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Citations de Emmanuel Roudier (17)


Et déjà le monde était vaste dans l'intelligence des Oulhamr. Ils connaissaient la marche du soleil et de la lune, le cycle de la lumière suivant les ténèbres, de la saison froide alternant avec la saison chaude ; la route des rivières et des fleuves ; la forme, les habitudes et la force des bêtes innombrables ; la croissance des arbres et des herbes, l'art de façonner l'épieu, la hache, la massue, le grattoir, et de s'en servir ; la course du vent et des nuages ; le caprice de la pluie et la férocité de la foudre...
Enfin, ils connaissaient le feu, la plus terrible et la plus douce des choses vivantes.
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- Tu as perdu la tête, Laghou ! Maabh a raison ! Cette tâche n'est pas pour toi ! Tu n'es pas un chasseur, tu vas te faire tuer !!
- C'est ce qu'on verra ! Mulghar m'aidera ! Kozamh m'aidera !
- Mais tu n'as pas besoin de mettre ta vie en danger pour prouver à tes frères que tu peux chasser ! Ils s'en moquent ! Et nous autres, nous reconnaissons tous tes dons exceptionnels ! Laghou, une telle aventure n'est pas pour toi, ainsi en ont décidés les esprits ! Ici, tu as ta part des repas et . . .
- Tai-toi ! Tu ne comprends rien ! Il y a . . . il y a cette force puissante dans ma poitrine qui me pousse en avant ! Est-ce le souffle des esprits ? Est-ce le sang de mes ancêtres qui m'exhorte sans relâche à recouvrer leur prestige ? Je ne sais pas mais . . . Tous ici vous respectez mon adresse pour tailler la pierre et le bois . . . Est-ce bien assez ? Combien de fois ai-je entendu Maabh se lamenter que jamais une femme ne voudrait d'un homme comme moi, qui ne pourrait être son pourvoyeur ?
- C'est faux ! Tu sais que lorsque les femmes comparent le prestige des hommes, la générosité et le talent comptent autant que la bravoure ! Laghou, si nous n'étions pas du même clan . . .
- Mais nous sommes du même clan, Kushti . . . Je vais partir sans tarder. Je ne voudrais pas croiser mes frères. J'ai une longue marche à faire.
- Tu seras seul, comme un loup loin de sa meute . . .
- Je ne serai pas seul. Mulghar, Kozamh, tous mes ancêtres et les esprits corbeaux marcheront avec moi.
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La guerre est semblable au feu, lorsqu'elle se prolonge elle met en péril ceux qui l'on provoquée.
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Les mammouths ne songeaient pas à la poursuite : une fois de plus ils avaient donné la mesure de leur puissance, une fois de plus ils se connaissaient les maîtres de la terre.
Et Naoh, comparant les bêtes souveraines à Nam et à Gaw, les bras grêles, les jambes minces, les torses étroits, aux pieds rudes comme des chênes, aux corps hauts comme des rochers, concevait la petitesse et la fragilité de l'homme, l'humble vie errante qu'il était sur la face des steppes.
Il songeait aussi aux lions jaunes, aux lions géants et aux tigres qu'il rencontrerait dans la forêt prochaine, et sous la griffe desquels l'homme ou le cerf élaphe sont aussi faibles qu'un ramier dans les serres d'un aigle.
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Fais attention, Laghou. Les esprits de la vengeance ne sont pas ceux de la justice. ne te trompe pas d'alliés ; ils pourraient te mener sur des pistes trompeuses.
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Un jour Cheval-Cabré se réveillera et se trouvera vieux et seul! Et alors il verra que toutes les femmes sont belles, lorsqu'elles sont jeunes et vigoureuses!
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On voit bien que, malgré ta grande sagesse, tu es encore un gamin. Tu sauras en vieillissant qu'il est très important de discerner clairement dans son coeur toutes les flammes qui nous animent... et toutes les ombres qu'elles projettent.
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{ 2ème partie.}
Pendant ce temps, Faudraug avait installé un petit abri à l'orée d'une forêt, au cœur d'une vaste plaine enneigée. Là, comme il l'avait promis, il attendait le retour hypothétique de Cheval-Cabré.
Ses journées, il les passait à chasser, à pêcher, à rêvasser, à fabriquer divers outils. . . Bien qu'étant d'un naturel ombrageux, Faudraug n'avait pas un goût particulier pour la solitude, et à vrai dire, il commençait à trouver le temps long.
Il avait bien du affronter quelques danger, car un homme isolé est une proie convoitée. Mais Faudraug était un homme-ours redoutable, maître du feu et du lourd épieu et avec dans ses mains urkhomoraug, sa massue ensorcelée, aucun prédateurs n'avaient insisté bien longtemps dans l'idée de dévorer ses cuisses épaisses ou ses chaudes entrailles.
Mais des surprises attendaient Faudraug, que le grand ours lui réservait.
- Hé ! Des barrissements ! Peut-être que Cheval-Cabré est enfin de retour avec les mammouths !
[ Des chasseurs abattent un mammouth. ]
- Alors ça ! Faudraug n'imaginait pas que les rejetons de Montharoumone pouvaient chasser des mammouths ! Ils sont fous ! En tous cas, pas trace de Cheval-Cabré parmi eux, peut-être l'ont-ils vu ? Si Faudraug leur demandait. . . Non. . . prudence ! On ne parle pas leur langage, et ils pourraient croire que Faudraug est l'éclaireur d'une tribu venue disputer leur proie ! Mmm. . . on verra plus tard. Faudraug suivra leur piste comme le loup, et il découvrira leur camp bien assez tôt.
- ? [ Faudraug découvre des traces dans la neige menant à son abri. ]
- Qu'est-ce que tu fouines dans ma hutte, fille longue ? !
- Xxxxxxx ! ( langue inconnue de la fille longue )
- Quoi ?
- Xxxxxxx !!!
