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Critiques de Emily Ruskovich (198)
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Idaho

Idaho, un titre qui a du souffle, de l'envergure, suffisamment pour te transporter vers les Rocheuses, la beauté de ses paysages faits de lacs, de hauts sommets enneigés, de profonds canyons, là où tout n'est que beauté sauvage préservée. Un titre qui ne dit rien, pourtant, de la force introspective qui traverse ce roman désespérément magnifique sur le deuil, la mémoire et la vie qui est là, malgré tout.



Le pivot de ce roman quasi choral est Ann, la seconde épouse, celle qui est entrée dans la vie de Wade après un terrible drame qui a détruit la famille de son compagnon. Wade souffre de démence sénile foudroyante et perd progressivement la mémoire.



« Un jour d'automne ensoleillé, allongée à côté de lui dans l'herbe, tandis qu'il somnolait, elle ( Ann ) a senti l'ancienne vie de Wade, ses souvenirs, s'évaporer à travers sa peau. Elle a senti que tout le quittait, tout sauf elle. Alors elle s'est à son tour vidée de sa propre vie pour être sur un pied d'égalité avec lui. Ils sont restés étendus l'un contre l'autre, tel un fragment dans le temps. Un nuage est passé devant le soleil et, à l'intérieur de Wade, il y a eu un basculement qu'elle a perçu. A ce moment-là, elle a laissé un basculement se produire à l'intérieur d'elle-même, et ainsi sils sont redevenus les êtres qu'ils étaient habituellement, encore tout chauds de l'amnésie qu'ils venaient de vivre. »



Mais Ann est terrifiée à l'idée qu'un jour ils n'auraient plus que ça. Elle veut comprendre ce qu'il s'est passé, cette tragédie que Wade a toujours tue et qu'il taira pour toujours avec sa maladie.

Elle veut s'emparer des souvenirs de Wade et c'est incroyable comme l'auteur parvient à faire résonner en nous cette possession lente jusqu'à en perdre la raison.



J'ai lu cette quête perdue d'avance comme hypnotisée par le style emplie de subtilité de cette toute jeune auteure étonnante de maturité. Envoutée par la structure polyphonique complètement affranchie de la chronologie, éclatée de 1973 à 2025. Ensorcelée par l'étrangeté qui se distille de chaque page. Ce n'est pas l'élucidation du pourquoi du drame qui intéresse Emily Ruskovich , mais le cheminement des âmes d'Ann, de Wade, de Jenny ( la première épouse ). Pas de tentative d'explications psychologiques basiques, la psyché des personnages reste opaque et complexe, et c'est tant mieux.



Le bouleversement qui s'est emparé de moi à la lecture des dernières pages est venu à petit pas, dans le souffle de l'intime scruté au plus profond. Il est des silences qui hurlent dans les forêts de l'Idaho.
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Idaho

Ida, ho !

La dénomination de cet état serait le fait d'un énorme malentendu.

Ça tombe bien, sa lecture également.



Neuf fois sur dix, Gallmeister, ça matche.

La perfection n'étant pas de ce monde, il arrive parfois que l'on soit déçu au vu de l'attente légitimement suscitée par la quatrième de couv' et les notes flatteuses y afférant.



Puzzle éclaté sur fond de drame familial, Idaho alterne personnages et époques sans finalement délivrer toutes les clés. Et moi, j'suis comme passe-partout, si j'ai pas le trousseau au complet, je tourne vite chafouin.



Affirmer que le propos fut lisse et dénué de tout intérêt serait mentir.

L'entame fut parfaite, le ressenti final d'autant plus frustrant.



Ce manque de liant, cette multiplicité d'ellipses a totalement parasité ma lecture au point d'assécher mon curseur ravissement initialement au zénith.



Impossible de m'enthousiasmer tout de go sans qu'une vilaine rupture ne vienne pointer le bout de son récit particulier et annihiler toute la joie intériorisée éprouvée antérieurement.



Bref, ce que j'ai préféré chez Ruskovitch, c'est encore le pitch...
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Idaho

2004. Ann et Wade sont mariés depuis 8 ans, installé à Ponderosa, dans l'Idaho, dans une humble maison à flanc de montagne. Ann, la seconde épouse de Wade, connaît peu de choses du passé de son mari. Et aujourd'hui, alors que ce dernier perd la mémoire, elle voudrait comprendre ce qui s'est passé en cette journée chaude d'août 1995, dans une clairière de montagne. Un jour noir et terrible qui a déchiré la famille... La petite May, alors âgée de 6 ans, est décédée. June, 9 ans, a, quant à elle, disparu. Alors, avant que tout ne s'efface de la mémoire de Wade, Ann va explorer ce passé douloureux et tenter de comprendre cette famille...



