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Critiques de Emmanuel Bove (149)
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Mes amis

https://ebooks-bnr.com/bove-emmanuel-amis/



L’écriture, presque musicale dans son rythme inaltérable, sait ménager son suspense, malgré une intrigue quasi inexistante : plus qu’un roman, comme indiqué au début du livre, ce sont plusieurs nouvelles, toutes empreintes d’une tristesse existentielle profonde, lancinante, mais détachée du réel, qui reflète les sentiments contradictoires du narrateur dans sa quête d’amitié.



La solitude dans les villes, l’inactivité, les laissés-pour-compte, l’irrespect, n’est-ce pas aussi notre réalité du 21e siècle ?
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Bécon-les-Bruyères

https://ebooks-bnr.com/bove-emmanuel-becon-bruyeres/



Un texte qu’on doit absolument lire. Il décrit une banlieue mythique et, en même temps, son écriture est absolument modeste.

"C’est la banlieue absolue." (Peter Handke, Interview dans Les Nouvelles littéraires, octobre 1983.)
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Mes amis

L'histoire commence dans la chambre de Victor Bâton. Une chambre qui semble petite et en mauvais état. Le narrateur habite à la périphérie de Paris (Montrouge) par choix. Le récit se déroule après la première guerre mondiale. Notre protagoniste ancien soldat est un blessé de guerre. Il nous parle de ses voisins d'immeuble, ainsi que des commerçants du quartier. Personne ne semble l'apprécier et il imagine que sa vie serait différente s'il était riche.



Nous le suivons dans sa quête de l'amitié.



Ainsi nous faisons la connaissance de Lucie Dunois gérante d'un bistrot chez qui Victor a ses habitudes et qui devient sa maîtresse histoire d'une nuit.

Puis, au coin d'une rue il rencontre un certain Henri Billard. Même si Victor déteste fréquenter des inconnus, il se laisse séduire par cet homme plutôt riche et sympathique. Il y voit enfin l'occasion d'avoir un ami qui l'écouterais et le comprendrais. Mais il y a Nina. La jeune maîtresse de Billard qui est un obstacle à leur amitié. Ne se décourageant pas, Victor continu de chercher cet ami qui l'aimera et qu'il pourra aimer comme un frère. Il va croiser le chemin d'un marinier suicidaire, d'un généreux industriel, et même d'une chanteuse de cabaret. L'amitié tout comme l'amour ne sont décidément pas des affaires qui se prennent à la légère...



"Mes amis" est le premier roman officiel d'Emmanuel Bove et pourtant l'auteur fait preuve d'une grande maîtrise en décrivant la détresse de cet homme, mutilé de guerre, qui n'a pas eu la reconnaissance de la nation qu'il aurait voulu avoir. Apparemment sans famille, il ne rêve que d'une chose : ne plus vivre dans cette solitude qui l'entoure depuis son retour du front. Victor a fait le choix de se contenter de sa maigre pension plutôt que d'aller chercher un emploi, et cette décision aura d'importantes répercussions sur sa vie.



Le personnage est attachant et malgré les décisions discutables qu'il pourrait prendre, reste un brave homme . Celui qui aura l'amitié de Victor aura gagné un ami peu riche mais avec un coeur en or.

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Mes amis

Il y a tout d'abord cette petite musique lancinante des mots jetés comme des gouttes de pluie saccadées sur l'asphalte. Les phrases de ce livre ressemblent à de la pluie, à cette pluie qui tombe dans la rue. On est vraiment surpris par cela aux premières pages de ce livre insolite qui s'intitule Mes amis.

Je ne connaissais pas son écrivain, Emmanuel Bove. Ce récit a été publié en 1924. Il se déroule dans le Paris d'après guerre, celle de la première guerre mondiale.

J'ai beaucoup de mal à vous décrire à quoi tient ce livre sur le plan de son intrigue. Et je suis même bien en peine de tenter de vous dérouler un fil qui aurait pu être tendu au lecteur dès les premières pages et qu'il suffirait de suivre pour parvenir à la dernière page. Ici il n'en est rien.

