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3.85/5 (sur 61 notes)

Nationalité : France
Né(e) le : 24/02/1940
Mort(e) à : Paris , le 07/08/2005
Biographie :

Emmanuelle Baumgartner est une philologue et médiéviste française, spécialiste de la littérature médiévale.

Elle passa en 1962 l’agrégation de grammaire. Après avoir été professeur au lycée Jeanne d’Arc de Rouen (1962-1963) et au lycée de jeunes filles de Chartres (1963-1964), elle devint assistante de R.L. Wagner à l’ancienne Sorbonne.

Elle fut maître-assistante de 1969 à 1972 dans l’Institut de langue française. En 1972, elle devint chargée d’enseignement à l’Université de Limoges où, après avoir soutenu sa thèse en 1973, elle fut professeur titulaire.

Elle enseigna ensuite à Paris X-Nanterre, de 1977 à 1988, et enfin à la Sorbonne nouvelle, de 1988 à 2005. Elle reçut en 1991 le ler prix arthurien Escalibur, qui lui fut remis en 1994.

Elle a animé, avec Laurence Harf-Lancner, des séminaires fort suivis dont les travaux ont été réunis en volumes, comme Entre fiction et histoire : Troie et Rome au Moyen Âge (Paris, Presses de la Sorbonne Nouvelle, 1997), Seuils de l’œuvre dans le texte médiéval (Paris, Presses de la Sorbonne Nouvelle, 2002), Progrès, réaction, décadence dans l’Occident médiéval (Genève, Droz, 2003), Dire et penser le temps au Moyen Âge (Paris, Presses de la Sorbonne Nouvelle, 2005).

Elle a aussi donné des ouvrages de haute vulgarisation, destinés aux spécialistes autant qu’aux étudiants, portant tantôt sur de grands textes (comme L’Arbre et le pain. Essai sur la Queste del Saint Graal, Paris, SEDES, 1981; Tristan et Iseut : de la légende aux récits en vers, Paris, PUF, 1987), tantôt sur des ensembles (Le récit médiéval, Paris, Hachette, 1995) et même sur la littérature médiévale (Paris, Bordas, 1987).

Elle allait prendre sa retraite quand elle a brutalement succombé à une embolie pulmonaire.

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Bibliographie de Emmanuèle Baumgartner   (24)Voir plus

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Citations et extraits (19) Voir plus Ajouter une citation
Confins (XIVème siècle), empr. au lat. méd. confinia, du lat. confinis "limitrophe, voisin". Confiner (XIIIè s.), "être limitrophe" et aussi "reléguer, enfermer".

Et le mot lié qui est reléguer (XIVè s.) empr. au lat. relegare "renvoyer, bannir" [...]

Relégation (XIVè s.) empr. au lat. relegatio "exil".


Nous sommes au cœur du paradoxe que nous vivons et ressentons tous et toutes ces dernières semaines. Et tout est là, dans les entrailles de ces mots, confins, confiner et confinement :

Nous sommes tenus de nous isoler, éloignés de notre quotidien, de notre famille et de nos amis, aux confins de nos vies. Loin.

Mais cela ne peut fonctionner que si cet endroit est borné, limité, défini comme lieu de notre enfermement : quatre murs plus ou moins grands. Délimité.

Et pourtant ce lieu de distanciation sociale est aussi celui où l'on confine aux autres, à nos voisins. Un peu trop parfois. Nos frontières minuscules, de cages de vies à cages de vies. Proche.

Bref, aux confins de nos vies, l'humain confine à ses congénères, étroitement confiné. Loin et proche dans le délimité.

Compliqué. Qui veut dire "plié en roulant". Nos vies recroquevillées sur elles-mêmes.
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Bele Doette as fenestres se siet
Lit en un livre, mais au cuer ne l'en tient
De son ami Doon li ressovient
Qu'en autres terres est alez tornoier.
E or en ai dol.