- Mouais. . . cesse de baragouiner, Faudraug ne comprend rien à ce que tu racontes !
- La fille longue, qu'est-ce qu'elle cherche ici ?
- ?
- La fille longue. . . elle connait les chasseurs de mammouths ?
- Xxxxxxx. . . Xxxxxxx. . .
- Oui, bon, ça va !
[ Elle sort de la hutte et s'en va. ]
- Attends !
- Euh... manger ?
[ Gestes d'invitation, sourire timide. ]
[ Ils mangent ensemble. ]
- Xxxxxxx.
[ La nuit, Faudraug veille la fille longue, dormant dans sa hutte. ]
- Eh bien ! Par les griffes du grand ours, voilà une jeune femme étrange. Ils sont bizarres ces hommes longs avec leurs visages de bébés. . . Qu'est-ce qu'elle fait là, hein ? Qu'est-ce qu'elle fait loin de ceux de sa tribu ? Pourquoi est-ce qu'elle a l'air d'avoir peur comme ça ?
- Heh ! En tous cas, elle n'a pas l'air tellement effrayée par Faudraug. Tant mieux, tant mieux ! C'est peut-être les chasseurs de mammouths qui lui font peur ? Il faut vraiment qu'elle ait la frousse pour se jeter comme ça dans la gueule du loup, avec juste un petit couteau.
- Mmm. . . de toutes façons, elle n'a rien à craindre ! Elle est bien trop maigre et bien trop grande. Sinon Faudraug ne dit pas. . . il aurait bien respiré sa peau et ses cheveux, et pris ses fesses ! Mais regarde-moi ça : elles sont si petites, on dirait des fesses de gamines ! Quel homme sensé voudrait coucher avec une femme dont on doit sentir les os ?
- On verra ça demain. Cette nuit, mieux vaut dormir d'un œil. D'ici que ceux de sa tribu soient à sa recherche. . . ils pourraient bien croire que Faudraug l'a enlevée !
Le lendemain.
[ Ils sortent de la hutte. ]
- Non, non ! On ne part pas ! Sang d'Ao, arrête de t'agiter comme ça ! Il n'y a rien à craindre ! Ne t'inquiète pas, Faudraug surveille. Il part juste relever des collets ! Non, pas par là ! On ne part pas ! Faudraug attend ici un homme long ! Il va revenir bientôt et il pourra causer avec toi.
- D'ailleurs ce sera pas mal qu'il n'attende pas le dégel pour montrer son museau, celui-là !
- Tiens donc ! Que voici-que voilà ? D'autres traces ! Mal camouflées.
[ Un éclaireur passe au loin. ]
[ La nuit suivante, dans la hutte. ]
- Xxxxxxx ?
- Chut. Des gens approchent !
[ Faudraug sort rapidement et se cache sur un arbre ]
[ Sept hommes de la tribu de la fille longue arrivent ]
- X xxxxxx !
[ Elle sort et essaie de fuir. Un combat s'engage ]
- Cours, fille longue ! Fuis !
[ Bientôt, Faudraug, gravement blessé, et la fille longue sont emmenés au camp des chasseurs de mammouths. ]
[ Dans la hutte de la femme chef. ]
- Allons ! Tout ceci est pure folie ! Et où Aurochs-Rouge comptait-elle aller ? Elle ne pouvait pas sérieusement penser demeurer aux côtés de ce. . . gnome ? Par la force, il semblait bien surpasser nos meilleurs chasseurs. Mais il était d'aspect si laid et si grotesque qu'il ne pouvait être que vicieux et cruel.
- Aurochs-Rouge a passé deux jours avec cet homme étrange, Sveltéchine ! Et il lui a bien semblé, au contraire, qu'il n'était ni cruel, ni vicieux ! Bien moins que toi, en tous cas, ma propre mère, prête à envoyer Aurochs-Rouge dans les terres de brumes pour apaiser les esprits !
- Quelle insolence ! Comment Aurochs-Rouge ose-t-elle parler ainsi devant la voix des ancêtres de son clan ? !
- Sveltéchine, et toi, Panthère-Pâle, mon époux, vous avez pris Aurochs-Rouge pour une idiote ! Mais sa pensée est rapide comme le vol d'un faucon et voit loin comme l'œil d'un aigle ! Croyez-vous qu'elle n'avait pas compris ? Qui allait pouvoir apaiser Montharoumone comme le veulent les rites, après qu'un septième mammouth a été tué ?
- Qui, sinon Aurochs-Rouge, dont tous ici se méfient car son esprit est vif, et dont Sveltéchine et Panthère-Pâle déplorent l'absence d'enfants ? Pensez-vous vraiment qu'Aurochs-Rouge n'a pas vu vos regards et entendu les paroles que vous croyez secrètes ?
- Sveltéchine pense qu'Aurochs-Rouge a irrité les esprits et qu'elle porte-malheur, et ne veut pas admettre que sa fille aînée puisse être encore sans descendance ! Quant à Panthère-Pâle, se passe-t-il un jour sans qu'il ne couve mes cinq sœurs de regards brûlants de convoitises ? !
- Oui ! Il valait mieux m'exiler au cœur des plaines froides que partir pour les terres de brumes par les propres mains et la perfidie de ma mère et de mon époux !
- Mais par l'aide des esprits, Aurochs-Rouge a trouvé la hutte de cet homme étrange ! Un gnome, dis-tu ? Pour autant qu'elle puisse en juger, il semble plus humain que toi, mère !
- Voici des mots bien amers et cruels ! Xâar l'esprit des glaces t'a vraiment rendue folle ma fille ! Un septième mammouth a été tué, cela est juste, mais nulle autre que la grande aurochs Astrathani ne peut décider qui doit donner sa vie pour apaiser Montharoumone ! Personne, pas même Sveltéchine, ne peut choisir qui aura l'honneur de donner sa vie pour le clan !