Dans ce livre, plusieurs récits ce suivent comme des nouvelles, avec le même personnage qui est le narrateur, un certain Victor Bâton. C'est un homme en quête d'amis. S'il faut trouver une intrigue, c'est celle-là. C'est un homme blessé durant la Grande Guerre, blessé par la vie, invalide, il lui manque désormais sa main gauche perdue sur le front ; pour cette raison il bénéficie désormais d'une maigre pension pour l'aider à vivre, ou survivre. Mais cela ne suffit pas. Il vit dans une chambre humide et froide sous les combles et se sent seul.

J'ai aimé cette lecture particulière, unique.

C'est une mélancolie à la fois douce et âpre, teintée du bruit de la ville auquel se mêle celui du cœur.

Le personnage, narrateur du récit, Victor Bâton, n'est pas forcément sympathique, pour tout dire il est agaçant, autant vous dire d'emblée que je n'en voudrais pas pour ami. C'est un comble pour quelqu'un qui cherche désespérément des amis.

Le texte ressemble parfois à un homme qui est là de l'autre côté de la rue, marchant à contre-courant du vent, une valise prolonge son bras tandis que de son autre main il tente maladroitement de retenir son chapeau. Notre narrateur l'interpelle alors, interpelle cet homme comme happé par sa silhouette chancelante. Il se dit peut-être qu'il lui ressemble, un futur ami pourquoi pas. N'est-ce pas le propre des amitiés ? Mais est-ce vraiment comme cela que les amitiés se forment ?

C'est la solitude des grandes villes et qui ressemble étrangement à nos vies d'aujourd'hui, la solitude urbaine.

Tristesse éperdue, où la rue est un horizon, une quête, où le narrateur se lève chaque matin, animé de ce désir ardent de sortir de chez lui et de chercher à rencontrer l'âme soeur.

Mes amis, ce sont précisément ceux que le narrateur n'a pas, ceux qu'il cherche désespérément.

Les mots sont parfois une grâce pour dire la difficulté de l'existence.

Le narrateur cherche à se faire des amis, cela en devient une obsession. Il y a alors des situations cocasses, parce qu'il s'y prend mal. C'est triste aussi, forcément. Cherchant l'amitié, tendant la main pour cela dans l'amour des choses simples, c'est souvent la pitié des autres qu'il reçoit, un peu comme on jette du pain aux oiseaux. Chaque détail est à la fois décalé et touchant.

Il y a le monde des « petites gens » et brusquement il y a le ciel par-dessus tout, le texte tente de voir plus haut, prendre de la distance, regarder au-dessus de nous où grouille la foule, ceux qui traversent les rues, se mélangent aux autres, ou bien ceux qui ne se mélangent jamais. C'est le ciel de ce livre.

Il y a du Cioran dans cette absurdité de l'existence, teintée de désespoir. Il y a du Beckett, peut-être du Céline aussi. Bardamu n'est jamais loin, il aurait pu devenir un ami de Victor Bâton, l'attendre sur une terrasse d'un café, avec des bocks de bière, disserter sur la guerre passée, la fatuité des hommes, l'Amérique qui pourrait venir, dans ce paysage triste.

Les mots d'Emmanuel Bove disent l'esthétique des jours ordinaires, l'absurdité de la condition humaine, au final c'est une poésie du banal. C'est beau.

Dans les mots d'Emmanuel Bove, il y a la lumière des rues. Des êtres se croisent, comprennent ensemble qu'ils ne sont pas du même monde. Le parfum des femmes que croise le narrateur sur le trottoir des grandes avenues est comme un vin enivrant et inaccessible.

Fait-il tout ce qu'il faut pour chercher un ami ?

Il y a des personnages secondaires qui tentent comme ils peuvent d'exister au travers d'instants de grâce, ou bien c'est peut-être le narrateur qui les attend à cet endroit, avec son impatience maladroite.

Il y a des femmes, des rencontres éphémères, des femmes qui lui posent souvent des lapins. Des femmes dans l'ombre de « ses amis »... C'est drôle et triste à la fois...

Parfois il y a de petits plaisirs qui viennent aussi , un peu comme ces gouttes de pluie sur l'asphalte et la lumière du ciel après la pluie. Dans ce récit, j'ai trouvé la pluie particulièrement belle.

Il y a la rue et la vie. Sommes-nous si loin de cette rue, de cette ambiance urbaine de 1919 ou même de 1924, année où fut écrit ce roman ? Je n'en suis pas sûr.

C'est un texte moderne, presque intemporel.

