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Citations de Emmanuel Levinas (185)


Ce qui est caressé n'est pas touché à proprement parler. Ce n'est pas le velouté ou la tiédeur de cette main donnée dans le contact que cherche la caresse. C'est cette recherche de la caresse qui en constitue l'essence, par le fait que la caresse ne sait pas ce qu'elle cherche. Ce "ne pas savoir", ce désordonné fondamental en est l'essentiel. Elle est comme un jeu avec quelque chose qui se dérobe, et un jeu absolument sans projet ni plan, non pas avec ce qui peut devenir nôtre et nous, mais avec quelque chose d'autre, toujours autre, toujours inaccessible, toujours à venir. Et la caresse est l'attente de cet avenir pur sans contenu.
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…Tout à l'opposé de la connaissance qui est suppression de l'altérité et qui, dans le "savoir absolu" de Hegel, célèbre "l'identité de l'identique et du non-identique", l'altérité et la dualité ne disparaissent pas dans la relation amoureuse. L'idée d'un amour qui serait une confusion entre deux êtres est une fausse idée romantique. Le pathétique de la relation érotique, c'est le fait d'être deux, et que l'autre y est absolument autre.

Ph. N. – Ce serait le ne-pas-connaître-autrui qui ferait la relation ?

E.L. – Le ne-pas-connaître n'est pas ici à comprendre comme une privation de la connaissance. L'imprévisibilité n'est la forme de l'altérité que relativement à la connaissance. Pour celle-ci, l'autre, c'est essentiellement ce qui est imprévisible. Mais l'altérité, dans l'éros, n'est pas synonyme de l'imprévisibilité. Ce n'est pas comme un raté du savoir que l'amour est amour.
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Reconnaître autrui, c’est donc l’atteindre à travers le monde des choses possédées, mais, simultanément, instaurer, par le don, la communauté et l’universalité.
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4ème de couverture :

