Les coups de coeur 1ers romans de L'écrit du suD. (part 2/2). Obsession Textuelle n°19 du 14.10.2017
Rentrée littéraire très chargée en 1ers romans.... "Comme une grande" d'Elisa Fourniret (Mauconduit), "Encore vivant" de Pierre Souchon (La Brune du Rouergue), "Hérésies glorieuses" de Lisa McInerney (Joëlle Losfeld), "Une histoire de loups" de Emily Fridlund (Gallmeister) et "Les chiens de Détroit" de Jérôme Loubry (Calmann Lévy).
Ma mère croyait en Dieu, mais à contrecoeur, comme une enfant punie.
Août arriva. Les jours se firent plus voilés, ils avaient un parfum de cendre. Des feux de forêt brûlaient vivement à quelques lacs de chez nous au nord, et l'air en était imprégné, même si le pire de la fournaise se trouvait à plus de quatre-vingt kilomètres.
Les cerfs prirent une teinte argentée sous la lune. Leurs oreilles roses tressaillirent. Je savais qu'ils allaient prendre la fuite d'un moment à l'autre.
(" Une histoire des loups")
Ce n'est pas qu'il était turbulent. Mais il avait un côté féroce ; quelque part en lui, une frontière très nette séparait l'ordre du chaos. Par exemple il ne supportait pas le moindre accroc dans sa routine. Si je m'attardais après l'avoir ramené chez lui - si Patra sortait une assiette supplémentaire et me montrait comment battre l'huile avec du citron pour faire une vinaigrette -, Paul devenait de plus en plus collant. Possessif. Toute la durée du dîner, il suppliait Patra de le prendre sur ses genoux et finissait par obtenir gain de cause, enfouissant la tête dans le cou de sa mère. Elle mangeait sa salade d'une main, caressait les cheveux blonds de Paul de l'autre.
"C'était probablement mi- avril.
Je me rappelle qu'un éclat émeraude lustrait déjà les saules au bord de la rivière.
Peu de temps après, les arbres le long des trottoirs déployèrent leurs feuilles --------un jaillissement vert vif partout où se posait le regard--------
Le matin prit la forme d'une strie grise filtrant à travers un interstice dans les stores ......"
La pluie de la veille donnait aux bois ensoleillés l'aspect humide et innocent d'un nouveau-né. Ils étaient pétillants, en pleine effervescence, tout miroitait et chatoyait.
C'est exactement ce qu'il me fallait, et le contraire de ce dont j'avais besoin.
« Cette année-là, l’hiver s’écroula sur nous. Il tomba à genoux, épuisé, et ne bougea plus. » (p. 7)
Je laissai le béton me renvoyer la chaleur du soleil et cuire ma peau ; lorsque je rouvris les yeux, la blancheur éclatante de la journée me vida complétement.
On aurait dit les serviteurs d'une minuscule mariée, tournant autour de lui, le couvant. Ils semblaient murmurer quelque chose de très gentil à l'enfant, dont la voix aiguë et apeurée portait par-delà l'eau.