Rien ne me portait à découvrir ce livre improbable, sauf que je dois cette rencontre à mon amie Blandine, d'ici... Grand merci à toi, Blandine qui, dans ta chronique dédiée à ce récit, nous apprends que ce livre, Mes amis, figure sur la table de chevet de René Frégni, autre auteur touchant, dont nous partageons avec quelques amis les chemins merveilleux...
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Mes amis

Mes amis, je vous écris pour vous dire que je ne vous aime plus, que vous ne m’aimez pas, ou que –si vous m’avez aimé-, je ne vous ai jamais aimés.





« Certains hommes forts ne sont pas seuls dans la solitude, mais moi, qui suis faible, je suis seul quand je n’ai point d’amis »





L’écriture d’Emmanuel Bove est dépouillée mais lancinante. Elle sent la fatigue et nous fait craindre l’abandon d’une lutte désespérée que l’écrivain a menée pour se lier à ses semblables –ne serait-ce qu’avec un seul d’entre eux. Tout est misérable dans ces pages, à commencer par le narrateur. Des descriptions déplorables de sa condition sociale –sans ami, sans famille, sans profession, sans argent- à son apparence physique –pouilleuse, négligée, morbide-, le plaisir sadique de l’autodestruction transperce entre des lignes plaintives. Par impossibilité pécuniaire et par négligence, le narrateur pense qu’il lui est impossible de remédier à cette identité misérable, et sans doute ne veut-il pas s’en débarrasser car il s’y est attaché et parce qu’elle constitue un passe-droit pour atteindre ceux qui lui semblent les plus intéressants –parce qu’ils lui ressemblent ?- les misérables, les malheureux, ceux qui n’ont plus d’espoir mais qui continuent tout de même à traîner leur tristesse sans oser l’abréger trop tôt.





« A peine sorti des draps, je m’assois sur le bord du lit. Mes jambes pendent à partir du genou. Les pores de mes cuisses sont noirs. Les ongles de mes doigts de pied, longs et coupants : un étranger les trouverait laids »





Le comportement du narrateur vis-à-vis des inconnus qu’il essaie d’attirer à lui est malsain. Derrière ses revendications d’amour et d’attention, on se rend compte très rapidement qu’une volonté de provoquer les conventions sociales domine. La quête amicale répond à un véritable besoin de compassion mais s’apparente également à une expérience sociologique dont les résultats ne surprennent jamais le narrateur : la pitié des uns pour les autres est nulle, personne ne se préoccupe d’autrui, sinon pour son intéressement personnel et, partant de cette conclusion, le but du jeu social est de faire miroiter en soi ce que les autres sont en possibilité d’attendre. Mais que peut-on attendre d’un pauvre gueux ? En pleurant au désespoir, en revendiquant l’amitié pure et gratuite, le narrateur brandit un orgueil démesuré ; son apparente faiblesse devient signe de supériorité morale et lui donne la permission de se montrer brutal dans sa revendication d’amitié.





« Pour un peu d’affection, je partagerais ce que je possède : l’argent de ma pension, mon lit. Je serais si délicat avec la personne qui me témoignerait de l’amitié. Jamais je ne la contrarierais. Tous ses désirs seraient les miens. Comme un chien, je la suivrais partout. Elle n’aurait qu’à dire ma plaisanterie, je rirais ; on l’attristerait, je pleurerais.

Ma bonté est infinie. Pourtant, les gens que j’ai connus n’ont pas su l’apprécier. »





Nous rencontrerons quelques-unes de ces personnes dans les différentes nouvelles qui constituent Mes amis. Chacune d’entre elles retrace le parcours du narrateur dans son choix d’une nouvelle proie amicale, dans les techniques de capture mises en œuvre, dans les désillusions réciproques –quoiqu’elles soient presque nulles du côté de « l’ami » qui n’a rien demandé- puis dans la séparation finale, qui se conclut avec une indifférence opposée à la quantité d’espoir investie par le narrateur lors de la rencontre. On se demande sans cesse ce que cherche vraiment celui-ci. Veut-il fuir l’ennui (« Je déjeune à une heure : l’après-midi me semble moins longue ») ? la solitude ? Cherche-t-il réellement l’affection d’autrui ? ou se contenterait-il seulement d’un peu de reconnaissance ?





