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Critiques de Emmanuel Levinas (42)
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Le message hassidique - Le message de Marti..

Les deux freres Singer, dans leurs respectives memoires (Au tribunal de mon pere et D'un monde qui n'est plus), etaient assez critiques (surtout l'aine, Israel Joshua) de la societe hassidique dans laquelle ils avaient grandi. Je savais que Buber en donnait une image plus positive et j'ai voulu apprehender ses arguments.





Buber analyse historiquement la naissance du hassidisme, cette branche mystico-populaire du judaisme, au 18e siecle, comme une reponse a la grave crise de foi provoquee par le faux messie Sabbetay Tsvi et sa conversion a l'islam. Une reponse qui permet au judaisme de revivre, et qu'il oppose d'un cote a la secte de l'autre faux messie Jakob Frank, et d'un autre a Spinoza, qui represente la remise en question de la croyance juive en Dieu.





Buber magnifie le hassidisme, considerant qu’il porte un message universel “dont le monde a grand besoin aujourd'hui" (c'est ecrit en 1948). Un message de spiritualite et de communaute: “En un siecle par ailleurs peu productif sur le plan religieux – meme en Europe de l’Est – l’obscure communaute juive polonaise et ukrainienne realisa ce qu’il y a de plus grand dans l’histoire de l’esprit, plus grand que tout genie solitaire de l’art et de la pensee : une societe vivant dans sa foi”. Moi je ne vois pas ce que cela a de special. Des societes vivant dans leur foi etaient pratiquement partout la norme par le passe et sont encore nombreuses de nos jours. Mais peut-etre le plaidoyer de Buber tient plus du communautarisme hassidique, qui ne celebrait plus le savoir rabbinique mais mettait tous les hommes, lettres ou ignorants, sur le meme plan, et glorifiait les gestes et les pensees simples de chacun. “A la question « Qu’est-ce qui importe ? » (au sens sacramentel), la reponse est : « Ce dont on est en train de s’occuper »”. “Ainsi, les actions ethiques sont tout naturellement assimilees aux actions religieuses”. Buber cite nombre de formules de rebbes hassidiques pour appuyer ses assertions: “Rabbi Pinhas de Koretz, de la premiere generation des maitres hassidiques, extremement direct dans sa conception et son langage, se contente d’établir une echelle des valeurs. La piete, dit-il, est preferable a l’intelligence, mais l’intelligence et la piete ne valent pas la bonte”. Ou celle-ci, de Rabbi Bounam de Pshiskhe: “L’homme qui est seulement bon est un courtisan ; celui qui est seulement pieux est un voleur ; celui qui est seulement intelligent est un incroyant. Seul celui en qui toutes ces qualites sont reunies est en mesure de servir Dieu integralement”. Et il conclut: “On a fait remarquer avec raison a quel point la reconnaissance hassidique du am haaretz (l'ignorant), jusqu’ici meprise, comme membre de la communaute religieusement egal aux autres, et l’admiration hassidique pour l’homme a la foi simple avaient favorise l’essor du mouvement”.





Tout ca c'est tres joli mais je ne peux m'empecher de penser que le cours du temps a fini par gacher cette idylle, y faisant naitre (ou se devoiler) des contradictions intrinseques: comment est-il possible que cette communaute d'egaux venere un chef qu’elle qualifie de “tsaddik” (=juste), en qui elle voit un saint, qu'elle glorifie et presque idolatre, et dont chaque parole est un conseil qui devient commandement? Comment se fait-il que cette fonction de guide spirituel et ethique soit vite devenue hereditaire? Comment excuser l'explosion en une multitude de cours, de dynasties hassidiques qui se disputent les ouailles (et leurs oboles), se dedaignent, se denigrent, et arrivent a inspirer des fois de reelles batailles rangees? Buber analyse, compare a d'autres communautes religieuses, developpe et commente et glose, sans me donner ne serait-ce que l'amorce d'une explication convaincante. Il ne fait que repeter le sens que donnent les hassidim au tsaddik, a leur “admor" (abbreviation de Adoni Mori = mon seigneur et mon maitre): si traditionnellement c'etait un homme lie a Dieu d’une maniere particuliere et qui, de ce fait, non seulement connaissait ses mysteres mais etait investi des pleins pouvoirs pour agir en son nom, dans le hassidisme, il devient, en plus de tout cela, celui qui conduit la communaute a la place de Dieu, qui remplit la fonction de mediateur entre Dieu et la communaute. Et il ajoute: “Alors que le pretendant messianique est naturellement unique, la « tsaddikité » s’incarne naturellement dans une pluralite d’hommes contemporains les uns des autres, entre lesquels la communaute est pour ainsi dire repartie.” Naturellement? Naturellement on passe d'une communaute d'egaux a de grands hommes qui dominent et se repartissent la communaute? Drole de nature!