L.es essais réunis dans ce volume témoignent d'un judaïsme reçu à partir d'une tradition vivante et alimentée par la réflexion sur des textes sévères plus vivants que la vie. Bibliques et rabbiniques, ces texfes antïques répondent à d'autres problèmes qu'à ceux d'influences littéraires et de dates. ll faut avoir l'oreille aux aguets: tout a, peut-être, ét pensé -- avant que le Moyen Age n'ait recouvert |'Europe.
Au lendemain des exterminations hitlériennes qui ont pu se produire dans une Europe évangélisée depuis plus de quinze siècles, le judaïsme se tourna vers ces sources. Se retrouver juif après les massacres nazis, signifiait prendre à nouveau position à l'égard du christianisme. Mais l'expérience hitlérienne a été pour bien des Juifs le contact fraternel avec des personnes chrétiennes. Devant la montée du tiers-monde, ce souvenir demeure précieux. Il nous rappelle un long voisinage à travers l'histoire, l'existence d'un langage commun et d'une action où nos destins antagonistes se révèlent complémentaires.
Dieu, merci, nous n'allons pas prêcher de suspectes croisades ! Comme si, à ce tiers-monde ravagé par la faim, on devait opposer quelque front; comme si toute la spiritualité de la terre ne tenait pas dans le geste de nourrir. ll s'agit de retrouver, à partir du classicisme des textes, une sagesse faite pour l'Homme et assurant sa liberté. D'où quelques polémiques. Mais d'où, surtout, ouverture sur une exigeante œcuménie. Difficile liberté, car l'auteur se méfie du pathétique qui passe pour signe privilégié d'esprit et de vie. Profondeur, vigueur et noblesse de la pensée, sobriété et élégance du style, caractérisent cet ouvrage très important, livre d'un grand esprit rompu aux plus hautes spéculations philosophiques sans rien perdre de sa pureté et de sa clarté, issues d'Athènes et de Jérusalem.
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Mon orientation vers Autrui ne peut perdre l'avidité du regard qu'en se muant en générosité, incapable d'aborder l'autre les mains vides.
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Ph. N. – Il y a un infini dans l'exigence éthique ?
E.L. – Oui. Elle est exigence de sainteté. À aucun moment, personne ne peut dire : j'ai fait tout mon devoir. Sauf l'hypocrite…
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On peut tout échanger entre êtres sauf l'exister.
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La différence entre objectivité et transcendance va servir d’indication générale à toutes les analyses de ce travail.
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Nous proposons d’appeler religion le lien qui s’établit entre le Même et l’Autre, sans constituer une totalité.
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la relation intersubjective est une relation non symétrique. en ce sens, je suis responsable d'autrui sans attendre la réciproque, dût-il m'en coûter la vie. La réciproque, c'est son affaire.
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La politique s’oppose à la morale, comme la philosophie à la naïveté.
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Le langage est-il transmission et écoute des messages qui seraient pensés indépendamment de cette transmission et de cette écoute ; indépendamment de la communication (même si les pensées ont recours à des langues historiquement constituées et se plient aux conditions négatives de la communication, à la logique, aux principes de l’ordre et de l’universalité) ? Ou, au contraire, le langage
comporterait-il un événement positif et préalable de la communication qui serait approche et contact du prochain et où résiderait le secret de la naissance de la pensée elle-même et de l’énoncé verbal qui la porte ?
Sans tenter d’exposer cette naissance latente, la pré-sente étude a consisté à penser ensemble langage et con-tact, en analysant le contact en dehors des « renseignements » qu’il peut recueillir sur la surface des êtres, en analysant le langage indépendamment de la cohérence et de la vérité des informations transmises – en saisissant en eux l’événement de la proximité. Événement évanescent aussitôt submergé par l’afflux des savoirs et des vérités qui se donnent pour l’essence, c’est-à-dire pour la condition de la possibilité de la proximité. Et n’est-ce pas justice ? L’aveuglement, l’erreur, l’absurdité – peuvent-ils rapprocher ?
Mais la pensée et la vérité peuvent-elles forcer Autrui à entrer dans mon discours, à devenir interlocuteur ? L’évanescence de la proximité dans la vérité est son ambiguïté même, son énigme, c’est-à-dire sa transcendance hors l’intentionnalité.
La proximité n’est pas une intentionnalité. Être auprès de quelque chose n’est pas se l’ouvrir et, ainsi dévoilé, le viser, ni même remplir par l’intuition la « pensée signitive » qui le vise et toujours lui prêter un sens que le sujet porte en soi. Approcher, c’est toucher le prochain, par-delà les données appréhendées à distance dans la connaissance, c’est approcher Autrui. Ce revirement du donné en prochain et de la représentation en contact, du savoir en éthique, est visage et peau humaine. Dans le contact sensoriel ou verbal sommeille la caresse, en elle la proximité signifie : languir après le prochain comme si sa proximité et son voisinage étaient aussi une absence. Non point un éloignement encore susceptible d’être entendu dans l’intentionnalité, mais une absence démesurée qui ne peut même pas se matérialiser – ou s’incarner – en corrélatif d’un entendement, l’infini, et ainsi, dans un sens absolu, invisible, c’est-à-dire hors toute intentionnalité. Le prochain – ce visage et cette peau dans la trace de cette absence et par conséquent dans leur misère de délaissés et leur irrécusable droit sur moi – m’obsède d’une obsession irréductible à la conscience et qui n’a pas commencé dans ma liberté. Suis-je dans mon égoïté de moi autre chose qu’un otage ?
Le contact où j’approche le prochain n’est pas manifestation ni savoir, mais l’événement éthique de la communication que toute transmission de messages suppose, qui instaure l’universalité où mots et propositions vont s’énoncer.
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La trace se dessine et s’efface dans le visage comme l’équivoque d’un dire et module ainsi la modalité même du Transcendant.
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Il y a dans la souffrance […] ce retournement de l’activité du sujet en passivité. Non point dans l’instant de souffrance où, acculé à l’être, je le saisis encore, où je suis encore sujet de la souffrance, mais dans le pleur et le sanglot, vers lesquels la souffrance s’invertit ; là où la souffrance atteint à sa pureté, où il n’y a plus rien entre nous et elle, la suprême responsabilité de cette assomption extrême tourne en suprême irresponsabilité, en enfance. C’est cela le sanglot et par là précisément il annonce la mort. Mourir, c’est revenir à cet état d’irresponsabilité, c’est être la secousse enfantine du sanglot.
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La proximité de l'autre est signifiance du visage. Signifiant d'emblée d'au-delà des formes plastiques qui ne cessent de le recouvrir comme un masque de leur présence dans la perception. Sans cesse il perce ces formes.
(p 44)
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Ce que j'appelle la non-différence du Dire est, dans sa double négation, la différence derrière laquelle rien de commun ne se lève en guise d'entité. Et, ainsi, et rapport et rupture et, ainsi, éveil : éveil de Moi par autrui, de Moi par l'étranger, de Moi par l'apatride, c'est-à-dire par le prochain qui n'est que prochain. Éveil qui n'est ni réflexion sur soi, ni universalisation ; éveil qui signifie une responsabilité pour autrui à nourrir et à vêtir, ma substitution à autrui, mon expiation pour la souffrance et, sans doute, pour la faute d'autrui. Expiation, à moi impartie sans dérobade possible et à laquelle s'exalte, irremplaçable, mon unicité de moi.