Au cœur d'une nature sauvage, parfois hostile, aux paysages grandioses, Emily Ruskovich nous emmène sur les routes sinueuses du souvenir. Avant que Wade n'oublie à tout jamais ses deux filles et ce drame qui a fait exploser sa famille, Ann s'aventure et va tenter d'explorer ce passé qui s'effiloche, qui se perd. Ce roman polyphonique, d'une force rare, intense, fait montre d'une parfaite maîtrise. L'on ressent les peines et les douleurs, l'on entend les murmures et le souffle du vent, l'on grelotte ou l'on suffoque. L'auteure, déployant son récit de 1973 à 2025 sans ordre chronologique, dépeint avec profondeur chaque personnage, dans ses forces et ses faiblesses et dévoile petit à petit les causes du drame et ses conséquences tragiques. Un premier roman dense, époustouflant et servi par une écriture intense, sensuelle et ciselée. Une tragédie bouleversante et inoubliable...
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Idaho

Après la tragédie qui, il y a quelques années, a occupé la une des media et fait disparaître de sa vie sa femme Jenny et ses deux petites filles May et June, Wade vit toujours dans sa maison perdue dans les montagnes de l’Idaho. Désormais âgé d’une cinquantaine d’années, il est atteint de démence précoce et perd peu à peu toute notion de son passé. Sa seconde épouse Ann devient sa soignante, mais se sent aussi investie d’un devoir de mémoire : plus Wade devient l’ombre de lui-même, plus Ann entreprend de creuser son histoire, reconstituant le drame et endossant de bien lourdes responsabilités.





L’âpre et grandiose coin de nature qui isole Wade, Jenny d’abord, Ann ensuite, n’en rend que plus écrasants les événements qui pèsent sur leur vie : dans un tel espace, tout devient à la fois dérisoire face à l’implacable indifférence du cadre où ils se débattent, et insurmontable tant ils ne peuvent compter que sur eux-mêmes. Pourtant, leur combat perdu d’avance s’illumine d’une profonde humanité, d’autant plus émouvante que silencieuse et fragile : chaque personnage devient un cri muet, qui n’espère plus d’issue pour lui-même, mais trouve finalement une forme de rédemption dans son dévouement pour quelqu’un d’autre.





L’auteur nous livre des protagonistes complexes, qu’on se contentera d’accepter comme ils sont, sans jugement ni explication psychologique. Leur histoire se dévoile peu à peu, au rythme de leurs remords, de leurs souvenirs et de leurs reconstitutions parfois imaginaires d’un passé qui s’entremêle constamment au présent. Comment vivre avec la perte et la culpabilité, le doute et le dégoût de soi ? Comment se reconstruire sur des ruines ? Ici pas de mots ni de volonté consciente d’y parvenir : juste des réflexes de survie où finissent par refleurir des petits moments de grâce, où l’âme cherche la lumière dans un parcours semblable à un chemin de croix.





Paradoxalement, la lecture n’est jamais sombre ni pesante : l’on devine, l’on pressent, et l’on avance peu à peu, touché par le courage de ces gens ordinaires qui expient sans se plaindre, après avoir été abattus par des circonstances curieuses qui font paraître bien fragile la frontière entre le bien et le mal.





Idaho est une histoire troublante et étrange, qui fait hurler le silence accumulé sur des blessures anciennes et jamais cicatrisées, et brûler d’émouvantes flammes d’amour et d’humanité sur un terreau de désespoir résigné.


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Idaho

Premier roman d'Emily Ruskovich, « Idaho » est une réelle belle découverte. J'ai cru lire du Faulkner, c'est dire le talent immense de l'auteure. Alors que jenny, la mère de May six ans et de June neuf ans, se repose dans le pick-up pendant que Wade, le père, poursuit l'abattage d'arbres, le drame éclate. le roman d'Emily Ruskovich est une course poursuite après une mémoire qui fond comme la glace au soleil. J'ai gardé un « gout » bizarre et agréable dans ma tête, cette histoire finie. Mais finit-elle vraiment ?
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Idaho

Voilà un premier roman étonnant, troublant en effet comme l'annonce le bandeau de couverture, tout en ellipses, lignes de fuite et sensations évanescentes, comme à la poursuite de la mémoire qui s'évanouit, ou bien comme si les faits ne s'ancraient pas véritablement dans une réalité.

On ne saura d'ailleurs jamais vraiment ce qui est arrivé à la famille ce jour terrible ou la petite May meurt et sa soeur June disparait, laissant derrière eux des parents dévastés : elle Jenny, littéralement enfermée à jamais dans sa faute et lui, Wade, détruit de l'intérieur à l'image de sa mémoire qui s'efface progressivement, et que Ann, sa nouvelle épouse, obsédée par le drame, s'acharne à éclairer avant qu'elle disparaisse.

Il y a des scènes fulgurantes dans ce récit à l'écriture sensible et constamment en mouvement, comme ces portraits d'artiste d'une June vieillie dans des réalités alternatives, comme ces évocations des deux petites filles courant dans l'herbe sèche de la montagne en été, ou encore comme cette mélodie qui s'échappe des doigts de Ann pour raconter l'histoire que ses autres sens ne captent pas.

Une véritable perle que ce roman, opale et magnétique, au coeur de l'Idaho.

