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Citations de Emmanuelle Lambert (82)


C'est au collège que nous avons lu, pour la première fois, Jean Giono. Nous n'y avons strictement rien compris.
Je me souviens du -Chant du Monde-, de ses longues phrases et d'une réalité qui m'était parfaitement, hermétiquement étrangère. La montagne. Les radeaux. Les paysans. Tout cela était loin dans l'espace et dans le temps, le livre charriait des mots, des métiers et des lieux disparus ou inventés. Nous n'étions pas coutumiers d'une langue si vivace. (...) Disons-le : à la première lecture, tout cela m'a beaucoup ennuyée. (p. 98)
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Emmanuelle Lambert
La lecture, cette réaction chimique née du frottement entre deux imaginations, celle du lecteur et celle de l'auteur.

(" Giono, furioso")
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Mon temps perdu ou mon paradis perdu, c'est cette photo épinglée dans le temps d'avant. Mon pays perdu est celui où mon père, encore jeune, me lit des histoires dans la lumière jaune de l'été.
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La guerre profite au capital. Pas à la vie, pas à l'avenir. Et dans "Recherche de la pureté", une fois qu'il a compris que la chair tendre des enfants jouant au soleil n'est que "viande bouchère", une seule chose lui reste à faire : "pleurer".

Son pacifisme n'a rien d'une philosophie de planqué, comme il serait aisé de le croire depuis aujourd'hui, tant il est simple de crier à l'irresponsabilité d'autrui quand on n'a jamais eu à risquer sa peau. C'est le cri de désespoir de celui qui dit ce que la guerre fait : rien, sinon déshumaniser les humains, et engraissent les industriels. (p. 152)
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On peut sans trop s'avancer dire qu'en termes de chaleur maternelle, de protection, de fusion, on a vu mieux. Si ces qualités, culturellement attendues chez les mères, sont déniées à Pauline, c'est aussi parce qu'elles sont attribuées à Jean-Antoine. C'est lui qui remplit la fonction éternelle de soin: il lave, soigne, rassure et veille. (...)
Sur les photos de sa famille, il a ainsi souvent un bébé ou l'autre dans les bras. Ses petites filles, il les touche, les soulève, les embrasse, quant tant d'hommes de sa génération ne s'intéressaient aux enfants qu'une fois doués de langage et d'autonomie. C'est un père charnel. (p. 118)
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Ses seuls moments de repos véritable, en dehors du sommeil étaient ceux où il lisait : il pouvait s'abstraire de tout, n'importe où et demeurer immobile des heures durant, aussi bien sur un canapé qu'une chaise une serviette de plage qu'une table de restaurant, ou un banc. Il disparaissait de nos vies puis revenait de ses lectures à peu près calme. Sa vie explosive avait été prise dans une sorte de caisson qui l'avait contenue, le temps que la lecture le recompose, lui.
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Dans ma bibliothèque, on trouve, au premier rang, au moins deux poètes autodidactes et merveilleux façonnés par leurs lectures grandioses. Leur langue est une chose si personnelle qu'on ne peut les rapprocher d'aucun de leurs contemporains.Littérairement, Ils sont sans famille.
il y a vous, Giono, et votre cadet de quinze ans, Jean Genet. (...)
Si vos oeuvres n'ont rien à voir, votre rapport à la langue et à la culture est le même : il est strictement, rigoureusement intime. vous vous foutez tous deux des passages obligés. On ne vous commandera pas.

