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3.8/5 (sur 75 notes)

Nationalité : France
Né(e) à : Tanger, Maroc , le 19/04/1940
Mort(e) à : Mérilheu, Hautes-Pyrénées , le 27/01/2019
Biographie :

Emmanuel Hocquard est poète, prosateur et traducteur.

Il a passé son enfance et adolescence à Tanger au Maroc.

Co-fondateur avec Claude Royet-Journoud de l’École de Symi, il a fondé et dirigé avec sa compagne Raquel les éditions Orange Export Ltd en 1969 jusqu'à leur disparition en 1986.

Hocquard a également dirigé le département de littérature contemporaine, l’A.R.C. (animation, recherche, confrontation), du Musée d’Art Moderne de la Ville de Paris de 1977 à 1990, puis fondé en 1989 "Un bureau sur l’Atlantique", une association destinée à favoriser une meilleure connaissance, en France, de la poésie américaine contemporaine.

Il a enseigné le langage et l'écriture à l’École des Beaux-Arts de Bordeaux de 1992 à 2005.

Il a notamment écrit "Le Commanditaire" en collaboration avec Juliette Valéry (P.O.L, 1993) et "Le Voyage à Reykjavik" en collaboration avec Alexandre Delay (P.O.L, 1997).

L'œuvre d'Emmanuel Hocquard, poursuivie depuis près de quarante ans, est un point de repère essentiel dans l'histoire de la poésie française contemporaine. L'action du poète en tant qu'éditeur, organisateur de lectures poétiques, professeur, a été déterminante dans la structuration des communautés poétiques.
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Source : Wikipédia
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Jean Frémon La Blancheur de la baleine éditions P.O.L où Jean Frémon tente de dire de quoi et comment est composé son nouveau livre "La Blancheur de la baleine" à l'occasion de sa parution aux éditions P.O.L et où il est notamment question de Michel Leiris, David Hockney, Emmanuel Hocquard, Bernard Noël, Alain Veinstein, Etel Adnan, Louise Bourgeois, Jannis Kounelis, Jacques Dupin, Claude Esteban, Samuel Beckett, Marcel Cohen, Jean- Claude Hemery, Jean- Louis Schefer, David Sylvester, Edmond Jabès à Paris le 2 février 2023 "Ce sont des écrivains, des peintres, des sculpteurs. Aventuriers de l'impossible. Ce sont des bribes de leurs vies. Tous des chercheurs davantage que des trouveurs. J'ai eu le privilège de les côtoyer. Ce qu'ils poursuivent est ce qui toujours se dérobe. La grâce est une fieffée baleine blanche."