« Mon imagination me crée des amis parfaits pour l’avenir, mais, en attendant, je me contente de n’importe qui »





Cet étrange roman de la prostitution amicale mettra peut-être en position dérangeante. Emmanuel Bove décrit tous les mécanismes –parfois inconscients- déployés par l’individu pour s’intégrer en société. Peut-être parce que son personnage en est trop conscient et qu’il en use sans aucune parcimonie, ses tentatives répétées de se lier à autrui échouent. Mes amis ne devrait pas être le titre d’un roman consacré à la solitude et pourtant, ne sommes-nous pas aussi contradictoires lorsque nous utilisons abusivement de ce qualificatif pour des personnes qui ont cessé d’être nos amies mais vis-à-vis desquelles nous continuons de feindre l’attachement par habitude ou par sécurité ? Le narrateur ne s’arrête pas à de pareilles craintes et se détache d’autrui sans douleur autre que celle qu’il éprouve pour lui-même et pour la solitude monadique que nous ressentons tous, dans une proportion inverse au nombre d’amis que nous croyons sincèrement pouvoir revendiquer.





« Je m’assois sur une chaise –une chaise de jardin qui se plie- et je pense à l’avenir.

Je veux croire qu’un jour je serai heureux, qu’un jour quelqu’un m’aimera.

Mais il y a déjà si longtemps que je compte sur l’avenir ! »





Sur ces réflexions vagues et incertaines, Emmanuel Bove signe la fin de nouvelles troublantes qui oscillent entre cruauté et abandon. Mieux vaut être seul que mal accompagné… même si tout le monde préfèrerait malgré tout être accompagné.
Lien : http://colimasson.over-blog...
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Mes amis

Je ressors enchantée de cette lecture, non pas que j'ai passé un moment guilleret, ce n'est pas le style de ce roman ni d'Emmanuel Bove en général mais c'est un roman profond je dirais même que c'est un chef-d'œuvre. Les réflexions sur l'amitié, la nature humaine, l'homme et ses travers sont d'une grande qualité.

Les rapports humains sont décrits avec beaucoup de justesse, sans fioriture et montrent toute la complexité de l'âme humaine. Comment se fait-il que ce roman n'ait pas connu plus de succès ? François Ouellet, dans sa préface nous dit :" L'oubli dont Bove à été victime pendant plus d'une trentaine d'années s'explique pourtant. Quand Bove meurt prématurément, en 1945, la France célèbre la Libération ; la littérature engagée, avec Sartre, Aragon., Eluard, a la côte. Or, l'œuvre de Bove, implacablemente pessimiste et désespérément individualiste, est à mille lieues des poncifs de l'engagement littéraire "

Aujourd'hui, c'est un réel plaisir de le lire et je me félicite d'avoir été attirée par ce tout petit livre, coincé entre de grands et gros romans sur les étagères de ma médiatheque.
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Mes amis

Ce roman se situe au lendemain de la première guerre mondiale, le narrateur l'a vécue et éprouvé dans sa chair et son âme.

D'entrée de jeu, pour moi, ce roman a trouvé des échos et des analogies avec le roman de Louis Aragon : Aurélien.

Aurélien tout comme le narrateur dans : Mes amis sont des hommes qui ont fait la guerre de 14, tous deux font partie de cette génération prise entre l' entre deux guerres, ils en sortent profondément meutris et mutilé pour Bove.

Le héros de Mes amis est le négatif d' Aurélien, il est pauvre tandis qu' Aurélien est un jeune bourgeois mais on retrouve la même fêlure psychologique chez ces deux hommes.

Tous deux sont empreints de leur mal d'être.

Aurélien s'accrochera à un amour impossible tandis que le narrateur chez Bove tentera de se faire des amis.

Au fond, ils ont tous deux besoin d'aimer, besoin qu'on les aime pour comprendre qu'ils existent.

Emmanuel Bove, d'un père juif, d'origine russe écrit avec cette âme slave, remplie d'émotions extrêmes. Il est prêt à mourrir avec le marinier qui le souhaite aussi mais finalement préfère dîner avec lui et boire un verre de vin.

Emmanuel Bove souhaitait que chaque homme "trouve sa place". Ce petit roman est émouvant, il ne reflète pas seulement une époque révolue.

Il décrit la solitude de l'homme face à l'homme, la malchance de celui qui n'a pas de place dans notre société.
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Mes amis

Au début des années 1920, à Paris, Victor Baton vit chichement d'une pension de guerre.

