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Citation de emmanueljousset


Eté 2007 :

Bord de mer en Bretagne, fin d’après midi

Que m’arrive-t-il, je rêve éveillé, ou c’est bien elle, Evelyne, l’Evelyne de ma jeunesse ? La femme que je croise me semble être celle que j’ai aimée des années auparavant bien longtemps. Je n’ai pas le temps de bien la reconnaître, je la vois dans un flash. Pas vraiment elle d’ailleurs ou si peut-être. Je tourne la tête. Mais elle s’éloigne déjà. La foule du dimanche m’a empêché de la regarder assez longtemps pour la reconnaître après toutes ces années où on ne s’est plus croisés. Je sais qu’elle vient encore ici. Si c’est elle, il faut que je la retrouve, il faut que je la voie. Je sais où elle habite durant l’été.




Le lendemain
Sur le bord de la plage, il est maintenant six heures, je viens de déposer un morceau de papier plié en quatre, fourré dans une enveloppe cachetée portant la mention de la destinatrice du message que je compose. Je ne trouve pas de boite à lettre à la villa où je le laisse. Je ne trouve pas non plus de nom sauf un ruban à la pince Dymo -écrit M. Mme Werner Wertheimer- collé sur le portail. C’est bien la villa. Evelyne s’appelait Lefèvre mais elle a dû se marier avec un teuton. Je dois me contenter de faire tenir cette sorte de bouteille à la mer dans l’embrasure de la porte d’entrée que j’ai franchi une nuit, déjà depuis plus de quarante ans.
Suis-je un pauvre idiot de faire cela, un homme déboussolé parce qu’il a hâte de vivre quelque chose qu’il aurait pu obtenir de longue date ? Un amoureux sur le tard d’une princesse presque soixantenaire ? Un possible prédateur ? Je ne voudrai être rien de tout cela bien sûr mais seulement tenter de rattraper le temps perdu après tant d’années ? Est-ce possible ? En ai-je le droit ? Tenter un coup de poker, car le mot peut tomber en d’autres mains que celles à laquelle il est destiné ? J’ai toujours aimé tenter ma chance dans la vie mais je suis au bord de m’évanouir devant la tension que je ressens, moi l’Idiot, comme on me désigne parfois dans les villas de la côte bretonne, de Perros-Guirec précisément, cent kilomètres à vol d’oiseau de l’autre merveille, c’est aussi son nom, le Mont-St-Michel. Je me suis précipité chez le traiteur pour acheter une crêpe bretonne, la dévorer et faire redescendre tout de go mon âme dans mes chaussettes. C’est bête comme chou, mais je viens de croire au Père Noël.
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