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Idaho

Quand j'ai vu que c'était le premier roman d'Emily Ruskovich, et sa photo (sur laquelle elle a l'air très jeune), j'ai un peu tiqué, parce qu'écrire sur un thème (ou des thèmes, plutôt) tel que celui de Idaho, il me semble qu'il faut un peu de bouteille pour ça. Et les exceptions sont rarissimes. Mais j'ai mis ça de côté en commençant le roman, qui, je le reconnais, est du genre à tenir en haleine son lectorat.



Cela dit, on sent au fur et à mesure que c'est bien un premier roman, avec ses défauts inhérents. D'une part l'auteure a voulu brasser trop de thématiques, on sent qu’elle a tout voulu mettre dans ce livre, ce qui pose certains problèmes, en conséquence. D'autre part, côté style, on retrouve le même souci : elle en fait un peu trop, elle prend trop le lecteur par la main, développe trop, précise des détails qui n'ont pas besoin d'être écrits, car ils se devinent. Ainsi de la phrase qui clôt le chapitre sur le couple de personnes âgées : on devine très bien la fin de la phrase, phrase que le mari ne veut pas que sa femme prononce. Or l'auteure en rajoute une couche en écrivant cette phrase en entier, à la dernière ligne. Elle a certainement peur de ne pas être comprise par les lecteurs, mais c'est très naïf de sa part : les lecteurs sont censés réfléchir un minimum. Et je dirais que là, ils n'ont même pas besoin de réfléchir énormément, car y compris sans l’achèvement de la phrase, c'est assez clair. Et il existe pas mal d'autres exemples de ce genre dans le roman.



Le problème majeur, c'est tout de même cette brassée de thèmes et la façon dont elle les multiplie, au point que les deux thèmes centraux (car il y en a déjà deux au départ) sont dilués. On parle tout de même de démence précoce et d'un énorme drame familial, ce qui pèse déjà lourd. On parle mémoire, et pas qu'un peu. Je veux bien qu'on me parle aussi de l'enfance, de l'Idaho et de ses montagnes hostiles, du début d'un amour, de l'histoire d'un autre, des regrets qu'on peut nourrir sur sa propre vie, tout ça m’intéresse. Mais pour le coup, ça suppose ici non seulement de délayer l'histoire principale du roman, mais aussi de s'arrêter sur tout un lot de personnages qui, à mon sens, ne servent pas à grand-chose (ainsi du couple de personnes âgés, ainsi d'Eliot, ainsi d'Elizabeth). Ruskovich aurait pu faire plus court, plus dense - et l’histoire méritait un traitement vraiment très dense -, plutôt que de se perdre dans des chemins de traverse qui sont souvent des impasses.



J'ai pourtant beaucoup aimé suivre Ann, la première narratrice, dans sa quête d'une histoire dramatique vécue par son mari des années plus tôt, histoire qu'il oublie lui-même peu à peu à cause de sa maladie. On va comprendre peu à peu, à petits pas, en quoi a constitué ce drame. On comprend juste au début que Wade, le mari d'Ann, avait auparavant une femme et deux filles, et qu’aucune des trois n'est plus là, puis on va saisir lentement ce qu'il est advenu de l'une, de l'autre, et enfin de la troisième (quoique...). Ce qu'Ann cherche, c’est le comment, puis le pourquoi du drame. Le travail de mémoire qu'elle effectue, à propos d'une histoire qu’elle n'a pas vécu elle-même, sa façon de combler tous les manques en s'appuyant sur son imagination : à mon sens, le véritable enjeu du roman est là. C'est ce qui m'a donné envie de poursuivre ma lecture, ce qui m'a donné à réfléchir. Mais qui ne va pas jusqu’au bout. Le fait qu'Ann se perde dans cette histoire jusqu'à insérer des morceaux de son enfance à elle dans celle de June et May, les filles de Wade, l'aspect malléable de cette histoire qu'elle retravaille, remodèle sans cesse, trouve une conclusion assez décevante. Il me semble que l’aspect thriller du roman donnait pas mal de possibilités à son auteure, et je me suis d'ailleurs prise à inventer des tas de possibilités à propos de l’histoire de Wade pendant que je lisais, et puis... ben non. La conclusion est hyper décevante. Je pense qu'Emily Ruskovich aurait pu basculer dans quelque chose d'encore plus sombre, de plus tordu aussi, et qu'elle a choisi la facilité : Ann comprend soudain parfaitement, malgré son manque d'informations, le pourquoi du geste fatal. Or ça relève de la révélation assez improbable, déjà, et de l'idée que tout le monde peut massacrer un peu n'importe qui pour n'importe quel détail. Là, ça sent l'explication du style Esprits criminels, mais en bien pire. Ça ne tient pas la route une seconde d'un point de vue psychologique, car même dans Esprits criminels on vous dira que quelqu’un qui bascule dans une crise psychotique meurtrière a déjà des sacrés problèmes avant. Là non (attention au divulgâchage), hop, il fait un peu trop chaud, on comprend que son mari ne vous aime plus vraiment et hop, on zigouille sa fille. Eh ben...