Plus encore que de sa pauvreté, il souffre de la solitude...



Ce roman d'Emmanuel Bove est magnifiquement écrit, dans une langue imagée et étonnament moderne, s'il l'on excepte l'usage intensif d'un subjonctif qui nous semble bien désuet.



Le personnage de Baton est un peu pathétique dans sa quête désespérée d'une amitié. J'avoue avoir du mal à le trouver sympathique dans sa recherche égocentrique d'un ami, qui au fond serait surtout là pour le valoriser.



Pour autant, Victor n'est pas méprisable, il est d'abord profondément humain, avec ses faiblesses, ses maladresses et son immense besoin d'être reconnu.



Un roman à conseiller, de la bonne littérature accessible.
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Mes amis

C'était un coup de coeur du Furet de Lille. J'avais envie de découvrir cet auteur méconnu, mis en valeur par Colette, qui avait apprécié une de ses nouvelles. Il a eu une certaine notoriété ensuite, a publié de nombreux romans, puis , après sa mort, assez jeune, est tombé dans l'oubli... On le redécouvre maintenant, et tant mieux! Je suis toujours heureuse que l'on remette en valeur des textes comme celui-ci, car ils en valent la peine!



Ce premier roman a été écrit en 1929. Dès le début du livre, on se rend compte que l'auteur a du talent. Les descriptions précises, presque photographiques dans leur concision que fait le personnage principal de son environnement impressionnent. Son auto-dérision et son sens critique, au-delà de son désir naïf , inassouvi, de se faire des amis sont marquants. Le conditionnel , souvent utilisé, est là pour montrer qu'il ne croit pas lui-même en ses rêves d'amitié .



Mais surtout, on s'attache à cet homme tellement seul. Terrible solitude d'un blessé de guerre qui n'a que sa pension pour survivre. Mais pauvreté assumée : il préfère devoir compter au quotidien plutôt que travailler. C'est justement ce que les autres ne comprennent pas et qui le rend singulier.



J'ai aimé le ton particulier de l'auteur, son univers attachant et personnel. Certes, l'histoire est sombre, le personnage parfois agaçant, mais l'humour permet une mise à distance qui allège un peu l'aspect dramatique. Et quelle modernité aussi, ce thème de l'anonymat urbain, dans " les villes de grande solitude"...



Je laisse la parole ( un constat assez désespérant....) pour finir, à Victor Bâton:" Je cherche un ami, je crois que je ne le trouverai jamais"...
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Mes amis

A mes amis, et particulièrement ceux ‘Fans de René Frégni’. Pourquoi ? Parce que c’est son livre de chevet, comme il l'écrit dans ses romans. Et c’est vrai, qu’il y a un petit quelque chose de ressemblant. En premier, le kif des seins, ceux que la vie ne gâtent pas, et bien d’autres choses encore. Emmanuel Bove est plus sombre. Un même narrateur qui raconte des anecdotes sous forme de nouvelles. C’est un homme seul, blessé de guerre, sans travail et qui ferait n’importe quoi pour avoir des amis. Ce qui donne des situations cocasses. C’est fort et juste !



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La fiancée du violoniste



Roman policier datant du début des années 1930. Un cadavre a été retrouvé enterré dans le jardin des Favrin alors que Marie-Louise Favrin a disparu depuis deux mois. Le mari est tout désigné pour être le coupable.

L’enquête confiée au commissaire Croiserel semble au premier abord très simple. Nous allons faire connaissance avec une galerie de personnages plus troubles les uns que les autres dans une atmosphère pesante.



Ce livre n’atteint pas l’étude psychologique telle qu’on la trouve dans les Maigret, mais c’est assez proche. Emmanuel Bove nous décrit très bien l’atmosphère des villes de province à cette période, le comportement du commissaire qui ne s’en laisse pas conter. L’intrigue est assez complexe et se conclut de manière inattendue.





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L'amour de Pierre Neuhart

Je poursuis rangements,tris de notes et de carnets de bord...et je retombe sur des commentaires de lecture d'un écrivain découvert et très admiré...dans mes toutes premières années de libraire au moment où différents éditeurs dont le Castor Astral tentaient de remettre à l'honneur cet écrivain atypique: Emmanuel Bove.