Uns escuiers as degrez de la sale
Est descenduz, s'est destrousset sa male.
Bele Doette les degrez en avale
Ne cuide pas oïr novele male.
E or en ai dol.

Bele Doete tantost li demanda:
Ou est mes sires, que ne vi tel pieç'a
Cil ot tel duel, que de pitié plora:
Bele Doette maintenant se pasma.
E or en ai dol.

Chanson de toile
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-patibulaire : XIVème siècle, mot savant emprunté au latin patibulum "potence, gibet", au sens de qui "concerne le gibet", puis "inquiétant" (mine -patibulaire) à partir du XVIIème siècle.

Le patibulum chez les romains était une traverse de bois à laquelle on attachait ou clouait les bras d'un condamné et qu'il devait porter jusqu'au lieu de son supplice. Là, on fixait le supplicié et son patibulum à un pieu vertical et on le laissait s'étouffer lentement et douloureusement. Un individu patibulaire est donc devenu une expression servant à désigner un homme à l'aspect inquiétant, destiné à finir crucifié, jugé pour les crimes qu'il aura forcément commis. On retrouve le même sens dans "gibier de potence" ou dans individu de "sac et de cordes". Dans cette acception, Jésus est l'homme patibulaire le plus connu.
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Eh oui. Je vais saupoudrer cet endroit des étymologies qui m'ont ravi, glanées au hasard de ce dictionnaire. J'ai toujours grand plaisir à découvrir l'arbre généalogique des mots que nous utilisons tous les jours et je souhaite vous en faire part : les mères, les grand-pères et les origines géographiques, comme un grand album de famille.

On se rend compte que certains termes à leurs naissances avaient un sens proche de celui toujours utilisé aujourd'hui, mais un détail amusant nous permet de comprendre sa forme, sa sonorité, son acuité. C'est un double-fond qui apparaît sous le mot – comme une malle magique ouvrant vers les coulisses, hors-champ – nous faisant nous dire "mais oui, c'est évident".

Comme si la source bruissait de son histoire entre nos dents de manière inconsciente.

D'autres, à l'inverse sont nés avec une signification toute autre que la contemporaine. Comment les milliers de langues qui les ont véhiculés à travers les siècles en sont-elles venues à mâcher, arracher, avaler des parts entières de sens ou à en greffer de nouveaux ? C'est le voyage étymologique et la question. L'émerveillement et l'étonnement.

Estafilade (XVIème siècle), emprunté à l'italien staffilata, "coup d'étrivière". L'étrivière étant la courroie de cuir reliant la selle du cheval à l'étrier. "Coup donné avec la courroie de l'étrier", staffa. Le sens d'entaille sur la peau n'apparaît en français qu'au XVIème siècle.

Je me demande donc si cette expression empruntée ne vient pas du monde militaire et des Guerres d'Italie menées au XVIème siècle par les rois de France.

Les chevaliers ou les écuyers français ont sûrement entendu le mot italien décrivant cet élément de selle. Peut-être ont-ils également vu les blessures que cette courroie pouvait laisser sur les flancs des chevaux par des coups trop répétés, trop violents ?
En effet, cette lanière une fois réglée pour ajuster la position des étriers pouvait laisser pendre une grande longueur de cuir inutilisée. On peut penser qu'elle servait de fouet pour faire obéir le cheval, le pousser au galop ou pour corriger un homme. Par analogie, l'ont ils appliqué aux blessures fines et vives que l'on pouvait récolter sur le champ de bataille ?
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Une importante mutation de l'écriture romanesque est, au début du XIII°siècle, l'avènement de la prose comme langue littéraire. Une fiction désormais sûre d'elle-même semble n'avoir plus besoin de cette diction marquée qu'est le couplet d'octosyllabes à rimes plates, forme quasi unique du roman, arthurien ou non, au XII° siècle.
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Ausi conme unicorne sui
Qui s'esbahist en regardant,
Quant la pucelle va mirant.
Tant est liee de son ennui,
Pasmee chiet en son giron;
Lors l'ocit on en traïson.
Et moi ont mort d'autel senblant
Amors et ma dame, por voir :
Mon cuer ont, n'en puis point ravoir.

