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Citation de Charybde2


C’est en retournant me baigner que je comprends : la mer et le soleil n’appartiennent à personne, ni aux Palestiniens, ni aux Israéliens, ni aux Juifs, ni aux Arabes, or c’est ce pays que je voudrais adopter : la mer allée avec le soleil. J’ai horreur de l’expression citoyen du monde utilisée à tout bout de champ pour parler des grands voyageurs – car elle suppose, primo que le monde existe, et secundo que nous pouvons l’embrasser dans son ensemble et sans embûches, bref elle pue l’humanisme nigaud des mondialisateurs sans frontières. Mais pourquoi ne pas se considérer, plus modestement, comme frère du soleil, frère de la mer, frère des dunes et des nuages ? Je comprends soudain Romain Gary, le moins franchouillard mais le plus chauvin de nos écrivains, qui se moquait volontiers de ses lecteurs en racontant comment il avait inventé de toutes pièces sa promesse de l’aube mais qui n’aurait jamais troqué sa vraie mère juive et son passeport trafiqué contre un permis de voter et de verser son sang délivré par des rabbins sourcilleux : si sa grande trilogie romanesque s’intitule Frère Océan, ce n’est pas pour les chiens.
En quittant la plage au coucher du soleil, lequel a suspendu tous les gestes et stoppé les joggeurs – arrêt sur image dans le film Israël -, je pense aux enfants qui ne peuvent plus voir la mer pourtant si proche ; je pense aux enfants de Kalkilya, de Tulkarem, de Qibiya, qui n’ont plus d’autre horizon que la grande muraille de béton.
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