancés.





Emily Dickinson a mené une vie de solitude et d’enracinement. Ses relations semblent avoir été nourries davantage du côté de l’imaginaire que du côté du réel. Est-ce pour cela que ses poèmes sont si joyeux, si amusés – parfois même impertinents ? Sont-ils adressés à quelqu’un en particulier, à personne, ou à n’importe qui ? Cherchent-ils à interpeller le lecteur en le renvoyant à ses propres bassesses, ou essaient-ils d’invoquer Dieu en rendant hommage, par contraste, à sa grandeur ?





Légers, les poèmes d’Emily Dickinson bousculent et provoquent, à la fois par la déstructuration rythmique du langage et à la fois par des images familières, si fréquentes chez les écrivains mystiques. Je conclurai en citant Léon Bloy : « le tissu léger de son langage qui laissait voir les formes pures de sa pensée, n’était presque rien de plus qu’un rappel constant des humbles choses de la nature qu’elle avait pu voir. »

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Lieu-dit, l'éternité : Poèmes choisis

D'ordinaire, je ne suis pas très portée sur la poésie, mais avec certains poèmes de Dickinson j'étais littéralement emportée. J'étais abasourdie de voir qu'une personne vivant à l'écart de la société pouvait écrire de telles oeuvres, si graves et si sombres ; Emily Dickinson m'a rappellé un peu Emily Brontë et ses "Wuthering Heights". Ce n'est pas le genre de livre qu'on lit avant d'aller au dodo, mais c'est en tout cas un chef d'oeuvre
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Autoportrait au roitelet

"Voici ma lettre au monde

qui ne m'a jamais écrit-

les simples nouvelles que la nature disait-

avec une tendre majesté.''

C'est avec ce poème d'Emily Dickinson qu'est présenté cet ouvrage sur la quatrième de couverture.



Pourtant, "Autoportrait au roitelet'' qui comporte une partie de poésies de cette poétesse, est bien plus triste, je dirais même étrangement triste.

"La gloire est une abeille" recueil de ses poèmes entre 1858 et 1881 est une démonstration à la fois de son talent singulier comme de ses obsessions, la mort est presque toujours présente.

La plupart de ses poésies sont déchirantes, en tout cas touchantes, vraiment, quelle jeune femme hyper sensible elle fut, tellement à fleur de peau.

Je relirai ses poèmes.



La première partie du livre, avant de relater ses correspondances avec les sœurs Norcross qu'elle n'imagine pas grandir et avec Higginson, écrivain et journaliste, qu'elle idéalise totalement, comporte une

note de l'éditeur en préface passionnante et pleine d'informations essentielles sur Emily, sa famille, notamment l'ambiance dans laquelle elle a grandi et le fait qu'à partir de 30 ans elle n'est plus jamais sortie de chez elle.



Le livre lui-même est vraiment un bel objet : très beau papier, reproductions de pages d'herbiers de la poétesse, c'est très agréable.



Il reste à être séduit par la fascination qu'avait Emily Dickinson pour la mort, sa peur de la vie, des autres, ce qui est moins attirant pour moi, que ce joli livre.

Peut-être, qu' Emily Dickinson, morte jeune, est destinée à fasciner la jeunesse qui se cherche ?

Il est vrai que son histoire est singulière, mais j'ai senti combien l'isolement lui pesait.

Je garde certaines de ses poésies, ce que j'ai appris sur elle, mais rien ne me transformera en groupie d'une poétesse éprise de l'enfermement et fascinée par la mort.





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Lieu-dit, l'éternité : Poèmes choisis

Face aux littératures européennes, la poésie américaine fait un peu pâle figure. D’accord, elle n’a que deux siècles contre les deux ou trois millénaires (si on compte l’Antiquité gréco-latine) de notre vieille Europe : les poètes américains ne sont pas très nombreux (et très mal connus en Europe, de surcroît) : les plus célèbres chez nous sont Edgar Poe et Walt Whitman, les seuls qui aient eu une audience à peu près régulière. Mais on redécouvre à présent d’autres poètes majeurs, dont une poétesse majuscule, Emily Dickinson.