Bon, vous avez bien compris: je ne deviendrai pas un adepte du hassidisme. Il est tres probable qu'a ses debuts c’etait ce que Buber encense, mais cela a d'apres moi vite degenere, des que les communautes se sont separees en cours differentes, suivant des lignages differents. Dans certains passages Buber admet que “l’union du domaine ethique et du domaine religieux … se realisa exemplairement dans le hassidisme, bien que pendant une courte periode de floraison seulement”, et aussi que le mouvement etait devenu “vers le milieu du XIXe siecle, une formation spirituellement figee”. C'est ce qu’exprimait deja a cette epoque Y. L. Peretz, malgre son empathie envers les masses populaires des shtetles. C'est ce qu'avaient ressenti, au debut du XXe, les freres Singer. C'est ce que j'avais ressenti a leur lecture, sentiment qui n'a fait que se renforcer apres celle-ci. Et je me dis que ce n'est pas le seul mouvement religieux ou social dont le grand-age a trahi la jeunesse historique, loin de la, mais que c'est toujours triste, pour tous les cas, d'en etre averti.



Et la societe ou nous vivons, ou en est-elle? Ou en sont ses ideaux? Lesquels sommes-nous en train de trahir?

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Ethique et Infini

Éthique et Infini est un livre d'entretiens entre Emmanuel Levinas et Philippe Nemo, qui avaient été enregistrés et diffusés par France Culture. Il esquisse l’œuvre du philosophe en abordant les principaux thèmes développés dans ses publications. Ces échanges m'ont donné envie d'approfondir sa pensée, ils sont pour certains trop bref pour permettre une compréhension réelle ( à moins que je sois pas philo-compatible) ou pour être convaincu par ses démonstrations.
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Totalité et infini : essai sur l'extériorité

Je n’ai pas réussi à achever cette lecture au-delà de la page 90. Ce n’est pas grave. Ça arrive tous les jours, tout le temps. On croise quelqu’un dans la rue, on ne le regarde même pas, on n’imagine pas qu’il puisse avoir quelque chose d’intéressant à nous dire et on continue notre route sans y penser. C’est normal. On n’a pas que ça à faire. Il faudrait passer une vie à rencontrer des gens et à discuter si on ne voulait rien manquer. Et quand il s’agit de manquer un livre, on ne devrait pas trouver ça plus grave que de louper des rencontres.





Moi, j’étais comme une étrangère qui parle mal la langue et qui aurait rencontré Emmanuel Lévinas, gentleman tiré à quatre épingles, s’écoutant parler dans une grammaire et une syntaxe boursouflées de philo. Je n’ai saisi que les idées qui m’ont semblé pas dégueulasses parmi le reste d’incompréhensible. J’ai préféré les petites unités au gros système paralysé. Et je suis partie au milieu de la conversation, plantant là le vieux monsieur aux tempes grises dans son décor précieux de dînettes pendant que des missiles frappaient contre les fenêtres. Oui, ça parle un peu de guerre.