C'est dommage, parce que, déjà, ce chemin tortueux que prend Ann, cette obsession à comprendre et reconstituer, mais de façon obsessionnelle, et finalement malsaine, peu tangible, beaucoup trop subordonnée à l'imagination, à l’invention, au fantasme, est le thème captivant du roman. Ainsi que la question de l’enfance, la thème de la relations entre les deux sœurs dont l'aînée est en train de changer, thème qui n'est malheureusement pas mené à son terme. Une lecture qui fut donc une découverte prenante, un bon moment, qui traite d'un sujet passionnant, mais qui m'a carrément laissée sur ma faim.
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Idaho

Ann est la deuxième épouse de Wade. La première, Jenny, est en prison pour avoir assassiné leurs deux filles, June et May. Ann a connu Wade peu de temps après et s’est émue de cette histoire. Elle n’a pas prêté garde au comportement bizarre de son futur époux, à ses excès de colère allant jusqu’aux sévices corporels. Alors que Wade commence à perdre la mémoire, elle essaie de reconstituer le puzzle de cette histoire sordide, de cette famille éclatée.



Voici un roman qui ne laisse pas indifférent ! J’ai eu du mal à lire quelque chose par la suite. J’ai été emportée par cette histoire, me disant qu’il allait peut-être y avoir une issue, qu’on allait apprendre quelque chose de plus. J’ai tourné frénétiquement les pages, j’étais Ann, je cherchais avec elle des éléments permettant de mieux comprendre…



L’écriture est superbe, les paysages décrits sont grandioses et viennent s’ajouter à l’atmosphère. Que dire de plus ? Lisez-le ! 😉
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Idaho

Idaho, c'est d'abord le nom d'un état du nord-ouest des États-Unis. Ce sera le lieu de cet étrange roman difficile à définir. On est tenté de parler d'atmosphère, une atmosphère sauvage rendue par les montagnes de L'Idaho, mais aussi une atmosphère oppressante dont le noeud du roman est un meurtre. Un meurtre effroyable, une mère tue son enfant d'un coup de hachette, on ne saura jamais vraiment pourquoi.



Wade et Jenny mènent une vie austère avec leurs deux filles dans la montagne, jusqu'au jour où Jenny tue sa fille May, la plus grande June disparait, elle ne reviendra jamais. Ann, une jeune femme pianiste devient la nouvelle femme de Wade. Jenny, elle est envoyée en prison à perpétuité.

Le "décor" ainsi campé, on rentre petit à petit dans les obsessions de chacun des protagonistes.

Ann veut comprendre ce qui est arrivé à cette famille avant qu'elle n'y prenne une place.

Son mari Wade est atteint d'une maladie qui le conduit à perdre la mémoire. C'est arrivé à son père, son grand-père.

Ce roman flirte beaucoup avec l'introspection mais il ne nous livre pas vraiment de clés, on reste un peu sur sa faim.

Le roman navigue à travers différentes périodes, celles de la première famille, celle de la vie de Jenny en prison, celle d'Annn.

Ce qui m'a touché, c'est le rapport à la musique pour les différents personnages, un pouvoir un peu rédempteur qui annule une partie de la tristesse de passages du livre.

Néanmoins, je n'ai pas été emportée par l'histoire, ni l'écriture.

Un petit goût amer de: Tout ça pour ca.
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Idaho

La mémoire en fuite de Wade, victime à cinquante ans de démence précoce, ne s’exprime plus que par d’incompréhensibles accès de violence, de petites agressions répétées, imprévisibles, suscitées par l’irradiation ténue de souvenirs anciens, fragiles et fugitifs. Alors, avant qu’il soit trop tard, avant que tout ce passé ait complètement disparu, Ann, sa seconde épouse, cherche à découvrir la vérité sur ce drame qui a frappé Wade et sa famille neuf ans plus tôt, dans ce coin de nature sauvage de l’Idaho.



Passé et présent se mêlent dans le récit comme dans la mémoire empêchée de Wade, tandis que se dévoile par petites touches successives, à la manière d’un puzzle dont les pièces éparpillées peu à peu se rassemblent, toute l’étendue de la tragédie effroyable qui, jusqu’au bout, conservera pourtant une part de son mystère. Comprendre le passé de Wade, investir son histoire, c’est pour Ann une nécessité afin de pouvoir continuer à soutenir et à aimer cet homme au comportement de plus en plus étrange et inquiétant.



Mais comprendre n’est pas sans risque, et il y a un prix à payer à s’approprier une histoire qui n’est pas la sienne, à ouvrir des portes obscures que la mémoire et la douleur ont choisi de refermer, à laisser venir à soi les fantômes. « Ann a franchi la barrière du mystère qui l’entoure, elle s’est immiscée dans l’amour passé de Wade, elle a touché les endroits interdits. Elle est entrée là où elle n’a pas sa place. »



J’ai été littéralement bluffée par ce premier roman époustouflant qui m’a tenue en haleine et que je n’ai pas pu lâcher jusqu’à la dernière page. La nature, omniprésente et sauvage, entre montagne, lacs et forêt, offre un écrin somptueux à cette intrigue étrange et oppressante dont les éléments habilement dosés plongent le lecteur dans un voyage troublant et hypnotique au cœur de la mémoire qui naufrage, des blessures du silence, des réalités incertaines et de l’amour désespéré.