Emily Dickinson (1830-1886) est une autrice singulière et intéressante à plus d’un titre. Avant de parler de son œuvre, il faut évoquer sa vie, qui l’explique dans ses grandes lignes. Issue d’une famille de tradition puritaine, d’une orthodoxie étouffante, Emily grandit entre la chorale de l’église et le collège de sa ville où elle parfait ses connaissances. Mais en dehors des cours, elle n’a droit à aucune distraction, et c’est « sous le manteau » qu’elle découvre « Jane Eyre » et certaines littératures jugées immorales (il n’en fallait pas beaucoup) par la petite communauté. Enfant pleine de vie, sociable, ouverte et spirituelle, elle se referme peu à peu dans une vie intérieure mélancolique. Ce qui ne l’empêche d’avoir de nombreuses amitiés (surtout épistolaires) et de nourrir une œuvre poétique foisonnante (on lui attribue mille huit cents poèmes dont seuls une douzaine furent publiés de son vivant). Cette poésie est d’une richesse incroyable, car elle aborde tous les grands sujets qui lui sont chers : la mort (qui l’a traumatisée très tôt), la vie, l’amour (qu’elle a toujours idéalisé) et surtout deux thèmes majeurs, la foi (et ses interrogations) et la nature (avec une prédilection pour les fleurs et les jardins). Toujours vêtue de blanc, elle est surnommée « La Reine recluse » ou « La vierge amoureuse ». De santé fragile toute sa vie, il semble qu’elle soit morte à 56 ans d’une insuffisance rénale chronique.

Drôle de vie n’est-ce-pas (et encore drôle n’est sans doute pas le mot approprié). Ça évoque fortement la vie des sœurs Brontë (surtout Emily, comme quoi le prénom…), ses cousines du Vieux Continent. Mais cette vie est à l’origine d’une œuvre unique, enthousiasmante, bouleversante, d’une profondeur extrême, tout à fait singulière dans son inspiration autant que dans son style : nous avons vu quelle était ses thèmes préférés, habités parfois de mysticisme et parfois d’humour, il faut maintenant parler du ton employé, à la fois familier et ironique, souvent émerveillé devant les beautés de la nature, parfois proche de la dérision et du doute ou de la désespérance, personnel et même intime, et touchant parfois à l’universalité.

« Je me dis, la Terre est brève –

Et l’Angoisse – absolue –

La douleur partout.

Et alors ?



Je me dis on peut mourir –

Les Forces les plus vives

Sont vouées à la Corruption.

Et alors ?



Je me dis qu’au Ciel –

Cela risque d’être la même question –

Avec une nouvelle Equation –

Et alors ? »



Si vous ne connaissez pas Emily Dickinson, cette petite anthologie (bilingue) vous donnera une excellente idée de cette œuvre exceptionnelle. Puis si vous êtes tombé sous le charme, (comme moi et beaucoup d’autres), vous vous procurerez les « Œuvres complètes » éditées chez Flammarion.

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Car l'adieu, c'est la nuit - Edition biling..

'Parce que je ne pouvais pas m'arrêter pour la mort -

cet homme eut la bonté de s'arrêter pour moi -

Il n'y avait que nous dans la voiture – rien que nous -

Et l'immortalité.'

Ainsi commence l'un des poèmes les plus connus de la langue anglaise. Écrit par Emily Dickinson, le poème est en six quatrains. Le narrateur meurt après le premier, et voyage vers l'éternité en calèche avec la Mort.



Le narrateur voudrait établir que le monde des vivants est structuré et rationnel. À la fin de la vie, nous voyons la seule période de tout le poème, signe d'un arrêt définitif et complet. Qu'en est-il de la Mort ? Le narrateur suggère qu'on ne peut pas s'arrêter à la mort. La vie est continue, son sujet ne sachant pas quand elle devrait se terminer. C'est, comme le suggère Dickinson, comme si la mort était basée sur le caprice d'un homme, qui peut choisir de s'arrêter et de prendre une âme dans sa voiture. Mais qu'y a-t-il dans ce carrosse de la Mort ? La mort apporte avec elle l'immortalité. Cependant, il n'y avait qu'elle et Mort dans la voiture, nous ne pouvons donc que la prendre au mot.