- Car c'est bien d'un honneur qu'il s'agit, ce qu'Aurochs-Rouge semble oublier ! C'est la raison pour laquelle, quand bien même tu aurais été choisie par Atrathani, tu aurais dû te réjouir de ce grand sacrifice, l'occasion de pouvoir enfin te rendre utile au clan au lieu de maugréer des reproches injustes et de chercher à fuir !
- Mais ne savons nous pas que ce sont l'orgueil et l'égoïsme d'Aurochs-Rouge qui retiennent mes enfants dans son ventre ? ! De toutes façons, ces récriminations n'ont plus aucune raison d'être ! Aurochs-Rouge aura bientôt ce qu'elle voulait : l'union entre elle et Panthère-Pâle sera bientôt déliée.
- Quant à la vie qui sera offerte à Montharoumone, la grande aurochs a déjà choisi : le gnome, qui par sa force et sa rapidité a prouvé sa grande valeur, sera sacrifié au lever de la lune.
- Quoi ? Et Panthère-Pâle ose appeler cela le choix dAtrathani ? Quelle mascarade ! Ainsi vous n'avez pas ramené cet homme ici pour le soigner et tenter de savoir qui il est, mais pour lui voler sa force et vous venger lâchement des blessures qu'il vous a infligées pour me défendre, seul contre sept, à votre grande honte !
- En voilà assez Aurochs-Rouge ! Le clan a enduré assez de ton insolence ! Le gnome a attaqué nos chasseurs ! Par ta faute, trois d'entre eux sont aujourd'hui entre la vie et la mort, attendant dans l'entre-monde la décision funèbre de Mordagg à leur égard ! Trois chasseurs qui risquent en ce moment de partir pour les terres de brumes, parce qu'ils ont tenté de te retrouver et de te ramener saine et sauve !
- A compter de cet instant, la parole d'Aurochs-Rouge est tabou ! Quiconque l'écoutera provoquera la colère des esprits, entendez-vous ? ! Aurochs-Rouge est la fille aînée de Sveltéchine, la voix des ancêtres ! Mieux que quiconque, elle devrait connaître la loi ! Pour une fois, qu'elle s'y soumette, au lieu d'user de son rang pour se comporter de manière arrogante et insensée !
- Puissante mère, Panthère-Pâle va rejoindre les autres. Il faut voir comment vont les blessés, et préparer le gnome pour la cérémonie de ce soir.
( . . . )
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{ 1ère partie }
[ Rencontre d'un homme de Cro-Magnon ( homme long ) et d'un couple de Néandertaliens ( hommes-ours ). ]
Et ainsi en alla-t-il, jusqu'au jour où Cheval-Cabré marcha plus encore vers l'ouest.
- " Pas si loin, pas si loin " ! Quels timorés ! Si les ancêtres avaient été aussi frileux, on aurait pas franchi les monts de glace de sitôt !
- Takhja ! Un clan de chevaux ! Ils pourront peut-être m'aider !
- Oh ! Qu. . . ? Qu'est-ce que c'est que ça ? ! Corne de bouquetin ! Des gens qui chassent des chevaux ? !
- Bande de hyènes, vous êtes mal tombés ! Personne ne touche aux enfants de Takhja !
- Fuyez, chevaux ! Etalon ! Entraîne ton clan loin d'ici, vite !
- Qu'est-ce que les chasseurs croyaient ? Qu'ils allaient tuer les frères de Cheval-Cabré sous ses yeux ? Et qu'il les laisserait faire ? !
- Maintenant que les chevaux ont pu fuir sains et saufs, tout va bien ! Que les chasseurs disent pl. . . ?
[ Un chasseur s'élance et terrasse Cheval-Cabré ]
- Faudraug !
[ Dans une grotte, la femme soigne Cheval-Cabré ]
- Qu. . . qu'est-ce que ? La douleur. . . elle disparaît.
- Les yeux de miel !
- Shh. . .
- Qu. . . qui. . . ?
- Cheval-Cabré salue la chamane. . . Cheval-Cabré du clan du Cheval des Vents.
- Cheval-Cabré. . . Qui sont les chasseurs de chevaux ?
- Vo'hounâ xö atr vou'ha-kani.
- Mais. . . Hé ! Femme ! Où. . . où vas-tu. . . où. . . ?
( . . . )
Plus tard au camp du clan de Takhja.
- Cheval-Cabré s'emporte à nouveau ! Est-il en train de dire que cette femme étrange aux. . . " aux yeux de miel " est celle dont a parlé Main-d'Ecume ?
- Aussi sûr que le soleil se lève le matin !
- Cheval-Cabré n'a jamais rencontré des gens comme elle et son homme avant cela ! Et la caverne ? ! La caverne que Takhja a montrée à Sabot-Tonnerre lors de sa transe, quand il a cherché la trace de cette femme ?
- Mais. . . mais dis-moi : cette femme qui porte sur la tête un crâne d'ours et son homme qui a la force de deux hommes, ne sont ils pas petits mais puissamment bâtis ? Leurs visages ne sont ils pas comme un museau et leurs yeux deux cavernes ?
- Quoi ! ? Mais non, pas du tout ! Enfin. . . d'une certaine manière, peut-être.
- Cheval-Cabré est un idiot ! Il a rencontré des hommes-ours ! Qu'il remercie Ao de ne pas avoir été massacré !
- Massacré ? ! Mais non, Ventre-Blanc ! D'accord, l'homme était dangereux, mais cette femme est une guérisseuse ! Elle m'a sauvé la vie ! Seulement. . . quand Cheval-Cabré a voulu lui parler, elle a disparu avec son homme. Et il n'y avait aucune trace pour suivre leur piste.
- Les suivre ? !
[ Plus tard, au-dessus d'une vaste combe. ]
- Takhja ! C'est donc là-dedans qu'ils vivent ces hommes-ours ? !