Ce que je retiens de ces 90 premières pages, c’est l’idée du visage. Emmanuel n’a pas inventé l’eau chaude, mais il a inventé une manière de se frotter avec pour s’enlever la crasse. Emmanuel nous dit que le visage, c’est l’Autre, ça ne s’exprime pas. Alors, bien sûr, on trouve ça drôle puis injurieux de voir Emmanuel s’acharner avec de grands mots pour nous faire la causette de ce qui ne peut pas s’exprimer, mais il fallait peut-être en passer par-là. Tout le monde a le droit de porter avec lui ce petit côté shizoïde qui permet de s’envoyer foutre de temps en temps. Ce que j’ai compris de cette théorie du visage c’est que si tu sors de toi-même lorsque tu rencontres le visage de l’autre, c’est normal, il ne faut pas s’inquiéter et il faut être prêt à abandonner toute opinion ou autre idée de cohérence narcissique si le besoin s’en impose. La rencontre avec l’autre, par le biais du visage, préfigure en somme notre rencontre avec le sens de la vie. En plus médiocre. Ici comme là, il faudra se défaire de tout ce qu’on croyait être soi pour connaître l’absolu d’une expérience de l’instant.





Cette idée de visage est bien jolie mais, comme j’en parlais là-haut, Emmanuel ne peut pas s’empêcher d’étendre ensuite cette question à celle de la guerre. Ce n’est pas de sa faute, le livre a été publié dans les années 70 et la question de la guerre armée et frontale était encore légitime. D’une façon un peu idéaliste, Emmanuel affirme que le visage, lorsqu’il surgit dans le contexte de la guerre, devrait nous conduire à baisser les armes. J’ai rêvassé à d’autres choses pendant la suite du développement et je ne sais plus vraiment comment s’est démerdé Emmanuel pour se justifier. Peut-être voulait-il dire que cela ne se produisait jamais, en fait, l’illumination du visage juste avant de tuer le mec ; peut-être voulait-il dire qu’en cas de guerre, tout le monde abandonne son visage (son soi) ou se force à ne pas le reconnaître sur son adversaire supposé. Une forme d’aliénation empêcherait alors que la rencontre véritable ne se produise. Dans la vie quotidienne, nous poursuivons aussi des guerres frontales moins manifestes, aux conséquences sociales cependant comparables.





Il faut s’en doute s’être tapé Heidegger, Hegel et Husserl pour comprendre tout ça. J’y reviendrais peut-être plus tard, ou jamais si mort s’en suit.

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Le Visage de l'autre

Ce livre, qui initie à la philosophie de Levinas à partir d'un thème (celui du visage et de l'altérité) est un petit bijou : d'abord parce qu'à partir de phrases courtes il permet d'aborder une pensée passionnante bien qu'assez hermétique pour qui n'est pas philosophe émérite, d'autre part parce qu'il est magnifiquement illustré par Martin tom Dieck (dessins qu'on ne peut malheureusement pas ajouter aux citations), et qu'enfin il est introduit par un texte de Jacques Bonniot de Ruisselet qui nous présente avec concision et clarté l'essentiel de la pensée de ce grand philosophe. Sorte de café-philo pour adultes ce livre incite à la réflexion et à la méditation dans une ouverture spirituelle au monde, aux autres et finalement à nous-mêmes.

Levinas pour les nuls...Trop bien !
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Difficile liberté

Les penseurs catholiques veulent souvent montrer que la foi et la raison scientifique ne sont pas incompatibles. Le penseur juif Lévinas, lui, montre que le judaïsme est un combat humaniste pour la liberté, pas une foi donnée une fois pour toutes, mais une incessante et difficile quête de la vérité de soi.
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En découvrant l'existence avec Husserl et Hei..

Levinas présente une synthèse d'une clarté stupéfiante sur la phénoménologie de Husserl (70 pages) et celle de Heidegger (40 pages).



Husserl cherche à fonder une science unique dont les principes permettraient à toutes les autres de se définir. Il part du Cogito cartésien pour cela mais ne cherche pas tant à déterminer en quoi il permet de fonder des vérités définitives que des vérités tout court, et l'intentionnalité qui en émane, en créant un lien entre le "dehors" et le "dedans", ancre l'esprit dans le monde. Pour autant, l'esprit reste, chez Husserl, en tant qu'entité ultime qui anime l'être et produit l'intentionnalité, une monade capable s'isoler ultimement du monde ; là est la liberté, qui est le seul savoir que l'on puisse avoir, le savoir de soi.