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Citations et extraits (32) Voir plus Ajouter une citation
"Un effacement reproduit sans action ne signifie pas pour autant repos. Rêver fatigue."
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Emmanuel Hocquard
Je ne pourrai jamais enseigner la littérature. Je sais, par expérience, que les choses ne se passent pas du tout comme elles sont relatées dans les livres d'histoire littéraire et les manuels scolaires. Ça c'est une vue de l'esprit, purement académique. L'académisme, ce n'est pas seulement faire des calques de modèles périmés. C'est aussi se calquer sur cette logique de courants, d'écoles, de personnages hors du commun (les phares ou les albatros de Baudelaire) qui "feraient l'histoire", avec leur cohortes d'avant-garde et d'arrière-garde. Les choses ne se passent jamais ainsi. Elles ne procèdent jamais par générations linéaires arborescentes, avec leurs origines et leurs descendances bien ordonnées, mais par juxtaposition, malentendus, attirances, répulsions, contaminations, ruptures, sauts, glissements, empiètements, trahisons, chevauchements... Par affects, par furor. Les grandes ruptures, les "vraies" ruptures, se produisent en marge. (Sur la notion de marge, ou de lisière, il y a encore beaucoup à réfléchir et à travailler.) A vouloir tout lisser, tout enchaîner, tout expliquer, on brouille tout. L'Histoire de la littérature est un agencement de mots d'ordre. Ça n'a rien à voir avec les faits : j'écris, je peins, je sculpte, je photographie, je filme, etc. L'Histoire littéraire c'est la troisième personne du discours indirect, avec les verbes au passé : il a écrit, elle a peint, ils ont sculpté, elles ont photographié, etc.
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Pour toutes choses, nous eûmes les mêmes yeux :
le jardin d'autrefois et celui d'aujourd'hui,
le jardin immobile.
Nous avançâmes au milieu de ce qui porte un nom
et que nous avions appris à nommer ;
Nous progressâmes dans les livres
au milieu de ce que nous apprenions,
L'arbre mort et l'arbre vivant au même titre,
songeant peut-être qu'une telle coïncidence
Ne durerait pas toujours car sa croissance
serait sa mort et la pensée du modèle sa fin.
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« De Tanger à San Francisco, de New York à Leningrad, j’en ai vu de toutes les couleurs et j’ai eu affaire à pas mal de gens. Il en faut beaucoup pour m’impressionner. Mais la nuit dernière, quand j’ai poussé ma porte et que je les ai trouvés, installés chez moi, à boire mon whisky, mon sang n’a fait qu’un tour. A mon bureau, le sheriff R. Chandler roulait un crayon entre ses doigts ; Ch. Reznikoff, le médecin légiste, était assis très droit sur mon unique chaise ; quant à l’attorney général, L. J. Wittgenstein, il se tenait debout, une cigarette éteinte collée entre ses lèvres minces. C’est à ces trois-là que je dois, pour l’essentiel, ce que je connais du métier. Et c’est sans doute grâce à eux qu’on ne m’a pas encore retiré ma licence. L’attorney général pointa l’index dans ma direction et me lança, d’une voix coupante comme un rasoir : “Tâchez de bien vous enfoncer dans le crâne qu’une enquête ça n’a jamais été autre chose qu’un processus logique d’élucidation."
Je me réveillai, trempé de sueur. Je n’étais pas au bout de mes peines... »
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"L'illusion consisterait à imaginer que les définitions échappent à un univers vitreux. Si rien n'est caché, avoir une vision du monde est sans importance."
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Te souviens-tu de l'anecdote du peintre chinois qui était entré dans son paysage? Je la raconte dans Ma vie privée, comme un exemple d'aporie. L'empereur a commandé à un artiste une peinture de paysage. Le peintre s'enferme dans une pièce du palais où il travaille de longs jours en secret. Sa peinture achevée, il convie l'empereur à venir la découvrir. L'empereur s'émerveille devant le paysage. Quand il se retourne vers le peintre pour lui exprimer sa satisfaction, ce dernier n'est plus dans la pièce; il est entré dans son paysage. Dans cette histoire, indépendamment des diverses interprétations auxquelles elle peut donner lieu, ainsi formulée (en français), l'effet de surprise vient d'un accroc de sens lié à la préposition dans, alors qu'il n'y a aucune rupture syntaxique dans la phrase "Le peintre est entré dans son paysage".
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On peut s'étonner qu'un mot dont tant de choses dépendent soit un mot dont on ne sache rien dire.
Il n'en demeure pas moins qu'Olivier, Pierre et Pascalle ont ceci en commun (tout le monde se ressemble) qu'ils disent je et que, quand ils disent je, ils disent la même chose et se font comprendre. Et pourtant Olivier n'est pas Pierre qui n'est pas Pascalle, etc.
Il y a peut-être là de grandes perspectives grammaticales cachées.
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« Anecdote 1. Quand j'avais huit ans, nous avions à la maison un pot de fleurs contenant une plante dont je ne connais pas le nom savant, mais qu'on appelait fleurs de cire. Cette plante avait la particularité de ne fleurir qu'une fois tous les sept ans. Je ne l'ai vue qu'une seule fois en fleurs. C'étaient des fleurs rose très pâle qui avaient, effectivement, l'aspect et la consistance au toucher de la cire. Le principal intérêt de cette anecdote est qu'elle met en évidence la manière qu'a le langage ordinaire de rendre compte de la mesure du temps, de façon anthropomorphique. C'est-à-dire de rapporter une mesure "humaine" du temps à un végétal. Ce qui est très bizarre, quand on y pense. Dire que j'avais huit ans quand j'ai vu fleurir cette plante qui ne fleurit que tous les sept ans signifie qu'elle avait dû avoir sa précédente floraison quand j'avais un an et qu'elle ne refleurirait que sept ans plus tard, quand j'aurais eu quinze ans. Ça ne dit strictement rien d'autre.
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Retour sur une image

Les images étaient de vraies images
De choses menues et aimantes. Il y avait un paysage d'hiver
Et le dessin en partie caché des trois autres saisons "
John Ashbery, Double Dream of Spring. Trad. Michel Couturier.

Qu'est-ce qu'une image ?

Image est un mot simple, familier, aimable, que tout le monde emploie sans se poser de questions. En réalité, image s'avère être surtout un joker pour dire tout et n'importe quoi. Selon les cas, il sert à désigner tour à tour une reproduction, une gravure, une photographie, une estampe, un tableau, un dessin, un croquis, une affiche, une étiquette, un vidéogramme, un "visuel", etc. Alors pourquoi parler d'image ? Si c'est d'une peinture qu'il est question, disons peinture; si c'est d'une photographie, disons photographie; et ainsi de suite. Cela règlerait, en partie, le problème, mais en partie seulement, parce que le mot image existe aussi et qu'il est pratiquement impossible d'en établir clairement le sens. Les dictionnaires, pas plus que l'étymologie, ne sont ici d'un quelconque secours.