- Alors allons-y ! Cheval-Cabré te fait confiance Vo'hounâ ! Puisse-t-il prouver aux anciens qu'ils ont tort de se méfier !
- Hé bien ! Les voilà enfin, leurs empreintes invisibles ! Sang d'Ao, elles sont toutes fraîches. . .
- Pourquoi l'homme long fouine-t-il par ici ? !
- Attend, Trovl ! Il ne parle pas notre langage. Ainsi Vo'hounâ avait raison. L'homme long a réussi à retrouver notre piste.
- Oui ! Et Cheval-Cabré sait parler ta langue.
- Qui lui a appris les mots du grand ours ?
- Personne ! C'est. . . l'homme long possède de nombreux pouvoirs ! Mais aujourd'hui. . . il vient en paix à la rencontre des hommes-ours, avec des présents dans ses besaces !
- Suis nous !
Et peu après
- Enflamme une torche, nous allons traverser le ventre de la falaise.
Après une courte marche dans les ténèbres, les trois hommes reparurent à la lumière. . . de l'autre côté.
- Hmm. . . la clairvoyance de Vo'hounâ ne se dément pas ! Hurm ! Au nom de la tribu d'Ourzosbraugo, Gohoum salue l'homme long ! Mais avant tout, Quel est son nom ? Et pourquoi est-il venu seul jusqu'ici ?
- Salut à toi, Gohum ! L'homme long se nomme Cheval-Cabré, fils de Harfang et d'Œil-Noir du clan de Takhja, le grand Cheval des Vents. Il est venu trouver les hommes-ours en ami, au nom du peuple de Montharoumone.
- En ami ? Certains ici connaissent déjà l'homme long. Il reconnait sans doute la femme qui a soigné sa blessure, l'autre nuit. Voici Vo'hounâ ! Elle est la sœur de Faudraug, ce chasseur qui n'aime pas que l'on fasse fuir ses proies !
- Les hommes-ours chassaient des chevaux ! Cheval-Cabré ne pouvait pas les laisser faire : Takhja est l'ancêtre de mon clan ; les chevaux sont mes frères ! Pour être intervenu, Cheval-Cabré a été blessé puis soigné. Il pense être quitte de cette querelle !
- De cela, seul Faudraug peut être juge. Cheval-Cabré est aussi brave que fou, de venir ainsi narguer celui qui a failli le tuer ! Pour quelles raisons l'homme long risque-t-il une nouvelle fois sa vie ?
- Cheval-Cabré voulait retrouver Vo'hounâ, d'abord pour la remercier mais aussi. . . il ne croit pas que nos deux peuples doivent être ennemis ! Cheval-Cabré veut apprendre à connaître les hommes-ours pour raconter à son clan qui ils sont vraiment ! Avec ces présents, recevez le respect et la bienveillance des hommes longs.
- Nous les acceptons ! Par sa présence, Cheval-Cabré prouve son courage ; par ses paroles, il montre sa sagesse. Sois le bienvenu dans notre camp, homme long !
- Wouopopop ! Pas si vite Vo'hounâ ! Pour le moment, bien qu'elle soit curieuse de découvrir ces présents, la tribu va devoir se réunir et décider si elle accepte que Cheval-Cabré reste ici. Mais quoi qu'il advienne, tu partageras notre feu, ce soir. Gohoum a hâte de savoir comment tu es parvenu à trouver le camp d'Ourzosbraugo ! D'ici là, Trovl te mènera dans la hutte où tu pourras te reposer, boire et manger.
[ Après une mise à l'épreuve contre le grand ours rouge. ]
- Le fils d'Ourzohounkan doit pardonner la folie de Cheval-Cabré ! Il a compris son erreur. . . Vo'hounâ et les hommes-ours sont ses amis ! Entendez-vous, hommes-ours ? Tout comme il a empêché Faudraug de tuer les chevaux, Cheval-cabré ne combattra pas votre frère le grand ours rouge ! Et il rend hommage au sang du puissant Ourzohounkan qui coule dans les veines de Qrom !
- Vo'hounâ. . . on dirait que Cheval-Cabré va avoir besoin de tes soins à nouveau. A-t-il. . . a-t-il passé l'épreuve ?
- Oui, tu as réussi ! Mais Vo'hounâ a eu très peur ! Personne ne sait comment tu as fait pour calmer l'ours ! Même Faudraug est impressionné !
- Ne bouge pas, homme long. Nous allons te ramener au camp.
Et le lendemain. . .
- La volonté d'Ourzohounkan est que Cheval-Cabré demeure avec nous aussi longtemps qu'il le souhaite ! A partir d'aujourd'hui, il est notre frère ! Qu'il soit le bienvenu !
- Longue vie à notre frère ! - Bienvenue ! - Bienvenue à toi, homme long !
- Faudraug ne savait pas si l'homme long comprendrait ; mais désormais Cheval-Cabré est le frère de Faudraug, comme l'ours rouge !
- Alors Faudraug est le frère de Cheval-Cabré, comme les chevaux ! En espérant qu'il ne lui réserve pas d'autres surprises de ce genre !
- A un moment Faudraug a cru que. . . il a bien cru que Cheval-Cabré parlait avec l'ours ! Est-il un sorcier ? !
- Non. Mais il garde quelques surprises lui aussi !
Ce jour-là Cheval-Cabré festoya au côté des hommes-ours. Vo'hounâ était heureuse et fière. Car l'homme long en qui elle avait placé sa confiance. . . cet homme-là était bien celui dont avait parlé son père avant de mourir. Celui qui allait la délivrer de sa malédiction. Et dans le cœur de Vo'hounâ , un feu s'alluma qui ne s'éteindrait plus.
- Silence ! Silence ! A présent, Cheval-cabré doit connaître le secret de la tribu !
- Non, Gohum ! Vo'hounâ dira le secret elle-même ! Au nom de son père Ourzosbraugo, elle réclame ce privilège !
- Hrm. . . très bien Vo'hounâ, au nom d'Ourzosbraugo.