Heidegger reprend la philosophie de Platon et y insère la notion moderne de sujet pour tenter de déterminer ce qu'est ce qui fait que l'on l'est (ce qu'est l'être de l'étant ; l'étant étant ce que nous sommes et son être le fait que nous soyons). L'être déjà là, l'être là, le Dasein, l'être au monde, est en connexion permanente avec le monde, il n'est pas tant "dans" le monde qu'il fait partie du monde ; il ne peut s'en détacher, s'en extraire. Son mode "quotidien" est cette fusion dans le monde où ce qui l'entoure n'est que l'extension de soi. Quand surgit l'angoisse, par souci de soi, l'être se pense alors comme isolé sur un fond de monde et là naît la distance d'avec les choses autour de soi, l'existence authentique, qui mène à former un projet. L'être n'a pas des possibilités, il "est" ses possibilités ; et ses modes d'être sont liés à ses émotions qui entrent dans la constitution de la connaissance.



Lévinas note alors que la phénoménologie de Husserl n'est pas encore une philosophie, plutôt une méthode ; et que l'existentialisme de Heidegger, bien qu'il refuse ce terme car il prétend s'intéresser davantage à l'ontologie qu'à l'existence, serait indépassable et seulement thématisable par sa très grande intuitivité. Néanmoins, la phénoménologie dévie fortement de l'idée de conscience de l'ère classique en rendant tout élément entrant dans l'établissement de la connaissance positive. L'émotion est positive, l'évidence est positive, etc. Plus rien n'est "opaque", ne manque de "clarté", etc. Il reproche également à Heidegger d'avoir proposé une philosophie de la conscience qui soit une philosophie sans raison.
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Quelques reflexions sur la philosophie de l..

Si l'hitlérisme était le fils d'une famille philosophique alors les parents seraient sûrement en train de se demander « Où est-ce qu'on a merdé ? ». Enfin c'est ce que je crois.



1934. Emmanuel Levinas fait aussi facilement la généalogie de l'hitlérisme, qu'il brandit les principes de sa famille de pensée, la civilisation européenne. En 10 petites pages cet article de Levinas est lourd de sens. (voir le lien plus bas pour retrouver le texte sur internet).



La civilisation européenne, c'est le « leit-motiv judéo-chrétien de la liberté » qu'on retrouve dans « l'ordre nouveau qui triomphe en déchirant les couches profondes de l'existence naturelle », dans le pouvoir du renouvellement de l'âme « comme une nature nouménale » (kantienne), dans le « sentiment d'une raison exorcisant la matière physique, psychologique et sociale », dans « la dualité d'un esprit libre se débattant contre le corps auquel il aurait été enchaîné », dans « la propagation d'une idée créant ainsi une communauté de maîtres ».

« Convertir et persuader », tel est le maître-mot.



L'hitlérisme, c'est « un réveil des sentiments élémentaires », « la nostalgie secrète de l'âme allemande », accepter « l'enchaînement originel inéluctable » du Moi au corps, établir « une société à base consanguine », « inventer » la race dans « l'idéal germanique de l'homme », puis étendre cette force nationale et réaliser « l'unité d'un monde de maîtres et d'esclaves. ».

« Guerre et conquête », tel est le maître-mot.



La dualité est si totale qu'elle s'exprime dans le même vocabulaire, mais elle ignore la transition qu'elle manifeste pourtant quelque part.

