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Citation de Charybde2


Ma mère aimait beaucoup bavarder avec celle de mon ami Bonnardier, malgré leurs quinze ans d’écart. Toutes deux partageaient une même passion pour les maladies, surtout les maladies mortelles. Ma mère souffrait d’arthrite, celle de Bonnardier d’arthrose. Quand elles se rencontraient au marché de Monplaisir, elles n’en finissaient pas de se raconter leurs martyres respectifs et se livraient à un âpre concours de symptômes. Du côté de ma mère, les fulgurances dans les doigts, du côté Bonnardier les hanches broyées le soir. L’échange se terminait toujours sur un hypocrite constat d’égalité, chacune emportant au fond d’elle la certitude d’avoir gagné la manche.
Entre gens atteints de maladies aux noms si proches, on s’attend à une connivence instinctive. Il n’en est rien : les arthrosiques comprennent très mal l’arthrite, et vice-versa. Aux uns la douleur de simplement peser, aux autres un mal aggravé par l’ankylose. Aux premiers la douleur du soir, aux seconds celle du matin ; mal de vieux contre mal de jeune, évolution chronique contre poussées aiguës. Convenons que l’arthrite, médicalement parlant, sonne plus grave, mais la mère Bonnardier avait plus d’ancienneté dans la maladie et plus de pathos dans ses formulations : son statut d’invalide ne souffrait aucune discussion. (Rhumatismes)
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