- Suis Vo'hounâ, Cheval-cabré ! Elle va te montrer un site sacré. Tu es en droit de le connaître désormais !
- Voici la grotte d'Ourzohounkan. C'est ici que la tribu préserve les crânes de ses ancêtres. Et aussi les crânes des grands ours rouges, nos protecteurs, nos guides.
- Ici s'étend la grotte de la fertilité, là où la vie renaît de la mort. On y conserve la sève des arbres immortels et le miel sacré des cérémonies. C'est un endroit magique. Parfait pour oublier.
- Est-ce que tout peut recommencer, Cheval-Cabré ? Est-ce qu'on peut naître une deuxième fois ?
A cet instant, les flammes qui brûlaient dans leurs cœurs s'unirent en un seul foyer ardent.
- Vou'ha-kani ak théniki wu-k-däuro.
Par delà les différences entre leurs peuples, par delà la vieille rivalité qui avait jadis opposé Ourzohounkan et Montharoumone. . . la grande Ao avait réuni la femme-ours et l'homme long.
Et pourtant, malgré la force de leur amour naissant, clair et brûlant comme une torche. . . bientôt, les ténèbres allaient les engloutir.




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{ 3ème partie. }
[ Quelques temps plus tard ]
- Cheval-Cabré ! Vo'hounâ a l'impression de revenir à la vie. . . tu es ma lumière du matin, douce et irrésistible. Tes baisers chassent les ténèbres.
- C'est toi qui est belle comme l'aube. Ta chevelure est flamboyante comme un soleil levant, et ta peau est fraîche et claire. . .
- Et Aurochs-Rouge ? Comment est sa peau ? A-t-elle été l'amante de Cheval-Cabré ?
- Ha ! Et pourquoi l'aurait elle été ? Aurochs-Rouge est belle, mais si étrange. . . Cheval-Cabré ne sait pas quels esprits président à sa destinée, mais elle a dû vivre de bien durs moments parmi les siens. En tous cas, c'est surtout Faudraug qui à l'air de s'intéresser à elle ! Il l'a rencontrée lorsqu'il attendait mon retour, et depuis . . . Vo'hounâ n'a rien à craindre. Cheval-Cabré ne veut aucune autre femme. C'est pour toi qu'il affrontera Thuriaq ! Pour ça, et pour réparer le mal qu'il a fait en tahissant sa parole, quand il est allé dans la caverne interdite.
- Tous ça est loin, maintenant. Qui peut dire s'il ne devait pas en être ainsi depuis le début ? Cheval-cabré. . . Vo'hounâ a un aveu à te faire. . .
- Un aveu ? Vas-y. . .
- C'est. . . eh bien. . . Vo'hounâ est enceinte. Elle porte dans son ventre deux enfants et. . . ils sont peut-être les fruits de Thuriaq.
- Qui que soit le père de ces enfants, ils seront avant tout ceux de Vo'hounâ. Alors Cheval-Cabré les traitera comme s'ils étaient de son propre sang, pour toujours. Tu as raison : qui sait s'il ne devait pas en être ainsi depuis le début ? Et qui sait quels mystères président à la magie de la procréation ? Cheval-Cabré t'aime Vo'hounâ. Sois en sûre : Cheval-Cabré sera un père pour tes enfants.
Depuis plusieurs jours déjà, Cheval-Cabré, Vo'hounâ, Faudraug, Aurochs-Rouge et le bouquetin blanc s'étaient mis en chemin vers une sinistre destination.
[ Lutte contre Thuriaq. ]
( . . . )
Après un long voyage, les quatre compagnons atteignirent les hautes falaises où s'abritait le camp de la Vague Noire.
Ils étaient fatigués de leur longue marche, mais leur cœur était plein d'énergie. Celle-ci redoubla lorsqu'ils virent avec combien de joie, de chants et d'étreintes ils furent accueillis en ce lieu.
Cheval-Cabré eut la joie de découvrir, comme il l'avait supposé, que tous les siens étaient venu rejoindre ceux de la Vague Noire pour traverser la saison de Mordagg. Les foyers clairs du camp défiaient l'hiver avec vigueur...
Crinière-d'Ombre, Main-d'Ecume, Aileron-Noir, Vent-Salé. . . Tous étaient là, aux côtés de Sabot-Tonnerre, Souffle-Feu, Course-Vent et tous les gens du clan de Takhja !
A tous, Cheval-Cabré présenta Faudraug et Aurochs-Rouge. Et son cœur s'emplit de fierté lorsqu'il présenta Vo'hounâ, la femme-ours aux yeux de miel, sa compagne.
( . . . )
Au cours du festin, Cheval-Cabré présenta à tous Vo'hounâ la chamane et loua la vaillance de Faudraug. Puis Aurochs-Rouge évoqua son histoire et celle de son clan.
Cette nuit-là, les quatre compagnons racontèrent leurs aventures à un auditoire ébahi. Les yeux des enfants, des femmes et des chasseurs s'écarquillèrent de peur ou d'admiration au récit de ces événements où l'empreinte des grands esprits était si profonde.
( . . . )
Cette nuit-là, Faudraug découvrit que certains hommes longs pouvaient accepter l'union d'un des leurs avec une femme-ours. Pourquoi, dès lors n'accepteraient-ils pas l'union d'une femme longue avec un homme-ours ?
Car, après tout, cette femme haute et souple comme un roseau, aux formes, au visage de fillette, n'était pas sans posséder de nombreux charmes. . . Quelque chose du mystère que représentent toujours ceux qui sont étrangers ; ce mystère qui les rend si puissamment attirant. Une attirance peut-être voulue par la grande Ao pour que, par la magie du mélange, le sang de chaque peuple soit plus sain et vigoureux.
Aurochs-Rouge sentit sa poitrine se gonfler de désir pour ce gnome étrange, cet homme-ours robuste et loyal comme les héros des contes qu'elle écoutait enfant.