En 1934, le marxisme s'est déjà invité dans la civilisation européenne. Mais son origine n'est pas du tout mystérieuse puisqu'elle manifeste violemment « l'opposition des civilisations bourgeoise et prolétarienne ». La philosophie de Nietzsche, avec sa célèbre maxime « Dieu est mort », manifeste peut-être la transition vers « un monde nouveau » en tous les cas c'est bien le sentiment de Levinas même s'il y a une confusion sur le sens de cette transition : « Zarathoustra ne se contente pas de sa transfiguration, il descend de sa montagne et apporte un évangile ». Levinas ignore également le message de l'homme sceptique ou celui « qui ne se compromet définitivement avec aucune vérité » l'accusant de manquer de sincérité, ce « qui met fin à tout héroïsme » et entraîne la civilisation vers le « succédané mis au service des intérêts et de la mode ». En ignorant le message de l'homme qui a choisi de « ne pas s'enchaîner à une vérité », Levinas ignore que la civilisation qu'il décrit négativement est d'abord le produit du « libéralisme » dans sa version économique. Transi d'idéalisme, il ignore les conséquences d'un universalisme abstrait, la cruauté contenue dans l'impératif catégorique kantien, et avant dans l'histoire, la violence du mot « convertir ».



Mais l'auteur est parfaitement conscient des conséquences « effroyables » du racisme érigé en philosophie et de la mystique nationaliste qui lui donne sa force.



2015. Il y a un avant et un après Auschwitz, c'est évident. Il y a en particulier une philosophie de l'existence chez Levinas, assez profonde pour inspirer Corine Pelluchon comme point de départ de son livre « Les nourritures. Philosophie du corps politique »

Je découvre en effet Levinas à travers ce livre qui adresse les enjeux globaux écologiques, mais les nuances de l'auteure m'interpellent.

« Contrairement à Levinas, nous ne pensons pas que le passage du rapport à soi au rapport à l'autre et aux autres, du plan de la jouissance à celui de l'éthique, constitue une rupture. ».

Les réflexions de Levinas en 1934 étaient un petit détour de lecture mais qui rappellent malheureusement la permanence de son idéalisme de la rupture avec « les couches profondes de l'existence naturelle ».

Corine Pelluchon, tout en se nourrissant de la philosophie de Levinas du "vivre de", rappelle néanmoins que ce dernier « n'en a pas tiré les conséquences politiques ». C'est d'ailleurs bien cette question qu'elle entend prendre à bras le corps. Or les réflexions de 1934 sur l'hitlérisme laissent également de côté la question politique pourtant cruciale, tant la nation constitue en puissance le creuset pour inventer cette identité raciale de l'hitlérisme et la force concrète pour la déployer.

Ce désintérêt constant de la politique semble être le pendant d'un certain idéalisme également constant de Levinas, du moins ce sont les premières hypothèses de ce début enquête.
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Heidegger, Gargarine et nous

Ce court texte d'Emmanuel Levinas peut se présenter comme une critique du mouvement antimoderniste, et, plus particulièrement, d'un de ses représentants, à savoir Heidegger ( d'où le titre ).

Emmanuel Levinas y affirme sa confiance en la technologie, et sans partager toutes ces idées, je pense qu'il s'agit là d'un texte qui nous fait réfléchir-ce qui est déjà pas mal.

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Totalité et infini : essai sur l'extériorité