Un premier roman d’une rare puissance et, pour moi, un grand coup de cœur.



[Challenge MULTI-DÉFIS 2019]

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Idaho

Les Éditions Gallmeister sont terriblement plaisantes à lire, elles ont un je-ne-sais-quoi d’unique et c’est grâce à Babelio si je les ai découvertes. Cette fois-ci, avec « Idaho », j’ai été malheureusement un peu déçue. Emily Ruskovich écrit pourtant merveilleusement bien, la qualité du texte n’est pas le problème, mais j’en ai perdu des bouts durant ma lecture.



On aborde ici le sujet de la démence précoce.



« Tout cet amour, tous ces sentiments, toute cette peine, accrochés à rien, à un chaos redoutable, insaisissable. La future perte de son esprit devient le nouveau fondement de sa vie; il ressent déjà la perte des choses qu’il aime, et se rend compte qu’il cherche un moyen, n’importe lequel, de les retenir. »



Wade et Jenny Mitchell sont les jeunes parents de deux fillettes, June (neuf ans) et May (six ans). Ils vivent éloignés de tout sur la montagne, en plein cœur de la nature, entourés d’animaux, et forment une famille simple et heureuse. Quelque chose d’inattendu se produira en 1995 qui déchirera la famille. Plusieurs années plus tard, Wade rencontrera Ann, professeure de piano, et ils se marieront. Celle-ci sera obsédée par la famille que Wade a eue avant elle, puis tentera de comprendre leur vie, la chronologie des événements avant et après l’incident, parmi ceux qu’elle sait, car Wade ne parle jamais de cette famille ni ne dévoile ses sentiments. En même temps, il a déjà commencé à sombrer dans l’oubli alors pour Ann aussi la vie ne sera plus la même.



Ann est le personnage fort de l’histoire. Celle envers qui nous ressentons le plus de compassion. Personnellement, c’est peut-être le seul personnage que j’ai apprécié. Ses sentiments à elle sont bien exposés et on voit que son amour est sans limites pour son époux, envers et contre tout. C’est une personne de cœur, qui ne juge pas.



« Ses impressions et les liens qu’elle a établis sont fragiles, bien qu’étonnamment son mariage ne le soit pas. Son mariage avec Wade est sain et solide, composé de tant de fragments brisés recouvrant tant d’autres fragments brisés qu’il n’y a plus moyen de se frayer un passage entre eux. Elle l’aime. Oh, qu’est-ce qu’elle l’aime ! »



« La maladie de Wade est un mystère. Pas une seule fois il n’a oublié son nom, mais quand elle lui brosse les dents et que la mousse dégouline de sa bouche, quand elle lui déboucle sa ceinture devant la cuvette des W.-C. bien qu’il soit déjà trop tard, quand elle lui crie d’arrêter de chercher les piles de la lampe torche alors qu’il la serre dans sa main, allumée, le faisceau balayant les murs sombres en pleine nuit, elle se demande comment elle va pouvoir tenir. »



J’ai aimé l’histoire à moitié.

Pour commencer, celle-ci ne cesse d’aller et venir dans le temps. Il n’est pas rare de voir cela. Cependant, on joue constamment à saute-moutons avec les dates et les personnages. On passe de 1985 à 2025, le tout alternant entre 2008, retour en arrière en 1995, puis en 2002, retour en 1973, puis 2004, et ainsi de suite. Cela devient écrasant, ennuyeux, ces allers-retours, à la longue. Trop d’époques mélangées créent un détachement.



Puis, il y a des personnages qui n’apportent absolument rien à l’histoire (pensons à Eliot, William et Beth puis, Elizabeth et sa codétenue Sylvia), on se demande franchement quelle place ils ont à surgir n’importe où comme ça dans le texte. On se creuse les méninges pour comprendre leur rapport avec les autres car honnêtement, excepté pour le cas d’Elizabeth, je ne vois pas du tout.



Aussi, certains comportements des personnages qui n’ont aucun lien avec la maladie de Wade sont difficiles à suivre. Le lien amour-haine qui unit les deux petites sœurs, May et June et comment elles interagissent l’une envers l’autre, celui d’Elizabeth en prison avec sa compagne de cellule Sylvia. Leurs agissements sont incompréhensibles et dépourvus de logique. Ce sont des personnages que je n’ai ni cernés, ni aimés. Quant à la nature de l’incident de 1995, je ne l’ai pas vraiment compris non plus. Le comment oui, mais le pourquoi non. Tout cela reste un peu flou et étrange. Certains aspects sont trop mis en lumière, d’autres pas assez.



Toutefois, le sujet de la démence précoce et de ses effets sur la famille directe est intéressant et bien abordé, la plume est délicate et bien maniée, l’atmosphère mélancolique et le sentiment de solitude sont bien ressentis et le décor naturel est un enchantement. Il y a quand même plusieurs aspects positifs pour l’autre moitié du roman.



