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Citation de Charybde2


Quatrième lamentation – la solitude
Elle est dans l’ascenseur elle arrive dans le parking du sous-sol elle a toujours aimé l’odeur des parkings cette odeur de caoutchouc et d’huile de moteur et de goudron mais elle ne s’en fait la réflexion que là maintenant c’est une évidence au moment où elle s’approche de sa voiture avec ce regret soudain d’avoir peu apprécié les choses c’est-à-dire les choses au moment où les choses se présentent et non pas après-coup, en passant, elle jette le sac-poubelle avec le tee-shirt le caleçon le filtre à café le paquet de céréales la brique de jus d’orange dans la poubelle de l’immeuble elle ouvre la portière de sa voiture elle s’assied elle met sa ceinture elle pose ses mains sur le volant elle se regarde dans le rétroviseur un instant elle se dit qu’elle ne reverra pas ce parking qu’elle ne reprendra pas cet ascenseur qu’elle ne retournera pas dans son appartement et sans doute ce ne sera pas un ami ou un collègue ou la gardienne de l’immeuble ni son père mais sa mère (parce que son père a renoncé à tout depuis longtemps il préfère une torpeur uniforme à toute sensation positive ou négative dans une neutralité triste mais sa mère oui elle imagine sa mère) qui entrera la première dans cet appartement propre comme après une location temporaire puisque tout est provisoire se dit-elle soudain et petit, si infiniment petit, se regardant dans les yeux et ne ressentant rien qu’une simple agitation faite de la certitude de son choix et de la possibilité encore du renoncement, ou bien ce sera sa sœur ou le mari de sa sœur ou son neveu enfin quelqu’un de la famille puisque la famille s’imposant comme seule cellule possible à une sociabilité tolérable, bien que le plus souvent néfaste, absolument on est seul. (Emmanuel Adely, « Le volume de la vie »)
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