- Hah, Vo'hounâ regrette de ne pas comprendre le langage de ton peuple, Cheval-Cabré !
- Elle aura le temps d'apprendre ! Nous resterons ici jusqu'à ce que finisse la saison de Mordagg. Mes sœurs sont curieuses de savoir si nous nous unirons lors de la prochaine saison d'Ao.
- Nous serons unis, mais il faudra que cette union soit célébrée selon le rituel de mon peuple, dans le camp d'Ourzosbraugo. Ainsi, Vo'hounâ pourra ensevelir tous ses tourments passés.
- Plus encore que notre union, c'est la naissance de tes enfants qui sera le début d'une nouvelle vie.
Du temps passa ; la vie poursuivit son cours. . .
( . . . )
- Cheval-Cabré ! Vo'hounâ va accoucher !
- Quoi ? C'est impossible ! Il n'y a pas neuf lunes que Vo'hounâ est enceinte ! Est-ce qu'il est encore temps d'aller la voir ?
- Non, elle est déjà partie avec les anciennes vers la caverne-matrice.
( . . . )
- Les voilà ! Elles sont de retour !
- Alors ?
- Ce sont deux jumeaux : une petite femme et petit homme. Et ce sont tes enfants, homme long.
- Comment ?
-Ce sont nos enfants ! Nous les avons conçus au camp d'Ourzosbraugo, dans la grotte de la fertilité, la première fois que nous nous sommes aimés. Regarde leurs mentons ! Vo'hounâ a donné la vie à deux enfants au sang mêlé ! Et c'est bien toi leur père, Cheval-Cabré !
- Ce n'est. . . c'est. . . c'est merveilleux !
- Ils se nomment Aodwâ et Urjaï , " Aube " et " Souffle Magique "
( . . . )
Les deux clans célébrèrent la naissance des enfants avec des chants et des danses. De grands feux de joie donnèrent à tous l'illusion de repousser à jamais les esprits obscurs de l'hiver.
Faudraug et Aurochs-Rouge étaient plein de l'espoir que du ventre d'une femme longue pouvaient aussi naître les enfants d'un homme-ours.
( . . . )
[ A la saison d'Ao ( au printemps ). ]
( . . .)
Aussi les compagnons se remirent-ils en chemin avant la finn du grand rassemblement.
Trovl, Mehounn'tha, Draugwë et les autres. . . Tous étaient là, de l'autre côté, solides et souriant. Comme si rien n'avait changé. Comme s'ils n'avaient fait qu'attendre le retour de Vo'hounâ.
La nouvelle de la mort de Thuriaq déclencha de puissant cris de joie. On honora longuement la bravoure de l'homme long des visions d'Ourzsobraugo le Sage. on prit les ancêtres à témoin de la force de la tribu !
Aodwâ et Urjaï portaient en eux cette force, mêlée au sang étrange des hommes longs. Vo'hounâ avait rompu le maléfice du sinistre Kumtheq. Il était temps qu'après sa longue nuit, le soleil se lève pour un nouveau cycle.
Au cœur du cercle de feu, sous le regard des ancêtres sans doute déconcertés, les hommes-ours lièrent leur destin à celui des hommes longs, irrémédiablement.
Vo'hounâ présenta ses deux enfants aux esprits protecteurs de la tribu. Elle les berça en fredonnant au creux de la terre.
( . . . )
- Que disent-ils Cheval-Cabré ?
- Des hommes longs sont venus ici. Trolv pense qu'ils convoitaient ces cavernes, peut-être ce territoire. Personne n'a compris leur langage. Ils ont été mis en fuite, mais tous craignent qu'ils ne reviennent mieux préparés.
- Cheval-Cabré peut-il transmettre ces paroles ? A présent les choses seront différentes ! Aurochs-Rouge est unie à Faudraug ! Elle va demeurer avec la tribu d'Ourzosbraugo. Si les hommes longs reviennent, elle parlera avec eux. Si leur sang n'est pas malfaisant, alors aidera les hommes-ours et les hommes longs à se comprendre, et à éviter que des gens meurent inutilement.
Et Cheval-Cabré traduisit les mots d'Aurochs-Rouge. Et tous, au sein de la tribu d'Ourzosbraugo, frémirent ou s'exaltèrent. Depuis la venue de l'homme long ami des chevaux, rien n'était plus comme avant. Mais désormais, la fille au visage d'enfant vivrait avec eux. Et tous sentirent qu'elle apportait avec elle des temps nouveaux. Peut-être saurait-elle les protéger contre les esprits inconnus qui marchent dans le sillage des hommes longs ?
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( le soir, Ossaï )
- Alors Laghou ! Il te reste une place pour une bonne nouvelle ?
- Haa ? Laquelle ?
- Je vais épouser Kushti !
- Quoi ? !
- Ta cousine aux cheveux blonds a fait s'envoler mon cœur comme un aigle ! Et je crois que je lui plais bien aussi. Je lui ai proposé d'être son pourvoyeur et le père de ses enfants, et elle a accepté tout de suite !
- C'est. . . Inattendu. . . Et Mana ? ! Tu avais proposé de l'épouser elle aussi. . .
- Aah. . . Tu vois, Laghou, je serai heureux de demeurer ici avec Kushti. Je n'ai plus tellement ma place au camp des Mousses depuis que Narok est venu installer sa couche auprès de Lygrah. Ici, la tribu des Torses-Rouges va avoir besoin de bons chasseurs et je devrais retrouver sans trop de mal mon rang de chef de chasse. Quant à Mana. . . Cela fait plusieurs lunes que je lui ai fait ma proposition. . . Elle ne m'a toujours pas répondu. Qu'est-ce qu'elle attend, à ton avis ?
( plus tard, Mana )
- Laghou ! Comment tiens-tu encore debout avec toutes les émotions que tu as eues aujourd'hui ?