« Elle sent les ténèbres s’approcher de lui, de plus en plus près. Mais pas aujourd’hui. Aujourd’hui, c’est une des rares journées où Wade semble se souvenir de quelque chose de vital, ou, à défaut de s’en souvenir, sentir sa présence. Il semble calme, familier de cette route, habitué à ses bosses et à ses nids-de-poule, joyeux de respirer l’air froid automnal. Il sourit vaguement tandis qu’ils roulent à travers les hautes ombres des pins tordus. Ce sourire est distant, distrait, mais très réel, très sincère. »



« C’est la texture de ses souvenirs, non pas l’émotion, qui a disparu. Lentement, les choses se mélangent, les lignes se brouillent, les lieux se vident d’impressions. Pourtant, il y a encore un centre, une date, un moment autour duquel gravite ce flou. Parfois, il se rappelle tout. »



Sans les points négatifs mentionnés plus haut, je pense que le roman (déjà relativement court) aurait pu être coupé de moitié et être bien meilleur sans rien enlever à sa compréhension totale et à sa qualité de base. Bref, je passe pour cette fois-ci mais retenterais sans doute le coup pour un autre roman de cette autrice.



CHALLENGE PLUMES FÉMININES
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Idaho

« Nous ne doutons pas à quel point nous sommes perméables »



Une lecture pénible …



J’y vois trois raisons. D’abord une grande frustration, car l’idée de départ, cet homme qui perd peu à peu la mémoire jusqu’à oublier le drame qui a touché sa famille des années plus tôt, était très originale et méritait un meilleur traitement que juste quelques coups de pinceaux, quelques touches par-ci par-là noyées dans un océan de propos tout à fait dérisoires.



Le deuxième raison donc justement c’est cette façon d’écrire – féminine, oserais-je dire, mais l’écriture a-t-elle un genre ? - qui emmêle beaucoup de petits faits de la vie courante, beaucoup de détails du quotidien, d’une vie assez banale, très terre à terre, et sans illusion, sans rêve. Je me suis trouvée plaquée au sol, coincée dans les vicissitudes de nos minuscules vies. Or, moi, quand je lis, j’aspire à trouver, parfois derrière un langage simple ou dans les petits épisodes de la vie de tous les jours, de la beauté, de l’espoir, du rêve et peut-être aussi une tentative d’explication du monde. Mais là rien. Je le dénonce tout en sachant bien que c’est aussi l’un de mes défauts d’écrivaillonne -scribouillard du dimanche, que de rester rivée à la réalité et, quelque part, de manquer d’ambition (peut-être parce que je pense, on pense, nous femmes, manquer de légitimité ?).



Et enfin je n’ai pas aimé cette atmosphère oppressante, que, par ailleurs, je ne m’explique pas vraiment, car on ne saura finalement assez peu de choses du drame. Peut-être que certains trouveront que c’est là, la plus grande réussite de ce roman, à savoir ne rien dire du drame, des circonstances, et pourtant installer une atmosphère lourde et sinistre, un peu à la façon du film « Funny Games » (dans un autre genre), où rien n’est montré tout est suggéré.



Et donc je mets – quand même – trois étoiles.

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Idaho

Voilà que cette nouvelle année 2022 a vu le jour en compagnie d’un challenge littéraire qui m’a directement attirée via Instagram : celui de lire durant un an des livres de la maison d’édition Gallmeister. Chaque mois, un thème est donné et différents livres proposés en relation. Pour le mois de janvier, il s’agissait de « C’est la vie ». Comme le livre « Idaho » d’Emily Ruskovich était proposé, c’était l’occasion rêvée d’enfin le sortir de ma pile à lire.



Sa quatrième de couverture m’avait directement conquise. Pourtant, je dois bien l’avouer dès le départ, ma lecture s’est vraiment déroulée en demi-teinte.



Il est indéniable que l’auteure, Emily Ruskovich, a un don certain pour l’écriture. Son style est très singulier et poétique. Mais où le bât blesse pour moi, c’est que j’ai trouvé que le récit comportait beaucoup trop de longueurs. Alors oui, à certains moments, je pouvais les comprendre afin de magnétiser le lecteur mais parfois, c’était plus laborieux…



Ses descriptions de paysages et d’environ-nements sont certes bluffantes mais elles sont aussi très détaillées et précisées. C’est un peu un jeu à double tranchant et je me suis parfois un peu ennuyée.



Par contre, j’ai beaucoup apprécié la psychologie des personnages et plus partiellement celle de Wade. L’évolution de sa maladie fait ressentir parfaitement son changement de personnalité et la façon dont Ann le soutient, malgré de nombreuses difficultés pour elle, est touchante.



Ceci n’est que mon humble avis personnel. Je suis certaine que ce livre saura encore séduire de nombreux lecteurs et vous invite à cette occasion de vous forger votre propre opinion.