Dans ce roman, un homme de quarante ans s'éprend d'une adolescente.Il la couve,la protège, essaye de deviner tous ses désirs, la couvre de cadeaux; elle,de son côté, se met à le haïr, à le mépriser pour son amour violemment absolu,trop exclusif.Un amour douloureusement non partagé.Cet homme empêtré dans cette obsession amoureuse se réfugie dans cet amour idéalisé, et semble perdre toute volonté.

Roman puissant et bouleversant...où comme si souvent,Emmanuel Bove parle admirablement de la Solitude,des solitudes humaines: amoureuse,existentielle...(Le Castor Astral,1986)
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Mes amis

C'est la vie, la solitude et les pensées d'un SDF des années 20, un rescapé des tranchées, son désir de richesse, avoir une maîtresse, des amis, quelqu'un qui s'intéresse à lui.



'Comment se faire des amis quand on est pauvre' C'est criant de vérité.



"Moi aussi, ce jour-là, j’aurais suivi une femme avec plaisir. Je ne l’ai pas fait parce que je voulais lui louer une chambre.

Il n’a pas deviné que dans mon cœur il y avait des trésors de tendresse. Il a préféré satisfaire un désir."



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Un caractère de femme

Histoire d'amour qui débute lors de la première guerre mondiale. Colette est folle amoureuse de Jacques, qui pour venger son frère mort au front, a tué un homme. Ils se cachent à Genève. le manque d'argent la poussera à en quémander à son père médecin. Une histoire forte où parents et blessures de guerre sont des entraves à l'amour. Roman refusé par éditeurs et qui, en 1979, après la mort de la dernière femme de Emmanuel Bove, sera trouvé sous son lit dans une valise. Son mari est décédé en 1945.
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Mes amis

Genre de livre qu'on adore ou déteste.



Il n'y a aucune histoire, si ce n'est que Victor Bâton, qui a perdu une main à la guerre, vit chichement dans une petite chambre et cherche à travers les rues de sa ville à se faire des amis. Et bien sûr, le titre est trompeur car Victor Bâton n'a aucun ami et gâche toutes ses rencontres.



L'auteur nous décrit ce véritable anti-héros qui, à l'instar du Pnine de Nabokov, a la propension à devenir autonomase.



Sorte de livre culte à avoir lu au moins pour savoir pourquoi et en quoi il a inspiré tant d'autres auteurs et était considéré comme une référence incontournable, voire comme la référence.
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Le meurtre de Suzy Pommier

La belle et jeune actrice Suzy Pommier est retrouvée assassinée dans sa baignoire. Coïncidence morbide : le final de son dernier film met en scène exactement le même crime. Hector Mancelle, jeune inspecteur parisien, se met alors en quête de la vérité, tâche rendue malaisée par le nombre impressionnant d'amants et d'admirateurs qui évoluaient en orbite autour de la victime.



Publié en 1933, ce polar dégage le charme désuet de la littérature de l'entre-deux-guerres, période fascinante à bien des niveaux. Toutefois, j'avoue ne pas avoir été prise aux charmes d'une narration un peu trop prévisible et du style suranné d'Emmanuel Bove. Disons que quand on a goûté à Maurice Leblanc et à Gaston Leroux, et encore plus à Agatha Christie, ça grince un peu aux articulations.



Reste la satisfaction de mettre la main sur des œuvres oubliées du public qui, en leur temps, ont sans aucun doute connu le succès grâce aux nouveaux procédés d'investigation et à la restitution d'une ambiance de commissariat.





Challenge 1914-1968 2017

Challenge ATOUT PRIX 2017
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Mes amis

Victor Bâton.

Un nom qui sonne bancal et fragile, sous la plume précise et impitoyable d' Emmanuel Bove que je découvre.

Victor Bâton: Un pauvre être pauvre, assoiffé d'amitié. Il en est touchant et agaçant à la fois.

Victor Bâton, c'est lui qui raconte sa dérive quotidienne dans ce Paris entre deux guerres. Ses rencontres sont aussi fortuites que vouées à l'échec.

Ultra-moderne solitude, que Victor Bâton n'a pas choisie mais qui le pousse à des rencontres et des audaces parfois malheureuses.

Splendide écriture d' Emmanuel Bove, qui annonce les Sternberg et Pérec futurs dans leurs descriptions maniaque des isolements urbains.

