L'impression de la connaître est persistante, les détails sont subtils, je n'ai pas une vision d'ensemble de cette femme, mais de petites choses me la rendent familière.
Liam me tape dans la main avant de se jeter dans les bras de sa mère. Il lui barbouille le visage de bisous pendant qu'elle éclate de rire. Cette scène est surréaliste, débordante d'amour et de complicité. Ces deux- là donneraient envie à n'importe qui d'avoir un enfant.
Je m’interdis formellement de penser au corps que je suis en train de marquer et à ce que je ressens en le faisant. Je me répète le pauvre mantra auquel j’ai de plus en plus de mal à me tenir :
Logan est un ennemi que tu dois éliminer, Dylan est ton petit ami que tu dois garder.
On ne rattrape pas le temps qu'on perd, alors il faut faire le choix de ce qu'on vit à chaque seconde.
Elle est une âme meurtrie qui cherche à survivre. Sa force et sa détermination font naître en moi des sentiments que je ne voulais pas voir émerger, mais le pire, ce sont ses failles qui la rendent humaine et mon cœur qui s’emballe pour elle.
Son regard m’hypnotise de nouveau ; je ne pourrais dire s’il exprime l’amusement ou le mépris, mais il me fait perdre toute notion du temps. Je prends le script sur la table. Tyler y a déjà annoté les parties que nous allons répéter. Tout est millimétré, jusqu’à la position de mes doigts. Ma mémoire photographique me permet de retenir rapidement le texte. Ma scène préférée est celle où je dois essayer de gifler mon arrogant partenaire. Ce dernier ne manque pas une occasion de sortir une réplique tranchante, dont lui seul a le secret.
-… Logan est fait pour l’amour, il l’a déjà vécu, réponds-je. Il a simplement souffert, et c’est comme une chute de cheval, si on ne remonte pas tout de suite en selle, c’est de plus en plus dur.
-Frappe-moi, Logan, tu peux le faire, chuchoté-je…
-Non! Jamais! Jamais je ne te ferai du mal, Avery.
-Pourquoi? m’enquiers-je.
-Je suis un putain de connard, mais jamais je ne lèverai la main sur toi. Plutôt mourir.
Sans le réaliser, j’avais besoin d’entendre ces mots… Nous respirons à l’unissons, tous deux à bout de souffle, chacun pour ses raisons… Je ressens un besoin inégalable de le protéger, et sa souffrance fait écho en moi. J’ai mal au cœur de voir cet homme torturé à ce point.
Son rire me vexe et piétine mon ego. Elle ne peut pas m’exciter et se foutre de moi en même temps. J’ai baisé toutes les filles présentes dans la pièce, ce mois-ci, et aucune n’a osé me manquer de respect, heureuses que je prenne le temps de coucher avec elles. Mais Cathlyn ne voit pas en moi la même chose que les autres, car même les femmes mariées se jettent sur moi. Pas elle. Cette fille est insensible, ou alors, je ne suis pas à son goût, et dans ce cas, elle est cinglée.
Ma mère est alcoolique et toxico ; c’est pour ça qu’elle est hospitalisée aujourd’hui. Elle cumule les overdoses et les comas éthyliques. C’est un miracle qu’elle soit toujours parmi nous. Je n’ai fait qu’un seul coma et j’étais très jeune… Cette bouteille est une exception. Habituellement, je bois uniquement pendant les fêtes. Je pense que c’est pour vérifier que l’alcool n’a pas d’emprise sur moi comme il en a sur ma mère. Je me suis promis de contrôler son effet.