Lien : https://www.musemaniasbooks...
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Idaho

Avec une infinie délicatesse, une sensibilité à fleur de peau, Emily Ruskovich écrit les failles de la mémoire, la volatilité des souvenirs, les caillots de sang qui rougissent la douceur sans raison. Elle tisse la matière intangible de la vie qui passe. Ouvrir Idaho, c'est accepter que son cœur prenne le pas, c'est laisser les personnages s'infiltrer dans chaque fibre de son être pour s'ouvrir à soi-même et aux remous, aux soubresauts qui l'agitent, incompréhensibles à tout égard (plus de détails : https://pamolico.wordpress.com/2021/12/10/idaho-emily-ruskovich/)
Lien : https://pamolico.wordpress.c..
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Idaho

Un roman comme un chuchotis dans le bruissement des feuilles d'arbres, ça vous tente ?

Un jour d'Août 1995, Wade Mitchell perd sa femme et leurs deux filles dans des circonstances étranges et terribles. Plus tard, il épouse Ann et tente de continuer sa vie entre souvenirs et oublis. Ann, de son côté, essaie de reconstituer ce qui s'est passé ce fameux jour d'Août.

Difficile de résumer ce roman sensoriel et introspectif, où il est aussi question de perte de la mémoire, d'acceptation de la fatalité, de refus de la rédemption -et des grands espaces de l'Ouest américain. Les personnages parlent peu, mais Emily Ruskovich décrit avec justesse le cheminement de leurs réflexions. Les époques se succèdent (jusqu'en 2025) sans respecter la chronologie, mais le récit est si bien construit que l'on n'est pas perdu pour autant. Si cette lecture m'a d'abord laissée perplexe, elle m'a ensuite happée sans que je n'y prenne garde.

J'ai beaucoup aimé le style de l'auteur, qui détaille les scènes avec tant de réalisme que j'ai presque eu l'impression de les vivre moi-même, d'avoir été présente. Ruskovich écrit comme un artisan, avec patience, amour et précision, et je suis d'autant plus admirative que ce n'est pas ennuyeux à lire. Et puis, il y a ces paysages immenses -de l'Idaho, donc- entre plaines et montagnes. Là encore, l'auteur les décrit de façon vivante et contemplative ; si ce livre était un film, ce serait un Malick.

C'est donc une très belle lecture, emplie de poésie et de rudesse, qui célèbre la Nature et la vie, même dans ce qu'elles ont de cruel et d'inéluctable. Et qu'on ne peut pas s'empêcher d'aimer malgré tout.
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Idaho

De ce magnifique roman s'évade une musique douce mais triste , une rengaine envoutante et étrange .



Comme des nuages fuyant avant l'orage, c'est une course contre l'oubli : les pans de la mémoire de Wade , le père qui était là lors de la mort de sa petite fille May et de la fuite de June , l'ainée , s'effacent peu à peu et les fragments de souvenirs qu'elle peut attraper , Ann , professeur de piano et la seconde femme de Wade se les approprie pour ne pas qu'ils disparaissent .



Avec des retours en arrière, s'attardant souvent sur les deux petites filles jouant dans la montagne oubliant leurs poupées dans la souche d'un arbre jusqu'à ce que Ann les découvre et leur redonne une histoire .



Comme les montages de photos découpées dans des revues , Elisabeth, la compagne de cellule de Jenny, la mère des fillettes, réinvente une enfance et des souvenirs que Jenny veut chasser de son esprit en guise de pénitence.



Accompagné de musique au piano et de ritournelles qui reviennent comme des scies , ce roman laisse un sentiment de calme même si les faits initiaux sont dramatiques , peut-être parce que l'auteur n'y met aucun voyeurisme malsain et n'explique pas vraiment le geste de Jenny, chacun au fond de soi est coupable .



Admirable !



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Idaho

La plupart du temps, avec Gallmeister c'est le nature writing. Ici, malgré le titre, pas de description de paysage, l'exploration se fait surtout chez l'être humain. Ann en est le personnage principal, mariée à Wade tandis que sa 1ère femme est en prison après avoir tué leur fille, alors que l'autre fillette a disparu ce même jour. Son mari, comme tous les hommes de la famille, perd peu à peu la mémoire. Un premier roman par un auteur qui maîtrise bien la prose. Il peut être gênant, en tournant la dernière page, de ne pas avoir de conclusion de certains faits.
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Idaho

Cela arrive parfois de passer à coté. J'ai sans doute mis trop de temps à lire ce livre dont la structure ne permet peut être pas ce genre de fantaisies de lecture.



On est en Idaho , en 2004, Wade et Ann forment un couple plombé par le passé , vivant reclus sur une montagne au fond de cet état.

Quelques années plus tôt, alors qu'Ann enseignait le piano à Wade , May, la fille de Wade , est tué par sa mère Jenny. (Oui , car Wade était alors en couple avec Jenny, mais connaissait déjà Ann avec qui il allait se marier très vite après l'incarcération de Jenny. C'est cool , mais il a plein de problèmes , le Wade, et ça Ann, elle ne le sait pas , c'est moins cool.).



Bon voilà un court descriptif de ce roman , qui navigue dans le temps entre 1973 et 2025 mais en alternant les périodes après une longue introduction en 2004. Et sans m'y perdre, je ne m'y suis pas retrouvé. Des personnages, ou des animaux annexes viennent se greffer à la trame sans que j'y vois un intérêt primordial, si ce n'est celui de gonfler le nombre de pages.

