Emily Martin

- Si tu donnes à quelqu’un la possibilité de te briser le cœur, tu peux être sûre et certaine de ne pas le voir venir quand ça arrivera...

[...] qu'est ce qu'il fabrique avec sa langue ? Peut-être qu'il s'essaie à la machine à laver mode essorage ?

Tu te moques de moi? (Il s'est tourné pour me faire face). En CM2, quand tu t'es déguisée en Alice au pays des merveilles pour Halloween, pourquoi crois-tu que moi j'étais en chapelier fou? Pourquoi crois-tu que je passe chaque matin devant chez toi pour que nous puissions avoir quatre minutes de plus ensemble avant de monter dans le bus? Harper, je suis amoureux de toi depuis aussi longtemps que je puisse m'en souvenir.

"Si tu donnes à quelqu’un la possibilité de te briser le coeur, tu peux être sûre et certaine de ne pas e voir venir quand ça arrivera…"

Il est désolé. Moi aussi je suis désolée. Et ça ne suffit pas à réparer quoi que ce soit.

Finalement, je m’installe sur le bord du toit, à l’extérieur de ma fenêtre, pour écouter le chant des cigales. Ce soir, le ciel est plus bleu que noir et les étoiles scintillent. Ce serait le moment idéal pour faire un vœu si seulement j’y croyais encore.

Finalement, je me sens aussi piégée qu’à la maison. Mais la liberté a toujours un prix.

Le silence hurle dans mes oreilles.

Une vie dans laquelle je pouvais faire ce que je voulais, avec qui je voulais, parce que ça n’avait plus aucune importance. Je ne faisais de peine à personne. Et c’est devenu de plus en plus facile. De faire semblant d’apprécier tous ces garçons, de fermer les yeux et de me laisser aller pendant une heure. Mais au plus profond de moi, ces morceaux de mon passé que j’essayais d’enterrer comptaient toujours.

Nous portons tous en nous notre passé, où que nous allions. Chap12

-Si tu donnes à quelqu’un la possibilité de te briser le coeur, tu peux être sûre et certaine de ne pas e voir venir quand ça arrivera…(…)Chap23

Cette complicité est ce qui me manque le plus. À des moments comme celui-ci, je peux fermer les yeux et pratiquement me convaincre que rien n'a changé. Que nous sommes toujours ensemble.

Et moi, le chagrin m'a rendu trouillarde. J'ai peur de l'inconnu, ou du destin, si c'est comme ça que vous l'appeler. J'ai peur de perdre les gens que j'aime. J'ai passé tout l'hiver qui a suivi à essayer de ne surtout pas tomber amoureuse de Declan.
Mais je n'ai pas réussi, malgré tous mes efforts. parce qu'en réalité, j'étais déjà amoureuse de lui depuis des années.

Je parcours des yeux les rangées de voitures. Je n’arrive plus à me rappeler où j’ai garé la mienne. La seule chose à laquelle je pense, c’est de lui dire que notre arbre va être abattu, mais ça n’est pas la meilleure entrée en matière, surtout après ce qui s’est passé entre nous la dernière fois que nous étions là-bas.

Parfois je me dis que le grand chêne blanc devait écouter, cette nuit d’août dernier. Qu’il doit connaître les promesses que nous nous sommes faites l’un à l’autre, dans notre cabane perchée. Qu’il sait que je n’ai pas vraiment tenu la mienne.

En attendant que Cory se ramène, je contourne le tronc, essayant de comprendre ce que signifie cette croix orange vif sur l’écorce bombée. Ce graffiti devrait me soulager : l’arbre va bientôt disparaître, et avec lui le souvenir de cette nuit-là, avec Declan.

– Salut ma poule !

C’est Cory qui tombe à genoux en posant ses mains bien à plat sur ses cuisses.
– Qu’est-ce qui se passe ?

J’effleure l’écorce du bout des doigts.

– Ils vont l’abattre.

– Quoi ? Harper, tu as failli me filer une crise cardiaque. Depuis quand est-ce que tu sautes d’une voiture en marche ?

Sérieux. On ne roulait pas si vite que ça.
– Les arbres qui bordent la route ont tous été marqués, mais je ne savais pas sur quelle profondeur de la forêt. Il fallait que je voie si le nôtre l’avait été, lui aussi.

– Hé, j’ai une idée. Qu’est-ce que tu dirais de m’attendre la prochaine fois, avant de piquer un sprint dans les bois comme une tarée ?

[...] elle a grandi en moi comme une véritable tumeur

Plus qu'hier et moins que demain

Nous étions le genre de potes qui peuvent passer douze heures ensemble à ne rien faire et qui voudraient que ça dure douze heures de plus. Qui s’écoutent, même quand l’autre a tort, même quand cela n’a aucun sens. Des amis qui pourraient en vouloir à la Terre entière, mais qui ne restent jamais fâchés très longtemps. Qui s’aiment de façon inconditionnelle.

Si tu donnes à quelqu'un la possibilité de te briser le cœur, tu peux être sûre et certaine de ne pas le voir venir quand ça arrivera...

S'il est déçu, il parvient à ne pas le montrer. Mais quelque chose, peut-être de la curiosité, lui tord la bouche. Et pendant un quart de seconde, c'est à nouveau Declan et moi. Le garçon avec qui j'ai grandi. Mon meilleur ami. Mais cet instant s'écoule trop vite, et il s'en va.
Je reste seule, avec un grand vide douloureux à la place des scénarios de nos retrouvailles que j'ai soigneusement imaginés pendant ces neufs derniers mois.

Maman me surveille par-dessus mon épaule. Elle est douée pour piger certains trucs, elle a de véritables pouvoirs psychiques, et je commence à me sentir toute nue sous son regard.