'Nous allions lentement - Il avait le temps

Et j'avais écarté

Mon travail, aussi mes loisirs ,

réponse à są courtoisie...4



C'est un thème qui reviendra. Dans l'éternité, il n'y a pas de temps. La mort, que nous considérons comme dure et froide, conduit lentement et 'ne connaît pas la hâte' . Dickinson nous rappelle que la mort est une âme bienveillante .



"Nous sommes passés devant l'école, où les enfants s'efforçaient

À la récréation – en une ronde –

Nous sommes passés devant les Champs d'épis -

Nous avons dépassé le soleil couchant - '



D'abord, elle passe devant son école, racontant sa récréation dans la ronde. Elle passe devant les champs de céréales, qui évoquent des images de longues journées de labeur –– sa vie professionnelle. Et enfin, elle passe le soleil couchant, après quoi la lumière de la vie s'estompe et tout ce qui reste est la mort. Le plus intéressant est la brièveté du passage, combinée à l'accent mis sur son enfance. Peut-être que Dickinson aimerait dire que la vie est courte, et que la meilleure partie de celle-ci était son enfance, quand elle 's'efforçait à la récréation – en une ronde'.



'Ou plutôt – Il nous adépassa–

les rosées tombèrent froides et nous apportant des frissons -

ma robe n'était que de gaze-

Mon étole – uniquement du tulle – '



Dickinson semble se moquer d'elle-même avec są robe de gaze, Il semble que la mort, cependant, soit omniprésente, ayant déjà été avec le narrateur. Ce quatrain se veut humble ; tous les petits soucis de la vie sont passés en un instant à la mort, et à l'âme après la mort. Peut-être est-il clair ici que ce que le narrateur appelle la Mort, nous pouvons l'appeler Dieu.



'Nous nous sommes arrêtés devant une maison qui semblait

'Un gonflement du sol –

Le toit était à peine visible -

La corniche – enfoncée dans le sol – '



Une corniche est une doublure ornée entre le toit d'une maison et son mur. Cette maison est soit comiquement petite, soit plus probablement enfoncée dans le sol. Ce quatrain est l'un des plus énigmatiques, mais il semble montrer une maison autrefois ornée d' ne corniche s'enfoncer dans le sol et dans l'obscurité. Du point de vue de la mort, qui ne voit pas le temps, tout, même les bâtiments les plus hauts, finira par s'enfoncer dans le sol et être enterré.



'Depuis lors – il y a des siècles - et pourtant

cela semble moins qu'un jour

J'ai d'abord supposé que les têtes de chevaux

regardaient vers l'éternité - "



Il y a une éternité après la mort, qui ignore le temps. L'idée de Dickinson du monde des morts se termine cependant de manière étrange. Elle décriTsa conviction que la voiture fonctionnerait pour toute l'éternité, suggérant qu'elle ne sait pas pourquoi il pourrait en être ainsi, sauf par son intuition.



Alors que doit retenir le lecteur ? La vie est courte, les petites choses qu'elle contient seront oubliées avec le temps et la mort n'est pas à craindre. Au contraire, il doit être considéré comme un lieu où le temps n'a pas de sens dans le voyage sans fin vers l'horizon de l'éternité.
Lien : http://holophernes.over-blog..
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Poésies complètes : Edition bilingue français-ang..

J’avoue qu’il s’agit d’une découverte pour moi ; jusqu’à ma lecture de ce recueil, je ne connaissais Emily Dickinson que pour sa réputation de figure majeure de la littérature américaine.

J’ai éprouvé un sentiment mitigé à la lecture de ses poèmes, sans doute parce que je ne me reconnais pas dans sa quête de transcendance liée à sa foi chrétienne.

J’ai été surprise par l’étrange ponctuation de ses vers et l’emploi systématique des tirets d’incise que renforcent l’impression d’un murmure, d’une confidence chuchotée, voire d’un tâtonnement de la pensée devant la difficulté à exprimer une sensation. Il y a, par ce biais, quelque chose de direct, du registre de l’expérience intime qui est immédiatement transmis au lecteur. Je dirais qu’il y a une absence de seuil dans la poésie d’Emily Dickinson, nous pénétrons avec une immédiateté voulue dans son univers sensible.