On tombe aussi parfois dans le nature writing, ce dont je me serais aussi bien passé.

Rien n'est dit , ou pas grand chose et après un démarrage qui installe un climat pesant mais accrocheur , je me suis languis entre 1973 et 2025 de voir les choses s'expliquer. C'est pour le tome deux, s'il existe un jour, sans doute, dont je lirai une critique "spoilatrice" pour avoir le fin mot de l'histoire .



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Idaho

Je referme ce livre frustrée et agacée d’être passée totalement à côté d’un roman qui doit être excellent, si j’en crois les critiques élogieuses dont il fait l’objet.

Tout avait pourtant bien commencé, dans les premières pages, je me suis intéressée à cette famille plutôt sympa, apparemment sans problème, jusqu’à ce que Jenny abatte une hache sur la tête de sa fille.

Pourquoi et comment une mère peut-elle commettre un tel acte ?

Bien décidée à avoir une réponse, j’ai poursuivi ma lecture en sentant venir une petite pointe d’ennui qui est allée crescendo jusqu’à me faire décrocher avec l’obligation de revenir en arrière de plus en plus souvent.



J’ai trouvé l’intrigue confuse, le scénario partant dans tous les sens, certains personnages m’ont semblés inutiles, ne réussissant qu’à alourdir l’histoire sans y apporter le moindre intérêt.



Il est très rare que je ne sois pas enthousiasmée par une publication des Editions Gallmeister, mais là, ce fut un flop total.

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Idaho

"Pourquoi cette femme fait-elle cela ?" s'interroge Jenny du fond de sa cellule. Apprenant que la nouvelle compagne de son ex-mari s'intéresse à son sort. C'est aussi la question que le lecteur de ce roman peut légitimement se poser.



Jenny purge sa peine pour après avoir tué sa propre fille d'une dizaine d'années. Sa seconde fille, horrifiée par la scène qu'elle a vécue, a disparu. Wade, le père des fillettes a trouvé réconfort à sa douleur dans les bras d'Ann. Elle s’est éprise de cet homme meurtri à jamais.



Patiemment, sans réveiller le traumatisme, au fil des années qui passent Ann reconstitue le puzzle des événements. Elle cherche à comprendre. Qu'est-ce qui a pu conduire une femme à tuer son enfant. Cette part d’elle-même.



Elle tente aussi de retrouver June, la fille disparue.

Emily Ruskovich nous entraîne dans la quête d'Ann. Par chapitres alternés, elle nous enferme aussi dans l'univers carcéral. L'univers de l'accablement. Formidable analyse des états d'esprit, des émotions qui animent ces femmes condamnées à perpétuité. Sans absoudre, sans juger ce qui a déjà été jugé, elle nous imprègne du quotidien de ces vies sans avenir. Une mère extraite du monde des vivants. Les poumons privés d'air pur, les yeux de ciel bleu. Un père étouffé par l'incompréhension. Deux consciences qui ne raisonnent plus.



Son sort, Jenny l'accepte. Le revendique. Ce n'est que justice. Celle des Hommes.



Ce roman fonctionne comme le fait la mémoire. Des souvenirs qui déferlent et traversent l'esprit en désordre. Pêle-mêle de temps, de lieux, de grave et de futile. D'acteurs et de spectateurs. Caléidoscope de rêves, de cauchemars, de réflexions inabouties, tout se bouscule dans le chaos des pensées. Peu de remords, de regrets, beaucoup d'incompréhension. Plus d'espoir. Des oublis, des fulgurances, des flashs, la mémoire se disloque. Fini les pourquoi. Une question : où est June. Seule Ann navigue à contre-courant de l'abandon. Elle cherche, conforte, imagine, stimule, soulage, espère. Discrètement, obstinément. Et puis Ann pardonne. Même l'impardonnable.



Quelle solidarité féminine l'anime pour se préoccuper de celle qui a pris la vie de sa propre fille, brisé celle de son compagnon ?



Premier roman d'une jeune auteure américaine. Le visage juvénile aux taches de son, souriant, d'Emily Rudkovich aborde un sujet grave. Le thème ne lui ressemble pas, l'écriture beaucoup plus. Légère et mystérieuse à la fois. Une écriture jeune, pleine de promesses. Une écriture chaste, intime, rentrée en féminité. La féminité dans le rapport à l'autre. Dans le rapport au corps qui a porté l'enfant. Souverain secret.



Emily sait faire cette introspection dans la psychologie de ses personnages avec une prédilection pour ses consœurs. Quelle raison à ce geste fou. Un geste qui n'est pas féminin. Un geste qui n'est pas maternel. Mère infanticide. Collusion des contraires.



Quant au titre ? Sans doute la seule touche auto biographique. On l’espère. Il faut bien ancrer le récit quelque part. Alors pourquoi pas dans l'Idaho dont Emily est originaire et nous apprend au passage la provenance du nom. Anecdote dans le fouillis des images qui traversent l'esprit. Idaho, décor sévère pour une histoire tragique. Mais Idaho, point de départ pour une carrière d'écriture, à n'en pas douter.

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