TH de Champagne, Comme unicorne suis...
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Ah ! Mon Dieu, qui a osé parler et en informer mon seigneur ? dit Lancelot.
Seigneur, dit Bohort, si ce fut un chevalier, ce fut Agravain, et si ce fut une femme, ce fut Morgain, car personne à part aux n'auraient eu l'audace de le faire.
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… une fois le tertre atteint, il s'arrêta sous un arbre pour attendre la fin de la pluie; quand elle eut cessé, il regarda en direction de l'endroit où il avait laissé le roi et vit alors sur la mer une barque remplie de dames ; quand elles atteignirent le rivage, celle qui les conduisait, tenant par la main Morgain, la sœur du roi, se mit à appeler le roi pour qu'il entre dans la barque; dès qu'il vit sa sœur Morgain, le roi qui était assis par terre, se redressa, et entra dans la barque, non sans avoir tiré son cheval auprès de lui et pris ses armes.
Lorsqu'il eut vu depuis le tertre comment le roi était entré dans la barque avec les dames, Girflet rebroussa chemin de toute la vitesse de son cheval : revenu au rivage, il voit le roi Arthur au milieu des dames et reconnaît bien Morgain la fée pour l'avoir vue plusieurs fois, la barque s'était éloignée du rivage en presque aussi pu de temps qu'il en faut pour tirer deux traits d'arbalète.
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Morgain pensa beaucoup à Arthur : elle souhaite vivement lui révéler tout ce qu'il en est de la relation de Lancelot et de la reine; d'autre part elle le redoute : si elle parle au roi et si Lancelot l'apprend, personne sauf Dieu ne pourra empêcher Lancelot de la mettre à mort. Cette nuit-là, elle réfléchit très longuement à cette affaire, se demandant si elle parlera au roi ou si elle se taira : si elle parle, elle risque la mort si Lancelot vient à l'apprendre, et si elle le cache au roi, elle ne sera jamais aussi à même qu'aujourd'hui de le lui dire.
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_ Je pense, dit Lancelot, que la bataille est proche et je ne sais ce qu'il en adviendra, mais je sais au moins une chose : si j'avais le dessus et si je pouvais lui couper la tête, je n'en ferais rien, dût-on me donner le monde entier, car c'est à mes yeux un homme de très grand mérite. De ceux qui ne sont pas de mon sang, c'est l'être au monde que j'ai le plus aimé et aime encore, à l'exception du roi.
_ Sur ma foi, dit Bohort, vous êtes bien surprenant de l'aimer ainsi alors qu'il vous hait à mort.
_ Aussi surprenant que cela soit, il en est ainsi, réplique Lancelot ; aussi fort qu'il me haïsse, je continuerai de l'aimer ; je ne vous l'aurais sans doute pas déclaré aussi nettement si je n'avais pas été sur le point de mourir ou de vivre, puisqu'il faut me battre.

La réponse de Lancelot

_ Je cuit, fet Lancelos, que nos en vendrons prochainnement a la bataille ; si je ne sai comment il en avendra, mes tant sé je bien que, se j'en venoie au desus et je li deüsse le chief couper, je ne l'ocirroie, qui me donroit tout le monde, car trop me semble preudome. Et si est il li hons del monde qui riens ne me soit que je plus aime encore et ai amé, fors le roi solement.
_ Par foi, fet Boort, mout estes ore merveilleus, qui l'amez de grant amor et il vos het mortelment.
_ Ceste merveille, fet Lancelos, poez veoir ; il ne me savra ja tant haïr que je ne l'aim ; si nel vos deïsse mie encore si apertement, mes je suis au point de morir ou de vivre, puis que je a la bataille en sui venuz.
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