l'autre, ce fameux autre sans lequel un moi aurait du mal à se déployer, un je figurant un autre ? Laisser ceci à Arthur. Grosso modo, établir un petit mot sur un tel ouvrage, représente une entreprise risquée et un tantinet puéril.Sans aller jusqu'au témoignage de mauvais goût, puisqu'il figure de bon ton, ici, sur un tel site, de rendre compte d'une appréciation histoire de faire connaître à un...autre...un autre ce qu'un...autre, encore un autre, une autre, même chose, houlà, compliqué tout ça..Faut suivre bordel ! Juste suivre, faire un petit effort. Reprendre: je reprend. Moi, sans toi lecteur, je n'existe pas. Toi, sans moi, tu n'existe pas. Non. Nous, sans nous, nous ...nous quoi ?...Bah, on l'a dans l'os pardi...dans l'os.Ensemble, nous nous transcendons, atteignons à la transcendance. L'autre me permettra s'il ne m'ignore pas, comme aujourd'hui,( époque où chacun aime bien en nier un autre et ne s'adresser qu'à des gens jouissant d'un passe-droit chez lui, l'autre, oust ! du balai ! ailleurs ! va mendier ailleurs ! de l'air !) Pas de présence de cet autre, un autre, un étranger qui, selon Lévinas, représenterai à travers sa présence, une possibilité de transcendance: l'altérité même. Ceci, d'après un rapport lié au visage. D'où une fameuse phrase de Baudrillard: le regard de l'autre m'oblige...m'oblige à quoi ? A compléter. Ne pas le tuer ? Baisser le mien ? Le regarder pardi, le prendre en considération. Là, invitation à parcourir les belles pages sur la visagéïté de Lévinas. Oui, on peut parler de belles pages en philosophie. Au fond, sans nous, il n'y a pas de toi, sans toi, il n'y a pas de moi, sans moi, il n'y a pas de nous ainsi de suite. Tel une elliptique du langage, tous dépendrons jusqu'à complète disparition de la vie sur notre planète(aux dernières nouvelles, il fera près de 300 degrés d'ici un milliards et demi d'années, ça laisse rêveur autant de connaissance, la Méditerranée aura disparue, mais je m'égare). Tout ça pour écrire qu'avant ces temps lointains, longtemps avant, un jour, un homme, philosophe de ses états, vers 1940, un ex-élève d'Edmond Husserl, créateur d'un courant philosophique nommé la phénoménologie, un ex-élève, également inspiré par la phénoménologie, écrira un livre sur l'altérité. Livre aujourd'hui, appréciable à lire. Début ardu, après, cela va mieux. Pas obligé de tout lire. L'auteur de ces lignes n'a pas encore tout lu. Ici, j'en profite pour signaler une chose: il n'y a aucune obligation à lire intégralement un ouvrage de philosophie. Mieux vaudra lire doucement un peu et y réfléchir, confronté ce que l'on a compris en l'introduisant dans son rapport au monde (la philosophie parle de problèmes quotidiens, y faut juste faire un effort pour commencer à le deviner, après, plus on comprendra, plus on mesura l'importance d'un philosophe) . Et Lévinas représente une des derniers philosophe de la moralité. Un moraliste des hauts plateaux. Il nous propose une sorte d'eschatologie de la paix. Suffit, place au maître, avec totalité et infini, vous avez entre les mains un grand texte de philosophie. L'auteur de ces lignes se rend compte à quel point il n'en parle pas en grand spécialiste, mais bien se rappeler, règle d'or en philosophie, spécialiste, pas spécialiste, rien ne vaudra jamais une lecture directe, sans passer par la digestion d'un autre.
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Ethique et Infini

"La force de Levinas, contrairement à ce qu’on pense souvent, n’est pas de mettre le rapport à autrui dans un au-delà inaccessible, dans une philosophie de la transcendance mais plutôt dans le quotidien. Il interprète des formules de tous les jours comme le « Bonjour », « Après vous », cela résume toute sa philosophie : passer après l’autre… Ou bien la rencontre d’un visage, il dit : quand je croise un visage humain je ne peux pas m’empêcher de me demander ce qu’il va me demander ou me dire. D’une certaine manière, c’est une philosophie qui retrouve tout cela à travers un travail critique, d’ouverture, mais en même c’est dans notre vie tous les jours... "

Frédéric Worms
Lien : https://www.franceculture.fr..
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Ethique et Infini

La philosophie est une science que je ne maîtrise pas. Je l'avoue. Et je pensais à défaut que la philosophie était athée. Ce qui d'après Levinas ne semble pas être tout à fait le cas. La philosophie nous interroge sur nous-même, sa nature, son sens. "Où en sommes-nous, interroge-t-il ? Levinas disserte sur le philosophe Martin Heidegger et son oeuvre 'L'Être et le Temps". Le temps est une notion qui m'intéresse. C'est une piste à explorer. Je vais donc poursuivre mon expédition dans les arcanes de la philosophie métaphysique.
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A l'heure des nations