- Je viens de parler à Ossaï. . . Il m'a dit qu'il allait épouser ma cousine Kusthi. . . Je. . . Je ne sais pas ; ça va ? Est-ce qu'il a été correct avec toi ? Est-ce qu'il. . .
- Oh, oui. . . Oui, il m'a prévenue tout d'abord, et il m'a demandé si je ne serais pas fâchée, et. .
- . . . Et tu n'es pas fâchée ?
- Non ! Non, pas du tout ! Je suis très heureuse pour Ossaï ! Kushti m'a l'air d'une femme aussi bonne que belle. . . La preuve, puisque c'est ta plus proche amie.
- Oui. . . Kushti est une femme merveilleuse. . .
( long silence, puis Mana s'en va )
- Mana, Je. . . Mana.
- Oh, Laghou. . . Qu'est-ce que tu attendais pour me faire un signe ? Est-ce que je n'ai pas été assez claire ?
- Je ne savais pas si je survivrais. . . Et puis je croyais. . . Je. . . Je ne savais pas quels mots dire. . .
- Laghou. . . Dis-moi juste que tu veux me tenir chaud, contre toi, jusqu'à la fin des temps. . .
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- Qui va là ?
- Salut à vous, Hommes Moussus. Le clan de la Lune vous apporte des nouvelles et des présents !
- Le clan de la Lune ?. . . Mana ? ! Pardonnez-nous de vous accueillir sans joie, mais nous avons été attaqués juste hier . . .
- Attaqués ? !
- Oui, c'est la petite Mana. Je la reconnais ! Qu'ils entrent dans le camp ! Ossaï, fais-les entrer dans le camp !
- Les Hommes Sanglants ont déboulés à l'aube. Ils ont enlevés des femmes, blessé plusieurs d'entre nous et tué deux hommes.
- Par tous les esprits . . . Je . . .
- Notre tribu est frappée par le malheur ! La vieille U-Toh était la plus sage de toutes ! Pour. . . Pourquoi ont-ils fait ça ?
- les Hommes Sanglants ont enlevé U-Toh ?
- Oui, tout comme Oolvâ, et aussi la belle Lygrah et Oruki. Les chasseurs nous ont défendus comme des lions, mais ils étaient trop peu nombreux et les Hommes Sanglants nous ont pris au dépourvu . . . Oh, Mana, la pensée de nos sœurs condamnées à être dévorées par ces monstres, c'est . . .
- Au moins j'ai tué une de ces charognes et j'en ai blessé deux autres !
-Avant toutes choses, soyez les bienvenus ! Buvez, mangez, dormez si vous le souhaitez ! Nous aurons tout le temps de palabrer à la veillée.
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À la voix du chef, les Nains-Rouges auraient combattu jusqu'au dernier. Mais à la mort de celui-ci, la panique les saisit ! Ils connurent qu'une énergie néfaste était sur eux. Pêle-mêle, ils fuirent, sans un regard en arrière, vers les terres natales et leur salut.
Trente hommes et six femmes gisaient sur la terre. Le sang coulait à grandes ondes, mais la plupart n'étaient pas morts ; certains succomberaient avant la nuit ; beaucoup étaient guérissables.
Mais les Nains-Rouges devaient subir la loi des hommes. Naoh lui-même, qui avait souvent enfreint cette loi, la reconnut nécessaire avec ces ennemis impitoyables. Il laissa ses compagnons et les Hommes-sans-Epaules percer les cœurs, fendre ou détacher les têtes. Le massacre fut prompt : Nam et Gaw se hâtaient, les autres agissaient selon des méthodes millénaires, presque sans férocité.
Les Hommes-sans-Epaules pansaient leurs blessés , d'une manière que Naoh décelait plus minutieuse et plus sûre que celle des Oulhamr. Naoh les devinait sages, mais leur vie lui paraissait chétive, leurs gestes lents et sans vigueur . . .
Peut-être les femmes se montraient-elles moins lentes. Elles semblaient aussi plus adroites et déployaient plus de ressources.
Les soins prodigués furent le signe définitif de l'alliance. Naoh songea que les Hommes-sans-Epaules étaient bien moins rudes que ses frères, que les Dévoreurs-d'Hommes et que les Nains-Rouges. Et son instinct ne le trompait pas . . . pas plus qu'il ne le trompait sur leur faiblesse.
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Ils coururent longtemps, tantôt sur la terre sonore, tantôt sur la fange ou parmi les herbes sifflantes, tantôt dans la brousse ou dans les tourbières, tantôt gravissant les côtes et tantôt les dévalant éperdument.
Souvent ils espérèrent que l'ennemi cesserait la poursuite, mais, lorsqu'ils atteignaient une cime, ils finissaient toujours par découvrir la meute acharnée des Dévoreurs-d'Hommes.
- Naoh . . .
- Si Gaw ne peut plus courir, les Dévoreurs-d'Hommes nous auront rejoints avant que nous n'arrivions en vue du fleuve.
- Les yeux de Gaw sont obscurs, ses oreilles sifflent comme des grillons ! Que le fils du Léopard continue seul sa course, Gaw mourra pour le feu.
- Non ! Gaw ne mourra pas encore !
Et Naoh reprit sa course. Sans ses blessures qui brûlaient sourdement, sans le coup de massue sur la tête qui faisait encore bruire ses oreilles, il aurait pu, même avec Gaw sur son dos, distancer les Dévoreurs-d'Hommes aux jambes trapues et lassés par une longue poursuite.
Mais il avait dépassé ses forces. Sans relâche, la distance qui les séparait des Kzamms décroissait. Il entendait leurs pas gratter la terre et y rebondir ; il savait à chaque moment de combien ils se rapprochaient. Ils furent à cinq cents coudées, puis à quatre cents, puis à deux cents . . .
- Fils du Saïga ! Naoh ne peut plus t'emporter devant les Dévoreurs-d'Hommes !