La récurrence de la souffrance, de l’agonie, de la mort révèle une âme troublée par la question de « l’après ». L’existence humaine est fugace, rien ne peut combattre l’oubli, l’idée de repousser la fin est une illusion car elle est écrite par avance et scelle des épousailles avec le Ciel. Le dialogue entre deux morts se tarit de lui-même quand la mémoire des défunts s’évanouit : « Et ainsi, tels des parents, qui se rencontrent une nuit – Nous devisâmes d’une chambre à l’autre – Jusqu’à ce que la Mousse atteigne nos lèvres – Et recouvre – Nos noms – »

Je ne goûte pas particulièrement cette mystique de la mort qui se développe sur une humilité très calviniste : « Si énorme, si impossible à concevoir/ Que ceux qui deux fois sont advenus./ La séparation est tout ce qu’on connaît du ciel/ Et pour l’enfer, point n’est besoin de plus. » Notre intelligence ne peut saisir le mystère de l’après-vie qu’au travers de la séparation d'avec ceux qui nous étaient chers. Mais, justement que peut avoir comme signification la douleur de la séparation ? Le signe de l’existence du paradis ou de l’enfer ? J’avoue que cette question ne fait pas sens pour moi. Dickinson interroge encore et encore l’ultime fin comme si elle devait marquer l’abolition de la distance à Dieu, la vie terrestre nous y ayant condamnés.

Reste chez elle un amour contemplatif de la nature qui s’exprime avec une simplicité remarquable qui touche au cœur.
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Lettre au monde. 40 poèmes

« Lettre au monde » est un recueil de 40 poèmes d'Emily Dickinson traduits par Georges Tari. La particularité de cette édition est une présentation bilingue sur 40 double-pages.

Les textes de cette poétesse américaine, dont l'essentiel de l'oeuvre a été découvert après sa mort en 1886, ont un côté sombre qui me renvoie à un sentiment de tristesse la plupart du temps. Ils semblent traduire un conflit intérieur, des passions violentes ou encore la hantise de la mort malgré la nature et les personnes qui l'entourent. Pourtant on j'y ai trouvé aussi de la bienveillance envers le monde. D'ailleurs, elle écrit :

« Si je peux empêcher un Coeur de se briser

Je ne vivrai pas pour rien »

Ce sont des poèmes très originaux et uniques pour leur époque : ils sont constitués de vers très courts, n'ont pas de titres et utilisent fréquemment des majuscules et une ponctuation non conventionnelle.

Je trouve que les textes en anglais donnent un plus à ce livre car la traduction de poèmes, surtout quand ils sont courts, est très difficile. Ainsi, la proposition du traducteur peut être jugée par le lecteur. Et de toute évidence, les mots d'Emily Dickinson ne laissent pas indifférent.





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Quatrains et autres poèmes brefs

Comment le lire ? Même question à chaque recueil. Nous avons perdu l'habitude de la poésie. Vite, j'ai abandonné l'anglais, malgré les infidélités de traduction, cette impression d'une volonté de "faire poétique". A la suite, quelques poème, à haute voix, à voix basse, sans se poser de questions, juste les entendre, les laisser passer dans la tête, subrepticement, s'envoler plus loin, petits bouts de billets jetés au vent, feuilles mortes, papillons.



A la fois simple et étrange, la poésie d'Emily Dickinson laisse sur le seuil, devant la maison que l'on connaît. Quelque chose a changé. Quoi ? Rien, nos vies. Crouilles perles où s'amourachent l'immortalité, les Dieux, l'abeille et la fleur, ces quatrains passent, charmants, comme était passé leur auteur, charmante peut-être, frêle être humain un peu torturé, ce personnage de la pièce Emilie ne sera plus cueillie par l'anémone, son petit vertige, son envol, et ses mots mis en musique par Caroline Charrière, "and dancing, dancing, dancing, dancing". Les voix se font silence. Plus que jamais elles parlent. Emily leur souffle à l'oreille : "Les mots dits par les gens heureux / Sont piètre mélodie / Mais beauté ceux que sentent / Les silencieux - "

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