Il peut être en revanche éclairant de se demander dans quelles circonstances le mot est entré dans le vocabulaire de chacun. Il est clair que son apparition est liée à l'enfance. Image est d'abord un mot de l'enfance. "Les livres d'images de mon enfance, un enfant sage comme une image...". Par ailleurs image reste associé à quelque chose de plaisant, de joyeux : cadeau, surprise, fête...

Mais, très tôt, le petit écolier est contaminé par l'idée de récompense méritée : "Si tu réponds comme il faut, tu auras droit à un bon point; et, contre dix bons points, tu auras droit à une image". Nous entrons ici dans le commerce des images : la transaction, la tractation. L'image comme (première) monnaie d'échange. Un cheval contre une pièce de soie dans un caravansérail à Samarkand.

Je me reporte, une fois encore, à Mon premier livre de lecture. Nous avons appris à lire dans des livres qui comportaient des images. C'est par l'image, qui exerce sur lui un pouvoir de fascination immédiate, que l'enfant est spontanément attiré. La charge émotionnelle qu'elle dégage est première et indépendante du texte imprimé qui l'accompagne.

Ensuite, de l'association de l'image et du texte procède un autre type d'échange : le rapport entre image et langage. La finalité de la transaction est de substituer le texte à l'image. Avec Mon premier livre de lecture on apprenait à nommer ce qu'on devait voir dans l'image, à l'aide d'un questionnaire qui était un véritable interrogatoire.

Le principe mis en oeuvre est celui des vases communicants : au fur et à mesure qu'on explique l'image, on la vide de ce qui faisait d'elle une "vraie image" (John Ashbery). Plus le langage gagne du terrain, plus l'image en perd. Plus on progresse dans l'apprentissage du langage, moins on a recours aux images, qui finissent par disparaître des livres d'étude. Désormais, s'il y a encore des "images", elles ne sont plus là que pour illustrer le texte (par exemple, la reproduction photographique d'un tableau représentant Louis XIV). C'est le statut purement illustratif de "l'image" télé.

Parallèlement, des "images" d'un autre type, qui n'appartiennent qu'au seul langage, font leur apparition. Avec elles on entre dans un commerce virtuel, où on se paie de mots. Une comparaison est une transaction, une métaphore un trafic.

Le mot image, avec son halo de nostalgie, n'en continue pas moins de hanter le langage. Cette nostalgie incluse concerne d'ailleurs moins l'objet perdu que ce qu'il représentait : un objet vide. Vide de langage. La difficulté que nous rencontrons à donner un sens au mot image pourrait tenir, tout simplement, au fait qu'une image n'a, à proprement parler, pas de sens. A cet égard, l'image présente des similitudes avec la tautologie. Elle n'entre dans aucun rapport de représentation ni d'explication à une réalité extérieure à elle. La meilleure définition serait alors : une image est une image.

Le problème, ce n'est pas l'image mais le sens. C'est la manie de vouloir en affubler toute chose et de tenir pour négligeable ce qui en est dépourvu. Cette conjuration du sens (Roland Barthes parlait de l'effraction du sens) traduit sans doute une peur. Pas une peur d'enfant - les enfants ne manquent pas de courage - mais d'adulte. Nous sommes pourtant entourés et "traversés" de choses insensées. Qui dira la sens de rouge, de froid, de corps, de lumière, de coquelicot, etc. ? Nommer ne suffit pas à donner du sens.

Mais est-il bien nécessaire de toujours chercher à le faire ?

A verser au dossier devenir-enfant : suspendre le sens. Retrouver cette innocence nécessaire pour que les images soient autre chose que des stéréotypes visuels ne servant qu'à étayer des discours eux-mêmes stéréotypés.

Post-Scriptum. Quand j'ai écrit Une journée dans le détroit, j'ai demandé à Pascal Quignard d'en relire le manuscrit et de me faire part de ses remarques.

Au chapitre X (Seconde partie sous-titrées Image d'un livre), j'avais écrit : "1948 fut aussi l'année des chromos. On peut supposer que l'usage en fut introduit par les filles, dans la cour de récréation du lycée Regnault. La vignette était posée sur la pierre, le côté blanc dessus, l'image dessous. Avec la main à plat, il s'agissait de faire se retourner le chromo par un simple appel d'air de la paume".

Pascal Quignard me fit observer que 1948 fut aussi l'année de sa naissance.

Pascal Quignard est un imagier. Les contes, les listes, les rêves, les anecdotes, les citations érudites, les légendes, les étymologies savantes qui s'y côtoient incessamment font de ses livres des livres d'images chatoyantes.

L'autre côté est blanc.
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Au lieu de dire « Je vous montre les choses telles qu’elles sont », ne serait-il pas préférable de dire « Je vous montre comment je vois les choses. Mais elles pourraient être montrées d’une quantité d’autres façons ». Autrement dit, ce ne sont pas les choses telles qu’elles sont que je vous montre, mais mon regard tel qu’il est sur des choses que j’ai choisi de vous montrer. Ou encore, l’« objet » que je vous montre, c’est mon regard.
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