Le lecteur qui (comme moi) a du mal à aborder les grands traités philosophiques d'Emmanuel Levinas sera peut-être plus à l'aise quand l'auteur confronte sa pensée au texte talmudique ou la concentre en de brefs articles sur des sujets extérieurs à son système propre de pensée (judaïsme et christianisme, la Bible et les Grecs, l'amitié judéo-chrétienne, etc). Tout ce recueil, lectures talmudiques, articles et entretiens, est consacré à la relation entre Israël, le peuple juif, et les "soixante-dix" nations, nombre traditionnel qui leur est associé. Le lecteur curieux d'approfondir la notion d'élection, celle de la mission propre du peuple juif et celle des nations, et autres questions tellement déformées, tellement caricaturées par la mauvaise foi, l'ignorance et le refus de savoir, s'instruira et, on peut l'espérer, sortira libéré des préjugés et plus savant.
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Autrement qu'être ou Au-delà de l'essence

Opposant être et sujet, sujet à sujet, temps à mémoire, espace et transparence, le philosophe de l'un-pour-l'autre revisite la phénoménologie en un vertigineux tour d'horizon qui est aussi un tour de force. Sans ériger de système, avec la modestie d'un discours original qui sape les concepts les plus glorieusement établis depuis l'aube de la philosophie occidentale, Autrement qu'être ambitionne rien moins que de nous découvrir ce qui se passe avant que tout arrive, autre chose que le monde qui vient à exister, et ce que signifier veut dire. Emmanuel Levinas indique allusivement que le fugitif objet de sa recherche pourrait évoquer l'Un des pré-socratiques, le Bien, source de lumière platonicienne, ou l'éternel défi du scepticisme à la pensée triomphale. Au bord des gouffres de l'indicible, réhabilitant la sensibilité qui m'assujettit, il identifie l'autre dans sa proximité, qui, sans se perdre en moi-même, requiert la substitution, l'autre qui m'accuse comme le clair-obscur accuse les traits d'un visage. Assez miraculeusement, à partir de cet impalpable "au-delà de l'essence", Levinas recrée le panorama des notions universelles, touche à tout ce qui se dit et remet en question l'idée même de sens. La conclusion en choral fugué reprend les thèmes et, réfutant toute utopie, résout l'altérité des proches dans une harmonie politique fondamentale, toujours encore à construire.
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Ethique et Infini

Dialogue instructif dans lequel le philosophe Philippe Nemo interroge Emmanuel Levinas sur le sens de sa philosophie. Passionnant!
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Ethique et Infini

:E.L.– Le "Tu ne tueras point" est la première parole du visage. Or c'est un ordre. Il y a dans l'apparition du visage un commandement, comme si un maître me parlait. Pourtant, en même temps, le visage d'autrui est dénué ; c'est le pauvre pour lequel je peux tout et à qui je dois tout. Et moi, qui que je sois, mais en tant que première personne, je suis celui qui se trouve des ressources pour répondre à l'appel.



Ph. N. – On a envie de vous dire : oui, dans certains cas… Mais dans d'autres au contraire, la rencontre d'autrui se fait sur le mode de la violence, de la haine et du dédain.



E.L. – Certes. Mais je pense que quelle que soit la motivation qui explique cette inversion, l'analyse du visage telle que je viens de la faire, avec la maîtrise d'autrui et sa pauvreté, avec ma soumission et ma richesse, est première. Elle est le présupposé de toutes les relations humaines. S'il n'y avait pas cela, nous ne dirions même pas, devant une porte ouverte : "Après vous, Monsieur !" C'est un "Après vous, Monsieur !" originel que j'ai essayé de décrire."



Or cet "Après vous !" a une très forte parenté avec l'exigence jankélévitchienne : Un Toi est un Moi sans devoirs, un Moi est un Toi sans droits. Dans l'autre partie, celle sur la responsabilité, Lévinas revient sur cette impérieuse demande, et ce don d'emblée et sans condition, un donner impératif :

(…)
Lien : http://vitanova.blogspot.com..
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De l'existence à l'existant

Levinas a accompagné des grands moments de la philosophie française : dans les années 30 quand il arrive il apporte avec lui la phénoménologie mais aussi la question de l'existence, la question du rapport de la conscience au monde et finalement il est le contemporain immédiat de Sartre avec qui il partage l'essentiel ; dans les années 60-70, par sa théorie de la différence il accompagne la critique de la métaphysique qui devient dominante en France mais vraiment c'est quand la question morale revient par-delà la critique retrouver un fondement de la morale qu'il devient absolument central.