Bove, qui fait partie de la génération des conteurs que sont Mac Orlan ou Dabit... Famille des écrivains du Paris de l'entre-deux guerres.
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Mes amis

Portrait d'un homme pauvre, malheureux mais surtout occupé de lui-même. Trait psychologique qui, même si celui-ci est très appuyé dans ce récit, est très partagé par la gente humaine. Normal à l'adolescence ce trait devient la marque de l'égocentrisme, de l’égoïsme et de l'autosatisfaction à l'âge adulte. Un récit très dérangeant car agissant par effet miroir : qui peut prétendre ne pas être intéressé de lui-même ?

"Durant sa courte vie – il décède à 47 ans -, Emmanuel Bove (1898-1945) va passer pour l’un des espoirs littéraires du 20ème siècle. Remarqué par Colette lors de la parution de l’une de ses nouvelles, il connaîtra le succès avec Mes amis, en 1924. Néanmoins, il tombe dans l’oubli après 1945. Pourtant, son style bouscule le roman psychologique par une phrase dépouillée, des notations parfois très réalistes et des descriptions qui rappellent l’écriture cinématographique.

Dans ce récit à la première personne, le héros velléitaire, qui passe ses journées à ne rien faire, consacre son temps à la recherche d’une relation affective pérenne. Spectateur de sa souffrance morale, le lecteur navigue alors entre ses enthousiasmes, ses déceptions et ses épanchements plaintifs.

De nos jours, ce roman d’Emmanuel Bove semble retrouver un certain public comme en témoignent les diverses traductions de l’œuvre. D’ailleurs, certains critiques littéraires établissent parfois un parallèle entre Bâton et Meursault, le héros de L’Étranger."



une très agréable narration de Christian Dousset

http://www.litteratureaudio.com/livre-audio-gratuit-mp3/bove-emmanuel-mes-amis.html
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Le Pressentiment

Un livre étrange choisi à la sauvette. Emmanuel Bove est un auteur du début du XXè siècle en qui Marie Darieussecq voit un précurseur de Modiano, comme elle l’écrit dans la préface.



Ne supportant plus l'hypocrisie du monde qui l'entoure, Charles perd goût à la vie, s'isole, n’ exerce plus son métier d'avocat. Puis sa femme renonce à vouloir le comprendre et c’est le divorce. Il prend un appartement dans un quartier modeste, vit simplement, et distribue ses avoirs. Tout laisse à penser qu'il prépare son suicide, mais que quelque chose le retient, qu’il hésite encore. Il en est là de ses réflexions lorsqu’un homme vient lui demander conseil en tant qu’avocat. Le lendemain, il découvre que l’homme avait surtout besoin de son argent. Pas rancunier, il lui donne. Plus tard, il découvre que celui-ci a tenté de tuer sa femme. Juliette leur fille est seule sans surveillance. C’est à Charles qu’on demande de se dévouer afin de la garder temporairement. Il accepte. Au début du livre, on avait une idée plus ou moins précise des intentions de Charles, pourtant au moment où l'escroc fait irruption dans sa vie, il semble que celui-ci réveille en lui un goût pour la vie, surtout par l’entremise de la petite Juliette.



Ce n’est pas un livre des plus joyeux, mais il sort de l’ordinaire. Le côté austere de l’ensemble m’a fait penser à du Simenon. Ce sens du mystère, Ce sens du drame et cette atmosphère si noire. On ne s’ennuye pas une seconde, l’écriture est d’une linéarité agréable. A lire.

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Adieu Fombonne

C'est ma seconde tentative de lecture d'un roman d'Emmanuel Bove et je pense pouvoir dire que ce sera la dernière. Si le roman policier "Le meurtre de Suzy Pommier" ne m'avait déjà que peu convaincue, les choses aggravent, si je puis dire avec ce roman sociétal "Adieu Fombonne" qui dresse un tableau médiocre de la petite bourgeoisie de Paris et de province.



J'ai été gênée dans ma lecture par le trop grand nombre de personnages pour un roman aussi court (148 pages), j'éprouvais soit une sensation de remplissage stérile, soit une lassitude à essayer de m'y intéresser. Bref, vous l'aurez compris, inutile de s'étendre davantage, cette lecture ne laissera que peu de traces - voire aucune - dans ma mémoire.





Challenge XXème siècle - Edition 2019

Challenge RIQUIQUI 2019
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