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Citation de Charybde2


Ici, dans cette lumière aquatique, je ressens ce que j’appelle l’extase géographique qui est ma petite éternité matérielle, éphémère, mon épiphanie des jours ordinaires : oui, l’extase géographique, c’est le bonheur soudain de sortir de soi, de s’ouvrir de tous ses pores, de se sentir traversé par la lumière, d’échapper quelques instants à la dialectique infernale du dehors et du dedans. Pourquoi aimer autant les fleuves et les rivières, pourquoi les aimer davantage que la mer ? La mer, trop frontale, trop vaste, trop calme ou trop violente, nous renvoie toujours à la mort alors que la vue, même éphémère, même fugace, d’un fleuve aux flots conséquents nous apaise ou nous dynamise et redonne sens à nos efforts : comme lui, nous savons que nous sommes mortels, mais comme lui nous espérons nous élargir avec l’âge, chaque année nous gagnons en sérénité ; comme lui, nous nous souvenons de notre source sans nous languir pour autant de l’avoir désertée ; comme lui, chaque épreuve nous élargit ; ici le Danube est un vieillard las, divisé, amoindri, qui s’apprête à mourir mais sa vie était tellement nourrie qu’il y a encore du feu dans son souffle et de l’ardeur dans son regard ; il scintille de toutes les crêtes de ses vagues et il roule ses épaules nues de fleuve, indifférent aux frontières, indifférent à la steppe qui trace la limite extrême de son désir, heureux de savoir que là-bas, bientôt, toujours plus loin vers l’est, la mer saura mettre un terme à ses épreuves.
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