Frédéric Worms

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Ethique et Infini

Ce livre court est la transcription d'un entretien entre Philippe Nemo, producteur à France Culture, et le philosophe. La discussion commence par des points de biographie de Levinas, les premiers livres qu'il a lus, puis sa découvertes de la philosophie, et le début de ses études. Puis peu à peu, en écoutant Nemo interroger le philosophe sur les livres qu'il a produits, on en vient à rentrer dans sa pensée. Même si les concepts volent haut, on arrive à suivre le cheminement... C'est un livre idéal pour débuter sa connaissance de Levinas, et qui pourra donner à tel ou tel l'envie de se pencher par la suite dans un autre de ses livres.
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Ethique et Infini

Un petit livre constitué d'entretiens pour France-Culture, la porte d'entrée parfaite vers le travail d'Emmanuel Levinas lorsque l'on est novice. La forme parlée, souvent plus simple, rend le propos lumineux. Dix courts chapitres pour aborder solitude, amour, responsabilité, liberté, visage, religion...

Le visage et la relation à l'autre m'ont particulièrement marquée.

Un ouvrage à lire, relire, feuilleter, annoter... Riche.
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Totalité et infini : essai sur l'extériorité

Peut-on échapper à la totalité ? C'est-à-dire : peut-on échapper à l'histoire et au règne du Même ? Peut-on, finalement, aller par-delà l'ontologie ? Le visage, lui, ne se laisse pas totaliser : la transcendance qu'opère le visage d'autrui n'est pas une transcendance intentionnelle, au sens de l'intentionnalité égologique husserlienne, mais "constitue" le sens même de la relation métaphysique. Cette relation, ce n'est ni plus ni moins que la quête d'un Autre, qui ne se laisserait pas totaliser par rapport au Même, ne serait-ce que la forme d'une subsomption du multiple encore totalisante, mais qui se révèlerait, radicalement, comme altérité. Par là, autrui révèle l'infini. Cet infini, qu'est-ce ? Extériorité hors de la totalité, d'abord, instigateur d'une distance du présent caractérisant la conscience, ensuite, aventure temporelle, enfin. Ici, autrui institue le langage : et c'est par le langage que toute la transcendance est possible. Le langage, avant d'être un acte noétique, est acte éthique. Ma liberté égoïste et ma jouissance, qui caractérisaient l'égologie, ne sont pas ici niées par l'extériorité d'autrui : bien au contraire, car il n'y a pas totalisation. Ici, la métaphysique rencontre une éthique, la phénoménologie change de plan. La responsabilité devient infinie, ou tout du moins s'accroit vers l'infini. L'attention portée à Heidegger est évidente : contre, mais aussi avec lui, Levinas proposera sa critique et, sans le dire, proposera la réponse à la question du lien entre Heidegger et le totalitarisme. Quant à la haine, elle serait absurdité : désir de la souffrance d'autrui, c'est-à-dire abolition de la distance qu'il entretient avec le présent, désir de l'objectiver tout en le gardant sujet, pour qu'il puisse comprendre sa propre souffrance.
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Humanisme de l'autre homme

La pensée de Levinas m'échappe comme m'échappe le visage de l'autre homme, ce dehors qui bouscule le dedans, cette présence qui me rend, sans que j'en prenne conscience, responsable d'elle. Quelque chose précède l'être, semble dire Levinas, un donné, un placé devant, un avant. Qu'est-ce que cela signifie? Je me suis perdu dans les mots du philosophe. Seul reste, ineffaçable et étrange, le visage de l'autre homme, source de toute éthique, de tout sentiment humain; de tout être?
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