- Gaw a repris de la force !
- Alors va ! Nous ne sommes plus très loin !
- Mais . . .
- Le Grand-Fleuve . . . les mammouths !
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Une lune avait passé.
( . . . )
Les journées étaient pleines d'alertes et les nuits terrifiantes. Les Oulhamr choisissaient avec soin les lieux de refuge ; ils s'arrêtaient longtemps avant la chute du jour. Souvent ils se réfugiaient dans un creux ; d'autres fois ils reliaient des blocs ou bien, s'abritant dans un fourré profond, ils semaient des obstacles sur leur passage ; certains soirs, ils choisissaient quelques arbres très rapprochés, où ils se fortifiaient.
Plus que tout, l'absence de feu les faisait souffrir. Par les nuits sans lune, il leur semblait entrer pour toujours dans les ténèbres ; elles pesaient sur leur chair, elles les engloutissaient.
Chaque soirs, ils guettaient la futaie, comme s'ils allaient voir la flamme étinceler dans sa cage et grandir en dévorant les branches mortes : ils ne discernaient que les étincelles perdues des étoiles ou les yeux d'une bête ; leur faiblesse les accablait et l'immensité cruelle. Peut-être eussent-ils moins souffert dans la horde, avec la foule palpitant autour d'eux ; dans la solitude interminable, leurs poitrines semblaient rétrécies.
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– Que Fahoum ne s’épuise pas à dénombrer les survivants. Goûn a compté : les Oulhamr ne sont plus que cinq fois deux mains.
– Quel souffle a passé, vieux Goûn ? Nous avons pourtant failli vaincre… la massue de Fahoum crevait des têtes comme des noix… comment le vent du combat a-t-il pu changer si brusquement ?
– Que feront les Oulhamr sans le feu ? Comment vivront-ils sur la steppe et la forêt, qui les défendra contre les ténèbres et le vent d’hiver ? Ils devront manger la chair crue et la plante amère ; ils ne réchaufferont plus leurs membres ; la pointe de l’épieu demeurera molle. Le lion, la bête-aux-dents-déchirantes, l’ours, le tigre, la grande hyène les dévoreront vivants pendants la nuit !
– Qui ressaisira le feu ?!
– Celui-là sera le frère de Fahoum ; il aura trois parts de chasse, quatre parts de butin ; il recevra en partage Gammla, la fille de ma sœur, et, si je meurs, il prendra le bâton de commandement.
– Qu’on me donne deux hommes aux jambes rapides et Naoh ira prendre le feu chez les fils du mammouth ou chez les dévoreurs d’hommes qui chassent aux bords du double-fleuve !
– Naoh… l’ennemi n’a pas réussi à te tuer, fils du léopard… nous savons que le fils du léopard convoite Gammla ! Nous l’avons vu la guetter parmi les herbes et dans les ténèbres… Soit ! Fahoum n’a qu’une langue. Si Naoh ramène le feu, il aura la fille du marécage sans donner aucune rançon en échange. Il sera le fils de Fahoum.
– Gammla ! Laquelle est mieux construite parmi les filles des hommes ? Elle peut porter une biche sur son épaule sans défaillir du soleil du matin au soleil du soir, supporter la faim et la soif, apprêter la peau des bêtes, traverser un lac à la nage ; elle donnera des enfants indestructibles ! Si Naoh ramène le feu, il viendra la saisir sans donner des haches, des cornes, des coquilles ni des fourrures !
– Aghoo veut conquérir le feu ! Il ira, avec ses frères, guetter les ennemis par-delà le fleuve ! Et il mourra par la hache, la lance, la dent du tigre, la griffe du lion, ou il rendra aux Oulhamr le feu sans lequel ils sont faibles comme des cerfs ou des saïgas !
– Tous ici admirent la puissance et la férocité du fils de l’aurochs. Mais c’est la première fois qu’il prétend nouer une alliance avec la tribu ! Et nul ne savait qu’Aghoo convoitait la fille du marécage…
– Qu’insinue Fahoum !? Qu’importent les jours d’avant la mort du feu ?! Qu’importe si Aghoo veut Gammla depuis des saisons ou depuis maintenant ? Il conquerra le feu et Gammla !
– Si le fils de l’aurochs rend le feu aux Oulhamr, il prendra Gammla sans rançon, il sera le second homme de la tribu, à qui tous les guerriers obéiront en l’absence du chef.
– La fille du marécage appartiendra au fils de l’aurochs ! Tout autre homme qui mettra la main sur elle sera détruit !
– Elle appartiendra à celui qui ramènera le feu !
– Aghoo le ramènera !

[ . . . ]

– Aghoo est venu à la lumière avant le fils du léopard. Il choisira sa route ! S’il va vers les deux-fleuves, Naoh tournera les marais au soleil couchant… et s’il tourne les marais, Naoh ira vers les deux-fleuves.
– Aghoo ne connaît pas encore sa route ! Il cherche le feu ; il peut aller le matin vers le fleuve, le soir vers le marécage ! Le chasseur qui suit le sanglier, sait-il où il le tuera ?
– Aghoo changera de route plus tard ! Il ne peut à la fois partir pour le soleil couchant et pour les deux-fleuves. Qu’il choisisse !
– Aghoo partira vers le soleil couchant !
– Fille du marécage ! Naoh ne reviendra pas, il disparaitra dans la terre, les eaux, le ventre des hyènes, ou il rendra le feu aux Oulhamr ! Il rapportera à Gammla des coquilles, des pierres bleues, des dents de léopards et cornes d’aurochs !
– Les fils de l’aurochs ont disparu derrière les peupliers.
Alors Naoh se dirigea vers le sud.

.
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Tout est blanc. Le sol est gelé, le vent souffle fort et la neige tombe, épaisse. Dans ce paysage de toundra préhistorique, trois petites silhouettes progressent péniblement. Ce sont des hommes de Néandertal.
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