Mais dans cette rupture, et cet éveil, et cette expiation, et cette exaltation, se déroule la divine comédie d'une transcendance par-delà les positions ontologiques.
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E.L. – Il y est question de ce que j'appelle l'"il y a". Je ne savais pas qu'Apollinaire avait écrit une œuvre intitulée Il y a. Mais l'expression, chez lui, signifie la joie de ce qui existe, l'abondance, un peu comme le "es gibt" heidegerrien. Au contraire "il y a" pour moi est le phénomène de l'être impersonnel : "il". Ma réflexion sur ce sujet part de souvenirs d'enfance. On dort seul, les grandes personnes continuent la vie; l'enfant ressent le silence de sa chambre à coucher comme "bruissant".

Ph. N. – Un silence bruissant ?

E.L. – Quelque chose qui ressemble à ce que l'on entend quand on approche un coquillage vide de l'oreille, comme si le vide était plein, comme si le silence était un bruit. Quelque chose qu'on peut ressentir aussi quand on pense que même s'il n'y avait rien, le fait qu'"il y a" n'est pas niable. Non qu'il y ait ceci ou cela; mais la scène même de l'être est ouverte : il y a. Dans le vide absolu, qu'on peut imaginer, d'avant la création – il y a.
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"L’amour est caractérisé par une faim essentielle et inextinguible. Serrer la main à un ami, c’est lui dire son amitié, mais la lui dire comme quelque chose d’inexprimable, plus encore, comme quelque chose d’inaccompli, comme un désir permanent. La positivité même de l’amour est dans sa négativité. Le buisson qui alimente la flamme ne se consume pas. Le trouble que l’on éprouve devant l’être aimé ne précède pas seulement la possession, mais se retrouve dans la possession elle-même. Dans le désordonné des caresses il y a l’aveu d’un accès impossible, d’une violence en échec, d’une possession refusée. Il y a aussi le ridicule tragique du simulacre du "manger" dans le baiser et la morsure. Comme si on se trompait sur la nature du désir confondu d’abord avec la faim qui recherche quelque chose et que l’on découvrait alors comme une faim de rien. Autrui est précisément cette dimension sans objet."
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[…] La transcendance de l’Infini par rapport au moi qui en est séparé et qui le pense, mesure […] son infinitude même.
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La conscience de soi est en même temps la conscience de tout.
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