Vous avez d'ailleurs atterri dans la même prison militaire, à Marseille, à un an d'écart. Aujourd'hui, vous avez tous deux des manuscrits dans les archives de la Bibliothèque nationale et un dossier dans celles de la justice militaire. Tous les deux, vous n'êtes pas bien commodes. (p. 59)
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Quatre jours après sa disparition, il s’était rendu en bas de son immeuble. Il était resté longtemps immobile, face à la porte cochère ; elle n’était pas apparue. Il avait aussitôt regretté son inertie des premiers jours. Il était revenu le lendemain, le surlendemain et le jour d’après. Jamais elle n’était venue. Même, le cinquième jour, il s’était rendu dans le nord de Paris, en bas de chez l’homme qu’elle fréquentait et jusque chez qui, un soir, il l’avait suivie.
Il craignait alors que cette pute, cette petite misère stupide, ne se fût suicidée en laissant une lettre qui l’aurait accusé. Il avait souhaité mettre à profit les quelques jours restant avant le déchaînement administratif à venir (procédure de licenciement, signalement aux personnes disparues, enquête) pour tenter d’y voir clair, et peut-être la retrouver. 
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La lecture, cette réaction chimique née du frottement de deux imaginations, celle du lecteur et celle de l'auteur, est en effet affaire de tâtonnement, d'hésitation, parfois de joie ou de colère, et même de déception. C'est une lutte dans le corps, entre la sensibilité et l'intelligence et parfois un emportement d'enfant. C'est toujours un peu brouillon, parce que vivant. On lit, notre coeur s'emballe, bêtement, on veut que l'auteur qu'on aime devienne le nôtre, on se trouve des affinités avec ceux qui l'aiment à leur tour. On pourra même dans un moment de faiblesse légèrement honteuse souhaiter l'avoir découvert avant les autres.
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["Les âmes fortes" ] Giono expose l'une des choses les plus importantes pour comprendre combien la bonté et la générosité sont chez lui des notions complexes sinon troubles. Il explique qu'il y a une fureur de la générosité, qu'elle revient à une forme de prédation de l'autre, toujours plus recouvert par les bienfaits qu'on lui dispense. La générosité, pour lui, c'est la faim de l'autre. (...)
Giono, vous êtes impossible, vous dit-on, et là vous exagérez : si vous nous enlevez le don, la bonté, alors que nous reste-il , qu'est-ce que vous nous faites à la fin ? (p. 131)
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Ce n'est pas qu'il s'ennuie. Giono est doté d'une faculté d'émerveillement à la fois épuisante et salvatrice. (...)
mais l'entrave du corps est plus forte que l'émerveillement. Il écrira plus tard qu'alors il était "enfermé entre deux plaques de schiste" où il devait "peu à peu devenir fossile". [*Giono était employé de banque]
Heureusement pour lui, il y a les livres. Il les accumule et les dévore en autodidacte. Le "Bleu" de Jean le Bleu est à la fois la couleur de son uniforme, et cette part de lui-même absolument personnelle, rêveuse, inaccessible à la contrainte. (p. 54)
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Les joues creusées, le regard dur, le visage rajeuni d'où, comme l'écrivait le narrateur d'À la recherche du temps perdu à propos des traits de sa grand-mère au moment de mourir, " la vie en se retirant venait d'emporter les désillusions de la vie", ont imposé au beau milieu de notre silence l'un des mots les plus terrifiants du dictionnaire, si gros de nos conversations passées qu'il emplissait la pièce sans que nous ayons eu à le prononcer - celui d'euthanasie.
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Mais lorsqu'on revient au seul endroit où il est dans son élément, c'est-à-dire dans la fiction, on y lit constamment la lutte à mort. Des premiers livres aux derniers, elle est engagée entre l'homme et la nature, entre l'homme et l'argent, et de plus en plus resserrée vers le coeur du problème : entre l'homme et l'homme. (p. 108)
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Je ne prends pas beaucoup de risques en avançant, péremptoire que votre livre le plus offert aujourd'hui est certainement - L'homme qui plantait des arbres. Car il y a les livres qu'on lit seul dans le noir et ceux qu'on fait circuler, heureux de donner un bout de notre âme aux gens qu'on aime - évidemment, il est plus aisé d'offrir des livres qui font du bien. Celui-ci, ce rejeton bizarre, a toutes les qualités requises. (...)
Ravi, -L'Homme qui plantait des arbres- a poussé sur les terres de votre oeuvre comme surgit parfois, dans une fratrie difficile, un enfant qui voit toujours le verre à moitié plein. Il rayonne d'une chose qui me paraît si loin de vous que c'en est curieux : l'optimisme. (p. 103)
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J'étais loin de savoir, alors, que ce serait là mon premier contact avec Giono, que les immenses films de Pagnol, -Angèle-, - La femme du boulanger-, venaient de ses livres à qui ils devaient une part de leur grandeur. Et que, dans leur beauté et leur théâtre, ils avaient sans doute contribué à installer ce qu'il faut bien appeler le malentendu provençal, détesté par Giono et qui aujourd'hui lui colle encore à la peau. Comme il était las qu'on lui entonne toujours la même chanson, Giono a dit qu'il " n'avait mis aucune cigale dans ses livres." (p. 32)
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Le savaient-ils, eux qui sont déjà morts, qu’on finit par devenir ce que l’on a donné, et que notre visage est la mosaïque de ces allers-retours de soi aux autres, à la famille, aux amitiés, aux amours?
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"La société construite sur l'argent détruit les récoltes,détruit les bêtes, détruit les hommes,détruit la joie, détruit le monde véritable, détruit la paix , détruit les vraies richesses.Vous avez droit aux récoltes,droit à la joie, droit au monde véritable , droit aux vraies richesses ici-bas , tout de suite, maintenant, pour cette vie "Giono , 1936 Préface aux "Vraies Richesses"
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Comment connaître la solitude de ceux qui ont regardé la Grande Guerre fixement ? (p. 17)
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Une chose pourtant m'avait frappée, que je n'ai jamais oubliée: le visage de mon professeur. (...)
Lorsqu'il parlait de Giono, son visage était altéré.(...)Avec la transe de monsieur S. , je connus pour la première fois ce qu'était la transfiguration d'un être par la puissance de la littérature. (...)
C'est sans doute grâce à ce visage que je n'ai pas renoncé à relire, un jour, Jean Giono. A le relire, et à retrouver chez lui les émotions conférées par la persistance d'une nature timide dans mon quotidien bétonné (...) (p. 100)
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Ouvrir le dossier de pupille de Jean Genet requiert quelque précaution car il s'agit de la vie d'une enfance et qu'on ne bouscule pas les enfants.
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